Politique

Les dialogues politiques : une tradition congolaise ?

Les dialogues politiques ont souvent différentes formes et
remplissent des fonctions différentes, au-delà de leur finalité
commune qui est de réduire une crise, de résoudre un conflit, et trouver une solution acceptable par tous.

Published

on

L a culture des pour parlers en RDC n’est pas un phénomène nouveau. Déjà, en 1960, le Congo-belge accédait à son indépendance ‘’tchatcha’’ le 30 juin, sous le fond d’un dialogue au sortir de la table ronde de Bruxelles. Une table ronde qui n’était que le signe avant-coureur, peuton oser le dire, de ce qui allait se passer durant les 50 années suivant son indépendance. 

Depuis 1960 jusqu’à ce jour, les dialogues qui se sont succédé en RDC, n’auront été qu’une aubaine pour les bénéficiaires du pouvoir. Ceux-là même qui s’enrichissent derrière le dos de la population. Dans tout cela, quelle est la part du peuple ?

Cette question vaut son pesant d’or puisque, s’il fallait compter leur nombre, les dialogues auraient déjà fait de la RDC un des pays le plus stable et émergent d’Afrique. Hélas ! On le sait tous, les dialogues en RDC font ce que leurs auteurs veulent à telle enseigne que les résolutions qui en sont issues sont souvent contestées avant qu’elles ne soient connues du public.

En effet, dans leurs conciliabules, les acteurs politiques sont les premiers à brandir l’intérêt supérieur de la Nation dans la forme, mais sans pourtant s’en préoccuper dans le fond. Seul le partage des postes ministériels et autres postes des responsabilités les préoccupe en réalité. Néanmoins, maints observateurs sont d’avis que les pourparlers politiques au Congo-Kinshasa n’offrent que des solutions à court terme. Car, faut-il le souligner, de la table ronde en Belgique, en passant par la conférence nationale souveraine, par le dialogue inter-congolais de Sun City, par les concertations nationales et de chuter  avec les deux derniers dialogues de 2016 sous l’égide de KODJO et des pères de l’Eglise catholique, les résultats de ces pourparlers n’auront pas produit vraiment des résultats escomptés en ce qui concerne le développement et l’émergence du pays.

Edem Kodjo, facilitateur du dialogue de la Cité de l’UA
Délégation de l’opposition prenant part au
dialogue de la cité de l’UA (2016)

L a culture des pour parlers en RDC n’est pas un phénomène nouveau. Déjà, en 1960, le Congo-belge accédait à son indépendance ‘’tchatcha’’ le 30 juin, sous le fond d’un dialogue au sortir de la table ronde de Bruxelles. Une table ronde qui n’était que le signe avant-coureur, peuton oser le dire, de ce qui allait se passer durant les 50 années suivant son indépendance.

Depuis 1960 jusqu’à ce jour, les dialogues qui se sont succédé en RDC, n’auront été qu’une aubaine pour les bénéficiaires du pouvoir. Ceux-là même qui s’enrichissent derrière le dos de la population. Dans tout cela, quelle est la part du peuple ?

Cette question vaut son pesant d’or puisque, s’il fallait compter leur nombre, les dialogues auraient déjà fait de la RDC un des pays le plus stable et émergent d’Afrique. Hélas ! On le sait tous, les dialogues en RDC font ce que leurs auteurs veulent à telle enseigne que les résolutions qui en sont issues sont souvent contestées avant qu’elles ne soient connues du public.

En effet, dans leurs conciliabules, les acteurs politiques sont les premiers à brandir l’intérêt supérieur de la Nation dans la forme, mais sans pourtant s’en préoccuper dans le fond. Seul le partage des postes ministériels et autres postes des responsabilités les préoccupe en réalité. Néanmoins, maints observateurs sont d’avis que les pourparlers politiques au Congo-Kinshasa n’offrent que des solutions à court terme. Car, faut-il le souligner, de la table ronde en Belgique, en passant par la conférence nationale souveraine, par le dialogue inter-congolais de Sun City, par les concertations nationales et de chuter avec les deux derniers dialogues de 2016 sous l’égide de KODJO et des pères de l’Eglise catholique, les résultats de ces pourparlers n’auront pas produit vraiment des résultats escomptés en ce qui concerne le développement et l’émergence du pays. 

