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Agression contre la RDC : l’intangibilité des frontières à rude épreuve

Longtemps dominée par des guerres par procuration suscitées par les deux superpuissances durant la période située entre la moitié des années soixante et le début des années quatre-vingt-dix, la RDC a vu rejaillir, au lendemain de la guerre froide, des conflits internes de plus en plus meurtriers et de plus en plus complexes, combinant parfois les causes identitaires, économiques et politiques.

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Au-delà des pays limitrophes, la problématique des frontières se trouve à l’origine de la plupart des conflits qui secouent l’Afrique et des crises humanitaires qui en découlent. Et pourtant, l’Union Africaine (UA) et avant elle l’OUA, a essayé de prémunir l’Afrique contre ces conflits, en adoptant au milieu des années soixante, des principes stabilisateurs, en mettant en place des mécanismes de gestion de ces conflits et en incitant les Etats membres à en faire usage.

Depuis plus de 26 ans, la République démocratique du Congo (RDC) est éprouvée par les guerres et les violences meurtrières dans l’Est. Malgré les témoignages et les rapports sur les massacres perpétrés, notamment depuis les guerres des années 1990, aucun protagoniste n’a été jugé. Justice sera-t-elle un jour rendue pour les crimes commis en République démocratique du Congo depuis les années 1990 ? Depuis plus de deux décennies, de multiples voix s’élèvent pour réclamer la formation d’un tribunal pénal international (TPI), à même de poursuivre les protagonistes des massacres.

Une requête intervenue avant l’ouverture de la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 14 septembre, la résolution 58/316, adoptée le 13 juillet 2014, relative, entre autres, à l’agression armée contre la République démocratique du Congo, figurait à l’ordre du jour provisoire au point 45.

En 2020, le président Félix Tshisekedi avait pour sa part, demandé des sanctions internationales contre les groupes armés qui sévissent dans l’Est du pays, afin notamment d' »éradiquer leurs sources d’approvisionnement et d’appui ». En 2021, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le chef de l’Etat a plaidé pour que « des sanctions sévères soient prises contre tous les réseaux mafieux » ou contre « les multinationales qui exploitent illégalement les minerais du pays et alimentent en échange les groupes armés en armes et munitions, pérennisant ainsi le conflit en RDC et dans la région des Grands lacs”.

L’armée loyaliste et l’ONU

Depuis le mois de mai 2021, un état de siège est en vigueur au Kivu et en Ituri, provinces où sévissent une centaine de groupes armés. Pas une semaine ne passe sans qu’une nouvelle tuerie soit recensée dans ces régions frontalières du Rwanda et de l’Ouganda.

Surtout, la tension ne baisse pas car Kinshasa accuse toujours le Rwanda de vouloir conserver une emprise sur la RDC. Selon le spécialiste de la région Pierre Boisselet, plusieurs rébellions, et pas seulement le M23, ont été soutenues par Kigali, comme le RCD-Goma (le Rassemblement Congolais pour la Démocratie) et le CNDP (le Congrès national pour la défense du peuple). « L’accusation à l’égard du Rwanda de vouloir conserver une emprise sur le Congo n’a jamais véritablement cessé ». Les relations entre les deux pays voisins sont restées tendues.

Le trafic illicite de minerais : enjeux de taille

Les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ne représentent plus grand-chose. Le vrai enjeu pour Kigali, c’est de garder la mainmise sur le Nord-Kivu, un grand territoire voisin que le pouvoir rwandais exploite illicitement depuis des années. Le Rwanda profite de la contrebande minière et de celle du bois. Le pays  exporte plus de matières premières et notamment de minerais que ce qu’il produit. Comme le rappelle Pierre Boisselet, « des réseaux échappent à l’État congolais. Des minerais en provenance du Congo passent au Rwanda au moyen de la contrebande. Il s’agit de taxes qui échappent à l’état congolais. Souvent, cela se fait en complicité avec des membres des autorités de la RDC. »

