L’Inspection générale des finances (IGF), en collaboration avec le Forum des inspections générales d’État et institutions de contrôle assimilées d’Afrique, organise, ce lundi 9 décembre 2024, à Kinshasa, une conférence commémorative de la journée internationale de lutte contre la corruption, célébrée chaque 9 décembre de l’année.
Placées sous le haut patronage du président de la République, Félix Tshisekedi, ces assises se déroulent sous le thème : « Mobiliser la jeunesse africaine dans la lutte contre la corruption pour des lendemains meilleurs ». Les délégations de plusieurs pays sont déjà présentes dans la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC) pour prendre part à la conférence de ce jour.
Depuis quatre ans, l’Inspecteur général des finances, chef de service, Jules Alingete Key mène un combat sans merci contre la corruption en RDC. Depuis plus de deux ans, il associe la jeunesse congolaise à cette lutte acharnée contre ces antivaleurs qui empêchent le pays de prendre son envol sur le plan du développement. Pour cette conférence, l’IGF a associé le Forum des Inspections générales d’État d’Afrique et institutions assimilées (FIGE). Monsieur Hassan Issa Sultan, Inspecteur général d’État de la République de Djibouti, qui est également secrétaire exécutif du FIGE, est déjà à Kinshasa. Des délégations venues de la Côte d’Ivoire, du Mali et de la République du Congo sont également présentes pour participer à ces assises.
La RDC accueillera les assises du FIGE en 2026
Très impliquée dans la lutte contre la corruption, particulièrement après la redynamisation de l’IGF par le président Félix Tshisekedi, la RDC occupe le poste de vice-président au sein du FIGE. C’est à ce titre que le pays va abriter, en 2026, l’Assemblée générale de cette organisation panafricaine de lutte contre la corruption.
Créé en 2006 par les Inspections générales d’État de cinq pays africains notamment Djibouti, Burkina Faso, Tchad, Sénégal et Mauritanie, le FIGE est une association sous-régionale africaine qui regroupe, à ce jour, 24 États, représentés par leurs Institutions Supérieures de contrôle, ainsi que des partenaires techniques tels que l’Office Européen de Lutte Anti-Fraude (OLAF), la Direction Générale du Développement et Coopération de la Commission Européenne (AIDCO), et la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF).
Les travaux du FIGE visent à développer les métiers de l’Inspection générale d’État, l’investigation, l’audit et l’évaluation des politiques publiques, ainsi que la mise en œuvre des normes professionnelles adaptées aux exigences de la modernité. Les rencontres du FIGE contribuent à la réflexion nécessaire sur les réformes à mettre en œuvre pour renforcer l’efficacité des institutions de contrôle. Ces fora permettent de promouvoir le partage d’expériences en matière de détection et de prévention de la corruption.
Associer la jeunesse dans la lutte
Ayant compris l’importance de la jeunesse dans le combat contre la corruption, l’IGF de la RDC associe systématiquement les jeunes dans la sensibilisation contre ce fléau. En avril dernier, l’Inspecteur général des finances, chef de service, Jules Alingete, avait appelé les jeunes Congolais à « barrer la route à la corruption, au détournement des deniers publics et à la fraude pour sauver la RDC, tout en se désolidarisant des tares du système de mauvaise gestion héritées des régimes et classes politiques qui se sont succédé à la tête du pays ».
Dans les locaux de cette structure de contrôle, des élèves et des étudiants participent à des séances de sensibilisation autour de ce thème.
Lors d’un forum organisé par le Rassemblement des leaders pour le développement (RALEAD), l’Inspecteur général des finances et chef des Brigades des provinces et entités territoriales décentralisées, Bitasimwa Bahi, avait affirmé que la corruption et le détournement des fonds sont un fléau en RDC, mais aussi à travers le monde. Pour lui, les organes anti-corruption, comme l’IGF, doivent effacer de l’esprit du gestionnaire du bien commun l’illusion d’être seul. « Les fonds de l’État doivent être utilisés pour le bien-être de la population, et nous devons retirer l’illusion d’être heureux seul dans un océan de misère autour de soi. C’est cette illusion qui amène à la corruption et au détournement », avait-il déclaré. Par cette occasion, cet Inspecteur général avait appelé à la sensibilisation des jeunes à l’implémentation de la bonne gouvernance, car ces jeunes sont les futurs gestionnaires des fonds publics.
