Société

Les enfants adultérins : Maltraitance et rejet

La vie est malheureusement souvent constituée de ces paradoxes qui, plutôt que de voir dans la joie
la venue d’un nouveau-né se préoccupe au contraire de sa présence au monde. Tel est le souvent le lot des
enfants adultérins.

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A moins d’envisager d’évoluer dans une société libertaire qui s’accorde pour qu’entre hommes et femmes il n’existe aucune restriction à pratiquer des relations intimes, la convenance généralement admise dans la plupart des regroupements humains est de se montrer exigeante dans l’organisation de ces questions. En effet, conscient de la sensibilité des rapports amoureux entre hommes et femmes susceptibles de passion avec parfois des conséquences néfastes pour la bonne marche de la société, celle-ci a traditionnellement condamné l’adultère qui consiste pour un individu marié, homme ou femme, d’avoir des relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint, une fois de plus homme ou femme, avec il est vrai moins de rigueur pour le premier que pour la seconde, si pas légalement socialement en tout cas. la suite des grandes religions, qu’il s’agisse de l’islam, du judaïsme ou du christianisme, la loi civile de plusieurs pays condamne l’adultère. Et la loi congolaise n’est pas en reste menaçant tout contrevenant d’une servitude pénale principale de six mois à un an, voire plus et de l’équivalent d’une amende de 60.000 à 250.000 francs congolais, sauf cas exceptionnel de viol, de bonne foi trompée… Avec en prime, la possibilité de rupture de la liaison maritale. Dans ces conditions, dès lors que la cause est infractionnelle comment ne pas considérer que sa résultante ne soit victime de limitation de droit ou de considération sociale : l’enfant adultérin, fruit d’une relation adultère, semble malheureusement voué à subir une vie différente de celle des autres enfants. Situations à dilemme D’emblée, il s’avère donc que l’enfant adultérin jouisse de moins de droit que tout autre enfant, même que d’un enfant naturel né de parents non mariés. Par rapport au commun des enfants, celui qui est adultérin est ainsi appelé à vivre une vie dénuée de sérénité et encaisser dès sa tendre enfance des violences psychologiques de manière insidieuse ou de façon clairement exprimée.
« « Toi, dont le papa ne se fait jamais voir ! » a-t-elle l’habitude d’invectiver Yannick, l’enfant de sa nièce, qui à la longue finit par comprendre qu’il n’est pas aussi semblable que les autres gamins de son âge. « 
Cette violence psychologique prend racine dans un environnement marqué par l’absence de la présence permanente voire de la connaissance du géniteur censé ne pas se dévoiler en raison de la commission de l’infraction qui l’expose à la rigueur de la loi. Il convient toutefois de souligner que cette situation reste assez théorique dans des pays qu’on qualifierait de traditionnels, lesquels malgré les dispositions légales interdisant l’adultère passe outre toute condamnation, même si cela est fait de manière discriminatoire. Car l’homme marié qui mettrait au monde un enfant avec une autre femme que son épouse a toujours la latitude de s’imposer sur elle, sur sa famille ou celle de sa femme en faisant fi des impératifs légaux et passer entre les mailles du filet de la justice. « Oui, je sais que la loi condamne l’adultère, mais tant pis pour les hommes de loi si ils ne comprennent pas que j’ai mis au monde un enfant avec une autre femme que la mienne et que j’aime tout autant que sa progéniture » avait confessé Simon-Pierre au cours du conseil de famille convoqué pour trancher l’annonce de la naissance de son enfant adultérin. Et l’affaire avait été close sur place. Par contre on imagine que pareille situation ne se réglerait pas aussi aisément pour une femme mariée qui aurait ce genre d’aventure. A celle-ci, il lui resterait l’alternative de l’aveu en cas de flagrance ou d’autodénonciation sinon alors d’user de subterfuges pour ne pas être démasquée. Violences psychologiques ! On voit donc que dès leur venue au monde, du fait de la pression exercée sur leurs géniteurs, l’enfant adultérin peut à son tour les ressentir par la force des événements, avec à la base l’impossibilité d’avoir une vie normale au sein d’un foyer ordinairement constitué, c’est-à-dire marqué par la permanence d’un père et d’une mère et à la rigueur de frère(s) et sœur(s). Néanmoins, quels que soient les cas de figure de paternité ou de maternité d’un enfant adultérin, il sied de se faire à l’idée que malgré tout, la présence de l’enfant adultérin ne peut que finir par devenir évidente même s’il relève du secret de famille. Dans tous les cas, il s’agit de faire preuve de tact et de psychologie intelligente à son égard. Et donc, s’il est vrai que la société congolaise a su trouver des aménagements dans le cas de la naissance d’un enfant adultérin, son caractère ouvert où se meut un foisonnement de personnes qui élargit de manière extensible le cercle familial ou relationnel peut susciter des occasions de maltraitance ou de rejet de l’enfant adultérin. Or, on sait, à quel point certaines personnes peuvent agir avec désinvolture ne donnant aucune importance à la psychologie pourtant primordiale dans la construction de tout sujet. Mama Béa avec ses allures de matrone en est un bon exemple, elle