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Tête-à-tête Tshisekedi-Kagame : que peut-on attendre de la rencontre de Luanda ?

Après la montée des tensions dues au soutien du Rwanda aux rebelles du Mouvement de 23 mars (M23) en RDC, une rencontre entre les deux dirigeants est prévue ce mercredi 6 juillet à Luanda, en Angola. Un tête-à-tête qui ne pas fait pas rêver des Congolais quant à son issue.

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Malgré le scepticisme des Congolais sur la sincérité du Rwanda à trouver des solutions dans le dialogue, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue du Rwanda, Paul Kagame, vont se rencontrer pour des pourparlers ce mercredi 6 juillet à Luanda, la capitale de l’Angola voisine. Cette rencontre est programmée après des semaines de tensions liées à la résurgence du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Ce mouvement rebelle – qualifié de « terroriste » par Kinshasa – a repris les combats contre les troupes congolaises dans l’Est du pays, près de la frontière rwandaise et ougandaise. Le gouvernement congolais n’a pas hésité à pointer du doigt le Rwanda dans la résurrection de cette rébellion vaincue en 2013 par l’armée congolaise et la Brigade d’intervention de la Monusco. Une accusation que Kigali dément, malgré l’arrestation de ses deux soldats au cours d’une attaque du M23 menée contre les positions de l’armée congolaise, les FARDC, à Rutshuru, dans le Nord-Kivu.

Cette annonce de la rencontre de Luanda a été critiquée par certains Congolais, notamment un mouvement citoyen, la Lutte pour le changement (LUCHA), qui s’oppose à ce tête-à-tête avec Kagame. « Nous avons appris avec stupéfaction la rencontre prévue [le] 6 juillet 2022 entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda, sous la médiation du président angolais Joao Lourenço. Nous rappelons que nous nous opposons à tout type de dialogue entre la RDC et le Rwanda. », peut-on lire dans cette déclaration. Ce mouvement rappelle que « seule la justice mettant des bourreaux tels que Paul Kagame devant la barre permettra une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs ».

Que peut-on attendre de Luanda ?

Pour ce qui est du tête-à-tête entre le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais, Félix Tshisekedi, peut d’espoir se laisse transparaitre, surtout après tant d’efforts fournis par le régime de Tshisekedi dès son arrivée au pouvoir afin de normaliser les relations entre les deux pays. S’il y aura des retombées dans le sens de baisser la tension, cela relèverait d’une nouvelle hypocrisie de Paul Kagame. Jean Jacques Wondo, un analyste des questions militaires, pense que le président congolais va affronter Kagame à Luanda en étant en position de faiblesse puisque toujours amputé de la cité stratégique de Bunagana. « On oublie qu’à Luanda, Tshisekedi ira négocier en position basse : Bunagana encore occupée, plus progression des tueurs du M23 », a-t-il notamment écrit sur Twitter.

Et Paul Kagame lui-même a, dans une interview accordée, le 4 juillet, à la télévision nationale  rwandaise, évoqué son plan B au cas où les négociations n’aboutiraient pas. « Je souhaite le meilleur pour nous deux, la RD Congo et le Rwanda. Mais si le meilleur ne vient pas, cela devrait toujours me préparer au pire », a-t-il prévenu.     

Pour Adolphe  Muzito, Kagame n’écoute que le langage de la guerre. « Il faut faire la guerre au Rwanda, si possible, annexer le Rwanda en RDC », préconisait-il en mai dernier après la résurgence du M23. De son côté, l’ancien secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), le professeur Alphonse Ntumba Luaba, pense qu’il est temps de placer le Rwanda devant ses responsabilités en exigeant « de gré ou de force » un dialogue avec les rebelles rwandais des FDLR. « L’heure est venue de placer également le Rwanda devant ses responsabilités et qu’il se transforme en bon voisin vivable de gré ou de force », a-t-il déclaré. Il a rappelé que l’ancien président de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, lors d’un sommet de la CIRGL, avait recommandé au gouvernement rwandais d’ouvrir un dialogue avec les Rwandais se trouvant sur le sol de la République démocratique du Congo. Ce qui avait provoqué la colère du président Kagame qui claqua la porte de la conférence. « Pourtant, il est un des premiers à prôner le dialogue en ce qui concerne la RD Congo. A juste titre, on pourrait lui rétorquer, médecin soignez-vous vous-même. », a-t-il taclé. 

Sur le plan local, en RDC, une bonne partie de l’opinion pense qu’il faut renforcer la puissance de feu de l’armée congolaise pour imposer le respect au Rwanda et pacifier l’Est du pays. L’Union européenne, elle, se contente d’inviter « tous les pays parties concernées à s’impliquer activement et à éviter tout ce qui est de nature à entraver le processus. » de dialogue, d’après son Haut représentant, Josep Borrell.

 Heshima

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