4 ans de lutte contre la mauvaise gestion
Depuis sa nomination à la tête de ce service par le président Félix Tshisekedi, en juillet 2020, Jules Alingete ne cesse de mobiliser et de conscientiser les Congolaises et Congolais sur la nécessité de s’approprier la lutte contre la corruption et d’autres antivaleurs pour permettre l’émergence du pays. Le 20 septembre, lors d’un forum universitaire international sur la bonne gouvernance en Afrique, organisé à Pretoria, en Afrique du Sud, le patron de l’IGF avait présenté les résultats obtenus dans cette lutte depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.
Plusieurs dossiers financiers ont été passés en revue grâce aux enquêtes menées par l’IGF. Parmi eux, figure le dossier du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, qui a coûté à l’État congolais 250 millions de dollars sans produire les résultats escomptés. L’IGF a révélé que plus de 105 millions de dollars n’étaient pas justifiés dans ce projet. Il y a également le contrat chinois signé entre le gouvernement congolais et un consortium d’entreprises chinoises, qui a été renégocié après un rapport d’enquête de l’IGF. Ce rapport avait établi un déséquilibre criant entre les intérêts de la RDC et ceux de la Chine. La renégociation a permis à la RDC de récupérer une enveloppe de 7 milliards de dollars.
Il y a plusieurs enquêtes menées dans le cadre de la patrouille financière au sein des entreprises du portefeuille de l’État, notamment à l’Office de gestion de fret multimodal (OGEFREM), à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à la Société nationale d’assurance (SONAS), à la GECAMINES et tant d’autres. Le travail de redressement des finances publiques, qui s’est notamment caractérisé par l’annulation des exonérations fantaisistes accompagnées de l’encadrement des régies financières, a permis d’augmenter les recettes publiques. Le budget de l’État est passé de 4 milliards de dollars en 2019 à 17 milliards en 2024, soit une augmentation de 425 %.
Pendant ces quatre années de lutte contre la corruption, l’IGF a dénoncé plusieurs gestionnaires soupçonnés de détournement des fonds publics. Certains détourneurs ont été arrêtés et condamnés, tandis que d’autres ne sont pas encore inquiétés. Ce qui pose également un problème de justice au pays. Lors des travaux des états généraux de la justice, Jules Alingete avait souligné deux facteurs pour faire avancer la lutte contre la corruption et décourager le détournement des fonds publics en RDC. Il s’agit, premièrement, de la volonté politique clairement exprimée par le président Félix Tshisekedi, et deuxièmement, d’une bonne justice pour lutter contre ces détourneurs des fonds publics. Il a proposé la création d’un parquet financier pour disposer de magistrats outillés, capables de poursuivre les criminels économiques.
APLC, une lutte timide…
Créée sous le mandat du président de la République, Félix Tshisekedi, dans le but de renforcer la lutte contre la corruption, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) peine à produire des résultats palpables. Lors du premier semestre de son existence, en 2021, cette agence avait publié un bilan de ses actions menées dans le cadre de sa mission. Aucune affaire n’était encore bouclée à l’époque parmi tous les dossiers que l’agence avait initiés devant les Cours et Tribunaux. Au total, 36 dossiers de détournement et de coulage des recettes étaient suivis par cette agence et tous ces dossiers sont restés pendants.
En 2022, cette agence avait décidé de travailler en synergie avec d’autres structures de lutte contre la corruption pour produire les résultats attendus. Il s’agit de l’IGF, de la Cellule nationale de renseignement financier (CENAREF), de la Cour des comptes ainsi que de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). « Grâce au travail concerté de l’APLC avec l’IGF, l’ITIE, la CENAREF, la Cour des comptes et la société civile, la lutte contre la corruption produit ses fruits en RDC », avait déclaré en décembre 2022 Thierry Mbulamoko, coordonnateur de l’APLC.
De manière générale, le travail effectué ces quatre dernières années dans le domaine de la lutte contre la corruption a produit des résultats positifs. En février dernier, le patron de l’IGF, Jules Alingete, avait souligné l’amélioration de la position de la RDC dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) de l’ONG Transparency International pour l’année 2023. Selon l’IGF, la RDC est passée de la 172e place en 2019 à la 162e en 2023, gagnant ainsi 10 places dans le classement mondial de l’IPC. Cette progression est attribuée à l’intensification des efforts anti-corruption déployés par l’IGF depuis l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir.
Heshima