Interview

IGF-Lambert Mende Omalanga: l’action de l’IGF doit être complétée par une action tout aussi déterminée au niveau des cours et tribunaux

… l’action de l’Inspection Générale des Finances doit être complétée par une action tout aussi déterminée au niveau des cours et tribunaux pour qu’on dépasse les 40% d’amélioration de ce qui est prévu comme recettes publiques…

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HM: Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez estimé nécessaire l’expertise de l’IGF ?

Nous avons décidé en Conseil d’administration de consulter l’expertise de l’Inspection Générale des Finances à côté d’autres expertises. Nous avons eu le conseil supérieur du Portefeuille, nous avons eu Madame la Ministre d’Etat en charge du Portefeuille, nous nous apprêtons à voir monsieur le ministre des Finances et naturellement l’Inspecteur Général des Finances qui défraye la chronique ces jours-ci par la rigueur de son travail, parce que nous sommes à l’aube d’un programme extrêmement ambitieux pour les Lignes Maritimes Congolaises qui consiste en l’acquisition de nouveaux moyens d’action, c’est-à-dire des navires. Parce que nous sommes une société de transport maritime, mais en même temps de collecte des droits de trafic maritime sur des ports de transit situés en dehors du territoire congolais. Jusqu’à présent, nous collectons les droits de trafic maritime uniquement dans les ports nationaux de Boma et Matadi, alors que la loi nous donne l’autorisation de collecter ces droits de trafic maritime sur tout le flux commercial à destination ou en provenance de la RDC même lorsqu’il passe par des ports de transit situés en territoire étranger. C’est pour cela que nous étions avec le Directeur Général et d’autres. Certains de nos experts ont été en mission dernièrement, à Mombasa, à DarEs-Salam ; avant cela nous avons été à Wavisbay en Namibie, nous avons été à Durban en Afrique du Sud, parce qu’il s’agit des ports qui donnent accès à nos populations, à nos opérateurs économiques qui sont situés dans la partie Est et Sud de notre pays. Donc, c’est un renouveau en termes d’encadrement des ressources de cette société qui appartient à 100% à l’Etat congolais, et pour lequel nous avons besoin de nous entourer de toutes les précautions en prenant des conseils avisés des experts comme l’Inspecteur Général des finances ou des ministres comme celle du Portefeuille qui représente l’Etat, actionnaire unique des Lignes Maritimes Congolaises ou d’autres ministres comme le Ministre des Finances.

HM: Vous avez également parlé des performances de votre équipe. Quelle est la ligne de démarcation entre le résultat des performances de votre équipe et le travail de l’IGF ?

  Naturellement, nous avons un personnel que nous avons trouvé puisque nous sommes là depuis le mois de Juin 2020. Nous avons trouvé un personnel qui est là puisqu’il n’y a que le Conseil d’Administration qui a été changé. Nous avons trouvé des collègues qui travaillent, des Congolais, des compatriotes qui étaient plus ou moins immergés dans certaines pratiques pas toujours orthodoxes et nous avons senti l’impact du nouveau style de travail imprimé à l’Inspection Générale des Finances par Monsieur Alingete et par le Président de la République qui a donné à Monsieur Alingete les moyens de son action et qui ont fait que la peur du gendarme financier a pu se manifester à travers un peu plus de discipline dans la gestion, dans l’encadrement des finances de l’Etat. Il y a un lien presque direct, on va dire, entre cette amélioration de la santé financière de notre entreprise qui est une entreprise propriété de l’Etat et l’action de rigueur imposée par le style de l’Inspection Générale des Finances depuis quelques mois, depuis l’arrivée à la tête de l’Etat du président Felix-Antoine Tshisekedi qui a donné à ce service qui relève de la présidence les moyens de son action.

HM: Des audits, des missions de vérification et de contre-vérification produisent des fruits aujourd’hui. Comment expliquez-vous que les prédécesseurs de Jules Alingete n’aient pas pu obtenir les mêmes résultats ?

