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De gouvernement en gouvernement : Les ministres indéboulonnables de la RDC sous Tshisekedi

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Alors que la République démocratique du Congo (RDC) est dans l’attente d’un gouvernement d’union nationale, comme annoncé par Félix Tshisekedi en février dernier, certains noms résonnent comme des échos persistants dans les couloirs du pouvoir. Jean-Lucien Busa Tongba, Julien Paluku Kahongya, Aimé Sakombi Molendo, Didier Budimbu Ntubuanga, Augustin Kibassa Maliba et Irène Esambo Diata forment un sextuor d’une rare constance. Depuis le premier gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba en 2019, ils ont traversé les deux mandats de Jean-Michel Sama Lukonde jusqu’à l’équipe actuelle de Judith Suminwa, défiant les remaniements et les tempêtes politiques. Qui sont ces figures indélogeables ? D’où viennent-elles ? Et qu’est-ce qui les maintient si proches du président ? Voici leur histoire, celle d’une stabilité qui intrigue autant qu’elle fascine.

Jean-Lucien Busa Tongba : du Commerce extérieur au Portefeuille

C’est dans le territoire de Budjala, province de l’Équateur, que Jean-Lucien Busa Tongba voit le jour le 26 mars 1962. Loin du tumulte de Kinshasa, cet homme au profil discret bâtit son parcours entre les amphithéâtres et les bureaux administratifs. Formé en gestion, il enseigne l’audit financier et la gestion à l’Institut Supérieur du Commerce et de Gestion de la capitale. Pendant près d’une décennie, de 1992 à 2001, il travaille à la Société Nationale d’Électricité, un géant public aux prises avec les défis énergétiques du pays. Ce passage lui offre une immersion dans les rouages économiques, une expérience qui façonnera son avenir.

En 2006, il fait son entrée sur la scène politique en se faisant élire député pour Budjala. À l’Assemblée, il se distingue comme vice-président de la commission économique et financière, plongeant dans les dossiers complexes de l’économie congolaise. En 2013, il fonde le Courant des Démocrates Rénovateurs, son parti politique, avant de lancer la Coalition des Démocrates deux ans plus tard. Cette coalition remporte plusieurs sièges aux législatives, renforçant son poids politique. Busa joue un rôle stratégique en 2016 en conduisant la délégation de l’opposition au pré-dialogue, une étape clé dans la transition vers le pouvoir actuel.

Son aventure ministérielle sous le mandat du président Tshisekedi commence en 2019 sous Ilunga Ilunkamba, où il prend les rênes du Commerce extérieur. Il conserve ce poste sous les deux gouvernements de Sama Lukonde, affirmant son rôle dans un secteur vital pour les échanges économiques du pays. Mais avec l’arrivée de Judith Suminwa, un changement survient : Busa Tongba hérite du ministère du Portefeuille, un portefeuille stratégique qui le place au cœur de la gestion des entreprises publiques. À 63 ans, il reste une figure incontournable, évoluant avec aisance dans les arcanes du pouvoir.

Julien Paluku Kahongya : de l’Industrie au Commerce extérieur

Julien Paluku Kahongya naît le 13 décembre 1968 à Buramba, dans le Nord-Kivu, une région marquée par des décennies de conflits. Cet homme au charisme affirmé se forge une réputation dès ses débuts. Titulaire d’un master en santé communautaire obtenu en 2005 à l’Université libre des Grands Lacs, il commence comme maire, d’abord à Butembo, puis à Beni, où il lance des projets d’infrastructures qui marquent les esprits dans ces villes souvent laissées pour compte. En 2007, il devient gouverneur du Nord-Kivu, un poste qu’il occupe pendant douze ans. Gérer une province rongée par les groupes armés et les crises humanitaires forge son caractère et son influence.

Élu député national pour Lubero en 2011, puis en 2018, il consolide son ancrage électoral. Fondateur du Bloc Uni pour la Renaissance et l’Émergence du Congo, il s’allie à l’UDPS de Tshisekedi, devenant un pilier de la coalition au pouvoir. En 2019, sous Ilunga Ilunkamba, il prend la tête du ministère de l’Industrie, un poste qu’il conserve sous les deux gouvernements de Sama Lukonde. Avec Judith Suminwa, un virage se dessine : Paluku hérite du Commerce extérieur, succédant à Busa Tongba. À 56 ans, il incarne une ambition intacte, prêt à relever de nouveaux défis dans un pays aux échanges commerciaux encore balbutiants.