qui a l’art d’intervenir de manière intempestive en tchipant pratiquement à chacune de ses phrases, parfois même sans méchanceté au fond d’elle-même : « Toi, dont le papa ne se fait jamais voir ! » a-t-elle l’habitude d’invectiver Yannick, l’enfant de sa nièce, qui à la longue finit par comprendre qu’il n’est pas aussi semblable que les autres gamins de son âge. Sans qu’elle ne se rende compte des dégâts qu’elle peut causer dans le mental du garçon. De la sorte dans le registre de la violence psychologique éprouvée par l’enfant adultérin qui déterminera son comportement en société, on peut épingler en un premier lieu le sentiment d’isolement par rapport aux membres des deux côtés de sa famille qui le conduira à ne pas savoir se positionner naturellement dans la communauté car dépourvu de repères identitaires précis, une sorte de chauve-souris. Cet isolement entrainera ainsi un manque d’affection avec son lot de frustration en prime. Plus violent que l’isolement, est le rejet qui lui est plus expressif. Il peut provenir d’un parent qui lui ferait ressortir que sa venue n’a pas été désirée ou que les conséquences de celle-ci représente un poids et ce, par des propos vexants et humiliants, du style de ceux de Mama Béa. Les indispensables ressorts psychologiques ! Face à toutes ces maltraitances psychologiques conséquentes à une vie familiale déstructurée, il est nécessaire que l’enfant adultérin fasse preuve de résilience pour sa survie psychique, à l’aide prioritairement du (des) parent(s) disposé(s) à le soutenir à surmonter l’injustice qu’il peut percevoir d’être victime d’un statut social et familial indépendamment de sa volonté. Faute de quoi, ce ressentiment peut se muer en différentes réactions psychologiques faites de révolte, d’hostilité, de colère, d’anxiété… lesquelles peuvent se manifester sous divers comportements comme la toxicomanie, la prise de l’alcool… voire à des pulsions agressives ou suicidaires extrêmes qui aboutissent à la déstabilisation de tout être en raison d’une perception émotionnelle tronquée vis-à-vis de soi ou des autres. Et qui peut persister jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, grâce à la capacité à atténuer sinon à effacer les chocs de la violence psychologique endurée en s’imprégnant des stimuli positifs, la résilience est en mesure de permettre à l’enfant adultérin de trouver sa place dans la société en dépit de tout. Et en complément à l’aide du (des) parent(s) mentionnée ci-haut, l’accompagnement psychosocial d’autres membres ou des amis de la famille peut être salutaire. Le rôle de la société n’est pas non plus à négliger malgré la sévérité qu’elle témoigne à l’endroit de l’adultère : elle devrait quel que soit le jugement porté sur ce fait, envisager une attitude sociale adéquate capable d’endiguer les souffrances psychologiques encourus par l’enfant adultérin, avec notamment si nécessaire l’instauration de structures d’accueil, siège d’amour, comme les foyers d’accueil ou le placement en famille. Mais, plus encore la responsabilité de surmonter sa différence socio-familiale incombe à l’enfant adultérin lui-même. Et une voie à ne pas négliger est la prière à même d’apporter du baume au coeur pour guérir des blessures intérieures. Comportement préventif ! Il n’en reste pas moins qu’à cause de tous les abus que peut vivre un enfant adultérin, c’est bien avant la naissance même de ce môme que l’on devrait s’attendre à un comportement préventif raisonnable car il y va de l’avenir confortable de tout gosse. C’est donc aux parents à prendre toutes les dispositions appropriées transcendant leur passion ou leur négligence. Angèle prévient : « Avant d’avoir une quelconque relation amoureuse, d’autant plus que je sens que je risque de m’accrocher, je prends la précaution de me renseigner sur la situation de l’homme. Moins pour ce qui concerne son statut social ou médical même si j’y fais un peu attention, que sur son état familial. S’il est marié, je tourne directement la page car je ne voudrais pas tomber dans le piège de mettre au monde un enfant adultérin appelé à souffrir… ». Sur ce point, les femmes ont en effet l’art d’agir avec une certaine finesse psychologique en posant des questions à l’allure anodine pour enquêter sur celui qui cherche à nouer avec elle, souvent le regard rivé sur l’annulaire pour y déceler une alliance. Et quand bien même, la relation s’installe une psychologie préventive pour désamorcer tout incident ultérieur est de mise. L’implication de la femme est dans cet ordre d’idées inévitable car c’est généralement elle qui porte le poids d’une culpabilité adultère. En un premier lieu, sa grossesse commence par dévoiler les relations intimes qu’elle a pu avoir. Or, à moins de faire porter le chapeau à un homme consentant ou non prêt à endosser son état physique, son lien avec son enfant au-delà du cordon ombilical est d’évidence, alors que l’homme peut échapper à l’opprobre social, la nature étant ainsi faite. La venue de l’enfant n’est dès lors pas aussi commode dans une relation d’adultère et celui-ci est astreint à faire les frais de la faute commise par ses géniteurs. Au total, entre se voir obligé à s’exposer à des situations inutilement difficiles et rendre compliquée la vie d’un innocent, la retenue est vivement indiquée.

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