Culture

Les Mbochis

Localisés principalement dans la République du Congo-Brazzaville, les Mbochis constituent une des plus grandes ethnies de ce pays et dont la présence est manifeste dans une certaine mesure en RDC.

Published

on


A l’instar de la grande majorité des peuples de l’Afrique centrale, les Mbochis sont des Bantous qui sont venus occuper cet espace à la suite des Pygmées à l’occasion d’un mouvement migratoire qui remonte au début de notre ère, en provenance du nord de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest, spécialement du Nigeria et du Cameroun. 

Le groupe Mbochi, troisième grand groupe ethnique du Congo est principalement installé dans la partie nord dans les régions de la Sangha, de la Likouala, des Plateaux et de la Cuvette-Ouest autour de villes comme Oyo, Owando, Ollombo, Makoua et Mossaka et traversées par de nombreux et importants cours d’eau. On les retrouve également un peu plus au sud du pays dans les régions du Pool et de Lékoumou. Leur présence dans la capitale Brazzaville se signale surtout dans les quartiers de Talangaï et Poto-Poto. 

Selon des sources anthropologiques, on observe plusieurs variantes du nom de cette ethnie, à savoir Amboshi, Baboshi, Bochi, Boubangui, Embosi, M’Bochi, Mbochis, M’Boschi, Mboshe, Mboshi, Mbosi, Ombosi. Pour se faire une autre idée sur cette ethnie, il peut être précisé que l’actuel président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso en fait partie ainsi que le très célèbre égyptologue Théophile Obenga. 

D’autres communautés assimilées aux Mbochis vivent à l’ouest de la République démocratique du Congo comme les Bobanguis ou encore les Mongos, considérés comme leurs cousins.

Plus largement, les Mbochis sont classés dans l’aire culturelle ngala qu’ils partagent avec d’autres peuples comme les Ngarés, les Kouyous, les Likoubas, les Likoualas, les Makouas, les Moïs, les Bongas, les Bobanguis, les Mbokos. Déclarée comme l’ethnie la plus dynamique dans ce regroupement, l’influence des Mbochis s’y est imposée au point de les assimiler dans l’entendement des peuples qui leur sont étrangers. Il n’empêche une autre version historique de la présence de ce peuple au Congo-Brazzaville retrace leur origine de la déportation au tout début du 20e siècle du peuple Abbey de la Côte d’Ivoire, à la suite d’une révolte contre les Français, pour cette nouvelle destination sous la dénomination de Mbochis qui leur est depuis attribuée.

Il n’empêche une autre version historique de la présence de ce peuple au Congo-Brazzaville retrace leur origine de la déportation au tout début du 20e siècle du peuple Abbey de la Côte d’Ivoire, à la suite d’une révolte contre les Français, pour cette nouvelle destination sous la dénomination de Mbochis qui leur est depuis attribuée.

 Le voisinage des Mbochis

Outre les Pygmées, les Mbochis côtoient d’autres peuples comme les Bakongos (Laris, Vilis…) vivants au sud du pays dans la partie de Brazzaville à Pointe-Noire au littoral. Ils représentent le groupe le plus important avec au moins 48 % de la population du pays. Une autre population est composée des Tékés totalisant environ 22 % de l’effectif national, présent sur les plateaux des Batékés commençant immédiatement au nord de Brazzaville. Ces trois communautés sont aussi présentes en RDC.

Dans une proximité locale plus grande, trois autres grands groupes ethniques sont implantés dans la partie septentrionale du Congo au côté des Mbochis : les Makaas dans le nord-ouest de la région de la Sangha ; les Sanghas dans la région de la Likouala ; et les Oubangiens tout au nord de la région de la Likouala à la frontière avec la République Centrafricaine. Les Sanghas comprennent également une dizaine d’ethnies, parmi lesquelles les Bomitabas, les Bonguilis, les Pomos, les Bangala etc. 