Come-back sur la conférence nationale souveraine, CNS

Convoquée pour le 29 avril 1991, la première phase de ce forum national ne s’ouvrit que le 7 août de la même année. Les leaders d’opinion, les acteurs politiques et sociaux, tous avaient répondu à l’appel. 2.850 délégués prendront part à ces assises pour non seulement élaborer la Constitution de la 3ème République et la loi électorale mais aussi pour procéder à la relecture de l’histoire du pays. Joint aux 550 déclarations de politique générale dont les 192 lues en plénière, les travaux de 5 commissions à caractère politico-juridique, socio-culturel, économico-financier, technique et sensible ont fourni des outils de construction de la IIIème République. Alors que d’aucuns attendaient le départ imminent du dictateur MOBUTU, l’Acte Constitutionnel avait défini clairement l’organisation et l’exercice du pouvoir pendant la période de la transition de 18 à 24 mois. Ainsi, il a été décidé que le Chef de l’Etat devrait être maintenu au pouvoir. Le Haut Conseil de la République était appelé à prendre le relais de la Conférence nationale souveraine, et sans oublier, le compromis politique global de partage du pouvoir. Conséquence ? Bon nombre de recommandations n’ont pas été respectées. ‘’Le peuple’’ n’a jamais eu sa quotepart. De combine en combine et malignement, MOBUTU a su garder son impérium plus longtemps que prévu, jusqu’à ce qu’il soit renversé par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Mzee Laurent Désiré KABILA au mois de mai 1997. 

Mzee KABILA, entre dialogue et conquête

 Appelé à un dialogue avant la prise de Kinshasa par ses « kadogo » (Ndlr : enfants soldats venus avec Mzee KABILA), le tombeur de MOBUTU, Laurent-Désiré KABILA, s’était retrouvé en pourparlers avec le Maréchal Sese Seko sur le bateau sud-africain Utenika sous la médiation du très respecté Nelson MANDELA. Durant cette rencontre de près de nonante minutes, outre la demande de cessez-le-feu, MOBUTU a annoncé son intention de quitter le pouvoir et proposé la mise en place d’une transition suivie d’élections auxquelles il ne se présenterait pas. La rencontre fut un échec à cause des profondes divergences entre les deux protagonistes. Une fois au pouvoir, L.D. KABILA va faire volte-face vis-à-vis de ses anciens alliés et des puissances étrangères devenus encombrants et dont il n’a pas garanti les intérêts. Mécontents, ceux-ci vont soutenir plusieurs rebellions contre lui. C’est la guerre dite d’agression menée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda le 02 août 1998. Sous la pression de la communauté internationale, les belligérants, après moult tergiversations, se sont retrouvés à Lusaka où ils avaient signé un accord de cessez-le-feu, connu désormais sous l’appellation de l’Accord de Lusaka. Cet accord prévoyait entre autres, la tenue du dialogue entre congolais, lequel, devait déboucher sur la mise en place des institutions devant conduire la période de transition. Cependant Mzee le libérateur mourra assassiné le 16 janvier 2001, laissant derrière lui un pays divisé, prêt à imploser, et à l’avenir incertain. 

