Interview

Ted Beleshayi : «la gratuité de l’enseignement de base est la meilleure décision de ces vingt dernières années.»

De son nom complet Juan Ted Beleshayi Kasanda, le jeune Secrétaire exécutif national de la Ligue des jeunes de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), estime, dans cette interview accordée à Heshima Magazine, que la gratuité de l’enseignement de base initiée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, est la meilleure décision de deux dernières décennies et elle le restera pour les vingt ans à venir.

Published

on

Heshima Magazine : Ted Beleshayi, vous êtes Secrétaire exécutif national de la Ligue des jeunes de l’UDPS.  Quelle est la santé du parti à ce jour ?

Ted Beleshayi : La santé est plutôt bonne, avec les nominations dans toutes nos fédérations. C’est depuis que le parti existe car avec toutes les difficultés rencontrées, nous n’avons jamais pu nommer dans toutes nos fédérations. Là, c’est chose faite, c’est un bon pas vers la restructuration, surtout la redynamisation du parti.  

Si les morts vivraient dans l’au-delà, est-ce qu’Etienne Tshisekedi est fier de ce qu’est son UDPS aujourd’hui ?

Bien sûr parce que notre leader charismatique et historique nous promettait toujours d’accéder au pouvoir. Là, c’est nous ses acolytes qui sommes au pouvoir, il doit être fier de nous. Donc, on est au pouvoir et cela a été son rêve, qu’on soit au pouvoir pour bâtir un Etat de droit. Je crois que, c’est la tâche à laquelle on s’est consacré et c’est ce qu’on est en train de faire pour honorer sa mémoire.

Est-ce le pouvoir selon la philosophie d’Etienne Tshisekedi ou un pouvoir selon ses descendants ?

Nous sommes arrivés au pouvoir par des élections, après on a négocié sur base de la configuration électorale. Donc, on n’avait pas la majorité, il fallait trouver des alliés avec lesquels constituer une majorité pour former un gouvernement. C’est là que se situe la négociation, mais avant on était allé aux élections comme tout le monde.  

On a comme impression que tout le monde a à dire à l’UDPS. Quelle différence faire entre la Ligue des jeunes de l’UDPS, le parlement débout et les motocyclistes appelés communément « wewah ? » 

Au fait, c’est vous qui donnez la parole à tout le monde. Un journaliste, avant de diffuser une information, doit se poser la question : il est en face de qui ? Je crois que votre métier ne suit plus ses règles, on donne la parole à tout le monde et il y a aussi le côté sensationnel pour faire rire.  Il y a des organes habilités. Si vous avez besoin d’une information ou d’un commentaire, allez-y vers ces organes-là et leurs animateurs. Là on ramasse n’importe quoi, n’importe où sur les réseaux, c’est pour cela que ça pollue, ça désoriente l’opinion.

La liberté d’expression est consacrée dans la constitution, n’est-ce pas ?

La liberté d’expression existe, mais le journaliste est là pour filtrer. Vous en tant que journaliste, votre rôle est de juger la crédibilité même de celui qui prend la parole. Il la prend en qualité de qui ?

Et les réseaux sociaux ?

Oui, c’est à vous de filtrer, vous donnez la parole à celui qui a la qualité, celui qui est revêtu d’une fonction officielle pour engager le parti politique. Si vous devez interroger Vodacom, mais vous interrogez ses abonnés, ceux-ci auront aussi une opinion sur lui.

Quelle est votre vision de la jeunesse congolaise ?

La jeunesse congolaise dans toute sa diversité a été sacrifiée, voilà. On a connu beaucoup de difficultés. La minorité qui émerge a une grande responsabilité pour sauver la majorité qui est perdue à cause de la mégestion et des mauvaises conditions d’études.

Comment expliquez-vous l’engouement des jeunes qui créent des groupes divers au sein du Parti, AJPRO et Force Grise ?

