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RDC : Joseph Kabila ou le mythe d’un démocrate
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3 mois agoon
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La redaction
Ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila a été perçu souvent comme une énigme de la vie politique congolaise. Si d’aucuns considéraient à juste titre son engagement en faveur de la démocratie depuis la réunification du pays en 2003 jusqu’à l’alternance pacifique en 2019, sa posture face à l’agression rwandaise en cours et ses récentes prises de position semblent bien déconstruire ce mythe de démocrate. Entre ses silences calculés, ses alliances troubles et ses critiques acerbes contre son successeur, l’homme semble décidé à reconquérir le pouvoir, coûte que coûte. Analyse !
À 47 ans, en 2019, Joseph Kabila était encore fougueux et plein d’énergie. Mais l’homme était un peu obligé de passer la main. Il venait de dépasser largement son bail au Palais de la Nation. Il avait réussi à obtenir une prolongation de deux ans après la fin officielle de son second mandat en 2016, un tour de passe-passe qui avait mis le feu aux poudres. Avant ces deux années de sursis, Joseph Kabila avait subi une pression intense de la part de l’Église catholique, de l’opposition et de la société civile. Plusieurs martyrs ont laissé leurs vies dans ce combat citoyen : Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala à Kinshasa, Éric Boloko à Mbandaka, sans oublier les dizaines de morts lors des manifestations réprimées dans le sang entre 2015 et 2018. Tous furent des sacrifices pour forcer la main à un homme qui, visiblement, n’avait aucune intention de lâcher les rênes du pouvoir sans y être contraint.
Pendant ce temps, dans sa boîte à stratégies, le Raïs n’avait plus assez de subterfuges. Il fut obligé d’affronter la réalité : organiser des scrutins et passer le témoin à un autre chef d’État. Habitué au pouvoir depuis janvier 2001, lorsqu’il succéda à son père assassiné, Laurent-Désiré Kabila, l’homme eut beaucoup de difficultés à se choisir un dauphin. Pendant que la presse et ses proches se creusaient la tête pour deviner son choix, il surprit une fois de plus l’opinion en sortant de sa cape de magicien un nom inattendu et controversé : Emmanuel Ramazani Shadary. Face à la vague portée par Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, l’élection pencha finalement en faveur de l’opposition. Mais le scrutin, entaché de soupçons de fraude, portait déjà les germes d’un arrangement. La veille de la passation du pouvoir à Félix Tshisekedi, Joseph Kabila assura dans un message télévisé : « Je vais passer la main sans regret ni remords ». En disant cela, celui que certains avaient surnommé « le maître du temps » savait que son accord avec Tshisekedi – un partage tacite du pouvoir – lui permettrait de garder un pied dans la porte. Pour la cosmétique, des affiches à sa gloire fusaient de partout où on pouvait lire : « Le père de la démocratie congolaise ». Certains de ses partisans ne faisaient même plus mystère de ses intentions cachées : « Un stratège qui recule pour mieux sauter ».
Une rupture qui met fin au mythe
Depuis 2021, année de la rupture de la coalition FCC-CACH, celui qui avait déclaré quitter ses fonctions « sans regret ni remords » semblait avoir déjà commencé à regretter son départ du pouvoir. Ou du moins, regretté d’avoir passé la main à Félix Tshisekedi, qui mit fin à leur alliance en décembre 2020, annonçant vouloir gouverner seul. Les événements qui ont suivi cette rupture sont riches en enseignements. Dès 2021, moins d’une année après la rupture de la coalition CACH_FCC, le M23 refait surface depuis les hauteurs de Sarambwe, une localité congolaise dans le parc des Virunga jouxtant la Bwindi Impenetrable National Park en Ouganda. À ce moment, Joseph Kabila réside encore au pays, séjournant tantôt à Kingakati ou à Kashamata, ses fermes situées à Kinshasa et dans le Haut-Katanga. Jusque-là, aucun soupçon ne pèse officiellement sur lui. Mais en décembre 2023, Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sous Kabila, crée sa rébellion depuis Nairobi et fait jonction avec le M23, qui s’empare de Bunagana et d’autres localités de l’est. Le mois suivant, en janvier 2024, le Raïs quitte le pays « en catimini », selon les mots d’Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel. Plus tard, Jean-Pierre Bemba posera la question à la foule dans un meeting : « Savez-vous pourquoi il a quitté le pays en secret ? C’est parce que nous avons aperçu sa main dans ces histoires ». Bien avant Bemba, Félix Tshisekedi l’avait dit depuis Bruxelles, où il était en convalescence en août 2024 : « L’AFC, c’est lui [Kabila] ».
