Dépassement budgétaire :une conséquence d’un déficit des fonds alloués ?
En RD Congo, il est très fréquent de voir les institutions utiliser un budget supérieur à celui attribué ou prévu en amont. Certains ministères, voire la Primature, ont eu à faire des dépassements budgétaires, mais, plus que toutes les autres institutions, la Présidence de la République est plusieurs fois citée.
Les chiffres qui renseignent qu’en moyenne les dépassements budgétaires atteignent 42,00% des dépenses totales exécutées, l’ODEP dit les avoir eus à la Cour des comptes. Pour cette ONG, le dépassement budgétaire est une faute grave de gestion, punissable.
La Présidence montrée du doigt
On pointe du doigt le train de vie de la Présidence de la République où la taille du cabinet et la multiplication des structures à la Présidence, voire aussi les voyages du président de la République qui nécessitent beaucoup d’argent. Plusieurs fois la Direction générale des politiques et programmation budgétaire a donné des états de suivi budgétaires qui relèvent des dépassements budgétaires à la Présidence de la République. « RDC : en deux mois la Présidence a consommé 29,2 millions USD, en dépassement budgétaire de 13,3 % », pouvait-on lire à la Une de DESKECO.COM. Tout récemment, le même média a fait savoir que les dépenses de la Présidence de la République ont atteint 234 millions USD à la fin du mois d’août 2021, en dépassement de 127%. En effet, les frais de fonctionnement et les rémunérations du personnel consomment beaucoup. Par exemple, évaluées à 155 687 149 262 FC, les rémunérations sont au-dessus des prévisions linéaires de 116 533 635 648 FCC, soit un taux d’exécution de 133 % ou un taux de dépassement de 33 %.
Dans un article publié en 2020 par RFI.FR, Marcellin Bilomba, conseiller du président Tshisekedi en charge de l’économie, affirme qu’il faut prendre en compte que beaucoup d’institutions ont connu (connaissent) des dépassements en 2019. « Mais pour nous, cela se comprend. Nous sommes arrivés le 24 janvier 2019 avec de nouveaux leaderships visionnaires. Cela voudrait dire que nous avons hérité des budgets confectionnés par l’équipe sortante. Ce qui fait que ces budgets ne répondaient pas à la configuration de la présidence sous la houlette du chef de l’Etat », avait-il expliqué. Toutefois, Valery Madianga de l’ODEP qui considère les dépassements budgétaires comme des faits de mauvaise gestion, déplore le manque de sanction et le fait qu’il n’y ait pas de parquet financier.
Les travaux de 100 jours
D’après l’ODEP, les dépassements connus en 2019 par la Présidence de la République s’expliquent en partie par les dépenses engagées notamment sur le programme des 100 jours – Le projet des 100 jours n’était pas budgétisé. En novembre 2020 à l’Assemblée nationale, lors de la présentation et débat du projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2019, la tension était montée d’un cran à l’hémicycle où les députés nationaux avaient dénoncé des dépassements budgétaires de plus de 300%. La Primature, le ministère des Finances et la Présidence de la République avaient réalisé des graves dépassements budgétaires au détriment des autres secteurs comme l’Agriculture, Pêche et Elevage.