Diaspora

Les retombées manquent à l’appel

Depuis les premiers congolais expatriés en Belgique pour raison d’études vers les années 1950, suivis par de nombreux autres invités à l’exposition de Bruxelles, les congolais n’ont plus arrêté de quitter leur mère patrie pour le vieux continent ou encore pour l’Amérique. Objectif : vivre mieux, apprendre pour appliquer au pays, découvrir le secret du développement pour développer le pays d’origine ou carrément gagner plus pour aider la famille.

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 En dépit des richesses inépuisables trouvées en Afrique, Bauxite en Guinée, Cacao en Côte d’Ivoire, Olive en Tunisie, Pétrole au Nigéria, Huile de palme au Cameroun, Cobalt, coltan, cours d’eau, en République Démocratique du Congo, les africains n’ont jamais pensé le développement de l’Afrique en Afrique. La RDC a connu toutes formes d’expatriation, certains parents contraints même à la liquidation de leurs indemnités de retraite ou encore à la vente de leurs parcelles pour envoyer leurs rejetons à la trouvaille en Occident. Dieu seul sait nombre de catastrophes qui en ont découlé.

Talon d’achille de Fatshi !

L’actuel Président de la RDC, FélixTshisekedi Tshilombo, est considéré à juste titre comme un produit de la diaspora congolaise, pour avoir été de nombreuses années, le représentant du parti politique de l’Union pour le Démocratie et le Progrès Social (UDPS) dans la zone Benelux. Porteur des aspirations de tout un peuple, Fatshi Béton comme il est affectueusement surnommé, tente de bouger les lignes avec de grandes réformes comme l’effectivité depuis deux ans, de la gratuité de l’enseignement primaire, et l’instauration d’un Etat de droit. Cependant, sa gestion est aussi caractérisée par une forte présence des membres de la diaspora dans son cabinet de travail et au sein du Gouvernement, lesquels ne sont d’ailleurs pas exempts de critiques farouches de la part de la population suite à quelques bourdes enregistrées. La dernière sur la liste, c’est presque un crime de lèse-majesté rendu public via les réseaux sociaux. Des conseillers du Chef de l’Etat, voyant ce dernier faire son entrée dans la salle des audiences, ne songent pas à se lever pour le saluer. La nature veut que ces conseillers soient pour la plupart de la diaspora. L’ire du Chef de l’Etat les a sanctionnés d’une peine non connue du monde extérieur. Quelques mois auparavant, le protocole du Chef de l’Etat avait omis de placer une table à côté du Président alors qu’il recevait des lettres de créance. Ce dernier s’est rendu compte de l’impossibilité de poser son verre. Une autre bourde a concerné le Conseiller administratif Lobo, qui a même été jeté aux geôles pour une histoire de détournement de deniers publics à la barbe du Chef de l’Etat dont il avait pourtant toute la confiance. La pandémie Covid-19 sévissant en RD Congo, cela a permis que les feux des projecteurs soient mis sur Eteni Longondo, le Ministre de la Santé et un autre produit de la diaspora, accusé de détournement.

Intérêt général !

Il n’est pas bon d’être heureux tout seul, un bonheur se contamine, se propage. La recherche de l’intérêt général est appelée à être le moteur de toute entreprise humaine, et pourtant à ce jour, en dépit de quelques biens immobiliers et des éloges dans des plus belles chansons mondaines à cause de leurs prouesses dans la mode ou dans la luxure, les congolais de la diaspora n’ont presque pas œuvré pour l’intérêt général. Il est vrai que d’aucuns pourraient citer des noms de grands politiques ayant fréquenté les meilleures écoles occidentales et qui ont servi au sein des gouvernements ou dans les entreprises publiques. Cependant, la misère grandissante dans laquelle vivent les congolais tant à Kinshasa que dans l’arrière-pays pousse à savoir ce que ces congolais de l’étranger ont réellement fait, six décennies après la grande indépendance.

Au bout des doigts !