Plusieurs autres groupes groupes ethniques, établis aux confins occidentaux, sont à cheval entre le Congo et le Gabon : les Mbérés ou Mbetis (autour de Kellé et Mbama), les Fangs et les Kotas au nord-ouest, les Echiras au sud-est, les Nzabis, les Pounous et les Obambas dans le Massif du Chaillu. La plupart de ces peuples (ethnies) débordent les frontières tracées arbitrairement par les colonisateurs européens en général et français en particulier, à l’instar de ceux dénombrés en RDC.

Mbochis et Kongos

En raison de la proximité qui a existé entre les Mbochis et les Kongos, l’histoire du Congo-Brazzaville est marquée par de nombreuses tensions survenues entre ces deux peuples. Ces tensions remontent à l’époque de la traite des esclaves débutée au XVIe siècle. En effet après la première phase durant laquelle les esclavagistes Portugais et Espagnols se limitaient aux côtes africaines pour capturer les populations, la pénétration au plus profond des terres finit par atteindre le pays des Mbochis. Pour réussir leur objectif, les Européens firent appel aux autochtones, recrutés spécialement parmi les Kongos. Ceux-ci appelés pombeiros, nom dérivé du mot Mpombo ou Mpumbu, habitent la région située dans la partie actuelle de Brazzaville et de Kinshasa, représentant à l’époque un marché pour l’échange des esclaves et produits locaux (ivoire, bois…) contre les produits manufacturés importés d’Europe.

C’est donc de cette époque de collaboration entre les Européens et les Kongos que remonte l’animosité des Mbochis contre leurs voisins, réminiscence des humiliations dont ceux-ci portent d’après ceux-là, la responsabilité. La présence coloniale qui succède à la période esclavagiste permet tant bien que mal d’éviter tout affrontement ethnique. Il n’en reste pas moins que la position géographique du peuple Kongo favorise son développement en infrastructures notamment scolaires au détriment de la région plus reculée où sont localisés les Mbochis, entrainant auprès des premiers un sentiment de supériorité à l’égard des autres.

  A la veille de l’indépendance, en février 1959 des conflits secouent le pays. Brazzaville est le théâtre d’affrontements à Bacongo où vivent les Kongos et à Poto-Poto comme à Talangaï occupés par les Mbochis. Ces agitations identitaires récurrentes, se reproduisent d’ailleurs en 1963, en 1992 et 1997 au point de parler même de guerre civile avec en filigrane la course au pouvoir entre les deux ethnies, chacune refusant de se faire dominer par l’autre alors qu’à deux reprises, ce sont des Kongos qui sont portés à la tête du pays, d’abord avec Alphonse Massambat-Débat, puis avec Fulbert Youlou. Au cours de cette histoire tumultueuse, le pouvoir passera aussi entre les mains des hommes du nord par exemple Marien Ngouabi et depuis par Sassou Ngesso. Mais, il n’empêche malgré ces luttes ethniques au sein de la population, de nombreux mariages mixtes entre jeunes gens du nord et du sud ont lieu et témoigne de la distinction qui peut s’établir entre la politique et la vie sociale.

Mode de vie

Peuple de forêt et des champs, les Mbochis ont mis en place une organisation sociale et économique essentiellement agraire rythmée par la Nature et ses saisons dont elle tire les moyens de sa subsistance par les travaux de champs, la chasse et l’exploitation de l’abondante sylve ainsi que la pêche dans un environnement de cours d’eau particulièrement poissonneux. Dans ce contexte, les rites magiques et les croyances religieuses et par conséquent les schémas de pensées sont puisés dans cette cosmogonie héritée des ancêtres. Ce mode de vie se reflète d’ailleurs dans les poèmes, chants, contes et proverbes qui exaltent les phénomènes naturels et astronomiques à travers l’oralité exprimée par la langue mbochi (ou le kimbochi). Au quotidien, les Mbochis qui relèvent de l’aire culturelle ngala, disposent de pratiques sociales qui lui sont propres comme la danse kiebe-kiebe ou d’autres à l’identique des peuples qui lui sont proches comme la célébration du mariage ou des jumeaux et autres traditions, ponctuées de cérémonies festives ou de tristesses selon les cas, sans se départir de la culture négro-africaine de solidarité tribale.

 Noël NTETE

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile