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Guerre dans l’Est de la RDC : le Rwanda s’isole après un rapport accablant de l’ONU

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Le nouveau rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) épingle à nouveau le Rwanda pour sa présence militaire illégale dans l’Est du pays ainsi que le pillage des ressources naturelles. La ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, parle d’un début d’isolement diplomatique de Kigali. Le porte-parole de l’armée congolaise, de son côté, appelle les Congolais à soutenir le président de la République qui veut, selon lui, mettre fin à la « carrière terroriste » du chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame.

Dans un briefing presse organisé, le 09 janvier 2025 à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, celui des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Sylvain Ekenge, ainsi que la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, ont fait le point de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Sur le plan diplomatique, la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a évoqué les efforts consentis aux côtés du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, pour convaincre la communauté internationale à prendre des sanctions contre le Rwanda. Selon elle, l’absence du président rwandais, Paul Kagame, le 15 décembre dernier à Luanda, a renforcé l’isolement diplomatique de Kigali. Pour la première fois, note la ministre, la Grande-Bretagne, fidèle alliée du régime rwandais, a condamné la violation de l’intégrité territoriale de la RDC par le Rwanda.

La patronne de la diplomatie congolaise a aussi commenté le rapport du groupe d’experts de l’ONU publié le 9 janvier 2025. Elle a rappelé que ce rapport démontre qu’environ 150 tonnes de coltan ont été exportés frauduleusement vers le Rwanda. Dans la mine de Rubaya, plus de 10.000 personnes travaillent pour l’extraction artisanale des minerais sous une administration imposée par la coalition de l’armée rwandaise et le M23. Cette coalition prélève des taxes allant de 7 dollars par kilogramme de coltan, générant ainsi au moins 800.000 dollars par mois. Un pillage des ressources de la RDC que condamne la ministre. D’après Thérèse Kayikwamba, le régime de Kigali a démontré que le Rwanda est un « Etat voyou ». Même l’Angola, pays censé être au milieu du village pour son rôle de médiateur, a condamné l’occupation de Masisi-centre par l’armée rwandaise et le M23.

De son côté, le porte-parole militaire, le général Sylvain Ekenge, assure que les FARDC travaillent afin de récupérer l’ensemble des territoires occupés. « Les FARDC ont bien évolué et occupent la totalité de la cité de Ngungu, l’ensemble des positions environnantes. Du côté de Masisi, les combats continuent. Sur l’axe Sake, elles ont réussi à déloger les terroristes sur leurs positions de hauteur de cette cité », a-t-il rapporté. Ce porte-parole militaire a appelé les Congolais à soutenir le « commandant suprême » de l’armée, Félix Tshisekedi, qui, selon lui, est déterminé à mettre fin à « la carrière terroriste » du président rwandais, Paul Kagame. 

Une guerre hautement technologique

Brouillage des signaux GPS, installation des systèmes de défense anti-aérienne, présence militaire d’environ 4000 hommes rwandais sur le sol congolais, le Rwanda mène une guerre hautement technologique dans l’Est de la RDC. D’après le rapport du groupe d’experts de l’ONU, ces systèmes de brouillage et de « spoofing » des signaux GPS, opérant depuis des positions stratégiques au Rwanda, perturbent les vols civils, humanitaires et onusiens dans l’Est de la RDC. Ces perturbations ne permettent pas non plus aux FARDC d’utiliser des avions de chasse, des drones militaires ou civils contre l’ennemi.   

Le 29 octobre 2024, note le rapport, un drone de surveillance de la MONUSCO a perdu le contact en survolant une zone de combat active à Mpeti, dans le territoire de Walikale. Ce drone avait été brouillé par une attaque GPS, avant de s’écraser près de Kikuvo, à 15 kilomètres de Kirumba. Cet incident est intervenu après que la coalition AFC-M23 a exigé que la MONUSCO cesse d’utiliser ses drones de reconnaissance.

D’après la localisation fournie par le rapport de l’ONU, deux systèmes de brouillage ont été installés au Rwanda. L’un sur une colline à Gisenyi, à moins de trois kilomètres de la frontière congolaise, et l’autre, à 500 mètres de l’aéroport de Kamembe, à l’Est de Bukavu. Un troisième système a été repéré à Kanyabayonga, une commune rurale de Lubero, au Nord-Kivu, peu après que cette entité a été capturée par le M23 et les Forces de défense rwandaises (RDF).

Nangaa tente une alliance avec les ADF

Le rapport note aussi les accointances de l’AFC-M23 dirigée politiquement par Corneille Nangaa avec les terroristes des ADF. L’AFC-M23 a sollicité du leader des terroristes ADF, Moussa Baluku, la signature d’un pacte de non-agression dans les zones occupées par les ADF, notamment à Lubero. Mais le leader de ce mouvement d’origine ougandaise l’aurait rejeté, préférant continuer de s’attaquer aux civils qu’il considère comme des « infidèles ». L’AFC-M23 a aussi étendu ses tentacules au Sud-Kivu, où elle a formé une alliance avec les groupes rebelles d’obédience tutsie, à savoir le Twirwaneho et le RED Tabara. En Ituri, l’alliance a été faite également avec un autre groupe armé tutsi, le Zaïre. Thomas Lubanga, ancien seigneur de guerre, condamné par la CPI, a pris le règne de ce groupe dont les combattants sont entrainés par des instructeurs rwandais et ougandais dans certains villages de l’Ituri.             

L’Ouganda aussi épinglé

Depuis bien longtemps, l’Ouganda ne jouait pas franc-jeu avec la RDC malgré la coopération militaire et économique en cours entre les deux pays. Le rapport du groupe d’experts de l’ONU vient de le démontrer une fois de plus. Dans leur coopération militaire avec les FARDC pour traquer les terroristes ADF, révèle le rapport, l’armée ougandaise, UPDF, a mené des opérations aériennes « sans en informer les FARDC. Elle a parfois étendu ses opérations au-delà des zones désignées [de commun accord], causant des tensions avec les FARDC ». De plus, « les UPDF ont souvent envoyé en Ouganda d’anciens otages et détenus des ADF sans communiquer rapidement les informations, ce qui a compliqué les processus de renseignement et les procédures judiciaires en République démocratique du Congo », souligne ce document. En dehors de ces activités avec l’armée congolaise, l’Ouganda continue de soutenir les positions de Kigali dans ce conflit au sujet du M23.  

Heshima

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