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RDC : L’opposition réclame la libération des prisonniers d’opinion

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L’opposition et une frange de la société civile ont manifesté, le 25 septembre, devant le Palais de Justice à Kinshasa, pour réclamer la libération « immédiate » des personnes qu’ils considèrent comme des « prisonniers politiques » du régime de Félix Tshisekedi. Parmi les détenus figurent notamment Seth Kikuni, Jean-Marc Kabund, Daniel Safu et Mike Mukebayi.

Dans un mémorandum, ces opposants accusent le président Félix Tshisekedi et son gouvernement d’adopter une stratégie visant à éliminer toute opposition politique et à criminaliser les activités dissidentes.

« Nous exprimons notre vive indignation face à la vague d’arrestations et de détentions arbitraires d’activistes de la société civile et d’opposants politiques, ainsi qu’à la restriction des libertés fondamentales. Ces mesures liberticides, qui criminalisent l’activité politique dissidente, sont inacceptables. Elles ne sont ni des événements nouveaux ni isolés, mais constituent une part clé de la stratégie politique du président Tshisekedi et de son gouvernement pour supprimer toute opinion contradictoire », peut-on lire dans leur mémorandum, consulté par la rédaction de Heshima Magazine.

Malgré sa promesse de fermer tous les cachots de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Félix Tshisekedi n’aurait pas tenu sa parole, ce qui est dénoncé par 26 organisations politiques et de la société civile. « Le recours à l’ANR et à la Direction des renseignements militaires (DEMIAP) pour procéder à des arrestations et à des détentions de figures politiques de l’opposition, d’activistes de la société civile et d’acteurs des médias trahit une dérive autoritaire manifeste du gouvernement de Félix Tshisekedi, qui instrumentalise les forces de défense et de sécurité à des fins de répression politique. »

Pour les manifestants, le cas de Seth Kikuni, détenu à l’ANR depuis trois semaines, illustre une tendance inquiétante vers la criminalisation de la critique politique et la répression de l’opposition. Ils jugent cette détention d’«arbitraire » et de politiquement « motivée », violant les principes d’un procès équitable et l’indépendance judiciaire.

Le cas de Chérubin Okende resurgit

La mort de Chérubin Okende, député national, continue de susciter des interrogations et des controverses. Alors que la justice congolaise avait conclu à un suicide, l’opposition politique maintient la thèse de l’assassinat, citant des informations provenant d’une note attribuée à l’ANR comme preuve. Cette note, bien que contestée par les autorités, impliquait le renseignement militaire et des proches du président Tshisekedi dans le meurtre.

Ainsi, les opposants exigent l’ouverture d’enquêtes approfondies et impartiales pour faire toute la lumière sur ce qu’ils qualifient d’« odieux assassinat ciblé » de Chérubin Okende. Ils soulignent que le député aurait été piégé lors d’un rendez-vous à la Cour constitutionnelle et retrouvé le lendemain, son corps criblé de balles dans sa voiture. De plus, ajoutent-ils, un autre militant politique, Gires Manzanza, aurait été froidement abattu par un agent de police au siège de son parti l’Écidé, de Martin Fayulu.

En outre, les opposants demandent l’ouverture d’enquêtes exhaustives sur les tragédies survenues à la prison centrale de Makala, qui auraient entraîné la mort d’une centaine de personnes et des cas de viols, ainsi que sur le meurtre de plusieurs personnes, membres de la secte « Wazalendo » à Goma en août 2023. Ils insistent sur l’importance de rendre justice pour les tueries à Kilwa et Lwilu, récemment perpétrées dans le Grand Katanga.

Ils appellent les autorités à informer publiquement sur les allégations de violences sexuelles et de tortures dans les lieux de détention, et exigent une enquête approfondie sur les traitements inhumains et dégradants qu’auraient subi Jacky Ndala, Fred Bauma, Joseph Ilunga Miba et Roger Lubambula dans les installations de l’ANR et de la DEMIAP.

Par ailleurs, les opposants exhortent vivement le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux arrestations arbitraires, aux tueries et à toute atteinte à l’État de droit. Ils demandent également que des sanctions soient prises, conformément aux lois du pays, à l’encontre de toute personne responsable de violations des droits fondamentaux de la population.

Rappelons que la RDC est candidate au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, malgré les critiques croissantes de l’opposition sur la situation des droits humains dans le pays.

Dominique Malala

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