Culture

LES BASHI

Peuple bantou, les Bashi (ou les Shi) vivent dans un espace dénommé traditionnellement le « Buchi », lequel constitue dans sa globalité le royaume du Mwami Kabare, couvrant pratiquement le Sud-Kivu actuel qui jadis, avant la colonisation, s’étendait au gré des conquêtes jusque dans le Rwanda, aux confins de Kigali. Actuellement, le Bushi s’étend sur les territoires de Kabare, de Walungu, l’île d’Idjwi.

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Les Shi sont majoritaires dans l’ensemble du Kivu, dont le nom vient du mot « civu », littéralement « engrais » pour désigner la fertilité du sol, enrichi par la bouse de la vache.

L’actuelle ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, située au bord du lac Kivu, dans sa partie sud, tire son nom de « nkafu », la vache en mashi, car selon la légende, c’est à cet endroit que cette bête fit sa   première apparition.

Peuple guerrier et fier, il n’a jamais connu ni soumission, ni esclavage, le colonisateur ayant recouru à divers subterfuges pour le diviser afin de pouvoir l’administrer sans parvenir à  étouffer ses traditions. Le colonisateur diminua ainsi l’influence du Grand Mwami Kabare en aiguisant les appétits de certains princes en créant de toutes pièces d’autres chefferies telles celle de Ngweshe, Katana, Idjwi… Le coup fatal porté à l’unité du territoire original fut l’éloignement du Mwami Alexandre Kabare Rugemanisi durant trente six ans, au prétexte qu’il allait rencontrer le Roi des Belges. Le colonisateur le laissera végéter loin de son peuple à Léopoldville(Kinshasa) qu’il quitta en 1961 après l’indépendance.

Il faut noter que pendant toute la période de son éloignement, il n’y eut aucun battement de tamtam au Bushi.

Bref aperçu historique

Agro-pastoraux, les Shi vinrent du sud-est africain, paissant vaches, chèvres … entre le 15ème et le 16ème siècle. Ils finirent leur parcours migratoire en s’établissant à l’est de la RDC où ils avaient rencontré les pygmées (Batwa) qu’ils soumirent.

 Les vertes étendues qu’ils y trouvèrent firent qu’ils n’eurent plus besoin d’en bouger et s’y établirent définitivement pratiquant l’agriculture et l’élevage de leurs vaches (principale expression de la richesse des Shi) et autres chèvres, moutons, porcs, volailles…. Ils intègrent les pygmées dans certaines de leurs cérémonies ancestrales comme l’intronisation du Mwami ou ses obsèques tout en partageant leur savoir médicinal. Par contre, ils ne se mélangèrent pas.

La terre ainsi conquise, propriété du Mwami (Roi) est administrée au travers de grands notables de sa cour et qui lui rendent compte.

Si au quotidien, le Mushi (singulier de Bashi) s’occupe paisiblement de ses bêtes et de ses champs, il se trouve en réserve de la grande armée du Mwami. Celle-ci peut être instantanément levée au son du tambour royal, tellement strident qu’il s’entend à des lieues de la cour. Il est évident qu’il est relayé par d’autres, de loin en loin mettant ainsi toute l’armée en alerte.

Armés de leurs lances, arcs, haches, coutelas, gourdins et autres armes blanches, les membres de cette armée ainsi levée deviennent alors de redoutables guerriers, unis et sans pitié, l’ennemi ne trouvant son salut que dans la fuite ou la mansuétude du Mwami qui jusqu’à ce jour est une personne quasi sacrée, la plus respectée du Bushi et qu’il vaut mieux ne pas offenser aux yeux de son peuple.

Sur son territoire, coutumièrement, le Mwami agit par édits, après un conseil des sages. La justice est rendue en son nom et dans certains cas par lui-même. Ses décisions sont alors irrévocables. Il avait même le droit de vie et de mort sur ses sujets, fait atténué par la modernité, mais comme dit précédemment le délit de lèsemajesté peu encore mener loin, bien que les lois de la République  réserve du sexe, les filles étant généralement sous la coupe des garçons. 


Les enfants sont considérés comme une richesse car, ils sont autant de bras pour paître les vaches ou cultiver les champs. Les femmes sont tenues de s’entendre mais hiérarchisées selon l’ordre d’arrivée dans l’enclos. La famille peut s’étendre par le mariage qui se contracte généralement entre membres de clans différents. Il est alors scellé par la dot qui est constituée de vaches. Les chèvres servent essentiellement au festin qui est organisé lors du mariage. On boit le kasikisi, vin de banane. Les vaches sont quant à elles élevées et pourront servir de dot pour les garçons de la famille ou à sceller certaines amitiés ou à être offertes au Mwami.

La gastronomie

Le Shi se nourrit des produits de son élevage, notamment du lait de la vache, consommée de préférence sous la forme caillée (mashanza) avec la pâte de sorgho ou avec les patates douces. Le Shi mange aussi la viande de chèvre, du porc ou de la volaille, celle de la vache étant prise quand cette dernière devient improductive (vieillesse).

Il est à noter que la femme ne peut pas manger le poulet qui est réservé aux hommes. Les produits de l’agriculture consommés sont le sorgho,les taros, les ignames, les bananes (bisamungu), le manioc, les légumes sauf les feuilles de haricots dits bishagalo, ne faisant pas partie de son alimentation traditionnelle. Le Shi ne consomme par les animaux ou les insectes rampants. Mais peut manger les sauterelles. Il mange aussi le poisson pêché dans le lac Kivu.

Les arts

En dehors de la poterie et de la vannerie, tous les deux utilitaires (paniers, nattes, casseroles, plateaux…) le Shi ne sculpte ni ne peint. Cependant, il aime la danse et les chants guerriers lors de grandes cérémonies événementielles, accoutré de ses costumes et équipé de ses instruments de guerre.

 Les griots qui chantent la gloire des Bamis (Rois) ou les faits historiques importants du peuple Shi ou de certains clans s’accompagnent du « lulanga », sorte de harpe au son envoûtant. Ils peuvent ainsi vous transporter dans les lointains souvenirs pendant toute une nuit jusqu’à l’aube.

Religion et spiritualité

Les Shi sont monothéistes. Ils n’ont qu’un seul Dieu, Hangombe, maître du temps et de l’espace, le créateur. Cependant, ils pratiquent aussi le culte des ancêtres qu’ils vénèrent. Ils   leurs font des offrandes dans une petite hutte (Ngombe) construit à quelques pas de l’entrée de l’enclos familial, cérémonie qu’assure le chef de famille. Les ancêtres sont les intermédiaires entre le monde visible et le monde invisible et divin.

Habitat

 Dans les villages shi, les gens vivent dans des huttes faites de bambous et d’herbes retenues sur les bambous par des cordes tressées à base de cordelettes venant des écorces sèches du bananier. Elles sont groupées dans un enclos fermé où on trouve la hutte du père, celle des femmes et leurs enfants et d’autres plus grandes dans lesquelles sont gardées vaches et chèvres et autres animaux domestiques. Cet enclos est généralement entouré des bananeraies et des champs. Les pâturages sont des espaces verts destinés à cette fin, loin des villages où les pasteurs se rendent en groupe le matin et en reviennent au soir, dirigeants leurs bêtes avec des bâtons qui peuvent devenir des armes redoutables contre les pillards et autres agresseurs.

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