Une issue politique est-elle possible ? Oui, mais sous certaines conditions, estime Jason Stearns. « Il faut mettre la pression sur les pays voisins, surtout le Rwanda et l’Ouganda, et régler définitivement cette question du M23 qui menace la région. La France, qui a de bonnes relations avec ces deux pays, pourrait jouer un rôle. Les États-Unis et la Grande Bretagne aussi, peut-être à l’occasion du sommet du Commonwealth, le 20 juin 2022 à Kigali. Sans oublier des pays de la région comme le Kenya et l’Angola qui ont déjà entrepris des médiations. »

Continent aux nombreux conflits

Des conflits armés en Afrique ont troublé l’évolution d’un nombre important de pays sub-sahariens : guerres frontalières comme celles opposant la République de Somalie et l’Ethiopie d’une part, la République de Somalie et le Kenya d’autre part, ou l’Ethiopie et le Soudan ; luttes entre maquisards et gouvernements africains, comme au cours des années 1961-1966 au Congo-Kinshasa, au Cameroun et au Tchad ; guerres de libération contre les dernières puissances coloniales, en Guinée portugaise, en Angola, au Mozambique, et plus récemment en Rhodésie ; enfin, guerres civiles comme au Soudan et au Nigéria.

Ainsi, tout en ignorant les conflits de portée internationale, comme ceux du Vietnam ou du Moyen-Orient, le continent africain n’en est pas moins le théâtre d’événements tragiques, souvent ignorés de l’opinion mondiale en dépit de la gravité de certains d’entre eux et des lourdes menaces qu’ils font peser sur des populations civiles innocentes.

C’est ainsi que dès l’indépendance de l’Algérie, des incidents frontaliers sporadiques avaient éclaté entre ce pays et le Maroc avant que les armées régulières des deux Etats maghrébins en viennent à s’affronter à l’occasion de la « petite guerre des sables » en octobre 1963. Ce conflit intéresse l’Afrique noire dans la mesure où, après les échecs des tentatives de médiation de la Ligue arabe, ceux de l’empereur Haïlé Sélassié et de M. Modibo Keita, chef de l’Etat du Mali — effectués dans le cadre de l’OUA — furent couronnés de succès à la rencontre conciliatrice de Bamako du 29 octobre 1963.

La situation est sensiblement identique en ce qui concerne les rapports entre la Somalie et le Kenya. Cependant, à aucun moment il n’y a eu dans cette région du continent d’affrontements entre armées régulières. Ici ce sont des bandes de rebelles armés soutenus par la Somalie — les shiftas — qui opèrent en territoire kenyan, dans la région du Northern Frontier District (NFD), avec la complicité de la population locale. Depuis juin 1963, les attaques de shiftas n’ont pratiquement jamais cessé, et les troupes kenyanes, trop peu nombreuses, ne sont jamais parvenues à réduire les incursions.

Au Tchad sévit une grave tension interne opposant les populations noires animistes ou chrétiennes du sud du pays aux tribus arabes islamisées du nord-est. Ces dernières reçoivent un appui moral, matériel et militaire de la part des populations qui leur sont apparentées et qui vivent au Soudan occidental.

En Guinée-Bissau, en Angola et au Mozambique, les nationalistes ont engagé le combat avec les autorités coloniales, avec des fortunes diverses. Leurs initiatives paraissent couronnées de succès en Guinée où la guérilla est permanente, mais en Angola et au Mozambique le gouvernement de Lisbonne conserve l’initiative.

Parmi tous les conflits qui troublent la paix en Afrique, deux sont d’une gravité exceptionnelle : il s’agit des guerres civiles du Soudan et du Nigéria, dont l’opinion internationale ignore à peu près tout. Il est vrai que, dans un cas comme dans l’autre, il existe un accord tacite entre dirigeants africains à la fois pour ne pas encourager les initiatives des séparatistes et pour éviter que soit publiquement évoqué tel ou tel aspect de ces deux conflits.

