Culture

Le rituel Ingomba chez les Mongos

Afin que l’entrée des jeunes gens dans la vie d’adulte soit une réussite, les peuples de l’ethnie Mongo procède à un rituel initiatique dénommé « Ingomba » dans lequel est impliqué l’ensemble de la communauté.

Published

on

Le peuple Mongo se retrouve au centre de la RDC et en partie au Congo voisin. Il se re­groupe dans la grande famille des Anamon­go, descendant de Mongo, leur ancêtre commun. Il représente à ce jour 65% du peuplement du Congo et se répartit en diverses tribus vivant dans les provinces de l’Equateur, de la Mongala et de la Tshuapa, au nord des provinc­es du Maï-Ndombe et du Sankuru ainsi qu’à l’Ouest du Maniema.

Les diverses tribus de ce peuple sont les Mongos eux-mêmes, les Batetelas, les Bankutus, les Boli­as, les Bokotes, les Bakusus, les Boyelas, les Bongandus, les Ekon­das, les Iyadjimas, les Iyesas, les Koles, les Mboles, les Mpenges, les Ndengese, les Nkundos, les Ntombas, les Sengeles, les Son­gomenos.

Elles ont toutes en partage une culture quasi identique dont la ra­ditionnelle du rite de l’ingomba.

Plutôt que de les abandonner dans l’expérimentation personnelle des vicissitudes de l’existence sans repères, un peu à l’aveuglette, l’ob­jectif de cette pratique du peuple mongo est d’inculquer davantage de sens de responsabilité afin de rendre leur progéniture autonome, apte à se lancer dans la réalité du monde et être utile à la société en s’y intégrant comme il convient, grâce aux conseils prodigués par les aînés et la transmission d’un savoir-faire.

Dans l’entendement moderne, marqué par la présence d’un sys­tème éducatif bien structuré en guise de lieu de formation et d’ap­prentissage, le rituel ingomba est donc à considérer comme une véritable école de la vie.

Solidarité et cohésion sociale

Dans cet univers culturel, aucune composante de la société n’est mise de côté, témoignant du sou­ci du renforcement de sa cohé­sion, gage de sa préservation.

Les plus âgés, imprégnés des en­seignements communiqués en amont et des leçons tirées indiv­iduellement de leur parcours se mettent ainsi à la disposition des plus jeunes. Leur rôle est ainsi d’assurer la formation à ces der­niers dans le souci qu’ils se con­forment aux coutumes du clan et puissent bien assumer leurs obli­gations.

D’une manière générale, le re­spect voué à la tradition consiste à être informé des interdits en vue de ne pas les enfreindre, à se sou­mettre à la hiérarchie, à compren­dre sa place dans la collectivité…

De manière plus spécifique, il est demandé aux filles de se préparer à vivre en couple : savoir prendre soin de son époux, être en mesure de bien tenir son ménage qu’il s’agit de l’entretien du foyer ou de la préparation des repas, pouvoir façonner les objets de son quoti­dien comme les ustensiles de cui­sine, la natte, le panier, mettre de l’ardeur aux travaux champêtres.

Quant aux garçons, il s’agit pour eux de se montrer capables de prendre en charge le foyer incl­uant femme et enfants, se nour­rir par la chasse, la pêche ou les travaux de champs, construire son logement, maîtriser la fabri­cation des objets utiles à son quo­tidien (instruments de chasse ou de pêche, meubles d’habitation…).

Au-delà du résultat obtenu en termes de cohésion sociale, l’ini­tiation ingomba a en outre l’avan­tage de consolider la solidarité de confrérie. En effet, au cours de la période d’initiation, les novices se voient unis par des liens indisso­ciables de fraternité les uns aux autres, jusqu’au sacrifice en cas de problèmes.

Pratique de l’initiation

De manière plus concrète, le déroulement du rituel se car­actérise par différents aspects. En un premier lieu, il concerne les jeunes de tous les villages, âgés de 15 à 18 ans. La durée de leur instruction est de six mois pour les garçons et d’un mois renou­velable une fois pour ceux qui éprouvent des difficultés à ac­complir leur apprentissage.

Pour bien faire aboutir cette péri­ode de réclusion circonstancielle, la contribution de chaque famille du village est obligatoirement requise – autre forme de solidar­ité -, même si elle n’a pas d’enfant candidat à l’initiation.

Durant cette étape, les initiés sont soumis à un régime austère pour intensifier leur endurance et dompter les éléments naturels. Il s’ensuit à leur sortie, un amai­grissement physique en raison de la pénibilité des nombreuses tâches accomplies et des condi­tions de vie dans un milieu incon­fortable sinon hostile en forêt.

Finalement aux fins d’attester de la réussite des différentes étapes du rituel, et preuve de la maturité acquise, les initiés sont enduits de kaolin, blanc pour les garçons et rouge pour les filles et identi­fiés par des tatouages.

Le retour au village est bien sûr l’occasion de faire la fête. Et l’une des premières besognes à exécuter par le nouvel adulte est d’ériger à proximité de sa demeure une paillote appelée in­gomba, destinée à accueillir ses visiteurs et dans laquelle un feu allumé sur quelques troncs brûle en permanence.

Cependant à lire tout l’intérêt de ce cérémonial, la déception est perceptible devant l’ignorance dont il est malheureusement l’ob­jet de la part surtout des citadins. Ne serait-il pas une occasion de le mettre au goût du jour ? d’au­tant plus que cet environnement est confronté à plusieurs travers, spécialement le kuluna, par man­que de connaissances des con­traintes sociales.

Reste à vérifier sa validité auprès de ceux qui ont eu à l’éprouver, car de l’aveu de ses adeptes, pour celui qui a pu jouir de son priv­ilège, son échec dans la vie est improbable.

Noël Ntete

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile