Société

Une rentrée scolaire sur fond d’interrogations

Traditionnellement, l’année scolaire a toujours été réglée par une longue période studieuse, ponctuée par de moments de détente et de vacances. La pandémie du coronavirus s’est chargée de perturber le calendrier de l’année scolaire 2020-2021. Au point de s’interroger sur sa validité.

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Une rentrée scolaire sur fond d’interrogations

Bel et bien débutée selon son programme habituel, soit en septembre dernier, la formation des élèves a connu un brutal coup d’arrêt en raison de la survenance de la maladie à covid-19, mettant en cause l’avenir de près de 3 millions d’élèves du primaire et du secondaire de la RDC.

Après les premières hésitations sur les dispositions à prendre pour stopper la progression de la transmission du coronavirus et de s’en prémunir, l’Etat congolais par la voix du Président de la République a fini par arrêter les mesures de confinement à partir de mars de l’année en cours : le 19 mars, la fermeture des écoles est décrétée sur l’ensemble du territoire et leur accès désormais interdit.  Les élèves sont confinés à domicile.

Initialement prévu pour une durée de quatre semaines, l’état d’urgence ira de prolongation en prolongation.  Le questionnement est dès lors d’être renseigné sur comment résoudre le passage à la classe supérieure en tenant compte d’une matière non enseignée.  Et dans cet état de fait, l’interrogation est d’autant plus cruciale pour un enseignement dont le niveau est déjà sujet à caution en temps normal.

Année orange

Faut-il en effet prescrire une année blanche et obliger les élèves à redoubler ou bien ne pas tenir compte de cette période forcée de congé et faire passer de classe ceux qui le méritent ?

Dans la mesure du possible, la solution palliative du télé-enseignement par les outils modernes de communication ou par le biais des médias a été initiée.  Malheureusement, l’expérience n’a pas raisonnablement porté les fruits escomptés, en raison des contraintes énergétiques et des  limites technologiques existant dans le pays.

Néanmoins , l’option décidée par le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) a été de ne pas déroger à la tenue des examens en considérant que l’année scolaire a été consommée dans ses 2/3 et que le trimestre restant est le plus court, d’une durée approximative d’à peine un mois.

Le report de ce timing a eu lieu à la reprise des cours intervenue le 10 août, à la suite de la levée le 21 juillet précédent de l’état d’urgence relatif au confinement, pour s’achever le 10 septembre suivant.

A dater de ce retour des classes,  la priorité a été donnée aux finalistes des épreuves de fin de cycle du primaire et du secondaire.  Les premiers ont été conviés à passer le test national de fin d’études primaires (TENAFEP) et les seconds à l’examen d’Etat (EXETAT)

Pour ce qui concerne les élèves des classes montantes, malgré le nouveau calendrier scolaire de fin d’année, ils n’ont pas été appelés à se rendre à l’école.  La décision prise pour eux a été de procéder à une délibération qui se ferait sur base des points obtenus au premier et deuxième trimestre pour l’élève du primaire et ceux du premier semestre pour l’élève du secondaire, lesquels points seraient reportés respectivement au troisième trimestre pour le primaire ou au deuxième semestre pour le secondaire.

En outre, il s’agirait d’envisager le sort de l’élève dont la cote serait en deçà de la moyenne le condamnant normalement à redoubler l’année.   Sur ce point, il a été laissé la latitude d’appréciation de le faire passer de classe ou de l’obliger à la reprendre pour son propre bien au cas où il ferait preuve de lacunes, eu égard aux élèves dont les résultats au départ mauvais, s’améliorent période après période et finissent pas se rattraper grâce à une évolution ultérieure leur permettant d’atteindre une bonne cotation.

Quant aux matières non apprises du dernier trimestre pour le primaire ou du deuxième semestre pour le secondaire, leur récupération est inscrite dès la nouvelle rentrée scolaire.

En somme, c’est comme pour dire que le dispositif pédagogique serait devant un feu orange qui empêcherait de freiner son allure car déjà vivement engagé.

Leçons à tirer

Cependant, quels que soient les aménagements apportés pour contrer cette situation exceptionnelle, il n’en reste pas moins que le gap entre les matières effectivement enseignées et celles à inculquer au cours de l’année 2020-2021 risque de se creuser davantage.

Déjà, la rentrée scolaire en cours est fixée au 12 octobre 2020 pour se terminer le 23 juillet 2021, soit déjà environ cinq semaines de retard sur le programme traditionnel qui aligne 222 jours ouvrables devant totaliser au moins 900 heures de présence effective à l’école, périodes de révision et d’examens incluses.  Dans l’entretemps, les prédictions alarmistes de l’OMS sur une deuxième vague du coronavirus laissent planer des menaces sur une éventuelle autre année scolaire perturbée, sous réserve toutefois de la préservation dont a été bénéficiaire la RDC qui, à cette période compte moins de 300 décès et des guérisons dont le nombre est très largement contrôlé.

En même temps, il conviendrait de souligner la particularité de l’année scolaire 2020-2021 en fonction du régime de la gratuité de la scolarité du primaire qui a eu pour incidence le triplement des effectifs d’élèves dans certaines classes par rapport aux années précédentes.  Au point de poser le problème du respect des normes internationales édictées sur l’occupation d’une salle avec une moyenne de 50 apprenants.

C’est sur ces entrefaites que s’ouvre une rentrée scolaire masquée avec son lot d’interrogation sur la valeur réelle de l’enseignement national en fonction de l’amélioration du niveau des apprenants aussi bien par rapport à leur suivi qu’à la maîtrise du contenu des leçons.

A cela s’ajoute l’interpellation sur la pertinence du confinement dont la réédition n’est pas exclue.  Car si le confinement obligeant les élèves à rester à la maison serait la conséquence pour eux d’apprendre moins de leçons, il s’agirait de réfléchir sur la justification de cette réclusion forcée.

A ce sujet, il ne manque pas de spécialistes pour dénoncer l’aberration du confinement qui ne serait pas selon eux une solution pour faire face à la protection contre une attaque épidémiologique.  Bien au contraire, à leur avis, ce choix aurait plutôt le désavantage de fragiliser le corps et par voie de conséquence le système éducatif, dans le cas d’espèce.

A contrario, le déconfinement créerait plutôt  une immunité collective grâce aux divers contacts entre individus.  De plus, le port du masque ne serait également pas une solution : il asphyxierait plus qu’autre chose et provoquerait une mauvaise oxygénation du corps.  Le nettoyage de mains fait aussi l’objet de critiques de leur part.  Donc, le milieu scolaire gagnerait à rester actif par l’effectivité des élèves dans les classes.

A un autre degré de réflexion, on serait tenté de partager l’assertion qu’à quelque chose, malheur est bon.  Car s’il est vrai que pour une société qui se focalise sur une connaissance livresque pour mesurer le QI de l’individu, une autre dimension de la compréhension du monde, au-delà de la formation classique, s’avère importante.

Il s’agit en effet de faire valoir un autre critère d’évaluation de l’intelligence à tirer dans le monde éducatif, à savoir le quotient d’adversité (QA) qui consiste en la capacité à traverser une période difficile de la vie et à s’en sortir.

Dans cet ordre d’idées, la survenance de la pandémie de coronavirus a mis en lumière que le monde n’est pas à l’abri de catastrophes, capables de changer le cours de l’existence qui n’est pas aussi paisible que cela et dans ce contexte, tous les protagonistes de l’univers pédagogique sont incités à intégrer les multiples considérations à même d’élever le sens de responsabilité sociale de la jeunesse grâce à une formation multidimensionnelle.

Noël Ntete    

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