Economie

Go-pass : escroquerie aéroportuaire ?

Créée en 2009 dans le but de permettre à la Régie de voies aériennes (RVA) de disposer des fonds pour le développement des infrastructures aéroportuaires, la redevance qu’est le Go-pass a été gérée dans la plus grande opacité. Environ 225 millions de dollars détournés des objectifs initiaux.

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Depuis son instauration, la taxe Go-pass a été un moyen de détournement de deniers publics mis en place, malgré les multiples dénonciations et appels à sa suppression.

C’est ce que démontre, chiffres à l’appui, le Groupe d’étude pour le Congo (GEC) dans son rapport rendu public le 5 mai 2021. D’après cette structure, sur les 225 millions de dollars générés, 37 millions ont été affectés à la construction du pavillon présidentiel à l’aéroport international de N’Djili et 6 millions investis dans la société Congo Airways à titre de participation au capital. En outre, une partie de la somme a été utilisée pour le paiement du personnel de la RVA. Cependant, la réalité de l’argent alloué aux infrastructures aéroportuaires est toute autre.

Une taxe dénoncée dès le départ mais…

Sans le Go-pass, pas d’embarquement ; 10 dollars pour toute personne prenant un vol national, 50 dollars pour tout vol international. Telle est l’exigence que tout voyageur doit remplir, observée depuis 12 ans. Pourtant, pendant toutes ces années, de personnalités et associations ont dénoncé la mauvaise gestion et le détournement de cet argent perçu, mais sans succès. D’après Clément Kanku, député national honoraire, une mission parlementaire avait été initiée au début de la législature 2011, malheureusement celle-ci n’avait jamais amené un rapport.

Le rapporteur de la chambre basse de l’époque, Ezadri Eguma, avait reconnu l’existence de ladite commission, laquelle aurait produit son rapport d’enquête, mais que lui n’avait jamais vu. La même année, le ministre congolais de la Justice et droits humains, Luzolo Bambi avait instruit le procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete d’ouvrir une information judiciaire sur la gestion de l’argent perçu.

Pour sa part, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) avait en 2014 dénoncé l’opacité avec laquelle les fonds générés étaient gérés, mais rien n’avait changé. Une année après, soit en 2015, le Journal Le Potentiel titrera : « Gestion de la taxe IDEF : escroquerie institutionnalisée ». À son tour, le député national Claudel Lubaya qualifiera ladite taxe d’escroquerie à grande échelle. « La taxe de fonds de développement pour les infrastructures aéroportuaires appelé « Go-pass » est une escroquerie à grande échelle », avait-il indiqué en demandant sa suppression, en plus d’un audit de la RVA.

Financement de la BAD

Alors que la taxe Go-pass était régulièrement perçue, les travaux de l’aérogare de l’aéroport de N’Djili avaient été financés grâce à un prêt de la Banque africaine de développement (BAD). Selon Ernest Mpararo, Secrétaire exécutif de la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO) et point focal en RDC de l’ONG Transparency international, même là les travaux de construction du pavillon avaient été surfacturés. Albert Malukisa, professeur à l’Université catholique du Congo et chercheur au Groupe d’étude sur le Congo (GEC), estime que le DG n’est pas seul dans ce détournements, c’est toute une chaine de personnalités…

Or, une enquête réalisée en 2015 révèle que la cause de plusieurs crashs d’avions enregistrés en ce moment-là, était l’état des pistes d’atterrissage. Aucun aéroport de la RDC ne disposait de radar pour la surveillance du trafic, seuls quelques émetteurs permettant d’établir le contact entre les pilotes et les tours de contrôle au sol.

 En outre, les camions antiincendie de la RVA n’étaient visibles qu’à N’djili et à Lubumbashi, les quelques extincteurs qu’on trouve dans des aérogares étant inadaptés pour maitriser le feu des accidents d’avions.

Abdallah Bilenge derrière les barreaux

 La mauvaise gouvernance à la RVA ne concerne pas que le Go-pass. Abdallah Bilenge, son directeur général croupit depuis le 10 novembre 2020 à la prison centrale de Makala. Il est accusé de détournement de plus de 15 millions de dollars, fonds destinés à la paie des retraités de la RVA (Cotisations sociales des agents) .

 Hubert MWIPATAYI

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