Tout est question de volonté politique. Je pense que les prédécesseurs de Monsieur Alingete n’ont pas peut-être bénéficié de cette forte volonté qui émanait de l’autorité suprême de l’Etat, la première institution à laquelle l’Inspecteur Générale des Finances est attachée, le président de la République. Peut-être qu’il n’y a pas eu ce souci de donner les moyens de son action à ce service qui est chargé d’imposer un peu plus d’orthodoxie dans la gestion des recettes de l’Etat, dans leur encadrement, dans leur collecte. Il y a plus aujourd’hui de volonté politique dans le chef du Président  Tshisekedi qui a trouvé en Monsieur Alingete une sorte d’oiseau rare auquel il a fait confiance et auquel il a donné les moyens juridiques et les moyens politiques de son action. Encore que cette action ne se termine pas à son niveau, il faut qu’il amène tout ceci devant les instances judiciaires qui doivent faire chacune leur part. Tout cela est un travail d’équipe, mais tout commence par la volonté politique du tuteur de l’Inspection Générale des Finances qu’est le Président de la République qui, à lui tout seul, est une institution, la première d’ailleurs de notre pays.

HM: Un dernier mot sur le travail de l’IGF Chef de Service Jules Alingete et quel serait, par rapport à vous, votre ressorti ou les perspectives à venir que devraient avoir l’IGF de manière générale ?

Je conseillerai à l’Inspection Générale des Finances de maintenir le cap. Je pense qu’il est suffisamment rare de voir des cadres congolais qui prennent au sérieux les responsabilités qui sont les leurs pour que nous puissions nous sentir, moi personnellement comme parlementaire, encouragés à lui dire de maintenir le cap, de poursuivre sur cette lancée. Parce que c’est de ça que nous avons besoin aujourd’hui. Des gens qui savent pourquoi ils sont à la tête d’un service comme celui-là et qui développent dans leur gestion quotidienne de ce service des principes de rigueur, des principes de non tolérance à l’égard de ces écarts que nous avons pris l’habitude de prendre avec les moyens financiers de l’Etat.

HM: Qu’est-ce qui aurait-pu être complété par rapport à son travail, par rapport à la justice, comment peut-on sanctionner davantage les conclusions de ces audits ?

Il y a des collègues au Parlement qui pensent de plus en plus à la création d’une sorte de Parquet financier au niveau de la République Démocratique du Congo. Je ne sais pas si nous en avons les moyens, mais je pense qu’au niveau des instances judiciaires, du conseil supérieur de la magistrature, il est temps que l’on puisse faire preuve d’un peu plus de dynamisme vis-à-vis des magistrats qui doivent donner suite aux rapports qui viennent d’un service comme l’Inspection Générale des Finances. Il ne peut que mettre à la disposition de nos magistrats les résultats de ses enquêtes et si ces résultats ne sont pas pleinement suivis des faits qui puissent décourager les mauvais gestionnaires, ce sera un peu de la peine perdue.

Je ne peux que souhaiter que le Conseil supérieur de la magistrature fasse preuve d’un peu plus de vélocité, un peu plus de sagacité dans les instructions qui sont données aux magistrats vis-à-vis de ces moyens de l’Etat qui étaient l’objet d’un coulage systématique puisqu’il n’y a pas de raison qu’aujourd’hui on puisse nous présenter un collectif budgétaire qui nous amène au cours d’un même exercice budgétaire 40% plus que nous avions voté auparavant. C’est que quelque part un coulage s’opérait, cela a été dénoncé dans le temps, mais sans suite significative. Pour l’instant je pense que l’action de l’Inspection Générale des Finances doit être complétée par une action tout aussi déterminée au niveau des cours et tribunaux pour qu’on dépasse les 40% d’amélioration de ce qui est prévu comme recettes publiques.

 Heshima Magazine

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