Aimé Sakombi Molendo : des Affaires foncières aux Hydrocarbures

À Kinshasa, Aimé Sakombi Molendo grandit sous l’ombre imposante de son père, Dominique Sakombi Inongo, ancien ministre de l’Information sous Mobutu. Mais il ne se contente pas de cet héritage : il trace sa propre route, d’abord dans les médias. Conseiller au ministère de l’Information, président de Canal Futur, une chaîne liée à l’UNC de Vital Kamerhe, il se fait aussi connaître comme promoteur du site 7sur7.cd, un média en ligne qui gagne en influence. Ce parcours dans la communication lui confère une visibilité et une aisance précieuses.

Sur le terrain politique, il s’engage comme secrétaire interfédéral de l’Union pour la Nation Congolaise à Kinshasa et la coalition Cap vers le changement, qui porte Tshisekedi au pouvoir. En janvier 2024, il est élu député national, ajoutant une légitimité électorale à son CV. En 2019, sous Ilunga Ilunkamba, il devient ministre des Affaires foncières, un poste qu’il garde sous les deux gouvernements de Sama Lukonde. Avec Suminwa, un tournant inattendu : Sakombi prend les rênes des Hydrocarbures, un secteur stratégique où les enjeux pétroliers pourraient redéfinir son rôle.

Didier Budimbu Ntubuanga : De l’EPST aux Sports

Didier Budimbu Ntubuanga naît le 17 décembre 1977 à Kinshasa, dans une famille bien connectée. Fils de Dikumbaka Budimbu, ancien ambassadeur, et de Suzanne Yala Kaba, il grandit dans un milieu privilégié. Formé en droit en France et en Belgique, il complète son parcours avec un diplôme en droit public à l’Université de Kinshasa, une base solide pour une carrière ambitieuse. Autorité morale du parti politique Autre vision du Congo (AVC), il entre au gouvernement en 2019 sous Ilunga Ilunkamba comme vice-ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, un poste qu’il occupe jusqu’en 2021.

Avec le premier gouvernement Sama Lukonde, il est propulsé ministre des Hydrocarbures, un portefeuille qu’il conserve sous le second mandat de Lukonde. Mais sous Judith Suminwa, un changement radical se produit : Budimbu hérite du ministère des Sports et Loisirs, un virage surprenant pour ce juriste de formation. En avril 2022, une brève audition par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) pour des raisons de « sécurité » avait fait trembler son parcours, mais il avait repris ses fonctions sans fléchir. À 47 ans, il incarne une nouvelle génération, adaptable et résiliente.

Augustin Kibassa Maliba : le maître discret des Télécommunications

Augustin Kibassa Maliba naît le 30 novembre 1971 à Lubumbashi, dans une famille où la politique est une affaire de sang. Fils de Frédéric Kibassa Maliba, co-fondateur de l’UDPS aux côtés d’Étienne Tshisekedi en 1982, il grandit dans l’ombre d’un héritage puissant. Moins médiatisé que d’autres ténors congolais, cet homme discret s’est imposé par sa maîtrise des nouvelles technologies, mais aussi par des liens familiaux stratégiques qui en disent long sur son influence. Sa sœur, Isabelle Kibassa-Maliba, est mariée à Jean-Claude Tshisekedi, frère aîné de Félix Tshisekedi et fils d’Étienne Tshisekedi, tissant un réseau familial au cœur du pouvoir.

Son parcours politique s’enracine dans les méandres de l’UDPS. Après la scission entre UDPS-Kibassa, dirigée par son père, et UDPS-Tshisekedi, Augustin prend les rênes de la faction familiale à la mort de son père. Mais en 2018, il opère un virage décisif : il rallie Félix Tshisekedi, scellant une réconciliation entre les deux branches. Ce soutien, consolidé lors des élections de 2018 et réaffirmé en 2023, l’ancre dans l’UDPS unifié, où les alliances familiales renforcent sa position.

Kibassa Maliba ne doit pas tout à sa lignée. De 2003 à 2006, il siège comme député national durant la transition, actif au sein de la commission Reconstruction et Développement, prouvant qu’il n’est pas un novice propulsé par favoritisme. En 2019, il accède au ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PTNTIC) sous Ilunga Ilunkamba. Maintenu sous les deux gouvernements de Sama Lukonde, son portefeuille s’élargit au numérique sous Judith Suminwa, reflet des ambitions technologiques de la RDC. Cette longévité remarquable sous Félix Tshisekedi intrigue : au-delà de son expertise, le mariage de sa sœur Isabelle avec Jean-Claude, grand frère et proche conseiller de Félix, pourrait bien être une clé. Cette connexion familiale, liant les Kibassa et les Tshisekedi, offre une stabilité politique dans un paysage souvent chaotique.

À 53 ans, Augustin Kibassa Maliba incarne une figure de l’ombre aux assises solides. Sa permanence aux PTNTIC, son passé parlementaire et son ancrage dans l’UDPS, dopé par ce réseau familial, en font un pilier aussi discret qu’incontournable. Dans un Congo en quête de modernité numérique, il trace son chemin, porté par l’héritage et les alliances.

Irène Esambo Diata : la voix des vulnérables

Irène Esambo Diata émerge à Kinshasa dans un milieu marqué par un engagement pour la justice sociale. Juriste de formation, elle se distingue par son dévouement aux droits humains, notamment en faveur des plus fragiles. Avant 2019, elle n’occupe pas de mandat électoral, mais son parcours au sein de l’UDPS et son militantisme pour l’inclusion lui ouvrent les portes du pouvoir. Sa nomination reflète une intention de Tshisekedi de mettre en avant des figures sensibles aux questions sociales, une touche d’humanité dans un gouvernement souvent dominé par des portefeuilles économiques.

Dès 2019, sous Ilunga Ilunkamba, elle devient ministre déléguée auprès du ministre des Affaires sociales, chargée des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables, un poste qu’elle conserve sous les deux gouvernements de Sama Lukonde. Avec Judith Suminwa, elle reste fidèle à cette mission, toujours en tant que ministre déléguée aux personnes vivant avec handicap. Bien que son rang soit subalterne, sa présence constante dans un domaine aussi sensible témoigne d’une confiance durable et d’un rôle symbolique au sein de l’équipe dirigeante.

Une trajectoire à travers les gouvernements

Leur parcours à travers les gouvernements dessine une fresque de continuité. Sous Ilunga Ilunkamba, Busa Tongba dirige le Commerce extérieur, Paluku prend l’Industrie, Sakombi s’installe aux Affaires foncières, Budimbu débute comme vice-ministre de l’Enseignement, Kibassa Maliba pilote les PTNTIC, et Esambo Diata défend les personnes vulnérables. Avec le premier gouvernement Sama Lukonde, la stabilité prédomine pour la plupart : Busa Tongba reste au Commerce extérieur, Paluku à l’Industrie, Sakombi aux Affaires foncières, Kibassa Maliba aux PTNTIC, Esambo Diata dans son rôle délégué, tandis que Budimbu passe aux Hydrocarbures. Le second mandat de Lukonde confirme cette tendance, les six figures conservant leurs positions respectives.

Sous Judith Suminwa, un remaniement redistribue les cartes : Busa Tongba glisse au Portefeuille, Paluku récupère le Commerce extérieur, Sakombi s’empare des Hydrocarbures, Budimbu se tourne vers les Sports et Loisirs, Kibassa Maliba élargit son mandat aux PTNTIC et Numérique, et Esambo Diata demeure ancrée dans son rôle social. Ce jeu de chaises musicales montre leur capacité à s’adapter tout en restant au cœur du pouvoir.

Les clés d’une longévité exceptionnelle

Qu’est-ce qui explique leur permanence ? La loyauté apparaît comme un fil rouge. Dans un pays où les alliances s’effritent aussi vite qu’elles se nouent, Busa Tongba, Paluku, Sakombi, Budimbu, Kibassa Maliba et Esambo Diata, tous membres de l’union sacrée de la nation, ont soutenu Tshisekedi dès ses premiers pas au sommet. « Ce sont des compagnons de route qui ont cru en lui dès le départ », confie un analyste politique, préférant l’anonymat. Cette fidélité semble avoir scellé une relation de confiance difficile à ébranler.

Leur expertise joue un rôle tout aussi crucial. Busa Tongba, avec son passé à la SNEL et son expérience parlementaire, maîtrise les enjeux économiques et politiques. Paluku, fort de ses années comme gouverneur dans une province sensible, apporte une vision pragmatique. Sakombi, héritier d’une tradition politique et rompu aux médias, excelle dans les dossiers complexes. Budimbu, juriste, conjugue rigueur et ambition. Kibassa Maliba, technicien des télécommunications, s’impose dans un secteur en pleine mutation. Esambo Diata, avec sa sensibilité juridique et sociale, incarne une constance dans les questions humanitaires. « Félix s’entoure de gens qui savent faire tourner la machine », glisse un ancien ministre, soulignant leur importance dans une administration parfois critiquée pour son improvisation.

Leur ancrage local renforce leur position. Paluku, élu deux fois député et ex-gouverneur, domine le Nord-Kivu. Busa Tongba reste influent dans le grand Équateur. Sakombi, avec son élection en 2024, et Budimbu, député national du kongo Central, incarnent des bastions électoraux précieux. Kibassa Maliba et Esambo Diata, bien que moins visibles électoralement, tirent leur force de leur enracinement dans leur milieux et de leur proximité avec le parti présidentiel. Cette popularité, directe ou indirecte, les rend indispensables pour mobiliser les foules. Aussi, leur capacité à tisser des alliances et à esquiver les scandales les protège des vents contraires.

Une proximité avec Tshisekedi : confiance ou stratégie ?

Leur relation avec Félix Tshisekedi intrigue. Pour certains, ils forment un cercle restreint, un noyau dur qui sécurise le président face aux tensions avec l’opposition et d’anciens alliés comme Joseph Kabila. « Ce sont ses yeux et ses oreilles dans des secteurs clés », avance un observateur. Pour d’autres, c’est un choix stratégique : en s’appuyant sur des figures expérimentées, Tshisekedi stabilise un équilibre fragile au sein de sa majorité.

Cette constance n’échappe pas aux critiques. « Pourquoi toujours les mêmes ? », s’agace un député de l’opposition. « Le président parle d’union nationale, mais recycle des visages familiers. » Une interrogation qui pourrait peser alors que ce nouveau gouvernement se profile à l’horizon.

Des figures pour l’avenir ?

Jean-Lucien Busa Tongba, Julien Paluku Kahongya, Aimé Sakombi Molendo, Didier Budimbu Ntubuanga, Augustin Kibassa Maliba et Irène Esambo Diata ne sont pas de simples silhouettes dans le décor politique congolais. Leurs parcours, de l’Équateur au Nord-Kivu, des médias aux télécommunications, du droit aux vulnérables, témoignent d’une diversité et d’une résilience qui forcent l’admiration. Leur présence continue sous Tshisekedi reflète une confiance profonde, mais aussi une stratégie pour tenir un pays en quête de cohérence. Alors que la RDC entre dans une nouvelle ère avec la perspective du gouvernement d’union nationale, une question flotte dans l’air : jusqu’où ces indéboulonnables accompagneront-ils Félix Tshisekedi ? L’avenir seul apportera une réponse.

Heshima

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Négociations AFC/M23 et Kinshasa : l’ultime chance pour un accord à Doha

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Un dernier round est annoncé à Doha, capitale du Qatar, où le gouvernement congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (AFC/M23) sont en discussion depuis avril 2025. Après des désaccords majeurs entre les délégués de deux camps, un accord peut-il être trouvé avant fin juillet ? L’administration Trump continue de pousser vers un compromis.  

Débutés à Doha le 9 avril 2025, les pourparlers directs entre l’AFC/M23 et le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) reprennent bientôt. Après des négociations en dents de scie, les deux délégations sont à nouveau poussées à la table des discussions par Washington afin de conclure un accord. La grande question reste celle de savoir si les deux parties parviendraient à arrondir les angles pour parvenir à un compromis. Le 3 juillet, lors d’une conférence de presse à Goma, ce groupe armé, qui contrôle de vastes pans de territoires dans l’Est de la RDC dont les villes de Goma et Bukavu, a déclaré qu’il poursuivrait les pourparlers de paix avec Kinshasa entamés à Doha.

Après la signature de l’accord de paix à Washington entre Kinshasa et Kigali, principal soutien de l’AFC/M23, la rébellion se dit prête à négocier aussi avec le gouvernement congolais. Les rebelles estiment que l’accord trouvé aux Etats-Unis concerne uniquement les deux Etats, pas l’AFC/M23. « Ce qui se passe entre la RDC et le Rwanda, c’est entre les deux Etats », a déclaré Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif du M23 et négociateur de la rébellion, lors de la conférence de presse organisée à Goma. « Nos problèmes sont différents de ce qui a été traité à Washington », a-t-il ajouté, soulignant que le M23 souhaitait la signature d’un cessez-le-feu bilatéral avec Kinshasa. Malgré cette volonté affichée par les rebelles, le mouvement brandit toujours des préalables qualifiés de « garantie de bonne foi ». Il s’agit notamment de la demande d’abrogation de la résolution parlementaire interdisant au gouvernement congolais de discuter avec le M23 prise par l’Assemblée nationale en 2022. Dans la foulée, cette rébellion a aussi nié les accusations de balkanisation du pays. « Nous ne sommes pas engagés dans le processus de négociation de Doha afin de faire le lit à la balkanisation. Jamais ! Mais Kinshasa n’a répondu à aucune de nos préconditions malgré plus de 10 gestes de bonne foi démontrés par l’AFC/M23 », a-t-il fait savoir.

D’après lui, le gouvernement négocie tout en positionnant ses troupes, plaçant l’AFC/M23 en ligne de mire : « Un quartier général des FARDC aurait été établi à Bujumbura, capitale du Burundi, dans le but de coordonner des opérations militaires contre les villes de Goma, Bukavu, et d’autres zones sous contrôle de l’AFC-M23 », a-t-il accusé. Il ajoute également que Kinshasa aurait acquis des drones kamikazes, dans l’intention, selon lui, d’attaquer les zones civiles. De son côté, le gouvernement congolais n’a pas répondu à ces accusations. « Les négociations de Doha n’enlèvent en rien le caractère régalien de l’armée ou du gouvernement. », répond par contre une source non officielle mais proche de l’exécutif congolais.       

Une phase décisive à Doha 

Ce nouveau round de pourparlers est une phase « décisive », selon Massad Boulos, conseiller principal de la Maison Blanche en charge de l’Afrique. Boulos insiste sur le fait que Washington est « optimiste mais réaliste », fondant son optimisme sur la bonne volonté des présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda. Il a précisé que l’engagement du chef de l’Etat rwandais concerne explicitement la rébellion de l’AFC/M23. Au Qatar, il certifie qu’il existe déjà un projet d’accord entre Kinshasa et la rébellion. « Un projet d’accord final a été établi et devrait être mis au point lors de la prochaine réunion », a-t-il révélé, évoquant des responsables de haut rang attendus des deux côtés (Rwanda et RDC). Massad Boulos a aussi noté que pour cet ultime round, les représentants dans les discussions seront « des responsables de haut rang de toutes les parties concernées. »

Kagame soutient le processus de Doha

Malgré son ton menaçant lors de sa dernière sortie médiatique, le 4 juillet à Kigali, le président rwandais Paul Kagame a soutenu le processus de Doha, précisant qu’avec celui de Washington, ces processus sont comme « deux faces d’une même pièce ». Selon le dernier rapport du groupe d’experts des Nations-Unies sur la RDC, l’AFC/M23 obéit aux ordres de Kigali. Et pour l’instant, le régime rwandais dit être favorable aux discussions de Doha. Ce qui augure un accord entre Kinshasa et cette rébellion armée et soutenue en hommes par le Rwanda. « Le président Kagame a exprimé son engagement total en faveur de cet accord de paix. Il a exprimé son soutien sans réserve à une issue pacifique au conflit. », rassure également Massad Boulos.   

Si Kigali met la pression sur ses poulains, il est possible d’obtenir un accord en ce mois de juillet 2025. Mais la réussite de ce futur compromis dépend de la pérennité de l’accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda. Le moindre désaccord entre Kinshasa et Kigali peut conduire à la résurgence du M23, qui est perçu comme un épouvantail du Rwanda pour faire chanter Kinshasa.

Heshima

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Est de la RDC : Dans l’ombre des minerais, qui orchestre le chaos ?