NS, Palais du peuple, Etienne Tshisekedi
congratulant chaleureusement l’un de ses
jeunes loups Jacques Matanda Ma Mboyo.
Photo Réveil-FM, archives

Dialogue inter congolais

 L’enjeu majeur de la période qui suivit ces graves perturbations du Congo fut la stabilisation du pays. Joseph KABILA, le nouveau président, s’y appliqua méticuleusement, en vue de la réunification du pays et la résolution de la crise de légitimité. C’est sous sa présidence, que le pays a connu le plus de dialogues dans l’histoire post-coloniale du Congo. L’un de plus important de ces dialogues fut celui destiné à sauver le pays de l’éclatement : il eut lieu à Sun city, en Afrique du Sud en avril 2003 à l’issu duquel une transition de 3 ans est décidée ainsi que la mise en place d’un gouvernement de 1+4, entendez, 1 président et 4 Vice-présidents. La trêve ne dura que peu de temps, jusqu’aux élections de 2006 lorsque Jean-Pierre BEMBA, ancien chef rebelle et candidat à l’élection présidentielle rejeta le verdict des urnes donnant Kabila vainqueur à l’issu d’un scrutin à deux tours. Kinshasa connut un affrontement militaire en plein centre ville entre les troupes de BEMBA et l’armée régulière, occasionnant morts d’hommes.

Les concertations nationales

Les élections de 2011, notamment la présidentielle a donné lieu à une crise politique profonde. Au terme de cette élection, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclame KABILA élu avec 49% contre 32,3% pour son principal challenger, l’opposant Etienne TSHISEKEDI. Ce dernier rejette tout en bloc et se déclare président élu allant jusqu’à « prêter serment »dans sa résidence de Limete et appelle les élus de son parti aux législatives à boycotter de siéger à l’Assemblée nationale.

La crise politique s’enlise.

 KABILA convoque les concertations nationales en septembre 2013 pour « consolider la cohésion nationale, assurer la victoire sur toutes les forces d’agression, mettre fin au cycle infernal de violences à répétition principalement dans le Nord et le Sud-Kivu et en Ituri et renforcer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national». Plus de 600 recommandations sortiront de ces assises suivies d’un gouvernement d’union nationale. En dépit de tout cela, les attaques des groupes armés contre la population ne s’estomperont pas. La cohésion nationale recherchée ne sera pas atteinte. La majorité des opposants ayant accepté de rejoindre le gouvernement d’union nationale seront exclus de leurs partis respectifs.

De la cité de l’UA, au Centre interdiocésain

 Le deuxième et dernier mandat de Joseph KABILA tend à sa fin. Les conditions pour l’organisation des élections devant consacrer son départ et la passation pacifique du pouvoir sont loin d’être réunies pourtant ses opposants et des mouvements pro démocratie ne jurent que par son départ à la date du 31 décembre 2016. Un chaos généralisé menace le pays. Des manifestations appelant à la tenue des élections en décembre 2016 font des dizaines des morts. Le premier dialogue, conduit sous l’égide de l’ancien Premier ministre togolais Edem KODJO, aura ainsi débouché sur la signature d’un Accord en octobre 2016 dit «Accord de l’UA ». Tel un coup de revers, ce compromis sera rejeté immédiatement par une grande partie de l’opposition congolaise qui s’était sentie mise de côté et n’accordait aucun crédit à Kodjo. Le relais de la facilitation des discussions sera ensuite pris par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

L’implication des évêques catholiques, dans un pays majoritairement chrétien et où ces derniers ont une cote favorable, avait alors donné lieu à la signature d’un deuxième accord global et inclusif dit de la Saint Sylvestre, conclu le 31 décembre 2016. Le gouvernement qui en est issu est aussitôt contesté par le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement (RASSOP)/aile Limete. Bien que ledit accord ait recommandé entre autres la neutralisation des groupés armés sévissant en RDC, la population de l’Est n’a pas connu de répit et a continué à subir des attaques meurtrières. En dépit de tous ces dialogues et conférences, la RDC figure toujours dans la catégorie des pays les plus pauvres et corrompus du monde. Les groupes armés à l’est du pays règnent en maitre et sèment terreur et désolation. Il est temps de penser au peuple d’abord. A quand le prochain dialogue ?

 HESHIMA 

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile