Culture

Diététique : La Chikwangue

Féculent tiré du tubercule de manioc, la chikwangue est une pièce de choix de l’alimentation d’Afrique centrale et particulièrement de la RDC dont les vertus diététiques ne sont pas suffisamment promues.

Published

on

La chikwangue est un aliment largement répandu en Afrique centrale, plus précisément en RDC, au Congo, au Cameroun, au Gabon, en République Centrafricaine et plus largement sa présence est remarquable partout où est présente une population noire (Brésil, diaspora…).

Chaque espace de sa consommation l’a baptisé de manière spécifique.  Au Cameroun, il est nommé bobolo lorsqu’il est massif et miondo de dimension moindre.  Au Gabon, on parle de l’agnizock ou de pita.  Au Congo, c’est le ngudi-yaka de 5 à  9 kg produite dans le sud du pays ainsi que le moungouélé  et le moussombo du centre comme du nord du pays.

En RDC, on retrouve également différentes chikwangues parmi lesquelles celles des Batéké, célèbres dans cette production sous la dénomination d’ongwèlè avec des distinctions dans la forme.  On en distingue bien d’autres ailleurs dans le pays où l’aliment est dénommé le kwanga (genre masculin en français), kikwanga en kikongo, kwanga en lingala. 

L’explication de son origine porte sur l’opportunité de conservation que cet aliment offre et dont l’utilité est spécialement reconnue pour nourrir le voyageur sur une longue distance car pratique à consommer et à conserver.

A l’instar du fufu, un autre produit dérivé du manioc avec qui il partage la même origine, du riz, de la patate douce, comme sous d’autres cieux, de la pomme de terre, des frites ou des pâtes, la chikwangue est un féculent qui accompagne le plat consistant.

Il se présente sous forme de pâte plus ou moins tendre, plus ou moins collante au goût amer plus ou moins prononcé selon le degré de la fermentation voire fade pour d’autres catégories.

Il revêt plusieurs formes, petit, gros, long selon sa préparation adoptée par tel ou tel peuple et donc c’est à tort qu’il est dénommé « bâton de manioc » en lieu et place du terme générique de chikwangue qui lui convient parfaitement, sinon à la limite il conviendrait de le désigner « pain de manioc » pour une meilleure compréhension à l’attention d’autres cultures.

De ce fait, en ce qui concerne ses multiples variétés, on peut énumérer le batéké, le nsesa, le ntinga, le ntolula, mobunda surnommé « Kin 7 jours » en raison de son volume impressionnant et bien d’autres, chacun avec un goût qui lui est propre et qui fait l’objet de préférence selon les individus. 

Préparation de la chikwangue

La préparation de la chikwangue s’effectue à l’aide de tubercules de manioc, au préalable bien nettoyés, puis épluchés et coupés en morceaux afin de les faire subir le rouissage durant trois jours.  Cette étape permet d’attendrir la matière et mieux émietter les pièces manuellement en les débarrassant de leurs fibres et racines.

La pâte blanchâtre humide obtenue est ainsi tamisée dans une bassine d’eau pour en retirer les résidus qui remontent à la surface.  L’opération suivante consiste à faire descendre la pâte au fond de la bassine durant quelques heures, le temps de permettre à la pâte de se reposer au fond et renverser l’eau successivement dégagée jusqu’à ce que le liquide devienne le plus clair possible.  Ensuite, la pâte est mise à égoutter dans un sac de jute durant une demi-journée.  La pâte fermentée est peu après étalée sur une planche en bois de forme ronde ou rectangulaire pour être malaxée à la main ou à l’aide d’un rouleau en bois dans le but de la rendre la plus homogène possible, et la cuire par la suite à la vapeur et la malaxer à nouveau.

La pâte est alors conditionnée en tas selon les dimensions de la chikwangue que l’on désire produire, en l’enroulant dans des feuilles appropriées, de bananier ou d’une autre espèce, choisies pour la saveur qu’elles apporteront à la chikwangue placée dans le récipient pour être bouillie à l’étuvée.

Il est à noter que toutes les différentes phases de préparation de la chikwangue peuvent durer deux semaines dans certaines contrées.  Il est également constaté que sous l’enveloppe de la feuille, la chikwangue est de plus en plus emballée dans du plastique.

