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Union Sacrée : Tshisekedi remodèle son appareil politique

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À trois ans de la fin de son second mandat et à l’approche d’un dialogue national, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a présidé, le 30 août 2025, le deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN). Ce rendez-vous stratégique a permis l’adoption unanime d’une nouvelle charte et d’un règlement intérieur, marquant une étape clé dans la consolidation de cette plateforme politique en vue des élections générales de 2028.

Réunis sous la direction de Félix Tshisekedi, les membres de l’USN ont doté leur coalition d’outils fondamentaux pour renforcer son unité et clarifier ses règles de fonctionnement. La nouvelle charte et le règlement intérieur, adoptés à l’unanimité, visent à stabiliser la plateforme après des tensions internes, notamment autour de la composition du présidium, l’organe décisionnel de l’USN. Initialement composé des leaders de l’UDPS (Augustin Kabuya), du MLC (Jean-Pierre Bemba), de l’AFDC-A (Modeste Bahati), de l’UNC (Vital Kamerhe), du CRD (Christophe Mboso Nkodia) et d’« Agissons et bâtissons » (Jean-Michel Sama Lukonde), le présidium a été élargi en mars 2025 à 40 membres. Cette réorganisation a intégré des partis revendiquant une meilleure représentation, notamment ceux comptant au moins sept élus au niveau national ou provincial.

Ce congrès, en réaffirmant la souveraineté nationale et en posant les bases d’une stratégie politique, signale une volonté de l’USN de se préparer aux futurs défis électoraux et de renforcer son ancrage dans le paysage politique congolais.

Des sanctions prévues contre l’insubordination

Le deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN), tenu le 30 août 2025 sous la présidence de Félix Tshisekedi, a adopté de nouvelles mesures pour renforcer la discipline au sein de la plateforme politique. Parmi les décisions phares, le règlement intérieur prévoit désormais des sanctions contre les membres qui manqueraient à leurs engagements, notamment au « devoir de loyauté » envers la Haute Autorité politique de l’USN, incarnée par le président Tshisekedi.

« Nous avons accepté de nous soumettre à un régime disciplinaire en cas de manquement à nos engagements », a déclaré André Mbata, secrétaire permanent de l’USN. Ces réformes visent à optimiser le fonctionnement de la coalition en adaptant ses structures aux réalités politiques, administratives et sociales de la RDC, dans un contexte marqué par la guerre dans l’Est, attribuée à une agression rwandaise via la rébellion AFC/M23, et par les préparatifs d’un dialogue national.

Lancée en décembre 2020 par Félix Tshisekedi après la rupture avec la coalition FCC-CACH de Joseph Kabila, l’USN s’est imposée comme une force majoritaire au Parlement, réunissant 391 députés de 24 partis dès juin 2023. Une charte, signée en avril 2023, avait institué quatre organes décisionnels : le Congrès, la Haute Autorité politique, le Présidium et la Conférence des présidents des partis et personnalités désignées. Le président Tshisekedi conserve un contrôle centralisé, nommant seul le secrétaire permanent, ses adjoints et les membres nationaux.

Les nouveaux textes, fruit de consultations entre Tshisekedi et les membres de l’USN, renforcent la gouvernance de la plateforme. Axée sur la stabilité et le pragmatisme, l’USN se positionne comme un outil de rassemblement politique face aux défis électoraux de 2028 et aux tensions régionales.

Dialogue : Tshisekedi contre une médiation étrangère

Lors du deuxième congrès de l’Union Sacrée de la Nation (USN), le 30 août 2025, le président Félix Tshisekedi a réaffirmé son engagement pour un dialogue national visant à renforcer la cohésion entre Congolais et à répondre à la guerre dans l’Est, attribuée à la rébellion AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Tout en se disant ouvert au dialogue, il a posé une condition ferme : « Pas de dialogue à l’extérieur du pays. Nous devons parler entre Congolais, ici, chez nous, sans facilitateur étranger. » Cette déclaration, saluée par des applaudissements des congressistes, reflète la volonté de Kinshasa de privilégier un dialogue inclusif, mais strictement national, centré sur les intérêts de la RDC.

Cette position intervient alors que la Fondation Thabo Mbeki a convié les parties prenantes de la crise congolaise à une conférence sur la paix et la sécurité, prévue du 3 au 6 septembre à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le gouvernement congolais a décliné l’invitation, exprimant son refus de voir l’ancien président sud-africain jouer un rôle dans la gestion de la crise de l’Est. Kinshasa reproche à Thabo Mbeki une proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, accusé par la justice militaire congolaise de collusion avec les rebelles de l’AFC/M23, ainsi qu’une partialité en faveur des « agresseurs » de la RDC.

En insistant sur un dialogue « sans agendas importés », Tshisekedi cherche à recentrer les discussions sur les priorités nationales, dans un contexte marqué par des tensions régionales et des défis internes croissants.

Dialogue CENCO-ECC : le FCC frileux face à un pilotage élargi  

Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les pasteurs de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont annoncé, le 25 août 2025, l’ouverture du dialogue national à d’autres confessions religieuses pour promouvoir un pacte social axé sur la paix et le vivre-ensemble. Cette initiative a conduit à l’élaboration d’une feuille de route commune, exhortant le président Félix Tshisekedi à prendre des « actes d’État » rapides pour lancer officiellement ce processus inclusif.

Cette ouverture intervient dans un contexte où le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, initialement favorable à un dialogue piloté par la CENCO et l’ECC, a réduit ses revendications sur ce point. Longtemps perçues par le pouvoir comme opposées à ses intérêts, les Églises catholique et protestante ont cherché à élargir leur démarche en intégrant d’autres confessions religieuses. La feuille de route proposée vise à structurer un dialogue national centré sur la réconciliation et la résolution des tensions, notamment dans l’Est de la RDC.

Heshima  

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