La Charte de l’OUA

Lorsque l’Empereur Hailé Sélassié d’Ethiopie décida en 1963 d’appeler à un Sommet africain pour mettre en place une instance continentale, sa démarche visait en priorité la réalisation d’un compromis entre les approches diamétralement opposées des groupes de Casablanca et de Monrovia. Cet objectif stratégique a fait reléguer au second plan le débat sur la question des frontières même si, par ailleurs, cette problématique occupait les esprits de tous les Chefs d’Etats présents à Addis-Abeba. De ce fait, les dispositions sur les frontières qui ont été incluses dans le texte de la Charte sur cette question cruciale avaient un caractère générique et reprenaient pratiquement les formulations de la Charte des Nations Unies.

C’est ainsi, que dans son préambule, la Charte Africaine énonce la ferme résolution des Chefs d’Etats à « sauvegarder et à consolider l’indépendance et la souveraineté durement acquises, ainsi que l’intégrité territoriale de nos Etats » et à « combattre le néo-colonialisme sous toutes ses formes ». Ces mêmes préoccupations ont été reprises dans l’Article 2 relatif aux objectifs de l’Organisation et l’Article 3 traitant des principes sur lesquelles elle était fondée. « Ce dernier affirme » le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit inaliénable à une existence indépendante ». En dépit de tentatives pour induire ces dispositions, une référence implicite au principe de l’intangibilité des frontières, il reste que ces articles ne constituent ni plus ni moins qu’un rappel de principes généraux destinés à protéger les Etat souverains et à promouvoir des relations pacifiques entre eux. Il en est autrement de la résolution du Caire de 1964.

Raymond Okeseleke

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Assemblée nationale : une session de mars potentiellement explosive

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Le 15 mars 2025, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) ouvrira sa session ordinaire, un moment crucial dans un contexte de crise profonde. Cette session, bien plus qu’une simple formalité, pourrait devenir un véritable terrain de bataille pour le pouvoir, notamment autour de la question du gouvernement d’union nationale. Entre rivalités internes à l’Union sacrée et tensions croissantes, elle s’annonce explosive et potentiellement historique.

À l’approche de cette session de mars 2025, la RDC se trouve à un carrefour politique. Au-delà des débats législatifs traditionnels, cette session pourrait être le théâtre d’affrontements décisifs pour gérer les multiples crises qui secouent le pays, notamment la guerre dans l’Est et la crise économique persistante. C’est dans ce contexte tendu que Félix Tshisekedi a, pour la première fois, présenté l’idée d’un gouvernement d’union nationale comme réponse aux immenses défis auxquels la nation est confrontée. Toutefois, derrière cette proposition se cache un terrain miné d’ambitions rivales, de fractures politiques profondes, et d’incertitudes sur sa mise en œuvre. Une session ordinaire qui pourrait ainsi se transformer en rendez-vous explosif, tant pour l’Assemblée nationale que pour toute la RDC.

Une guerre intestine qui menace l’USN

Les tensions entre l’UNC et l’UDPS, les deux principaux piliers de la coalition au pouvoir, sont bien loin d’être nouvelles, mais elles ont atteint un point de non-retour ces derniers mois. En février dernier, un communicant autoproclamé de l’UDPS a provoqué un véritable scandale en proférant des menaces de mort à l’encontre de Vital Kamerhe sur les réseaux sociaux, le qualifiant d’« homme à abattre », déclenchant une vague d’indignation parmi les députés de l’UNC. Ces derniers n’ont pas manqué de rappeler que Kamerhe avait échappé de justesse à une tentative d’assassinat en mai 2024 à Kinshasa, un événement que beaucoup dans son entourage attribuent à des rivalités politiques internes au sein de la majorité présidentielle.

À ce climat déjà lourd s’ajoute la polémique déclenchée par Christophe Mboso, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale et figure de proue de l’USN. Lors d’une rencontre politique à Kinshasa, au centre culturel des pays d’Afrique centrale, le 9 mars, Mboso a lâché une phrase incendiaire : « Kamerhe akufa » (que Kamerhe meure), une déclaration qui a été perçue par les députés de l’UNC et leurs alliés comme un « complot ourdi » contre Vital Kamerhe. Cette sortie a intensifié les tensions entre les deux hommes, déjà en concurrence lors des primaires de l’USN en avril 2024 pour la présidence de l’Assemblée, une élection remportée par Kamerhe avec 183 voix contre 113 pour Mboso. Depuis cette défaite, Mboso n’a jamais caché son amertume, et ses partisans, nombreux parmi les députés de la vieille garde, mènent une guerre par procuration contre ceux de Kamerhe. Ces querelles, alimentées par des accusations de trahison et des ambitions personnelles, risquent de transformer l’hémicycle en une véritable arène de combats fratricides, rendant toute tentative de collaboration, d’abord au sein du Bureau de l’Assemblée, puis au sein de la majorité, extrêmement fragile.