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L’Est de la République démocratique du Congo (RDC), région martyre aux richesses convoitées, est un théâtre où se croisent des puissances étrangères aux agendas souvent opaques. La Chine, le Rwanda et les pays occidentaux, chacun à sa manière, façonnent le destin de cette zone stratégique, où l’or, le cobalt, l’étain et le coltan attisent les appétits. Mais derrière les promesses de développement et les discours diplomatiques, qui tire vraiment les ficelles ? À travers des témoignages de terrain et des analyses approfondies, Heshima Magazine décrypte les jeux d’influence qui alimentent l’instabilité dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

L’emprise chinoise : un géant économique aux ambitions discrètes

La Chine s’est imposée comme un acteur incontournable dans l’Est de la RDC, principalement à travers ses investissements dans le secteur minier. Le pays, qui contrôle environ 80 % de la production mondiale de cobalt, essentiel pour les batteries des technologies modernes, a fait de la RDC un pilier de sa stratégie mondiale. Selon un rapport de la Carnegie Endowment for International Peace publié le 15 mars 2025, les entreprises chinoises comme China Molybdenum Company et Chengtun Mining dominent l’extraction du cobalt et du cuivre dans les provinces orientales. Des accords bilatéraux, tels que le projet Sicomines, promettaient des infrastructures (routes, hôpitaux, écoles) en échange de concessions minières. Pourtant, les bénéfices pour les communautés locales restent maigres.

Dans un village près de Kolwezi, un chef coutumier, confie : « Depuis que les Chinois ont pris la mine, nos terres sont interdites d’accès. On nous promettait des emplois et des routes, mais nos jeunes travaillent dans des conditions dangereuses pour des salaires misérables. » Les critiques pointent également le manque de transparence dans ces accords. Un article de Jeune Afrique du 10 février 2025 affirme que la renégociation de Sicomines, censée corriger les déséquilibres, a surtout profité aux élites congolaises et aux partenaires chinois, laissant les populations locales à l’écart.

Au-delà de l’économie, la présence chinoise a des implications sécuritaires indirectes. Les sites miniers, protégés par l’armée congolaise, deviennent des zones de tension, où des milices locales s’opposent parfois à l’exploitation étrangère. Un ancien officier de l’armée, sous couvert d’anonymat, explique : « Les Chinois ne portent pas d’armes, mais leur argent influence les décisions. Nos soldats sont déployés pour protéger leurs mines, pas nos villages. » Cette dynamique, souligne un rapport du Council on Foreign Relations de mars 2025, renforce la dépendance économique de la RDC tout en alimentant des ressentiments locaux, qui exacerbent l’instabilité.

Le Rwanda : une ombre persistante sur la frontière

L’implication du Rwanda dans l’Est de la RDC reste l’un des sujets les plus controversés de la région. Depuis des décennies, Kigali est accusé de soutenir des groupes armés, notamment le M23, pour défendre ses intérêts économiques et sécuritaires. Un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies de décembre 2023 note que le M23, actif dans le Nord et Sud-Kivu, bénéficie d’un appui logistique sophistiqué de la part du Rwanda. Cette accusation a ravivé les tensions diplomatiques, culminant avec la prise de Goma en janvier 2025 et de Bukavu le mois suivant par le M23.

Les motivations du Rwanda sont multiples. Ces régions de la RDC, riche en coltan, représentent une manne économique considérable. Selon plusieurs rapports, le M23 contrôle des zones minières comme Rubaya, générant environ 800 000 dollars par mois grâce au commerce illicite. Un habitant de Rutshuru, Furaha, témoigne : « Nous avons vu des hommes armés, certains parlant kinyarwanda, contrôler les routes vers les mines. Nos champs sont abandonnés, nos familles fuient. » Ces incursions, qui sont des violations territoriales de la RDC et des lois internationales, attisent les tensions entre Kinshasa et Kigali.

Un expert en sécurité basé à Bukavu, préférant rester anonyme, analyse : « Le Rwanda utilise le M23 comme un levier pour maintenir son influence économique et politique. C’est une stratégie de déstabilisation calculée, mais Kigali sait jouer la carte de la diplomatie pour éviter des sanctions trop lourdes. » Malgré les démentis officiels de Kigali en début de la résurgence du M23, de nombreux rapports de terrain et des experts des Nations-Unies, confirment la présence non seulement de matériel militaire rwandais dans les zones contrôlées par le M23 mais aussi des officiers et militaires rwandais. Cette forte implication prolonge un cycle de violence qui a déplacé plus de 5 millions de personnes à ce jour.

