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Bras de fer CPI-USA : Fatou Ben Souda défie Donald Trump

Les Etats-Unis ont placé sur la liste noire, la procureure de la CPI, Fatou Bensaoua et Phakiso Mochochoko, directeur de la division de la compétence et de la complémentarité et de la coopération de la CPI, au même titre que des terroristes et des trafiquants de drogue. Trois mois plus tôt, Donald Trump avait signé un Décret autorisant le principe des sanctions contre des responsables de la CPI. Un affront causé par l’annonce de la Cour pénale internationale de diligenter une enquête sur des éventuelles exactions qu’auraient commises les soldats américains en Afghanistan, un pays membre de la Cour.

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Pour les Etats-Unis, qui a, certes signé le statut de Rome créant la CPI sans toutefois le ratifier, cette initiative de la CPI par l’entremise de sa procureure, Fatou Bensouda est une attaque, une insulte. Une raison suffisante pour Washington de hausser le ton et procéder au gel de biens et probables capitaux de la procureure dans les banques américaines.  Cette situation est une première dans l’histoire des relations entre la CPI et un Etat, elle a suscité des réactions de nombreuses organisations dont Human right watch qui déclare que les sanctions américaines sont « une perversion ahurissante des sanctions américaines, censées pénaliser ceux qui violent les droits humains et les kleptocrates, utilisées ici pour persécuter ceux qui sont chargés de juger les crimes internationaux »

A ce jour, des questions existentielles refont surface et se débattent à haute voix, la CPI est-elle réellement libre, juste et internationale ?

De plus en plus, la tendance est de croire que cette juridiction a été créée pour l’Afrique, faisant d’elle le continent par excellence d’exactions, de génocide et disculpant du coup, les autres continents.

Afrique, déception et désillusion !

La CPI est une juridiction permanente, contrairement aux tribunaux circonstanciels, à vocation internationale créée par en 1998 par le statut de Rome, et entrée en vigueur en 2002.

D’après ledit statut de Rome, la CPI se charge de statuer sur les crimes internationaux, elle a donc  un pouvoir juridictionnel sur les crimes de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ainsi que les crimes d’agression,

Pour les pays du tiers-monde, en Afrique ou en Asie où le mode de gestion de l’Etat était encore loin de concurrencer la démocratie, où la loi du plus fort est encore la norme sociale où le viol, les crimes sont des voies menant au pouvoir, la création de la CPI était plus que salvatrice, elle devenait une délivrance.

L’espoir de voir les chefs de guerre, ceuxèlà qui ont enrôlé des enfants dans l’armée, détruisant au passage toute possibilité de les voir un jour vivre comme des gens nirmaux

La justice africaine ou celle des différents pays du tiers-monde a toujours été considérée comme tendancieuse, elle est sans cesse du côté des plus riches, des plus influents, politiques, militaires, anciens rebelles. C’est de cette délivrance qu’il s’agit, celle de délier les langues, celle de permettre au pauvre d’accuser un riche ou d’assister au témoignage d’un laissé pour compte lors d’un procès télévisé d’un ancien homme fort.

Des victimes expiatoires !

Charles Taylor, cet homme fut Président du Libéria, il y a régné en maître après avoir défenestré Samuel Doe qui était encore au pouvoir. Il va sèchement l’exécuter et dominer sur les rues de Monrovia, la capitale.

Il est aussi popularisé grâce à la chanson liberian girl interprétée par Michael Jackson vantant la beauté d’une jeune libérienne pour qui Charles Taylor était prêt à piller les plus belles pierres précieuses de son pays. Depuis, il croupit dans la prison de Scheveningen à la Haye (Pays-Bas)

Laurent Gbagbo : un autre Chef d’Etat africain, qui est resté presque 9 ans dans la prison de la CPI, accusé de crimes de guerre après des affrontements dans Abidjan entre lui, président sortant de la Côte d’Ivoire et son successeur Alassane Ouatarra. Il sera transféré à la CPI avec un de ses fidèles, Charles Blé Goudé avant d’être relaxés en 2019

Jean-Pierre Bemba : ancien Vice-président de la RDC, l’homme est arrêté en 2008 à Bruxelles et acheminé aussitôt à la Haye pour y être jugé. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à causes des dérapages causés par des éléments de sa milice lors d’une intervention à Bnagui en Centrafrique sur demande du président centrafricain, Ange-Félix Patassé, il y restera 10 ans à la CPI avant sa libération…

Bosco Taganda, Gervais Katanga, Thomas Lubanga sont quelques-uns des prisonniers de la CPI, tous impliqués dans des crimes de guerres et crimes contre l’humanité.

Au service des intouchables !

Le traité de Rome qui a engendré la Cour Pénale Internationale (CPI) n’a jamais été signé par les Etats-Unis d’Amérique comme par quelques rares pays. Cette position était considérée comme une aberration pour d’aucuns, ne comprenant pas comment un pays qui prône la liberté, la Justice, la démocratie ne paraphe pas un document qui consacre cela en jugeant les personnes qui piétinent ces droits fondamentaux. Et après ces sanctions américaines contre la Procureure de la CPI, Fatou Bensouda et un autre haut fonctionnaire de ladite juridiction, l’opinion internationale s’interroge sur la crédibilité de la CPI. Son masque n’est-il pas tombé ? La CPI a-t-elle officiellement marché sur une platebande interdite ?

Tout le prestige rattaché à cette institution sacrosainte est en train d’être entamée par ce bras de fer avec les Etats-Unis au point de pousser certains analystes à croire que la CPI est à la solde de grandes puissances, que chaque dérapage de la part de la juridiction peut être sanctionné.

Une autre tendance est convaincue que le pays de l’Oncle Sam vient de prouver à la face du monde que sa politique de fermeture au monde : America first (Amérique d’abord) est une réalité, les Etats-Unis peuvent vivre en autarcie se fiant à sa propre justice, son armée, ses entreprises. Sa présence dans des organisations internationales est soit une théâtralisation ou un conformisme pur et simple.

Depuis plusieurs années, quelques pays dont le Soudan, la RDC, le Burundi ont exprimé des envies de quitter le statut de Rome sans que cela ne soit matérialisé. Il est donc urgent que la CPI présente une issue favorable à cette crise avec les Etats-Unis de Trump afin d’éviter toute catastrophe.

ATEM

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