Société

LES POTERIES LA RDC EN PERTE DE MONOPÔLE

La céramique, les poteries et autres terres cuites sont devenues en quelques saisons une tendance phare, symptôme du besoin d’authenticité́ de nouvelles générations occidentales. La quête d’un produit qui évoque la terre, la nature, la main de l’Homme, le temps : le fait-main, qui peut permettre de nommer l’artisan, de l’inscrire dans une culture, de raconter une histoire – tout cela est dans l’air du temps.

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 Si le pays n’a pas le monopole de ces objets en terre et que beaucoup viennent aussi d’Asie ou d’Europe, bien des fournisseurs cependant viennent aussi d’Afrique – mais ce sont des voyageurs occidentaux, bien souvent, qui sont les intermédiaires et rapportent de jolies pièces qu’ils revendent chez eux. Comme les autres pays de l’Afrique noire, la République démocratique du Congo accumule un très grand retard dans les domaines de la recherche et du développement des procédés et matériaux céramiques, dont la kaolinite pure constitue la matière première fondamentale des produits à pâte blanche. Aussi, faute de perfectionnements techniques, l’art et l’industrie céramique du pays se limitent à la production de briques et des œuvres sculpturales en faïence (terre cuite vernissée). Le manque de rapprochement entre les acteurs des métiers de la céramique et les centres de recherches sur l’innovation technique et artistique (…) est un des facteurs de ce grand retard millénaire par rapport à la Chine et aux Européens qui développent de grands projets dans les procédés et les matériaux porcelaines. 

Une enquête a été menée auprès des céramistes potiers, briquetiers et quelques foyers des femmes qui pratiquent la pharmacopée avec le minéral argileux, ainsi que d’une prospection de quelques gisements de matières premières appropriées à la fabrication de produits céramiques. Six produits essentiels ont défini l’activité céramique dans l’industrie. Il s’agit des produits céramiques en terre cuite, en faïence, en porcelaine, en grés ; des produits céramiques sanitaires et des produits céramiques réfractaires.

 Dans certains coins de Kinshasa, la capitale congolaise, comme à Maluku, ainsi que dans les secteurs des environs de la cité de Lukala, en territoire de Mbanza-Ngungu, en province du Kongo central, une seule technique artisanale de métiers de la céramique est utilisée aux côtés de la gigantesque usine de production de ciment (Cilu) : la briqueterie.

Ce, sans compter quelques céramistes plasticiens qui pratiquent le modelage et des femmes qui exercent dans la filière argile médicinale. Le constat est que certains briquetiers travaillent avec des presses manuelles du type terrestarame. Les autres utilisent les moules en bois. Tous ces briquetiers ont placé leurs ateliers sur les gisements d’argile. Par contre les femmes de la sous filière argile médicinale ont des difficultés de donner la composition chimique des différentes sortes d’argile. Et les vertus médicinales sont limitées à quelques maladies connues depuis l’époque ancestrale. Alors que, l’argile, quelle que soit sa couleur, possède de très nombreuses vertus médicinales. 

Le constat permet également de localiser les gisements d’argile et d’autres minéraux silencieux, plus les fondants qui contribuent à la fabrication des produits céramiques. Il s’agit des gisements d’argile de couleur blanc jaunâtre tachetée de rouge, brun rouge jaunâtre noir blanc, vert/brunblanc noir, rouge-brun/jaune tachetée de rouge, jaune-brun, blanc jaune, enfin les gisements brun-jaune ; ainsi que d’autres minéraux utiles pour les pâtes céramiques tels que calcaire, fer, malachite, cuivre, plomb, limonite, dioptasa azucute. 

Face à ce constat amer, il y a la possibilité d’insérer à tous les niveaux sur le développement de la filière argile tous ces produits qui ont une grande place dans l’industrie céramique. Il s’agit de développer la transformation locale de la kaolinite et favoriser la participation des entreprises locales à la filière porcelaine, valoriser, transformer et promouvoir des produits argileux à pâte blanche ; élaborer le schéma directeur de formation de la filière argile et réaliser une étude sur la transformation de la kaolinite en porcelaine au Congo ; favoriser l’implication et la commercialisation des produits en porcelaine made in Congo ; enfin prendre des mesures visant à favoriser l’emploi des jeunes.

 Raymond OKESELEKE

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