L’Occident : entre diplomatie, sanctions et intérêts cachés

Les pays occidentaux, notamment les États-Unis, la France, la Belgique et l’Union européenne, jouent un rôle complexe dans l’Est de la RDC. Héritiers d’une histoire coloniale lourde, ils influencent la région par des canaux diplomatiques, militaires et économiques. Face à l’implication manifeste du Rwanda, l’Union européenne a sanctionné en mars 2025 neuf responsables du M23 et des officiers rwandais, dont le commandant de la 3ᵉ division Eugène Nkubito. Les États-Unis ont ciblé en février le ministre rwandais James Kabarebe et le porte-parole du M23 Lawrence Kanyuka, gelant leurs actifs sur le sol américain. La Belgique, après avoir poussé aux sanctions européennes, s’est vue rétorquer par Kigali une rupture des relations diplomatiques. Ces mesures s’ajoutent à leur soutien à Kinshasa via des programmes d’aide et des pressions diplomatiques, tout en surveillant l’expansion chinoise.

Pourtant, les motivations occidentales ne sont pas dénuées d’intérêts économiques. Un rapport du Center for Strategic and International Studies (CSIS) publié en janvier 2025 souligne que les États-Unis cherchent à sécuriser leur accès aux minerais stratégiques, en concurrence directe avec la Chine. La France et la Belgique, bien que moins dominantes, maintiennent des investissements dans le secteur minier et des projets d’infrastructures. Un diplomate occidental à Kinshasa, sous couvert d’anonymat, confie à Heshima Magazine : « Nous voulons stabiliser la région, mais nos entreprises ont besoin d’un accès direct aux ressources. C’est un équilibre difficile. »

Les voix du terrain : un peuple pris en otage

Les influences étrangères, qu’elles viennent de Pékin, Kigali ou Bruxelles, ont un impact dévastateur sur les populations de l’Est de la RDC. Les violences liées au M23 et à d’autres milices soutenus par certains États voisins et des multinationales, ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.

Les communautés locales dénoncent également l’exploitation des ressources. Près d’une mine chinoise dans le Sud-Kivu, un chef de village, Bahati, témoigne : « Les routes en terre aplanies par les Chinois ne servent qu’au transport du cobalt, pas au développement de notre population. Nos rivières sont empoisonnées par les déchets miniers, et nos enfants se voient voler leur avenir. » De même, les tensions avec le Rwanda alimentent un sentiment d’abandon. Un activiste des droits humains à Bukavu, Jean-Paul, insiste : « Tant que le Rwanda soutiendra des groupes comme le M23, nos espoirs de paix resteront vains. Mais les Occidentaux et les Chinois doivent aussi cesser de piller nos richesses en utilisant le Rwanda comme bras armé. »

Vers un fragile espoir de paix ?

Alors que les puissances étrangères continuent de façonner l’Est de la RDC, des initiatives diplomatiques émergent. Un accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des américains a été signé le 27 juin 2025. Ce qui pourrait apaiser les tensions frontalières. Cependant, les experts restent sceptiques. Un analyste de Crisis Group, cité dans un rapport de mai 2025, avertit : « Sans une réforme de la gouvernance des ressources et une pression internationale concertée, ces accords risquent de n’être que des pansements sur une plaie profonde. »

L’Est de la RDC demeure un échiquier géopolitique où la Chine, le Rwanda et les pays occidentaux jouent leurs cartes, souvent au détriment des populations locales. Pour que la région retrouve la stabilité, il faudra plus qu’un accord diplomatique : une véritable volonté de placer les Congolais au centre des décisions, loin des appétits étrangers. Comme le résume un commerçant de Rutshuru : « Nos minerais sont une bénédiction et une malédiction. Tant que les puissances étrangères tireront les ficelles, notre paix restera un mirage. »

Heshima Magazine

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Du papier aux projecteurs : HESHIMA ouvre la scène aux artistes congolais  

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Depuis plusieurs années, HESHIMA Magazine valorise les parcours inspirants des politiciens, économistes, bâtisseurs, artistes, entrepreneurs et penseurs congolais à travers des portraits documentés et dossiers spéciaux.