En outre, un autre type de chikwangue propre à la région du Bandundu, appelé kwanga di makondo (littéralement chikwangue à la banane) a pour particularité d’être apprêté avec de la banane plantain mûre, bouillie et pilée, puis mélangée avec une petite quantité de farine de manioc, du piment pilé, du sel et quelques graines d’arachides. Et bien sûr, le résultat est enveloppé dans des feuilles pour son ébullition.

Sous réserve d’autres cuissons, on imagine le nombre de modèles de chikwangue que l’on peut découvrir dans l’ensemble du bassin du Congo….  

Consommation de la chikwangue

Certes, si sa préparation est laborieuse, une fois prête, la chikwangue est un aliment pratique au moment de sa mise en bouche.  Elle peut être rangée dans le groupe de mets prêt-à-consommer, à l’occasion de tout repas que ce soit du matin, de midi ou du soir,  simple ou festif, à domicile, en service ou lors des déplacements.

Idéalement, la chikwangue se mange à la main, en le coupant en petits morceaux à pétrir avec ses doigts comme on le ferait avec de la mie de pain pour  donner à sa pâte une saveur plus agréable.

Dans le registre de ce qui peut être considéré comme le fast-food ou le street-food à l’africaine, la chikwangue permet de se rassasier très rapidement en en-cas ou en repas consistant avec le contenu d’une boîte de conserve (sardines, corned-beef, cassoulet…), du safu….

De manière un peu plus élaborée, la chikwangue se mange avec des grillades de poisson ou de viande, du poisson salé ou de la viande boucanée, ou alors de la viande ou du poisson en sauce accompagnés des légumes comme le pondu, les haricots… agrémentés de pili-pili pillé ou en fruit.

Bienfaits de la chikwangue

La chikwangue renferme des vitamines A, B, C et K ainsi que de nombreux nutriments en magnésium, du fer, du potassium et du calcium qui lui confèrent une valeur nutritionnelle fort appréciable.

En termes diététique, la chikwangue contient de nombreux bienfaits car elle :

  • rassasie rapidement grâce à sa forte teneur en hydrate de carbone sous forme d’amidon tout en apportant une grande quantité d’énergie, ce qui est idéal pour les personnes devant fournir des efforts physiques importants.  Par ailleurs, avec un faible apport en protéines et matières grasses, il n’est pas un aliment qui fait grossir et peut utilement servir à l’occasion d’un régime amaigrissant, à condition bien-sûr de ne pas l’associer à d’autres aliments excessivement caloriques.
  • aide à soulager, prise raisonnablement, certains problèmes d’estomac, de digestion ou de diarrhées par son contenu en amidon, notamment en cas de mauvaises absorptions de nutriments, d’acidité, d’ulcères et de flatulences.
  • est dotée des propriétés de détoxifiant et de purifiant en raison de sa charge en resvératrol, lequel secrète un principe actif sur le niveau de mauvais cholestérol (LDL), tout en améliorant la circulation sanguine et en augmentant la production de plaquettes.  A ce titre, elle prévient l’athérosclérose et la formation de thrombus.
  • réduit l’excès d’acide urique et mérite d’être consommée par les personnes qui souffrent de la goutte.
  • est un bon anti-inflammatoire et de ce fait contribue à apaiser les individus atteints de problèmes articulaires comme les rhumatismes, l’arthrose ou encore l’arthrite rhumatoïde. Il en va de même pour lutter contre les douleurs musculaires, osseuses ou dans les tendons.
  • renforce le système immunitaire et assure une défense contre les micro-organismes nocifs au corps.
  • améliore la santé de la femme enceinte et de la mère grâce à sa haute teneur en acide folique, avec des effets bénéfiques pour l’allaitement de l’enfant.
  • renforce la solidification des os et des dents grâce à son apport en calcium  et en vitamine K : sa consommation est recommandée aux adultes pour éviter fractures et luxations de même qu’il est conseillé aux personnes affectées par l’ostéoporose. 

Il n’en reste pas moins que quelques précautions s’impose : pour celui qui n’est pas habitué à sa consommation, cet aliment risque d’être lourd à digérer et lui donner des selles dures.  De ce fait,  il est indiqué dans les premiers temps de le consommer avec modération.  Toutefois, un bon digestif peut faire l’affaire pour lever ses appréhensions qui de surcroit, seront balayées par l’appétit que la chikwangue finit par susciter.

Vitho wa Vitho

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile