Le 12 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont trouvé un terrain d’entente sur les responsabilités et activités définies dans le plan harmonisé pour la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le retrait des forces armées rwandaises du territoire congolais. Cet accord marque une première avancée et pourrait ouvrir la voie à un règlement de la crise.
Lancé en novembre 2022, le processus de Luanda montre enfin des résultats après presque deux ans de négociations. Ce cadre de dialogue, piloté par l’Angola, avait jusque-là du mal à régler la crise sécuritaire qui persiste dans l’Est de la RDC, les parties peinant à aligner leurs positions. Cependant, lors du cinquième round des pourparlers, un accord a été conclu sur une question clé : le retrait des troupes rwandaises et la neutralisation des FDLR.
Cet accord est le fruit d’une réunion ministérielle tenue à Luanda, facilitée par l’Angola. La délégation congolaise, conduite par la ministre des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, et la partie rwandaise, dirigée par le ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe, ont réussi à dégager un consensus.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères congolais, l’accord prévoit également la levée des mesures défensives du Rwanda. Concrètement, Kigali s’engage à retirer les 4 000 soldats stationnés en RDC, en soutien au mouvement rebelle du M23. Les experts des deux pays ont été mandatés pour élaborer un plan détaillé de mise en œuvre de ce « Plan harmonisé », dont les conclusions seront discutées lors d’une prochaine réunion ministérielle à fixer.
Les précédentes tentatives de négociation s’étaient soldées par des échecs. L’un des principaux points de friction résidait dans la divergence des priorités : Kinshasa exigeait que les opérations de neutralisation des FDLR se fassent simultanément au retrait des troupes rwandaises, tandis que Kigali insistait pour que la neutralisation des FDLR précède ce retrait. De plus, la RDC a dénoncé, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, le refus du Rwanda d’assumer sa part de responsabilité dans les exactions perpétrées sur le territoire congolais depuis le début de l’agression.
Pour que ce « plan harmonisé » soit opérationnel, il faudra un calendrier d’exécution précis, mais à ce jour, aucun agenda n’a été annoncé. Néanmoins, la signature de cet accord constitue un pas important vers une normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali.
Les causes de la guerre…
Le Rwanda avance la nécessité de se protéger contre les FDLR et de défendre les minorités rwandophones vivant au Congo. Cependant, une étude révèle des motivations moins avouées. Selon l’Institut de recherche Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), le facteur le plus déterminant dans la résurgence du M23 est le sentiment d’isolement ressenti par le Rwanda.
En 2021, l’Ouganda et la RDC ont renforcé leur coopération, tant sur le plan économique que sécuritaire, avec une opération conjointe contre le groupe armé ADF. Ce rapprochement a alimenté les craintes du Rwanda d’être écarté des dynamiques régionales.
Le rapport d’Ebuteli et du GEC, publié en août dernier, souligne que Kigali s’est senti exclu lorsque les travaux de construction de routes devant relier le Nord-Kivu et l’Ituri à Kampala ont été lancés. Le Rwanda craignait d’être marginalisé dans le commerce entre l’Est de la RDC et la côte est-africaine, faisant de cette guerre un enjeu avant tout économique, plutôt que sécuritaire ou identitaire.
Heshima