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Présidentielle au Congo-Brazzaville : écarter pour mieux gagner

Plus ou moins 2.5 millions de Congolais sont attendus aux urnes ce 21 mars pour élire un nouveau président de la République. Mieux, renouveler pour la quatrième fois depuis 2002 le mandat de l’indéboulonnable Denis Sassou Nguesso qui part largement favori dans une course sans concurrents de taille.

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A 77 ans, Denis Sassou Nguesso est bien parti pour se donner cinq années supplémentaires à la tête de la République du Congo, un pays qu’il dirige depuis 37 ans cumulés (1979 à 1992 et 1997 à ce jour). Lors de la présidentielle du 21 mars prochain, l’homme fort de Brazzaville aura, en face de lui, six concurrents. Mais aucun d’entre eux ne pèse vraiment sur la balance. Même pas Guy-Brice Parfait Kolélas, arrivé deuxième à la présidentielle de 2016. Le député Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, l’ancien officier de l’armée Albert Oniangué, l’inspecteur des douanes Anguios Nganguia Engambé et le jeune indépendant Dave Mafoula, dont les candidatures ont été acceptées par la Cour constitutionnelle, sont présentés comme des poids mouches devant la machine politique de l’un des plus anciens dirigeants du monde. 

Adepte de l’opposition modérée, Michel Mboussi Ngouari, a vu sa candidature être rejetée par la Cour constitutionnelle pour n’avoir pas présenté notamment « un certificat médical délivré par les médecins assermentés et une déclaration de moralité fiscale ».

Général Mokoko hors course

Pour plus d’un observateur, Denis Sassou Nguesso va l’emporter dès le premier tour comme lors de la dernière présidentielle. En 2016, après une réforme constitutionnelle qui avait fait sauter la limite d’âge de 70 ans et avait réduit le mandat présidentiel de 7 à 5 ans, Sassou avait obtenu 60% au premier tour, selon les résultats officiels de la commission électorale. Guy-Brice Parfait Kolélas arrivait deuxième avec un peu plus de 15 % des voix, et le général Jean-Marie Michel Mokoko troisième avec environ 14 %. L’opposition avait beau crier à la fraude et aux irrégularités en réclamant le décompte des voix, mais c’était en vain . La Cour constitutionnelle va investir DSN.

 Pour avoir appelé la population à se « lever pour barrer la route à l’arbitraire », Jean-Marie Michel Mokoko va être arrêté à Brazzaville, avant d’être condamné, deux ans après, à une peine de vingt ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État » et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre ». 

Pour ces élections, l’ancien chef d’état-major et conseiller de Sassou, considéré comme le principal opposant, est automatiquement écarté de la course car en détention. Un autre opposant de calibre, André Okombi Salissa, candidat en 2016, est en prison depuis 2017, accusé lui de « détention d’armes de guerre » et « d’atteinte à la sécurité de l’Etat ».

« Hold-up électoral »

 Mais la prison n’est pas le seul moyen de se débarrasser des concurrents sérieux. Il y a aussi l’absence de crédibilité des élections qui découragent certains. Le cas des opposants Clément Mierassa, Paulin Mkaya et Pascal Tasty Mabiala, chef de l’opposition parlementaire. Ils dénoncent une tentative de « hold-up électoral » et des lacunes dans les conditions d’organisation de l’élection. L’église catholique, à travers la Conférence épiscopale, émet de « sérieuses réserves » sur l’organisation de cette présidentielle, en faisant part de ses inquiétudes notamment quant à la transparence du dépouillement des urnes, à cause notamment du couvre-feu lié au coronavirus et le fichier électoral qui n’aurait pas été « nettoyé ». Dans ce contexte, Denis Sassou Nguesso a un boulevard devant lui le 21 mars. Si les Congolais peuvent bien le sanctionner dans les urnes, il contrôle beaucoup trop la commission électorale, la Cour constitutionnelle et les forces de sécurité pour sortir perdant.

 HESHIMA 

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