Société

Psychologie: Quand ces jeunes de 25 – 40 ans sont contraints de vivre chez leurs parents

Envolée du chômage, taux élevé du loyer…, le syndrome est majoritairement subi à Kinshasa et s’explique par des raisons économiques : de plus en plus de jeunes de 25 – 40 ans vivent dans la maison familiale. Un «recours» au bercail pas toujours du goût des parents. Les jeunes adultes sont de plus en plus nombreux à rester avec leurs parents. La tendance est plus importante chez les hommes que chef les femmes. Serait-on en train d’assister à un allongement de la jeunesse à Kinshasa ?

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Des jeunes adultes qui ré-emménagent chez les parents après leurs études supérieures sont de plus en plus nombreux. Et le phénomène n’est pas sans conséquence. Ce ré-emménagement s’effectue au grand dam de la qualité de vie des parents qui décline de façon manifeste lorsque leurs enfants reviennent cohabiter à la maison à l’âge adulte. Les parents apprécient leur indépendance lorsque leurs enfants quittent le domicile familial. Remplir de nouveau le nid vide peut être perçu comme une violation de ce stade de vie. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ces habitudes. Les jeunes adultes continuent d’habiter chez leurs parents et y rester plus longtemps que ne le faisaient les générations des années 60-70. Plusieurs d’entre eux retournent vivre avec leurs parents après une période de vie indépendante. Si le fait de vivre avec des enfants adultes peut être très agréable, il peut aussi entraîner des tensions dans les familles où plusieurs adultes habitent ensemble. 

Le temps passé à l’université a entraîné une augmentation de leur fréquentation et de la durée de celle-ci. Les jeunes adultes ont maintenant plus de mal à trouver un premier emploi bien payé. C’est pourquoi ils dépendent davantage du soutien de leurs parents. L’une des conséquences est la nécessité pour les parents et leurs jeunes enfants adultes de trouver un compromis pour vivre ensemble à la maison. L’une des questions les plus importantes touche à l’argent. La contribution du jeune adulte aux dépenses du ménage diffère d’une famille à l’autre.

Phénomène traditionnel

Aujourd’hui, les familles font face de façon permanente à des situations particulièrement pathogènes. De sorte qu’on rencontre partout dans les quartiers de la ville des familles qui connaissent des troubles dans leur processus de développement. S’agissant des familles nanties, modestes ou déshéritées, il convient de dire que celles-ci ont longtemps fonctionné sur le mode traditionnel, ce qui leur permettait d’assurer leur cohérence interne et leur cohésion avec la société.

En effet, les familles traditionnelles étaient régies dans leur fonctionnement par le principe de la solidarité et de la vie en communauté. La notion d’individualisme propre aux familles des sociétés capitalistes (occidentales) n’existant pas ici. Au sein d’une famille, tout le monde « vivait » pour tous et non pour soi. Autrement dit, lorsqu’un de ses membres posait un acte, il n’était pas le seul à être concerné. C’était toute la famille qui se sentait impliquée. Même en cas de maladie, l’individu atteint n’était pas toujours le seul à souffrir et à être pris en charge. La famille, angoissée, s’organisait pour que les soins procurés par le guérisseur la touchent ou l’atteignent dans son ensemble. Car dans la société traditionnelle, la famille a une signification culturellement importante en ce sens qu’elle est le centre, sinon le noyau de la communauté et le « jalon » des pratiques traditionnelles.

C’est d’ailleurs au sein d’elle que l’initiation aux différentes pratiques traditionnelles prend corps. Le pouvoir de mantique des guérisseurs par exemple s’acquiert pour la plupart au sein de la famille par transmission transgénérationnelle. A propos de la maladie, Tsala Tsala (1989) disait que « dans la plupart des traditions et des pays de l’Afrique centrale, la maladie est rarement une donnée individuelle. Elle est toujours la manifestation directe ou indirecte d’un désordre cosmique ayant des effets immédiats sur l’organisation sociale et sur les rapports interpersonnels entre individus du même groupe ». Ici, les peuples ont donc une conception molaire ou globale de la maladie qui n’est pas interprétée comme un simple désordre organique, mais comme un phénomène social, c’est-à-dire un « malêtre » dans la culture. Elle est un indicateur de conflit ou de perturbation des rapports sociaux. C’est toute la famille qui se sent interpellée par la maladie d’un de ses membres.

Chômage et manque de ressources

Les jeunes habitent chez leurs parents par confort ? Pas toujours… des opinions recueillies dans les rues de la capitale, il ressort que les 25-40 ans n’ont jamais pu quitter le giron familial et la majorité d’entre eux ont été contraints de revenir chez leurs parents alors qu’ils étaient partis.

 Cependant, d’autres jeunes déclarent habiter dans un logement « autonome ». Des jeunes qui n’ont jamais pu quitter le logement familial y ont pensé, mais ils ont dû renoncer faute d’emplois ou parce que leurs ressources financières n’étaient pas suffisantes. Parmi les jeunes qui ont été contraints de revenir chez leurs parents, certains l’ont fait à la fin d’une année secondaire ou d’études supérieures, d’autres encore après une séparation amoureuse, et la majorité en raison de difficultés financières et une infime minorité après avoir perdu un emploi. A l’inverse, les raisons qui poussent les jeunes à quitter le domicile familial sont : vivre avec sa/son partenaire, les études, l’indépendance et enfin l’emploi.

 Raymond Befonda

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