Au départ, peu de Congolais prêtèrent foi à ces dénonciations. Mais en février 2025, une tribune signée de la main de Joseph Kabila, publiée dans le journal sud-africain Sunday Times, vint scandaliser l’opinion congolaise. Dans cette sortie médiatique, Kabila s’en prend à l’Afrique du Sud, qui soutient militairement la RDC face au M23, déplorant la mort de 14 soldats sud-africains en janvier 2025 comme un « gaspillage » pour soutenir un « régime tyrannique ». Plus troublant encore, il minimise le rôle du M23, affirmant que les troubles dans l’est sont dus à la mauvaise gouvernance de Tshisekedi et non à une rébellion orchestrée. Pour lui, le M23 « n’est ni un groupe anarchiste ni un proxy du Rwanda », mais un mouvement aux « revendications légitimes ». Cette prise de position publique, loin de son silence habituel, marque un tournant : l’homme ne se contente plus de l’ombre, il prépare le terrain.
Une logique d’insurrection ?
Alors qu’il se couvrait jadis d’une image de père de la démocratie, Joseph Kabila et ses partisans semblent désormais lancés dans une reconquête du pouvoir par la force. Une partie de l’opinion pense que l’ex-Raïs est dans une logique d’insurrection pour renverser militairement Félix Tshisekedi. Le soutien militaire de l’Afrique du Sud, qui dérange visiblement ce projet, devient une cible de ses critiques. « Le monde observe attentivement si l’Afrique du Sud – connue pour son humanisme et ses valeurs – continuera d’envoyer des troupes en RDC pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais », avait conclu Kabila dans sa tribune. Ces mots, soigneusement choisis, trahissent une volonté de délégitimer Tshisekedi tout en se posant en défenseur du peuple – une posture qui contraste avec les accusations portées contre lui.
Depuis début 2024, Kabila est absent du pays, poursuivant officiellement un doctorat en relations internationales à l’Université de Johannesburg. Mais son silence et son éloignement alimentent les spéculations. En avril 2024, sa femme, Olive Lembe Kabila, lors d’une visite à Goma, prie publiquement pour son retour, laissant entendre que ses ambitions restent intactes. En mars 2025, un bateau lui appartenant est bloqué sur le lac Tanganyika, soupçonné de transporter des armes pour des groupes alliés au M23, bien que son ancien chef de cabinet, Nehemie Mwilanya, démente ces allégations faute de preuves concrètes. Pendant ce temps, des anciens proches, comme Adam Chalwe, Henri Magie, … sont aperçus aux côtés de Corneille Nangaa lors de réunions du M23, renforçant les soupçons d’une implication de son parti le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) dans l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire incluant le M23.
L’homme sillonne certaines capitales où se concoctent parfois des projets contre la RDC, notamment à Nairobi, où l’AFC a vu le jour. Des informations non vérifiées évoquent aussi un séjour à Kampala, en Ouganda. Dans un tweet effacé, Muhoozi Kainerugaba, fils de Yoweri Museveni et chef de l’armée ougandaise, qualifie Kabila de « grand frère », ajoutant : « Je peux à nouveau travailler avec lui », alors qu’il menace de prendre le contrôle de Kisangani. Plus inattendu encore, en décembre 2024, Kabila rencontre à Addis-Abeba des figures de l’opposition comme Moise Katumbi et Claudel Lubaya, suggérant une tentative de rallier des forces politiques contre Tshisekedi, au-delà des accusations de soutien aux rebelles. Ces manœuvres multiples – militaires, diplomatiques et politiques – dessinent le portrait d’un stratège prêt à tout pour revenir au pouvoir.