Au fait, c’est quelque chose qui a toujours existé au sein du parti. Surtout quand vous lisez la définition de la Ligue des jeunes. Dans nos statuts on dit, ça rassemble toutes les associations de jeunes proches au parti. C’est comme ça que fonctionnent souvent les partis socialistes. Ils s’appuient sur des mouvements, sur des associations pour après les rassembler et constituer une force. On est dans cette configuration-là. Cela a des avantages et des désavantages. L’un des désavantages est que cela peut affaiblir les structures statutaires du parti et l’avantage est que cela peut vous permettre de ratisser large. Parce qu’il y a certains qui sont très réticents quand on parle de l’UDPS, mais quand c’est un autre nom, ils accrochent.  

Comment parvenez-vous à gérer cette dualité des groupes ?

Ce n’est pas vraiment une dualité, c’est juste des sous-ensembles dans un grand parti. Cela existe partout, parce que chaque petit groupe-là a sa philosophie.

Mais, lorsqu’ils se rentrent dedans, comment gérez-vous cela ? 

Il y a toujours des moyens pour éviter cela. Ça demande de la sagesse. Par exemple, moi je suis de la Force grise. On a plutôt abandonné le nom d’AJPRO pour adopter Force Grise et cela a marché. Tout le monde fait son chemin.

Par le Président Félix Tshisekedi, l’Udps est au pouvoir. Après environ deux ans, qu’est-ce qui peut être retenu dans l’opinion ?

Non, c’est encore un an et six mois. Ce qu’on peut retenir pour sa première année c’est la gratuité de l’enseignement de base. Pour moi, c’est la meilleure décision des 20 dernières années. Il n’y a pas meilleur que cela. Après, il y a le front sur la lutte contre l’impunité. Nous avons eu un procès historique, avec des condamnations historiques, ce n’est pas rien qu’on condamne un DIRCAB du chef de l’Etat, c’est inédit. Après on a eu la Covid-19 qui a ralenti l’action du chef de l’Etat et c’est à nous ses collaborateur de réfléchir comment prendre une autre politique pour essayer de relancer les choses et surtout avoir des résultats économiques et sociaux, on a du mal à en avoir.   

On reproche au président de la République d’être tribaliste. Votre réaction ?

C’est faux. Quand on dit tribalisme, je me demande si c’est sur base de quel critère. Déjà même le mot tribu est mal défini au Congo. On a 493 tributs et au Congo on parle de tribus en termes de province. Le Kasaï n’est pas une tribu. Savez-vous que lorsqu’on parle de tribu Kabila et Félix sont tous de luba ?

Mais, on parle de luba du Kasaï

Non, justement, déjà on ne sait même pas définir les luba du Kasaï. Au Kasaï on  des bena, bena…quand on réduit cela aux luba, c’est biaiser les choses. C’est juste une identification linguistique. Mais, même partant de ce critère-là, savez-vous que parmi les DIRCABA il n’y aucun qui est de la langue luba ? Tous les DIRCABA que vous voyez-là, Eberande est du Bandundu, Nyembo du Katanga, Kongolo, Getty du Kongo central et Mondonge de l’Equateur. Est-ce que vous étiez informé qu’aucun DIRCABA est du Kasaï, même quand VK était là ? Ce sont des campagnes de diabolisation. La femme du Président de la République est de l’Est,  ses enfants sont à moitié de l’Est, ses plus proches collaborateurs Wameso, Luvuezo. Le chef de l’Etat est un Kinois, il n’est pas dans cela. C’est un Kinois qui ne refuse pas ses origines sociologiques, mais c’est un Kinois ouvert à tout le monde. Ces accusations n’ont aucun sens. À la limite, ça frise la bêtise.    

Quel est votre avis sur les recommandations du G13 ? Vous avez autrefois plaidé pour la mise en place d’un système automatisé d’information et gestion intégrée du processus électoral. Où en sommes-nous avec vos propositions.

Justement,  j’ai lu les propositions du G13, je trouve qu’elles sont correctes. Dans ma proposition, j’étais allé au-delà de tout cela. Je disais, il faut mettre en place un système d’information qui permet de limiter la manipulation humaine. L’importance que l’on donne à la CENI c’est parce que tout le monde est sûr que ce sont les animateurs de la CENI qui manipulent les résultats. Donc, il faut travailler sur deux choses. Il faut travailler sur un système d’information fiable, débarrassé de toute possibilité de manipulation humaine. Après, il faut réduire au max à 24 heures la publication des résultats ou que la publication se fasse instantanément. Et accréditer des médias qui peuvent relayer ces publications-là, pour que la publication officielle ne soit qu’une formalité. Cela demande des moyens, la démocratie a un coût, la transparence aussi. 

