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RDC : le Pacte social de la CENCO-ECC peine à faire l’unanimité

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La délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) continue son périple à travers la région. Après avoir rencontré, le 10 mars 2025, le président angolais, João Lourenço, le tandem CENCO-ECC s’apprête à rencontrer le président burundais Évariste Ndayishimiye et le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa. Mais en République Démocratique du Congo (RDC), l’unanimité peine à se faire autour de cette démarche des prélats et révérends.

Pourtant, une des voies pacifiques de résolution de la crise majeure qui secoue le pays, l’initiative de la CENCO-ECC suscite toujours certaines réticences. Comme pour enfoncer le clou, le pasteur Albert Kankienza a jeté un pavé dans la mare, affirmant que la démarche de l’Église catholique, au nom de la recherche de la paix, viserait plutôt à préparer le terrain pour celui qui viendra remplacer le président Félix Tshisekedi. Le représentant légal de l’Église « Foi abondante » l’a déclaré au cours d’une émission sur Top Congo FM, disant détenir cette information des participants d’une réunion entre confessions religieuses. Mais le secrétaire général de la CENCO, Monseigneur Donatien Nshole, à qui il attribue ces propos, a réagi. Ce dernier évoque une mauvaise compréhension de celui qui a rapporté l’information. Par contre, Donatien Nshole explique que ce « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble » a vocation de garantir la paix en RDC et dans la région jusqu’à l’horizon 2060, année du centenaire de la RDC. Donc, le président Tshisekedi et ses successeurs en seront bénéficiaires.

Les caciques du pouvoir réticents

Jusqu’à ce jour, la démarche de la CENCO-ECC ne fait pas toujours l’unanimité. Certains caciques du régime de Félix Tshisekedi perçoivent cette démarche comme une absolution des crimes commis par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo et du Mouvement du 23 mars (AFC/M23). « Tout en soulignant le caractère laïc de l’État Congolais, l’UDPS/TSHISEKEDI note que l’Église n’a pas pour vocation de prendre des initiatives politiques à la place des institutions de la République », avait réagi le parti présidentiel en février dernier.

De son côté, le gouvernement, à travers son porte-parole, Patrick Muyaya, s’était montré également froid à l’égard de l’initiative des Églises catholique et protestante. « Il faut savoir que le président de la République ne leur a pas donné un mandat quelconque. C’est une nuance de taille. Ils ont vu le président, ils avaient des propositions, mais le président de la République ne leur a pas donné un quelconque mandat pour l’engager », avait souligné Patrick Muyaya.

Les chefs d’État de la région saluent l’initiative

De Paul Kagame en passant par William Ruto, Yoweri Museveni, Denis Sassou Nguesso et João Lourenço, aucun chef d’État de la région n’a refusé l’initiative. Cela ne devrait être qu’ainsi. « Grande satisfaction pour cette mission d’harmonisation de vues avec le président Lourenço en sa double qualité de président de l’Union africaine et d’autorité de facilitation du processus fusionné de Luanda et de Nairobi », a réagi Éric Senga, le porte-parole de l’ECC, après la rencontre de Luanda avec le chef de l’État angolais.

Mais les États qui troublent la paix au Congo pourront toujours indirectement s’opposer aux conclusions d’un tel pacte social. Ce ne sont ni la soutane des évêques ni leur bienveillance qui pourraient changer l’attitude de Paul Kagame ou de Yoweri Museveni, qui ont fait de l’Est de la RDC leur chasse gardée pendant trois décennies.

D’ailleurs, Éric Senga de l’ECC a reconnu les difficultés pour converger les vues, surtout entre Kinshasa et Kigali. La RDC qualifie l’AFC/M23 de groupe terroriste, alors que le Rwanda les considère comme un groupe congolais avec des revendications congolaises. D’autre part, le Rwanda considère les FDLR sur son territoire comme des génocidaires, alors que le Congo les considère comme des réfugiés politiques, selon Éric Senga. « Cette ambiguïté conceptuelle n’a pas facilité les négociations », a-t-il reconnu. L’avenir de ce pacte social risque d’être bien fragile si les prélats et révérends ne parviennent pas à l’envisager.

Heshima

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