Aujourd’hui, cette vision prend un nouveau souffle. HESHIMA passe de la plume à la scène, et ouvre un espace inédit d’expression et de révélation avec le lancement de HESHIMA Talent — une télé-réalité musicale inédite, mais surtout, la porte d’entrée vers le tout nouveau label HESHIMA Music Group.

Pour ce faire, HESHIMA annonce la première édition du concours de musique intitulé « Heshima Talent » qui démarre du 1er  au 15 Juillet 2025.

HESHIMA Talent : du média au label, un projet de transmission et d’élévation

HESHIMA Talent est bien plus qu’une émission musicale. C’est une plateforme de détection des artistes de demain, un média vivant, et surtout le canal de lancement officiel du label HESHIMA.

Créé pour propulser les jeunes talents congolais sur le devant de la scène, le label HESHIMA incarne la volonté de professionnaliser et structurer l’industrie musicale locale, avec une vision moderne, ancrée dans la culture urbaine et les valeurs panafricaines.

Le casting HESHIMA Talent est donc une opportunité unique : celle de faire partie de la première génération d’artistes accompagnés par le label HESHIMA.

Cet événement sans précédent au regard de son format vise à promouvoir les jeunes talents musicaux à travers la République démocratique du Congo et sa diaspora en trasformant des destins dans ce secteur. Les candidats intéressés sont appelés à postuler en ligne du 1er au 15 juillet 2025. Ce concours, ouvert aux artistes amateurs et semi-professionnels entre 14 et 33 ans, se veut une vitrine de la richesse musicale congolaise, centrée sur divers styles.

Le label HESHIMA : produire, encadrer, faire rayonner

À l’issue du programme, le/la gagnant(e) de HESHIMA Talent bénéficiera d’un contrat de production complet au sein du label HESHIMA : enregistrement, clip, accompagnement artistique, stratégie image et distribution, une tournée nationale et internationale.

Mais au-delà du gagnant, le label HESHIMA souhaite constituer une véritable pépinière de talents, incluant aussi des profils issus de la diaspora, afin de faire rayonner la musique congolaise au-delà des frontières.

Une vision 360°, fidèle à l’ADN HESHIMA

Du magazine au label, HESHIMA suit une seule ligne : valoriser ce que le Congo a de meilleur.

Après avoir mis en avant les décideurs, les créateurs, les bâtisseurs, il est temps de révéler ceux qui font vibrer le pays à travers la musique.

HESHIMA Talent est donc la continuité naturelle de cette mission, mais aussi un acte fondateur pour ce qui devient aujourd’hui une marque culturelle à part entière.

Comment participer ?

1. Suivre @heshima_mag et @heshima_talent2025 sur Instagram, TikTok, Facebook.

2. Envoyer une vidéo a cappella (prénom + ville + âge) à : 📱 WhatsApp : +243 81 081 82 83

📧 Email : info@heshimardc.net.com

3. Attendre la réponse du comité. Si présélectionné(e), une date pour se présenter au casting final à Kinshasa sera communiquée.

Clôture des candidatures vidéos (RDC + diaspora) : 15 juillet 2025.

Les artistes vont être sélectionnés par des coachs vocaux et les différentes primes connaîtront la participation des grands noms de la musique congolaise. Ces primes seront également diffusées en ligne (YouTube, TikTok Live, Facebook Watch) avec une large couverture assurée par des chaînes de télévision congolaises. Cet événement, haut en couleur, consacrera également le lancement officiel du label « HESHIMA MUSIC GROUP » (HMG).

Un appel aux sponsors et partenaires engagés pour la culture

HESHIMA Talent est plus qu’un programme télévisé : c’est un projet culturel, social et entrepreneurial. Il vise à valoriser les talents congolais, à promouvoir une image positive de la jeunesse et à renforcer les industries créatives locales.

Nous lançons un appel à tous les partenaires, marques, institutions ou mécènes désireux de s’associer à une initiative porteuse de sens, d’impact et de visibilité.

Sponsoring, co-branding, soutien logistique, dotations ou diffusion : toutes les formes de partenariat sont les bienvenues.

En rejoignant l’aventure HESHIMA Talent, vous vous associez à une vision moderne, panafricaine et ambitieuse du divertissement culturel.

Contact partenariat : info@heshimardc.net| 📱 WhatsApp : +243 81 0818283

📌 Hashtag :

#heshimatalent2025

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