Session de septembre 2024 : un avant-goût du chaos à venir ?

Pour saisir l’enjeu de la session de mars, un retour sur la session ordinaire de septembre 2024 s’impose. Cette période avait été marquée par une agitation sans précédent au sein de l’Assemblée nationale. Des joutes verbales acerbes avaient opposé Vital Kamerhe à plusieurs élus de l’UDPS, notamment l’influent député national Daniel Aselo, ancien ministre de l’Intérieur. Ces affrontements, qui avaient débuté sur des questions de gestion parlementaire, avaient rapidement dégénéré en attaques personnelles, Kamerhe étant accusé par ses détracteurs de manquer de respect envers les élus de l’UDPS et de se comporter en « président bis » vis-à-vis de Tshisekedi. Le point culminant de ces tensions fut le dépôt d’une pétition par le député Willy Mishiki, membre de la majorité présidentielle, visant à destituer Kamerhe de son poste de président de l’Assemblée. Bien que cette initiative ait échoué faute de soutien suffisant, elle a révélé les fractures profondes au sein de l’USN.

Cette session de septembre avait également été dominée par des débats houleux sur la situation sécuritaire à l’Est du pays. Les échecs répétés des FARDC face aux rebelles du M23, malgré les promesses de Félix Tshisekedi de restaurer la paix, ont alimenté les critiques contre Kamerhe. Originaire du Sud-Kivu, Kamerhe défend depuis longtemps une approche basée sur le dialogue avec les groupes armés, une position qui lui a valu d’être accusé de « mollesse » par l’UDPS, davantage encline à une réponse militariste ou à un dialogue restreint entre Tshisekedi et Paul Kagame.

En parallèle, un autre événement marquant a eu lieu en septembre 2024 : le boycott des prolongations de l’état de siège. Les députés des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Tshopo ont décidé de ne pas participer aux sessions parlementaires visant à prolonger l’état de siège, qualifiant cette mesure de « haute trahison ». Bien que cette action ait été menée principalement par des élus de l’Est du pays, elle a eu des répercussions sur l’ensemble de l’Assemblée nationale, exacerbant les tensions interpartisanes, notamment entre l’UNC et l’UDPS. Ce boycott a mis en lumière le fossé grandissant entre le pouvoir central et les provinces affectées par l’insécurité, exacerbant le sentiment de rupture de confiance entre les élus de l’Est et la majorité présidentielle.

La session de septembre a aussi été marquée par des querelles sur la composition des commissions parlementaires. Le 18 septembre 2024, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a tenu une réunion avec les députés de son parti et leurs alliés pour discuter de la répartition des postes au sein des commissions parlementaires. L’UDPS et ses alliés ont revendiqué sept des dix commissions permanentes, arguant de leur majorité numérique. Cette revendication a été fermement contestée par l’UNC, ce qui a exacerbé les tensions au sein de l’Assemblée.

Ces tensions, loin d’être apaisées, annoncent une session de mars 2025 encore plus explosive, où les rancœurs accumulées risquent de se transformer en une confrontation ouverte.

Mars 2025 : une session à haut risque

Avec l’annonce de la probable investiture d’un gouvernement d’union nationale par Félix Tshisekedi le 22 février devant les élus et cadres de l’USN, la session de mars 2025 s’annonce comme un véritable moment de vérité pour la RDC. Si ce gouvernement voit le jour pendant cette session, son investiture par l’Assemblée nationale marquera l’un des moments clés de cette période parlementaire. Toutefois, cette initiative, censée renforcer la cohésion nationale, se heurtera à des obstacles considérables. Les relations entre le parti présidentiel, qui domine l’hémicycle avec près de 70 sièges, et son allié l’UNC, sont aujourd’hui au bord de la rupture. Une répartition inégale des portefeuilles ministériels pourrait transformer cette session en une guerre ouverte entre alliés, mettant en péril l’union sacrée.

