Politique

Décès de Benoît Lwamba, ce juge constitutionnel par qui la fin du FCC-CACH est passée

L’ancien président de la Cour constitutionnelle – 77 ans – a tiré sa révérence ce 17/01/2022 en Belgique, des suites d’une maladie. Ce haut magistrat fut un des artisans de l’alternance pacifique au sommet de l’Etat congolais. Mais, en même temps, l’homme par qui le « déboulonnement » du système Kabila a commencé.

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L’ancien président de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba Bindu, vivait en Belgique depuis juin 2020, pour des raisons de soins de santé. Ce juge – étiqueté « Kabiliste » – a pourtant été un des éléments clé ayant entrainé la chute du Front commun pour le Congo (FCC), plateforme de l’ancien président Joseph Kabila. Ce même juge constitutionnel avait été aussi l’un des personnages ayant joué un rôle dans l’avènement au pouvoir de Félix Tshisekedi. 

Dans la nuit de samedi 19 au dimanche 20 janvier 2019, des millions de Congolais avaient eu les yeux rivés sur leurs petits écrans pour suivre la publication des résultats définitifs de la présidentielle du 30 décembre 2018. Après avoir écarté le recours de Martin Fayulu par le juge de céans, c’est Benoît Lwamba lui-même, le premier président de la Cour constitutionnelle, qui s’est chargé d’annoncer la victoire définitive de Félix Tshisekedi. « En conséquence, [la Cour] proclame élu à la majorité simple, président de la République démocratique du Congo, monsieur Tshisekedi Tshilombo Félix », avait-il déclaré, provoquant la liesse chez les partisans du nouveau président.        

Mais après cette étape des résultats, Félix Tshisekedi investi, va faire face à ce qu’il a qualifié de « blocage » de la part de son partenaire de l’alternance, le FCC de Joseph Kabila. Pour déboulonner cette machine politique encore compacte et disciplinée, un homme va encore jouer un rôle clé. C’est toujours Benoît Lwamba Bindu. Le clan Kabila, comptant sur l’ancienne composition de la Cour constitutionnelle avec des juges nommés par l’ex chef de l’Etat, va être surpris. Fin juin 2020, le premier président de la Cour constitutionnelle démissionne !

Dans sa lettre de démission déposée le 27 juin sur le bureau du procureur général près la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba explique avoir affronté « des dures épreuves ayant permis à [son] pays, tout en gardant le cap, de traverser des moments historiques ». Ce haut magistrat fait allusion, sans le dire, à son rôle dans la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle. Il avait même été mis sous sanctions des États-Unis pour corruption et entrave à la démocratie.

Une démission sonnant la fin du FCC-CACH 

Benoît Lwamba comme la plupart des autres juges de la cour étaient jusqu’avant la démission considérés comme pro-Kabila, même si la haute cour avait récemment tranché une fois en faveur du nouveau chef de l’État venu de l’opposition. Après l’annonce de cette démission, le FCC n’en croit pas ses oreilles. Un jeu de ping-pong va s’en suivre. Pour l’entourage du juge, Benoît Lwamba est victime d’un « coup de force » d’un président de la République qui veut instrumentaliser la Cour constitutionnelle pour prendre le dessus sur le Parlement dominé par le camp Kabila. Même sentiment du côté du FCC. Le départ de Benoît Lwamba de la Cour constitutionnelle sera ainsi démenti deux fois avant d’être acté le 13 juillet 2020.

De son côté, Tshisekedi n’attend pas. A la place de remplacer le seul juge qui a démissionné, il va en nommer trois, le 17 juillet de la même année, faisant déplacer deux autres issus du quota du Conseil supérieur de la magistrature vers la Cour de cassation. Le FCC est dans tous ses états, dénonçant une « violation intentionnelle de la constitution ». Le 21 octobre 2020, les juges Dieudonné Kaluba Dibwa, Kalume Yasengo et Kamulete Badibanga vont prêter serment devant un congrès du Parlement sans Jeanine Mabunda et Thambwe Mwamba, ayant tous boycotté la cérémonie. La plupart des officiels issus des rangs du FCC seront aussi absents. Tshisekedi lui, exulte ! Il est reçu au parvis du Palais du peuple par Samy Badibanga, alors vice-président du Sénat. Il pénètre dans la salle du congrès avec ses doits en forme de V de victoire. Et la suite des événements ira comme sur des roulettes ! Le 02 novembre 2020, le chef de l’Etat lance les consultations nationales. Il les bouclera à la fin du même mois.

Au terme de ces consultations, il a annoncé la fin de la coalition FCC-CACH et la création de l’Union sacrée de la Nation. Félix Tshisekedi reprend ainsi la main seul sur l’appareil de l’Etat en se faisant soutenir par Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, ses anciens amis dans l’opposition. Mais aussi de plusieurs transfuges du FCC. Et le 10 décembre 2020, la majorité bascule à l’Assemblée nationale. Jeanine Mabunda et son bureau tombent à la suite des pétitions initiées par les députés Muhindo Nzangi et Paulin Maembo et déposées, le 5 décembre, dans des conditions exceptionnelles !      

La dernière conquête de Félix Tshisekedi, c’est la démission du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba ainsi que de son gouvernement en janvier 2021, sonnant ainsi la fin de la coalition FCC-CACH. Et de l’avis d’un analyste, la démission de Benoît Lwamba a coupé l’herbe sous le pied du FCC qui venait là de perdre sa principale arme : celle liée à la menace de mise en accusation du chef de l’Etat à la Cour constitutionnelle. 

Heshima

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