Politique

2023: Ça rame à contre-courant de Fatshi

Lancé en septembre 2020, le Registre des appareils mobiles (RAM), une fiscalité qui suscite colère et incompréhension au sein de la population, pourrait bien provoquer une opinion défavorable. Ce qui risquerait de plomber la réélection de Félix Tshisekedi, si rien n’est fait.

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Est-ce une taxe ? Une parafiscalité ou une rémunération ? Les explications pour tenter de clarifier la taxe RAM sont aussi compliquées que l’anatomie d’un pingouin. Mais depuis près d’un an, les Congolais se voient soutirer automatiquement des crédits lorsqu’ils rechargent des unités. Et sans trop comprendre pourquoi ! Fin septembre 2021, le ministre des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information et communication (PTNTIC), Augustin Kibassa Maliba, a tenté une explication devant l’Assemblée nationale, à Kinshasa. Cela a fait un flop !

Le Registre des appareils mobiles (RAM) « n’est pas une taxe, mais une rémunération des services et prestations fournis par l’Autorité de régulation, des postes et télécommunications du Congo (ARPTC). Il ne s’agit non plus d’un simple enregistrement. (…) Je dois vous rassurer pour ceux qui ont eu un double prélèvement, l’année prochaine, ils n’auront pas à payer à le- RAM. » En prononçant ces propos devant les députés, Augustin Kibassa pensait être sur la bonne voie, alors qu’il ramait à contre-courant de l’opinion majoritaire à l’hémicycle. Ce qui a suscité une tension. Il sera ensuite criblé des questions et préoccupations de la part des députés. Il ne s’en sort pas ce 30 septembre. Il a demandé 48 heures pour mieux répondre. Mais il n’est pas revenu dans le délai prévu.

En moins d’une année, cette fiscalité a déjà prélevé 25 millions de dollars dans le porte-monnaie des Congolais, voire beaucoup plus, à en croire le député Jean-Baptiste Kasekwa de l’opposition. Ce député estime que plus de 80 millions de dollars ont été collectés. « Nous ne devrions pas nous limiter à exiger la suppression de RAM. Les auteurs de l’escroquerie doivent subir une sanction exemplaire. Je voudrais solliciter la mise sur pied d’une commission d’enquête. », a indiqué l’élu de Goma.

 Ça rame à contre-courant de Fatshi

Cette taxe ou rémunération ne fait pas l’affaire de Félix Tshisekedi au niveau de l’opinion. Resté taiseux au sujet de la question lors du conseil des ministres qui a suivi l’audition du ministre Kibassa, le président Félix Tshisekedi n’a toujours pas commenté l’affaire jusqu’alors. Une attitude qui soulève des interrogations. A-t-il toléré cette taxe que d’aucuns voudraient voir supprimer

? Pourtant, cette fiscalité suscite colère et incompréhension au sein d’une bonne partie de la population. Cela pourrait provoquer une opinion défavorable à l’endroit du chef de l’Etat. Une situation qui risquerait de plomber sa réélection en 2023, si rien n’est fait pour supprimer carrément ce prélèvement ou le modifier au besoin. Puisque Fatshi, adepte de l’opinion majoritaire et avec le slogan de son parti : « le peuple d’abord », ne devrait pas « ramer » à contre-courant et se placer en porte-à-faux de l’opinion.

Quoi qu’en dise le ministre sur la taxe rame, plusieurs Congolais la perçoivent comme une arnaque. D’ailleurs, le député Claude Misare, auteur de la question orale, n’a pas manqué d’accuser le ministre d’avoir institué une « taxe incompréhensible » au taux « très élevé » sans « contrepartie » ni « base légale ». Alors que l’Etat prélève déjà des impôts à la source auprès des réseaux de téléphonie mobile. Ces télécoms, en vendant leurs services aux abonnés, facturent déjà en incorporant des taxes dues à l’Etat. Pas besoin que Kibassa rame avec le RAM ! Cela parait superfétatoire.

Dido Nsapu

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