Vital Kamerhe, fidèle à Tshisekedi depuis leur rupture avec Joseph Kabila en 2018, restera-t-il fidèle au président ou tentera-t-il d’utiliser cette situation pour renforcer sa propre stature politique ? De son côté, l’UDPS, forte de sa domination numérique, pourrait voir dans cette session l’opportunité de marginaliser l’UNC et de reprendre le contrôle d’une majorité devenue ingouvernable. Une rupture entre les deux partis n’est pas une hypothèse farfelue. Les ambitions présidentielles de Kamerhe, jamais éteintes depuis sa candidature avortée en 2018, pourraient refaire surface, en particulier si Tshisekedi apparaît affaibli par les revers militaires et les critiques sur sa gestion de la crise.

Une telle fracture aurait des répercussions majeures. L’USN, déjà fragilisée par des alliances opportunistes, risquerait de s’effondrer, entraînant une recomposition des forces politiques à l’Assemblée. Dans un scénario extrême, cette session pourrait marquer l’échec du projet du gouvernement d’union nationale, plongeant la RDC dans une instabilité institutionnelle encore plus profonde. Les débats promettent d’être houleux, les alliances incertaines, et les luttes de pouvoir pourraient redessiner l’avenir du pays pour les années à venir. À Kinshasa, les rumeurs vont bon train et la session de mars semble plus que jamais un moment où chaque camp jouera son va-tout.

Un pays en attente, une Assemblée au bord du précipice

Alors que des milliers de jeunes congolais s’enrôlent pour défendre la patrie contre les avancées du M23, et que des populations des provinces du Nord et du Sud-Kivu fuient les violences qui ravagent leurs villages, les attentes de la population sont immenses. Les Congolais espèrent des réponses concrètes : la fin de l’insécurité, une économie revitalisée, et un leadership unifié face à la crise. Mais à Kinshasa, une guerre des égos pourrait bien voler la vedette. Sous la direction d’un Vital Kamerhe contesté mais déterminé à conserver son influence, l’Assemblée nationale se prépare à un rendez-vous politique à très haut risque.

Entre l’espoir d’un gouvernement d’union nationale et la menace d’une rupture au sein de la majorité, la session de mars 2025 ne sera pas seulement explosive : elle pourrait redéfinir les contours de la gouvernance congolaise pour les années à venir. Les jours qui viennent pourraient déterminer si cette session marquera le début d’une nouvelle ère de collaboration ou si elle précipitera la RDC dans un chaos politique encore plus profond. Une chose est sûre : ce choc des titans ne laissera personne indifférent et ses répercussions se feront sentir bien au-delà des murs de l’hémicycle.

Appel à la retenue

À l’approche de cette session cruciale, il est impératif que les acteurs politiques de la République privilégient avant tout l’unité et la stabilité de la nation. En période de crise, les divisions internes ne font que renforcer les ennemis du pays, à commencer par ceux qui cherchent à déstabiliser la région, tels que Paul Kagame et ses alliés. Dans ce contexte, une crise politique majeure ne ferait qu’ouvrir la voie à la manipulation de ces ennemis. La priorité doit être donnée aux intérêts supérieurs de la nation, et non à des ambitions personnelles ou partisanes. C’est dans l’unité et la retenue que la République pourra surmonter les défis qui l’attendent, tout en préservant sa souveraineté face aux menaces extérieures.

Heshima

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Dialogue avec le M23 : le plus difficile commence à Luanda

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En tant que médiateur dans le conflit entre le gouvernement congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), l’Angola a annoncé la date de début des négociations directes entre les deux parties. Les deux délégations se rencontreront mardi 18 mars à Luanda pour entamer les échanges. Mais dans le communiqué, seul le nom du M23 apparaît. Sa vitrine politique de dernière minute, l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, n’est souvent pas évoquée. En position de force sur le terrain, le M23 pourrait rendre la vie difficile au gouvernement pendant les discussions.