Est-ce qu’on a prêté attention à cette proposition ?

Non, c’est toujours comme ça, au Congo les gens sont sur le sensationnel. On ne fait pas cas de mes sujets, justement parce qu’on donne la parole à tout le monde. Quand on discute des vrais sujets les gens ne sont pas là parce que  ça demande un peu de réflexion, ça demande un peu de logique. Minembwe c’est du sensationnel. Dans le fond, on ne sait pas réfléchir. C’est quoi le vrai problème ?, C’est quoi la solution… ?

Le Président Tshisekedi n’a pas voulu entériner la désignation de Ronsard Malonda comme président de la CENI. Certains disent que le prophète Dodo Kamba de l’Eglise de réveil est venu remplacer le Général Sony Kafuta, pour aider Fatshi à avoir son « Nangaa ». Que répondez-vous ?

Je ne sais pas lier Ronsard et …peut-être c’est lié parce que ce sont des confessions religieuses. Notre position est claire. Commençons d’abord par réformer la CENI après on va désigner les animateurs. Donc, nous on en est là. Vous voyez, vous citez le nom de la personne parce que tout le monde est convaincu que cette personne-là c’est elle qui sera à même de désigner le prochain président de la République, pas le peuple. On est dans ce débat-là à cause de cela ? 

 Certains proposent à Félix Tshisekedi de ne pas organiser des élections en 2023, mais lui-même voudrait faire juste un mandat. Qu’en dites-vous ?

Non, il n’a pas dit qu’il va faire juste un mandat. Il a dit que c’est épuisant d’aller au-delà de deux mandats. Déjà on va l’investir comme notre prochain candidat, au prochain congrès il sera désigné comme notre candidat. Justement, c’est encore une manipulation. J’ai suivi l’interview, on a publié la vidéo, il a dit que c’est épuisant pour un homme de faire plus de deux mandats. Ça  veut dire que lui-même est conscient qu’il va faire deux mandats.  Il n’envisage pas de faire plus de deux mandats parce que c’est épuisant.

Votre allié Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de prison, 4 (..) mois après il n’a obtenu aucun soutien de l’Udps. Aujourd’hui quelles sont vos relations avec votre premier allié l’Unc ?

Il faut préciser que notre allié c’est l’UNC. Monsieur Vital Kamerhe est le représentant de notre allié qu’est l’UNC. Notre accord tient toujours et nous en tant que parti politique, nous ne voulions pas nous immiscer dans des questions judiciaires. Après tout, nous tenons à notre alliance. On est avec l’UNC. Chaque fois qu’on a des discussions, on se réfère toujours à eux pour qu’on marche ensemble. 

Lors d’un entretien avec les députés provinciaux du Nord et Sud-Kivu, mercredi 7 octobre 2020, le président Tshisekedi a promis de surseoir l’affaire Minembwe. Quel est votre point de vue sur cette affaire ?

Bon, il exerce ses prérogatives comme chef de l’Etat. Je crois que je n’ai aucun commentaire. J’ai suivi comme vous, il va surseoir.

La rentrée scolaire aura lieu ce 12 octobre 2020 à travers toute la République. Pensez-vous que la gratuité de l’enseignement de base va continuer  sans  s’arrêter quelque part ?

Cela va continuer. Ça s’arrêtera pourquoi ? Parce que déjà on a un soutien de près de 1 milliard de dollars pour soutenir la gratuité. C’est grâce à la volonté du chef de l’Etat, ça ne va jamais s’arrêter. Je vous ai dit que c’est la meilleure décision des 20 dernières années et la meilleure décision pour les 20 prochaines années. Vous comprenez, donc pour moi-même, le chef de l’Etat mérite un deuxième mandat seulement pour cette mesure. Il n’y a pas meilleur que ça, on ne permettra pas que cela s’arrête quelque part. Ça va se consolider et ça doit s’ancrer comme un acquis du peuple. 

Propos recueillis par Hubert MWIPATAYI

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile