Société

PSYCHOLOGIE: La gestion des revenus dans un couple de professionnels

Lorsque l’homme et la femme perçoivent des revenus de leurs activités professionnelles, la gestion commune de la cagnotte est sans aucun doute une question sensible mettant parfois à l’épreuve la bonne entente au sein d’un couple.

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Au nombre des problèmes qui se posent pour un homme et une femme vivant en couple lorsque tous deux travaillent, sans conteste, celui de la gestion des revenus encaissés par chacun d’eux, sous forme de salaires ou de recettes d’une activité lucrative, est certainement l’un deux. 

En toutes circonstances, l’argent pose toujours problème parce qu’il est déterminant dans le règlement des préoccupations de la vie. Certainement, tous les domaines de la vie se sont interrogés sur l’ampleur de son rôle dans leur sphère. Le monde militaire ne dit-il pas que l’argent est le nerf de la guerre ? A cela, le cardinal de Richelieu avait ajouté qu’il était aussi la graisse de la paix.

Toujours sur cette question, un dicton populaire affirme avec beaucoup de pertinence que l’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître. Et les sentences en cette matière sont nombreuses et enrichissantes ! 

C’est dire l’importance de cette question et en se référant à toutes les sagesses émises sur elle, on peut imaginer en quoi elle est déterminante dans un couple, en raison de l’harmonie qu’elle est censée procurer ou des tensions qu’elle risque de provoquer en son sein.

La saveur de l’argent de l’homme

 Jadis, dans le monde traditionnel, essentiellement agricole, les tâches étaient partagées : l’homme avait pour devoir de déchiffrer le terrain et une fois cette étape franchie, la charge de la femme était d’effectuer les travaux des champs à l’issue desquels s’obtenait la récolte, génératrice de revenus. Et pour mieux s’assurer davantage de moyens en faveur de la famille, cela conduisait même l’homme à s’adjoindre d’autres conjointes. 

Avec la société modernisation de l’activité économique marquée par le salariat, les revenus rapportés dans un foyer sont normalement le fait de l’homme tandis que la femme est souvent réduite à effectuer les tâches ménagères et accessoirement d’autres activités (couture, vente d’articles de pasde-porte ou au marché, élevage domestique…). De toutes ces pratiques, il ressort que c’est à l’homme de rapporter l’argent pour les besoins de la famille alors que dans l’entre-temps, l’emploi féminin n’a eu de cesse de se développer comme en Occident faisant du salaire de la femme, un appoint dans les finances du couple. 

Plus encore, la crise aidant en RDC, la situation patrimoniale des couples s’est vue bouleversée : devant la modicité des salaires consécutive à la faillite généralisée de la vie socio-économique ou encore du fait de la précarité de l’emploi le limitant à l’exercice professionnel de survie, la participation de la femme dans l’approvisionnement en espèces ou en nourriture s’est davantage développée, surtout au travers des activités informelles. Néanmoins, peu importe la difficulté de ce contexte et en dépit des perturbations psychologiques qu’elle peut causer, une vérité populaire bien congolaise s’est enracinée dans l’esprit des gens déclarant qu’aussi modique soit-il, l’argent de l’homme en guise de contribution dans le logis est jugé indispensable.

Sophie ne cesse de partager ce point de vue : « La situation socio-économique du pays est difficile depuis plusieurs années. Parce que mon mari ne parvient pas à s’en sortir, j’ai dû prendre une place au petit marché du quartier pour vendre des vivres et compléter les besoins de la famille. Toutefois, l’argent de Simon, même s’il est modeste garde toute sa valeur, car c’est lui le chef de famille.» Autant dire que contrairement à cette affirmation que l’argent n’a pas d’odeur, dans le couple sa saveur est particulièrement agréable lorsqu’il provient de l’homme.

1+1 = 1, 2 ou 3+ ?

Cependant, malgré l’évolution de la société, on peut se demander si ce point de vue est vraiment d’application. Non seulement de plus en plus de femmes sont actives à côté des hommes, mais en plus, dans l’euphorie de l’amour appuyée par un contrat de mariage pour ceux qui passent devant le bourgmestre, le principe est de vivre dans la communauté universelle des biens : tout est en principe mis en commun, et généralement la gestion des avoirs en numéraire ou en nature de chacun des membres du couple est faite sans aucune distinction. Malheureusement, la formule idéale où 1+1=1 est parfois prise à défaut par la réalité devant la survivance de la primauté masculine dans le ménage. Ici, exit la revendication sur la parité ! La femme fait valoir sa faiblesse.

La situation socio-économique du pays est difficile depuis plusieurs années. Parce que mon mari ne parvient pas à s’en sortir, j’ai dû prendre une place au petit marché du quartier pour vendre des vivres et compléter les besoins de la famille. Toutefois, l’argent de Simon, même s’il est modeste garde toute sa valeur, car c’est lui le chef de famille.

Cette situation paraît surtout évidente pour la femme lorsque les revenus de l’homme sont nettement supérieurs aux siens, ceux-ci venant juste en appoint. L’homme pourrait même considérer l’apport de la femme comme son propre argent de poche auquel il ne prête même pas attention. 

Pierrette, infirmière de son état, perçoit un salaire dix fois inférieur à celui de son mari. « Oui, je travaille. C’est toutefois plus une occupation qui me permet de me déstresser au lieu de m’ennuyer à la maison. Mais ce que je gagne est insignifiant. C’est encore moins que ce que mon mari me donne comme argent de poche. Je le lui rappelle d’ailleurs avec dérision. Et donc ça me permet d’utiliser mon salaire à ma guise », reconnait-elle.

 Si pareil cas a pour avantage de valoriser psychologiquement la femme qui jouit de la possibilité de disposer librement de ses revenus, lorsque les rôles sont inversés, seul l’amour peut relever un malaise possible dans un couple. Pour exemple, Divine dispose d’un emploi de cadre dans une société en vue de la place et bénéficie mensuellement d’une rémunération assez consistante alors que son compagnon Jean-Simon, avocat de profession, perçoit des honoraires aux rentrées variables. « Il m’arrive parfois de me sentir un tant soit peu gêné lorsque je traverse une période creuse et que ce sont les ressources de Divine qui font bouillir la marmite. Heureusement, elle comprend les difficultés des professions libérales et me le témoigne avec beaucoup d’amour », avoue-t-il.

Si les cas de figure peuvent être multipliés à l’envi selon le nombre des couples, l’essentiel est plutôt de s’interroger si la gestion des revenus se déroule séparément ce qui traduirait sans aucun doute un manque de cohésion matrimoniale ou alors si on se trouve dans un ménage à trois ou plusieurs, dans lequel se serait glissé un ou plusieurs intrus, ceux ci pouvant être des individus gravitant autour du couple (parents, ami(e)s) ou des situations vécues par ce dernier. Les personnes extérieures au couple, chacun dé – fendant son camp, peuvent en effet avoir tendance à dénigrer l’autre en mettant en garde la personne défendue sur la passion qui pourrait aveugler dans la gestion des revenus. 

La belle-mère d’Yvan a souvent la sale habitude de sermonner sa fille parfois au grand étonnement de cette dernière : « Montre-toi prudente avec ton salaire. Les hommes… Crois-en à l’expérience de ta mère. Fais tu bien le calcul dans vos achats pour connaître ta part au cas où il vous arriverait de vous séparer ? »

L’autre importun dans la gestion des revenus d’un couple peut être une situation. Marthe dispose d’un commerce au marché qu’elle veut agrandir. Afin de se constituer un capital conséquent, elle passe sous silence ses recettes et bénéfices pour intégrer une tontine dans la prévision d’emprunter dans une institution de micro-finance de la place : « Si je m’accorde cette liberté à l’insu de mon mari, c’est que je crains son refus. Ce n’est pas de la duplicité de ma part, mais plutôt une façon de ne pas susciter de longs débats à la maison», se justifie-t-elle.

Cependant quelle que soit l’option adoptée par le couple pour la gestion de leurs revenus, au vu de l’importance de l’argent pour le bon fonctionnement du foyer cette fameuse graisse pour la paix ! la sincérité doit être mise dans sa connaissance et la sagesse doit primer pour une saine utilisation des finances, notamment par la méditation qu’accorde la Bible sur ce sujet.

Rigueur ou laxisme Cependant quelle que soit l’option adoptée par le couple pour la gestion de leurs revenus, au vu de l’importance de l’argent pour le bon fonctionnement du foyer  cette fameuse graisse pour la paix ! la sincérité doit être mise dans sa connaissance et la sagesse doit primer pour une saine utilisation des finances, notamment par la méditation qu’accorde la Bible sur ce sujet. 

On peut en effet imaginer tous les dégâts si la sacro-sainte unité du couple est faussée et que l’un ou l’autre membre du couple ne rend pas compte clairement de ses gains à son partenaire conjugal. Médard se montre strict à ce sujet même s’il a conscience d’autoritarisme dans son attitude au point de parfois frustrer sinon révolter sa conjointe : pour lui, une fois la comptabilité du couple établi, il n’est pas question de laisser le cash à la disposition de son épouse. « Mon père m’a constamment conseillé de toujours faire attention aux femmes en matière d’argent. Elles peuvent vous causer des surprises. Pendant que vous êtes convaincu qu’il reste quelques réserves, vous risquez de vous retrouver le coffre vidé à votre insu et rien que des explications pour justifications ». Il est d’autant convaincu de sa décision, que le vieil huissier de son service adore renchérir sur ce même thème, en grinçant à sa manière ses dents. 

Sur cette même question, Sylviane partage en partie le jugement porté sur la femme. « C’est vrai, nous sommes effectivement dépensières. Nous avons tendance à être impulsives dans les achats que nous effectuons. Mais il nous faut aussi rester vigilantes dans le comportement des hommes. Ils sont capables de dégrainer une partie des fonds du ménage pour leurs loisirs personnels. S’il faut leur laisser la latitude de détente avec leurs amis, il faut toujours se mettre aux aguets afin qu’il n’y ait pas de débordement dans des sorties extra-conjugales coupables ».

Dans tous les cas, Sylviane préconise une attitude de gestionnaire prudente : « En tout cas, dans notre couple, nous avons opté pour partager nos responsabilités. Ensemble, nous établissons notre budget avec amour. Nous faisons de telle sorte qu’il soit une occasion de témoigner de notre entente. Une fois, les chiffres bien fixés, nous nous en tenons le plus fermement aux décaissements programmés. Et devant l’imprévu, nous nous concertons à nouveau en bonne convenance».

Toutefois, au-delà de la recherche d’un équilibre dans les comptes, chaque couple ne devrait-il pas plutôt entrevoir la possibilité de faire fructifier le capital tiré de leurs revenus. En effet, au lieu de se contenter de réfléchir sur comment dépenser le moins possible pour se constituer une épargne conséquente pour des achats ultérieurs, il serait aussi peut-être mieux indiqué après avoir atteint cette première étape, d’envisager des placements sinon des investissements judicieux, notamment en cherchant à exploiter les talents de l’un des deux membres du couple. A moins d’envisager une rupture non souhaitable du couple, pareille intelligence financière en son sein, intégrant une projection sur l’avenir aurait certainement le mérite de rechercher le meilleur pour éviter le pire !

 Heshima  

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