Un démocrate de façade
Si Joseph Kabila a réussi à construire un mythe de démocrate grâce à son ouverture à l’opposition armée en 2003 (RCD, MLC, RCD/K-ML…) après avoir pris le pouvoir en 2001, l’organisation des premières élections générales et pluralistes en 2006, puis le cycle de 2011, sa posture après la perte de contrôle en 2021 démontre le contraire. Même avant 2019, « le père de la démocratie congolaise » avait montré qu’il n’avait pas quitté le Palais de la Nation de son plein gré. Les manifestations réprimées dans le sang – en janvier 2015 (au moins 42 morts), septembre 2016 (17 morts), décembre 2017 et février 2018 – témoignaient déjà d’une volonté farouche de s’accrocher au pouvoir. Son choix de Shadary comme dauphin en 2018, un homme controversé, trahissait une tentative désespérée de garder la mainmise sur le jeu politique.
Aujourd’hui, à 53 ans, Kabila qualifie l’alternance et son soutien à Tshisekedi d’« erreur de la vie », ajoutant qu’il est « plus fort maintenant grâce à ces erreurs ». Cette confession, glissée dans une interview récente, révèle un homme qui n’a jamais digéré son départ. Sa défense implicite du M23, ses liens présumés avec l’AFC et ses critiques publiques contre Tshisekedi dessinent une ambition claire : reprendre le pouvoir, d’une façon ou d’une autre. Le démocrate tant vanté par ses partisans n’est plus qu’un mirage, remplacé par un stratège prêt à plonger la RDC dans le chaos pour assouvir ses desseins. Face à l’agression rwandaise et aux troubles dans l’est, son silence complice – voire sa participation active – achève de déconstruire ce mythe. À 53 ans, Joseph Kabila tient à revenir, à tout prix !
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Est de la RDC : Dans l’ombre des minerais, qui orchestre le chaos ?
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8 heures agoon
juillet 7, 2025By
La redaction
L’Est de la République démocratique du Congo (RDC), région martyre aux richesses convoitées, est un théâtre où se croisent des puissances étrangères aux agendas souvent opaques. La Chine, le Rwanda et les pays occidentaux, chacun à sa manière, façonnent le destin de cette zone stratégique, où l’or, le cobalt, l’étain et le coltan attisent les appétits. Mais derrière les promesses de développement et les discours diplomatiques, qui tire vraiment les ficelles ? À travers des témoignages de terrain et des analyses approfondies, Heshima Magazine décrypte les jeux d’influence qui alimentent l’instabilité dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
L’emprise chinoise : un géant économique aux ambitions discrètes
La Chine s’est imposée comme un acteur incontournable dans l’Est de la RDC, principalement à travers ses investissements dans le secteur minier. Le pays, qui contrôle environ 80 % de la production mondiale de cobalt, essentiel pour les batteries des technologies modernes, a fait de la RDC un pilier de sa stratégie mondiale. Selon un rapport de la Carnegie Endowment for International Peace publié le 15 mars 2025, les entreprises chinoises comme China Molybdenum Company et Chengtun Mining dominent l’extraction du cobalt et du cuivre dans les provinces orientales. Des accords bilatéraux, tels que le projet Sicomines, promettaient des infrastructures (routes, hôpitaux, écoles) en échange de concessions minières. Pourtant, les bénéfices pour les communautés locales restent maigres.
Dans un village près de Kolwezi, un chef coutumier, confie : « Depuis que les Chinois ont pris la mine, nos terres sont interdites d’accès. On nous promettait des emplois et des routes, mais nos jeunes travaillent dans des conditions dangereuses pour des salaires misérables. » Les critiques pointent également le manque de transparence dans ces accords. Un article de Jeune Afrique du 10 février 2025 affirme que la renégociation de Sicomines, censée corriger les déséquilibres, a surtout profité aux élites congolaises et aux partenaires chinois, laissant les populations locales à l’écart.