Alors que l’Angola a annoncé, mardi 11 mars 2025, une décision majeure, celle des négociations directes entre le M23 et le gouvernement congolais, un silence de monastère a été observé du côté de la rébellion. Le M23 criait à tue-tête pour obtenir un dialogue direct avec le gouvernement. Maintenant que Luanda l’a annoncé, les réactions se sont fait attendre… Un fait suscite pourtant la curiosité. Ce n’est pas Corneille Nangaa, devenu coordonnateur de l’AFC-M23, qui réagit à la décision de Luanda. C’est plutôt l’ancien patron de la branche politique originelle du M23 qui réagit. « Nous l’avons dit, nous l’avons fait : Nous avons pris l’engagement de faire échouer l’option militaire de Monsieur Tshisekedi pour l’amener, de gré ou de force, à la table de négociations, seule option civilisée pour régler la présente crise qui a duré des décennies », a déclaré Bertrand Bisimwa, patron de la branche politique originelle du M23.
Ce qui laisse penser à une forme d’isolement de Corneille Nangaa qui s’est greffé à une revendication identitaire de longue date pour assouvir sa soif de vengeance contre Félix Tshisekedi et prendre le contrôle de Kinshasa en renversant le régime. Un agenda différent de celui du M23 originel.

Corneille Nangaa court-circuité ?

Sauf s’il s’agit d’une stratégie de la rébellion, Corneille Nangaa risque d’être by-passé ou marginalisé dans ces discussions. Le M23 a toujours eu des revendications identitaires différentes de celles poursuivies par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Nangaa est obsédé par le désir de reprendre le pouvoir qu’il dit avoir remis à Félix Tshisekedi en 2018 à la suite d’un « compromis à l’africaine ». Il affirme vouloir défaire un « monstre » que lui-même avait créé. Un agenda qui n’est forcément pas celui du M23 qui, depuis plus d’une décennie, veut obtenir le retour au Congo des réfugiés tutsis mais aussi avoir la mainmise sécuritaire dans la région des Kivu.

À Luanda, cette rébellion mettra probablement sur la table ses revendications « naturelles », en décalage avec celles de Corneille Nangaa. C’est la plus grande équation de ces discussions. Si les revendications du M23 se mêlaient à celles de Nangaa, la rébellion chercherait alors à obtenir le départ négocié de Félix Tshisekedi ou à instaurer une transition qui inclurait tous les acteurs de la crise sécuritaire actuelle, y compris l’ancien président Joseph Kabila. Ce qui risquerait de briser le cycle démocratique entamé depuis 2006 grâce à la Constitution en vigueur. Joseph Kabila n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots en affirmant que même si Kinshasa négociait avec le M23, la crise ne prendra pas fin. Ce qui insinue qu’il faudrait compter aussi sur lui pour résoudre cette crise.

Le processus de Nairobi étouffé

Du côté du gouvernement, aucune ligne rouge n’a encore été fixée concernant les discussions à venir. Madame Tina Salama, porte-parole du Président congolais, a affirmé prendre acte de cette initiative de dialogue tout en rappelant le processus de Nairobi. « Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli, qui est le processus de Nairobi, et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773. », a-t-elle déclaré. Pourtant, ce processus de Nairobi semble être dépassé suite à l’évolution des événements. Le processus de Luanda, initialement conçu comme un cadre de discussion pour les deux États (RDC-Rwanda), intègre désormais la rébellion du M23, étouffant ainsi la celui de Nairobi.

Heshima     

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De Kasa-Vubu à Tshisekedi, l’histoire des gouvernements d’union nationale en RDC

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Lors d’une rencontre avec les membres de l’Union sacrée de la Nation, à Kinshasa, le président de la République Félix Tshisekedi a avancé l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Le chef de l’État a insisté sur la nécessité de dépasser les clivages internes pour affronter les menaces extérieures. Mais cette idée va-t-elle aider à résoudre la crise sécuritaire actuelle ? Retour sur une brève histoire des gouvernements d’union nationale en République démocratique du Congo (RDC).

