Devant une assistance composée surtout d’étudiants congolais, son intervention s’est articulée autour de plusieurs points, à savoir la diaspora : cartographie mondiale et enjeux socio-économiques, les impacts macro et microéconomiques des flux financiers de la diaspora, le système bancaire comme enjeu national pour les flux financiers de la diaspora, et les grands défis pour la RDC et sa diaspora.
En guise d’entrée en matière, en définissant le mot diaspora, le CEO du Groupe JPG Consulting Partners a distingué les deux types de contribution dont les diasporas sont porteuses, à savoir d’une part, la contribution individuelle laquelle se matérialise par des transferts de fonds et d’autre part, la contribution collective concrétisée par le retour au pays d’origine, des investissements, la création de valeurs en tant qu’agent économique.
Ainsi, les fonds rapatriés dans le pays, a-t-il indiqué, exercent une influence positive sur le développement économique et les ressources provenant de la migration permettent d’atténuer la volatilité des revenus et la pression sur l’inflation dans les pays récepteurs. Aussi assurent-elles une stabilité de la consommation et des investissements en capital humain. Il existe, a-t-il indiqué, un lien évident entre le développement économique et le flux financier en provenance de l’extérieur.
L’apport financier de la diaspora en milliards de dollars
A l’aide des cartographies, l’expert international Junior Mbuyi a démontré la réelle puissance de la diaspora, en établissant une différence entre les diasporas, les unes étant plus structurées que les autres et ayant un grand impact, le cas de la Chine et de certains pays de l’Afrique de l’Ouest. En termes de statistiques, en 2021, sur un total de 78 milliards de dollars transférés vers l’Afrique, l’Egypte a occupé le haut de l’affiche avec un total de 33 milliards alors que la RDC a figuré à la 10ème position avec 1,3 milliard. D’après M. Junior Mbuyi, plus de 2 milliards de dollars ont été transférés vers la RDC en 2023 par la diaspora. Naguère, la RDC a figuré dans le top 10 des pays vers lesquels des transferts sont effectués chaque année.
Une diaspora croissante
A l’aide d’un diaporama, Junior Mbuyi a présenté le pourcentage publié par les Nations Unies, concernant la population née dans les pays étrangers en 2020 : 21,8% au Canada, 13% en Europe centrale, 8,1 % dans la Fédération de Russie, 0,1% en Chine, 0,4% en Inde, 32,30 % en Arabie Saoudite, 29,40 % en Suisse, 14,5% aux Etats-Unis.
Concernant les impacts macro et microéconomiques, M. Mbuyi cite l’influence positive sur le développement économique, le comportement contracyclique, la stabilité de la consommation et l’output contre la volatilité des prix, ainsi que la contribution au développement du secteur financier. Par ailleurs, a-t-il affirmé, cela constitue un soutien aux familles ainsi qu’aux investissements locaux et permet de diversifier les revenus.
Le bémol, a-t-il toutefois souligné, s’observe par les effets négatifs des flux financiers de la diaspora, entrainant entre autres la dépendance excessive à l’égard de ces transferts, sans compter le risque de déséquilibres macroéconomiques… Pour ce qui est du système bancaire comme enjeu national pour faciliter les flux financiers de la diaspora, l’expert Mbuyi a affirmé que cela devrait favoriser la création des banques nationales congolaises aux standards européens, ayant des bureaux de représentation à Paris, Bruxelles, New York… En outre, la création des BFI avec expertise sectorielle permettront une meilleure connaissance des clients.
C’est dans cette optique que Junior Mbuyi a fait valoir son expertise d’une vingtaine d’années passées dans les banques, les institutions financières et certains gouvernements dans tout ce qui est problématique réglementaire autour du risque. « On les accompagne sur les aspects méthodologiques, quantitatifs, organisationnels et opérationnels », a-t-il affirmé.
Les grands défis de la RDC et sa diaspora En conclusion, pour cet expert, le Congo et sa diaspora doivent relever plusieurs défis, à savoir améliorer le climat des affaires, mettre en place un dispositif d’aménagement fiscaux pour faciliter l’installation des entreprises, instituer une instance qui rapprocherait le gouvernement de la diaspora, élargir l’assemblée nationale par les mandats des députés congolais de l’étranger, tout en renforçant la coopération économique avec les diasporas, en favorisant notamment la création des entreprises au sein des ambassades.
Hubert MWIPATAYI