Politique

Assemblée nationale: Quand Mboso peine à maitriser sa majorité…

L’un des bénéficiaires insoupçonnés du divorce entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila, Christophe Mboso n’hésite pas à remuer ciel et terre pour protéger les intérêts politiques du chef de l’Etat dans un hémicycle aujourd’hui difficile à maitriser.

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Si, comme des moines tibétains face à leur lama, les députés du Front commun pour le Congo (FCC) se soumettaient à la discipline de la plateforme ou de leur autorité morale, la majorité d’aujourd’hui gérée par Christophe Mboso reste difficile à dompter. Un des exemples phares, c’est la question de la très controversée taxe sur le Registre des appareils mobiles. Le président du bureau de l’Assemblée nationale a été quasiment partagé entre protéger le ministre Augustin Kibassa Maliba et laisser la libre expression aux députés en colère contre cette fiscalité imposée aux Congolais par un prélèvement automatique des unités de communications dans les téléphones portables. Des députés, y compris de l’Union sacrée, n’ont pas émis à la même longueur d’ondes sur cette question du RAM.

Tellement la fissure était grande, Mboso et son premier vice-président, Jean-Marc Kabund, ont dû battre le rappel des troupes à Fleuve Congo Hotel, lundi 11 octobre, pour tenter de ressouder l’Union sacrée autour du dossier. Mais la démarche de Jean-Marc Kabund et Christophe Mboso a accouché d’une souris. Puisque la majorité des députés, qui ont pris part à cette réunion, ne jurent que sur la suppression pure et simple de la taxe RAM. Pour preuve, bien que la plénière ayant auditionné le ministre Kibassa, le 13 octobre, lui a fait éviter la motion de défiance venue du FCC, la conclusion de l’auteur de la question orale avec débat, le député Claude Misare, démontre à suffisance que des députés veulent obtenir la suppression de ce RAM.  

Sur cette question de la suppression de cet ovni fiscal, le ministre s’est finalement remis au conseil des ministres. « J’ai été personnellement interpellé par la pertinence des interventions des honorables députés. C’est pourquoi en vertu du parallélisme de compétence, je me suis fait le devoir de saisir officiellement le gouvernement compte tenu de la question de la mise en œuvre du RAM a été discutée et décidée en conseil des ministres. », a déclaré Augustin Kibassa Maliba dans son allocution devant les députés.

Majorité volatile

Comparativement à la défunte majorité du FCC, celle de l’Union sacrée se montre fragile face des questions chaudes du pays. Le refus du Sénat de lever l’immunité de l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, alors que Félix Tshisekedi avait demandé aux sénateurs de ne pas faire obstruction à la justice dans le dossier du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo démontre également ce signe de fragilité. Ce qui veut dire que Félix Tshisekedi pourrait avoir du mal à faire passer d’autres réformes politiques. Il y a aussi un autre revers subi par le président de la République. C’est celui de l’opposition des députés au projet de loi d’habilitation pourtant déjà voté par le Sénat. Deux revers au Parlement qui avaient poussé Mboso à réunir encore les députés de l’Union sacrée à Fleuve Congo Hotel, pour tenter de calmer les esprits.

Des Palissades offertes 

Après l’épisode du rejet de la loi d’habilitation proposée par le gouvernement, Mboso va tenter de consolider la majorité en offrant des véhicules SUV aux députés de l’Union sacrée, une dotation, selon lui, du chef de l’Etat, étendue aux autres députés nationaux. « 250 jeeps sont déjà là, l’honorable questeur adjoint va partir avec, je crois, trois députés à Boma pour signer le document, puis acheminer les jeeps à Matadi puis à Kinshasa. Le 12 juillet, les 250 autres jeeps seront là. Fin juillet, elles seront remises à tous les députés, y compris à ceux de l’opposition », avait expliqué le président de l’Assemblée nationale aux députés, dans un audio qui a fuité de cette réunion secrète.

Mboso était aussi revenu sur le dossier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en demandant aux élus de défendre la réforme votée, le 11 juin, à l’Assemblée nationale. Cette loi est contestée au Parlement par certains membres de l’Union sacrée et des élus de l’opposition, notamment Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui demandent des réformes profondes sur la loi de la CENI. « Je suis en train de suivre le débat contre cette loi. Il ne faut pas laisser faire. Allez dans les médias, défendez cette loi, le bureau de l’Assemblée prendra cela en charge financièrement », avait-il assuré. Comme pour avouer à demi mot que la réforme électorale telle que passée ne faisait toujours pas l’unanimité, y compris au sein de l’Union sacrée. Et qu’il fallait tenter de convaincre par les médias. 

Conduite de débat

A l’Assemblée nationale, Mboso se confronte également au problème de la direction du débat démocratique. L’ex-Mobutiste est fréquemment reproché de couper ou de recadrer systématiquement des députés qui ne sont pas de son obédience, y compris même certains de son propre camp politique. Cela, au point qu’une pétition en gestation a été initiée à son encontre.  Le FCC, après avoir vu sa motion de défiance contre le ministre des PT-NIC rejetée par la plénière du 13 octobre, a promis aussi une autre motion, cette fois là, contre le bureau Mboso.   

Face aux enjeux politiques qui demeurent entiers, notamment la question de la désignation des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Mboso devra faire preuve de tactique politique pour réussir le pari de maitriser ce perchoir.

Dido Nsapu

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