Dans son histoire, la RDC a connu des moments où les dirigeants ont eu recours à des gouvernements d’union nationale. Ce sont des entités politiques temporaires créées dans des contextes de crise politique, souvent pour assurer la paix et la réconciliation nationale. Ces gouvernements ont été une réponse aux tensions internes, aux conflits armés, et aux divisions politiques, dans le but de former un gouvernement de large coalition afin de garantir la stabilité et la transition vers un système démocratique plus inclusif. Cette pratique politique remonte à plusieurs années.

Gouvernement d’union nationale de 1964-1965

Après l’indépendance de la RDC le 30 juin 1960, le pays a traversé une période de turbulences politiques, avec des conflits internes et des tensions entre les différentes factions politiques. La rébellion, qui a duré de 1961 à 1964, a exacerbé la situation. Cette rébellion, appelée « Simba », est une insurrection qui a eu lieu, de 1961 à 1964, au Congo-Léopoldville, en réaction aux abus du gouvernement central congolais. Menée par Antoine Gizenga et Pierre Mulele, elle est parfois appelée rébellion « muleliste » du nom de ce dernier. Pour fédérer les politiques à l’époque, le président Joseph Kasa-Vubu a mis en place un gouvernement d’union nationale. Ce gouvernement a été formé par le Premier ministre Evariste Kimba en réponse à la guerre civile et aux tensions politiques. Il a impliqué une coopération entre différentes forces politiques et régionales, bien qu’il n’ait pas réussi à établir une stabilité durable. Cependant, cette équipe a rapidement été remplacée par un régime plus autoritaire sous le maréchal Mobutu Sese Seko en 1965.

Gouvernement d’union nationale de 1991-1992

Dans les années 1990, le président Mobutu a fait face à une pression croissante pour réformer son régime autoritaire. En 1991, après des émeutes et des manifestations contre son régime, il finira par accepter de convoquer une conférence nationale dite « souveraine » pour mettre en place des réformes politiques. En 1992, un gouvernement d’union nationale a été formé dans le but de créer une transition vers un système multipartite et démocratique. Dirigé par le Premier ministre Etienne Tshisekedi, ce gouvernement a vu la participation de différentes forces politiques et a été perçu comme une tentative de rétablir un équilibre entre les factions rivales, à savoir l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le MPR mais aussi d’autres courants politiques nés pendant cette ouverture politique. Cependant, cette période de transition a été marquée par des tensions internes et l’instabilité. Ce gouvernement n’aura duré qu’environ 4 mois.

Gouvernement de large union après la guerre de 1998-2003

La plus grande et la plus importante expérience de gouvernement d’union nationale en RDC a eu lieu après la guerre de 1998-2003. Ce conflit a impliqué de nombreuses factions internes et des puissances étrangères, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Le conflit a opposé les Forces armées congolaises (FAC) du président Laurent-Désiré Kabila à des groupes rebelles composés notamment du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) de Azarias Ruberwa, du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, avec l’appui de pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Pour trouver la paix, il y a eu d’abord l’Accord de Lusaka (1999) puis l’Accord Global et Inclusif (2002-2003).

Après plusieurs tentatives infructueuses de négociation de la paix, l’Accord de Lusaka a été signé entre le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila et les groupes rebelles. Cependant, cet accord n’a pas suffi à instaurer la paix. La situation a continué à se détériorer, jusqu’à la signature de l’Accord Global et Inclusif en 2002, qui a permis la création d’un gouvernement d’union nationale formé de diverses factions politiques, incluant des membres du gouvernement, des rebelles, des groupes de la société civile et des politiciens issus de différentes régions du pays. Au sommet du pays, une formule a été trouvée, le 1+4. C’est-à-dire, un président de la République (Joseph Kabila, successeur de son père assassiné en 2001) et les quatre vice-présidents issus en majorité de la rébellion, à savoir Azarias Ruberwa, Jean-Pierre Bemba, Arthur Z’ahidi Ngoma et Yerodia Abdoulaye Ndombasi.

