L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) ne va plus participer aux négociations directes prévues ce mardi 18 mars 2025 à Luanda, capitale angolaise. Dans un communiqué publié la veille, le mouvement rebelle dénonce les sanctions individuelles prises par l’Union européenne contre plusieurs de ses dirigeants, affirmant que ces mesures compromettent le dialogue et rendent impossibles ces pourparlers. Pourtant, ces sanctions n’affectent en rien le déplacement des dirigeants de cette rébellion à Luanda. Une posture qui rappelle celle du président rwandais, Paul Kagame, qui avait boycotté, le 15 décembre dernier, sa rencontre avec Félix Tshisekedi.
Il devrait s’ouvrir, ce mardi, sous la médiation angolaise, des discussions directes entre la République Démocratique du Congo et les rebelles de l’AFC-M23. Pendant que tout était presque prêt, cette rébellion a fait volte-face. L’AFC-M23 affirme que les sanctions prises par l’Union européenne contre certains de ses dirigeants compromettent le dialogue et rendent impossibles les pourparlers tant attendus. La rébellion parle d’un sabotage du processus de paix. Pourtant, les sanctions individuelles qui visent également certains officiers de l’armée rwandaise n’affectent en rien les « négociations directes » tant réclamées par cette rébellion. « Il n’y a aucun rapport ! Les sanctions de l’Union européenne n’interdisaient nullement l’accueil en Angola d’une délégation du mouvement rebelle M23. C’est un mauvais prétexte pour échapper à la pression de la négociation diplomatique pour trouver une solution de paix en RDC », a déclaré l’ancien ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Jean-Marc Châtaigner.
Kinshasa maintient sa présence à Luanda
De son côté, la porte-parole du chef de l’État congolais, Tina Salama, a confirmé lundi 17 mars dans la soirée que le gouvernement maintenait l’envoi d’une délégation à Luanda, en Angola, pour ces négociations de paix sous la médiation du président angolais, João Lourenço. « La délégation de la RDC répondra bel et bien à l’invitation du médiateur, le président Lourenço, à Luanda ce mardi », a précisé Tina Salama. Ces négociations directes, initialement prévues pour réunir le gouvernement congolais et les rebelles du M23, visaient à trouver une solution pacifique à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la RDC.
Dans le paquet de sanctions dévoilé par l’Union européenne, cinq responsables du M23 sont ciblés. Il s’agit de Bertrand Bisimwa, président du mouvement, déjà sous sanctions de l’ONU ; Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande ; John Imani Nzenze, colonel au sein du mouvement ; Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances du M23 ; Joseph Bahati Musanga, actuel gouverneur de l’administration parallèle mise en place par la rébellion à Goma. Du côté du Rwanda, l’UE a également sanctionné trois hauts gradés de l’armée rwandaise impliqués dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. Il s’agit de Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la RDF ; Eugène Nkubito, commandant de la 3ème division de la RDF, présente au Nord-Kivu depuis août 2022 ; Pascal Muhizi, commandant de la 2ème division de la RDF, déployée dans l’Est congolais depuis août 2023.
Le M23 sur les traces de Kagame ?
En réponse à l’invitation de leur homologue angolais João Lourenço, médiateur de l’Union africaine entre les deux pays, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame devraient se retrouver à Luanda le 15 décembre dernier. Mais à la veille de ce rendez-vous crucial pour la paix, Paul Kagame avait boycotté la rencontre alors que Félix Tshisekedi s’était rendu à Luanda. À l’époque, Kigali avait pris comme prétexte le refus de Kinshasa de négocier directement avec le M23. À ce jour, le gouvernement congolais a accepté de négocier directement avec le M23. Mais le même scénario se répète. À la veille du rendez-vous à Luanda, le M23 boycotte à son tour les négociations. Ce qui laisse transparaître une stratégie propre du Rwanda et une manipulation de cette rébellion qui, en réalité, agit sous les ordres de Kigali.
Heshima