Au-delà de l’économie, la présence chinoise a des implications sécuritaires indirectes. Les sites miniers, protégés par l’armée congolaise, deviennent des zones de tension, où des milices locales s’opposent parfois à l’exploitation étrangère. Un ancien officier de l’armée, sous couvert d’anonymat, explique : « Les Chinois ne portent pas d’armes, mais leur argent influence les décisions. Nos soldats sont déployés pour protéger leurs mines, pas nos villages. » Cette dynamique, souligne un rapport du Council on Foreign Relations de mars 2025, renforce la dépendance économique de la RDC tout en alimentant des ressentiments locaux, qui exacerbent l’instabilité.
Le Rwanda : une ombre persistante sur la frontière
L’implication du Rwanda dans l’Est de la RDC reste l’un des sujets les plus controversés de la région. Depuis des décennies, Kigali est accusé de soutenir des groupes armés, notamment le M23, pour défendre ses intérêts économiques et sécuritaires. Un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies de décembre 2023 note que le M23, actif dans le Nord et Sud-Kivu, bénéficie d’un appui logistique sophistiqué de la part du Rwanda. Cette accusation a ravivé les tensions diplomatiques, culminant avec la prise de Goma en janvier 2025 et de Bukavu le mois suivant par le M23.
Les motivations du Rwanda sont multiples. Ces régions de la RDC, riche en coltan, représentent une manne économique considérable. Selon plusieurs rapports, le M23 contrôle des zones minières comme Rubaya, générant environ 800 000 dollars par mois grâce au commerce illicite. Un habitant de Rutshuru, Furaha, témoigne : « Nous avons vu des hommes armés, certains parlant kinyarwanda, contrôler les routes vers les mines. Nos champs sont abandonnés, nos familles fuient. » Ces incursions, qui sont des violations territoriales de la RDC et des lois internationales, attisent les tensions entre Kinshasa et Kigali.
Un expert en sécurité basé à Bukavu, préférant rester anonyme, analyse : « Le Rwanda utilise le M23 comme un levier pour maintenir son influence économique et politique. C’est une stratégie de déstabilisation calculée, mais Kigali sait jouer la carte de la diplomatie pour éviter des sanctions trop lourdes. » Malgré les démentis officiels de Kigali en début de la résurgence du M23, de nombreux rapports de terrain et des experts des Nations-Unies, confirment la présence non seulement de matériel militaire rwandais dans les zones contrôlées par le M23 mais aussi des officiers et militaires rwandais. Cette forte implication prolonge un cycle de violence qui a déplacé plus de 5 millions de personnes à ce jour.
L’Occident : entre diplomatie, sanctions et intérêts cachés
Les pays occidentaux, notamment les États-Unis, la France, la Belgique et l’Union européenne, jouent un rôle complexe dans l’Est de la RDC. Héritiers d’une histoire coloniale lourde, ils influencent la région par des canaux diplomatiques, militaires et économiques. Face à l’implication manifeste du Rwanda, l’Union européenne a sanctionné en mars 2025 neuf responsables du M23 et des officiers rwandais, dont le commandant de la 3ᵉ division Eugène Nkubito. Les États-Unis ont ciblé en février le ministre rwandais James Kabarebe et le porte-parole du M23 Lawrence Kanyuka, gelant leurs actifs sur le sol américain. La Belgique, après avoir poussé aux sanctions européennes, s’est vue rétorquer par Kigali une rupture des relations diplomatiques. Ces mesures s’ajoutent à leur soutien à Kinshasa via des programmes d’aide et des pressions diplomatiques, tout en surveillant l’expansion chinoise.
Pourtant, les motivations occidentales ne sont pas dénuées d’intérêts économiques. Un rapport du Center for Strategic and International Studies (CSIS) publié en janvier 2025 souligne que les États-Unis cherchent à sécuriser leur accès aux minerais stratégiques, en concurrence directe avec la Chine. La France et la Belgique, bien que moins dominantes, maintiennent des investissements dans le secteur minier et des projets d’infrastructures. Un diplomate occidental à Kinshasa, sous couvert d’anonymat, confie à Heshima Magazine : « Nous voulons stabiliser la région, mais nos entreprises ont besoin d’un accès direct aux ressources. C’est un équilibre difficile. »
Les voix du terrain : un peuple pris en otage
Les influences étrangères, qu’elles viennent de Pékin, Kigali ou Bruxelles, ont un impact dévastateur sur les populations de l’Est de la RDC. Les violences liées au M23 et à d’autres milices soutenus par certains États voisins et des multinationales, ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.