Ce gouvernement, dirigé par Joseph Kabila après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en 2001, a été un tournant pour le pays. Le gouvernement d’union nationale a été mis en place dans le but de pacifier le pays, garantir la transition vers des élections démocratiques et rétablir la stabilité. Le gouvernement d’union nationale était composé de différents partis politiques, de groupes rebelles, de la société civile et de l’opposition. L’un des aspects clés était la répartition des ministères entre ces groupes. Le président Joseph Kabila a exercé un rôle symbolique et unificateur, mais les différents groupes de l’opposition et de la société civile ont également eu une grande influence. Ce gouvernement a dirigé le pays jusqu’en 2006 lors des premières élections générales et pluralistes de la RDC.

Gouvernement après l’Accord de la Saint-Sylvestre (2016-2018)

Un autre gouvernement d’union nationale a été mis en place après l’accord politique du 31 décembre 2016, connu sous le nom d’Accord de la Saint-Sylvestre, signé sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Cet accord visait à résoudre la crise politique liée à la fin du mandat de Joseph Kabila en 2016, sans élection présidentielle à l’horizon. Le gouvernement a été formé avec l’inclusion de l’opposition dans le but d’organiser des élections, de garantir la paix et d’achever la transition politique. Cet accord a permis la création d’un gouvernement d’union nationale avec une répartition des ministères entre la majorité présidentielle et l’opposition. Le processus électoral a été mis en place, mais il y a eu des retards, et les élections n’ont été organisées qu’en décembre 2018, avec la victoire de Félix Tshisekedi à la présidence.

Tshisekedi va-t-il réussir son gouvernement ?

Le président Félix Tshisekedi fait face à une crise sécuritaire sans précédent dans l’Est du pays. Malgré les appels au cessez-le-feu du Conseil de sécurité de l’ONU, de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu, aggravant ainsi la crise sécuritaire et humanitaire dans cette partie du pays. Pour resserrer les rangs des Congolais face à cette agression étrangère déguisée, le chef de l’État a annoncé son intention de former un gouvernement d’union nationale. Mais le camp de Joseph Kabila, accusé d’être de mèche avec les rebelles, boude l’initiative.

Dans une déclaration faite le 4 mars, le bureau politique du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien président congolais a rappelé que la formation d’un gouvernement d’union nationale ne constitue aucunement une solution à la crise actuelle. « De 1960 à ce jour, les gouvernements d’union nationale n’ont jamais permis d’apporter de solutions durables aux crises qu’a connues notre pays », rappelle ce parti.

Pourtant, sous Joseph Kabila, ces initiatives ont permis au moins de laisser passer l’orage. C’est le cas du gouvernement issu de l’Accord de la Saint-Sylvestre en 2016 conclu après des manifestations populaires réprimées dans le sang. Les gouvernements d’union nationale en RDC ont, dans la majorité des cas, constitué des réponses nécessaires face aux crises internes et aux conflits armés. Bien qu’ils aient souvent permis d’apaiser les tensions à court terme et d’initier des processus de transition vers la démocratie, ces gouvernements ont aussi été marqués par des luttes de pouvoir internes, des rivalités politiques et des défis dans la mise en œuvre des réformes.

Le M23 peut-il intégrer le gouvernement ?

Il n’est un secret pour personne que Kinshasa a toujours refusé de se mettre autour d’une même table avec le M23 qu’il qualifie de « coquille vide », préférant dialoguer directement avec le Rwanda qui est le créateur de ce mouvement pour notamment piller les ressources naturelles de la RDC. Mais depuis le 11 mars, la situation a évolué. Après une visite éclair de Félix Tshisekedi à Luanda, la Présidence angolaise a annoncé des négociations directes entre Kinshasa et le M23. Reste à savoir quel format prendra ce dialogue. Le M23 sera-t-il intégré dans le futur gouvernement d’union nationale ? La forme des discussions pourrait le démontrer à l’avenir.

Heshima

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