La RDC compte tout de même de grands noms qui ont épaté en Occident. Dans le monde des sports, Mutombo Dikembe, premier congolais à évoluer dans le grand championnat américain de Basketball, la NBA, Shabani Nonda, premier footballeur congolais à être meilleur buteur du championnat français et à disputer une finale de la prestigieuse ligue de Champions avec Monaco. Alors que le premier a construit un somptueux complexe hospitalier dans la commune populaire de Masina, lequel porte le nom de sa défunte mère Biamba Marie Mutombo, le second a quant à lui construit un hôtel 3 étoiles dans la commune de la Gombe, Villa Fatuma. Un autre sportif, Cédric Bakambu a lancé une grande fondation qui porte son nom, scolarisant gratuitement des enfants et organisant des tournois de football pour repérer les pépites. 

Il serait impossible de parler de sport sans évoquer deux autres noms, Jean-Florent Ibenge et Muntubile Santos. Le premier est revenu en RDC après avoir entraîné des équipes de football en France et en Chine. Son bilan à la tête des Léopards de la RDC (champion du Chan 2016, demi-finaliste avec les léopards A en 2015, meilleur classement FIFA pour la RDC) et l’AS Vita Club (deux fois finalistes de la coupe d’Afrique des clubs et champion de a Ligue Nationale de Football) est tout simplement hallucinant pour un national. Muntubile Santos, star du football zaïrois dans les années 80, s’est expatrié en Europe pour évoluer à Marseille, Bastia, Sochaux et en Allemagne. A son retour début des années 1990 comme entraîneur, il qualifie le Zaïre à la Can 1998 avant de démissionner. Il revient à la tête des léopards locaux en 2009 pour leur offrir le premier titre de la première coupe d’Afrique des Nations des joueurs évoluant sur le Continent. Dans le domaine de la recherche, médecine et de la technologie, quelques noms sortent également de la mêlée.

 Le docteur Denis Mukwege a raflé différents prix à l’échelle internationale à l’instar du prestigieux prix Nobel de la paix, du prix Sakharov, docteur honoris causa de l’Université de Liège et autres mérites. Sur le plan national, ce médecin est très actif à l’hôpital de Panzi à Bukavu où il soigne les femmes victimes des violences sexuelles, ce qui lui a valu le nom de « réparateur des femmes». En plus son activisme pour la lutte contre l’impunité est très remarquable. Il milite pour l’application du Rapport Mapping. Le docteur Jean-Jacques Muyembe a pu éradiquer tous les épisodes de l’épidémie Ebola. Présentement, il œuvre dans la riposte contre la Covid. Sandrine Mubenga est rentrée au pays pour créer une filiale de Smin Power, spécialisée dans la conception et l’installation du système utilisant les énergies renouvelables.

 En plus, elle siège au Conseil d’administration de la première université jésuite du pays, l’Université Loyola. Sandrine Mubenga a fait de brillantes études couronnées par un doctorat en génie électrique à l’Université de Toledo dans l’état d’Ohio aux Etats-Unis. C’est là qu’elle a mis au point l’hybridation des véhicules électriques. Ils ne sont pas nombreux ces congolais de la diaspora qui s’évertuent à former l’élite dans différents établissements d’enseignement supérieur et universitaire. Dans le domaine de la communication, Christian Lusakueno passe pour la plus grande réussite de la diaspora congolaise. A la tête de la Radio Top Congo Fm, l’homme a réussi pendant plus de dix ans à donner la parole à toutes les couches sociales de la RDC à travers des émissions comme le débat, engageant dans la foulée de dizaines des congolais.

Fiasco !

A ce jour, que retenir de l’exil économico-culturel des congolais en Occident ? Quel bilan présenter si ce n’est que le catastrophique qui se présente clairement. La diaspora congolaise n’aura pas convaincu jusque-là, son action pour l’intérêt général est faible voire inexistante. De nombreux congolais continuent de s’exiler en Occident ; au péril de leurs vies, certains affrontent les vagues déferlantes de la Méditerranée pour atteindre les côtes italiennes ou passent des mois d’extorsion et de maltraitance entre la Turquie et la Grèce avant d’arriver dans la zone Schengen. Mais pour quelle finalité si ce n’est pour fuir la misère du quotidien congolais. Outre cela, la société congolaise ne bouge pas grâce à sa diaspora censée être son élite, son héroïne. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, laver cet affront. Déception. 

JM Mawete 

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