International

CPI : l’illusion d’une justice internationale équitable ?

Créée en 2002 pour empêcher et prévenir les crimes graves contre l’humanité, la Cour pénale internationale (CPI) a laissé des plumes au fil des années, donnant ainsi l’image d’un instrument politique, particulièrement contre des Africains.

Published

on

L’acquittement définitif, prononcé en mars dernier, de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo et son bras droit Charles Blé Goudé, accusés de crimes contre l’humanité lors des violences électorales de 2011 en Côte d’Ivoire, a jeté une fois de plus le discrédit sur la Cour pénale internationale.

Cette juridiction créée en 2002 sur base du Statut de Rome signé par 123 Etats pour prévenir les crimes graves, a-t-elle vraiment des ambitions de rendre réellement la justice ? Ou ce n’est qu’un moyen de plus pour les dominants de la société internationale de tenir en apnée les dominés ?

Dans l’affaire ivoirienne, tout est parti du constat d’une justice à double vitesse. Si l’on ne pouvait évidemment qu’accuser le camp Gbagbo d’exactions en 2011, personne n’ignorait aussi que le camp d’Alassane Ouattara, ce chouchou des Occidentaux qui prendra dans la foulée le pouvoir, avait aussi commis des crimes à travers sa milice. Mais curieusement, la CPI a royalement ignoré cette autre face de la médaille.

Humilié lors de son arrestation, alors président en fonction, Laurent Gbagbo a fait la prison pendant dix ans, avant d’être innocenté. Cela trahit quand même une certaine volonté de tenir hors d’état de nuire, un adversaire sérieux de Ouattara, de l’avis des anti-CPI. La juridiction basée à la Haye aurait donc, à ce titre, sous-traité les intérêts politiques des Occidentaux proOuattara, plutôt qu’autre chose.

« Jouets des impérialistes »

Le cas presque similaire est venu de la RDC. Jean-Pierre Bemba, principal adversaire de Joseph Kabila en 2006, a également passé dix années gratuites dans les geôles de Scheveningen, entre 2008 et 2018. Une libération qui intervient curieusement quand plus rien ne marchait entre Joseph Kabila et les Occidentaux et à la veille de la présidentielle de décembre 2018.

 En 19 ans d’existence, la CPI a décidemment bien vendu l’illusion d’une justice internationale équitable.

Pour les chefs d’Etat africains, les premiers à hausser le ton en 2013 contre cette Cour, la CPI est un « jouet des pouvoirs impérialistes en déclin » qui « agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des États et peuples africains ».

Le Burundi est donc devenu en 2017 le premier pays au monde à quitter la CPI. L’Afrique du Sud et la Gambie qui avaient annoncé aussi leur retrait se sont ravisés en dernière minute.

« L’afrocentrisme de la Cour

Peu de dossiers européens sont traités à la CPI. Hormis des affaires touchant l’Europe de l’est, notamment avec les massacres de Srebrenica en Bosnie, puis un dossier de l’Ossétie du sud en Géorgie, toutes les affaires traitées par la CPI jusqu’à ce jour concernent les pays africains: République démocratique du Congo, Ouganda, République de Centrafrique, Soudan, Kenya, Libye, Mali et Côte d’Ivoire.

Comment ne pas parler de l’ « afrocentrisme de la Cour » quand, sur l’affaire des crimes commis par les militaires américains en Afghanistan, la CPI s’est montrée largement impuissante, bien mise en garde par l’administration Trump qui n’a pas hésité à faire pleuvoir des sanctions contre notamment la procureure Fatou Bensouda ? 

Socrate NSIMBA 

Trending

Quitter la version mobile