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M23 et financement des élections : les deux menaces du processus électoral

Le chef de l’Etat congolais mais aussi le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont démontré – noir sur blanc – que le processus électoral est « frileux » face à l’insécurité. Mais à côté de cette donne s’ajoute les difficultés financières.

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La persistance de la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo et le risque d’hypothéquer le processus électoral en cours semblent faire bon ménage. Le chef de l’État, Félix Tshisekedi l’avait dit le 27 février dernier à Genève, en Suisse, à l’occasion de la 52ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. « Toutefois la persistance de la guerre à l’Est de notre pays risque d’hypothéquer le processus électoral dont les opérations d’enrôlement sont déjà en cours par suite du déplacement massif des personnes des zones des combats, de l’insécurité et de l’inaccessibilité à ces zones. », avait déclaré Tshisekedi.    

Le président congolais, en le disant, voudrait lancer l’appel à une « implication » forte de la communauté internationale aux côtés de la RDC pour la restauration de la paix et de l’autorité de l’État dans cette partie du territoire national. Ce qui conduirait à la poursuit des opérations pré-électorales dans les zones à conflit. Cette position de Félix Tshisekedi a même été confortée par le président de la CENI, Denis Kadima Kazadi. Ce dernier a démontré la frilosité d’un processus électoral face à l’insécurité, estimant logique la position du chef de l’Etat depuis Genève.   

« Les élections sont très frileuses de l’insécurité. Si aujourd’hui, j’ai ma carte et qu’il y a des coups de feu quelque part, nous devons nous y rendre, et du coup, quand les gens ne se rendent pas aux lieux de vote, les élections sont hypothéquées. Donc, je pense que ce qu’il a dit, dans mon entendement, c’est logique », a enfoncé le président de la CENI.

Mais depuis quelques jours, l’insécurité qui règne principalement dans le Nord-Kivu où les rebelles du M23 sévissent n’est plus le seul obstacle au processus électoral. Le financement des élections rejoint aussi la liste des menaces. « Nous sommes en cessation de paiement », a alerté, début mars, le patron de la CENI, indiquant que toutes les réserves ont été épuisées par les opérations d’enrôlement des électeursen cours. « Nous sommes au sixième mois sans paiement et c’est très inquiétant », a ajouté Denis Kadima qui n’a pas hésité de souligner que la centrale électorale était « bloquée » au moment où il tenait ces propos. Pourtant, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi vantait d’être en avance de paiement par rapport aux opérations de la CENI. 

Deux menaces sérieuses ! 

Le gouvernement a rencontré des difficultés de trésorerie fin février et début mars. Certaines sources attribuent ce problème aux efforts de guerre entrepris dans l’Est du pays pour tenter de faire revenir la paix. Si le trésor public continue de manquer de quoi financer les opérations électorales, cela pourrait hypothéquer la suite du processus et peser sur le calendrier électoral qui prévoit des élections au mois de décembre 2023. L’autre menace, c’est le défi sécuritaire. Le pays ne peut pas aller aux urnes sans l’une de ses provinces. Déjà en 2018, le gouvernement avait décidé que le vote soit organisé dans la province du Nord-Kivu sans les territoires de Beni et Butembo à cause de l’insécurité liée aux terroristes de l’ADF (Forces Démocratiques Alliées). Actuellement, avec la résurgence du M23 qui est présent dans trois territoires de la province, à savoir Rutshuru, Nyiragongo et Masisi, il est difficile pour la CENI de procéder à l’enrôlement des électeurs dans les zones sous leur contrôle. Ce qui fait craindre que les Congolais habitant ces zones ne puissent pas se faire enrôler. L’électorat de cette province étant plus important en nombre, la CENI pourrait reporter ses opérations dans cette partie du pays. Ce qui peut avoir comme conséquence le retard dans l’élaboration de la loi sur la répartition des sièges qui dépend des données du fichier électoral issu des opérations d’enrôlement dans l’ensemble du pays.           

La CENI compte organiser la présidentielle, les législatives nationales, provinciales ainsi que les élections municipales le 20 décembre de cette année. Les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs sont en cours dans les deux dernières aires opérationnelles et dans les cinq pays pilotes sélectionnés pour le vote des Congolais de l’étranger. Dans la première aire opérationnelle où dix provinces de l’Ouest du pays étaient concernées, les opérations ont été clôturées officiellement le 17 février avec plus de 18 millions d’électeurs enregistrés.

Heshima

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