Les communautés locales dénoncent également l’exploitation des ressources. Près d’une mine chinoise dans le Sud-Kivu, un chef de village, Bahati, témoigne : « Les routes en terre aplanies par les Chinois ne servent qu’au transport du cobalt, pas au développement de notre population. Nos rivières sont empoisonnées par les déchets miniers, et nos enfants se voient voler leur avenir. » De même, les tensions avec le Rwanda alimentent un sentiment d’abandon. Un activiste des droits humains à Bukavu, Jean-Paul, insiste : « Tant que le Rwanda soutiendra des groupes comme le M23, nos espoirs de paix resteront vains. Mais les Occidentaux et les Chinois doivent aussi cesser de piller nos richesses en utilisant le Rwanda comme bras armé. »
Vers un fragile espoir de paix ?
Alors que les puissances étrangères continuent de façonner l’Est de la RDC, des initiatives diplomatiques émergent. Un accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des américains a été signé le 27 juin 2025. Ce qui pourrait apaiser les tensions frontalières. Cependant, les experts restent sceptiques. Un analyste de Crisis Group, cité dans un rapport de mai 2025, avertit : « Sans une réforme de la gouvernance des ressources et une pression internationale concertée, ces accords risquent de n’être que des pansements sur une plaie profonde. »
L’Est de la RDC demeure un échiquier géopolitique où la Chine, le Rwanda et les pays occidentaux jouent leurs cartes, souvent au détriment des populations locales. Pour que la région retrouve la stabilité, il faudra plus qu’un accord diplomatique : une véritable volonté de placer les Congolais au centre des décisions, loin des appétits étrangers. Comme le résume un commerçant de Rutshuru : « Nos minerais sont une bénédiction et une malédiction. Tant que les puissances étrangères tireront les ficelles, notre paix restera un mirage. »
Heshima Magazine
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Du papier aux projecteurs : HESHIMA ouvre la scène aux artistes congolais
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6 jours agoon
juillet 1, 2025By
La redaction
Depuis plusieurs années, HESHIMA Magazine valorise les parcours inspirants des politiciens, économistes, bâtisseurs, artistes, entrepreneurs et penseurs congolais à travers des portraits documentés et dossiers spéciaux.
Aujourd’hui, cette vision prend un nouveau souffle. HESHIMA passe de la plume à la scène, et ouvre un espace inédit d’expression et de révélation avec le lancement de HESHIMA Talent — une télé-réalité musicale inédite, mais surtout, la porte d’entrée vers le tout nouveau label HESHIMA Music Group.
Pour ce faire, HESHIMA annonce la première édition du concours de musique intitulé « Heshima Talent » qui démarre du 1er au 15 Juillet 2025.
HESHIMA Talent : du média au label, un projet de transmission et d’élévation
HESHIMA Talent est bien plus qu’une émission musicale. C’est une plateforme de détection des artistes de demain, un média vivant, et surtout le canal de lancement officiel du label HESHIMA.
Créé pour propulser les jeunes talents congolais sur le devant de la scène, le label HESHIMA incarne la volonté de professionnaliser et structurer l’industrie musicale locale, avec une vision moderne, ancrée dans la culture urbaine et les valeurs panafricaines.
Le casting HESHIMA Talent est donc une opportunité unique : celle de faire partie de la première génération d’artistes accompagnés par le label HESHIMA.
Cet événement sans précédent au regard de son format vise à promouvoir les jeunes talents musicaux à travers la République démocratique du Congo et sa diaspora en trasformant des destins dans ce secteur. Les candidats intéressés sont appelés à postuler en ligne du 1er au 15 juillet 2025. Ce concours, ouvert aux artistes amateurs et semi-professionnels entre 14 et 33 ans, se veut une vitrine de la richesse musicale congolaise, centrée sur divers styles.
Le label HESHIMA : produire, encadrer, faire rayonner
À l’issue du programme, le/la gagnant(e) de HESHIMA Talent bénéficiera d’un contrat de production complet au sein du label HESHIMA : enregistrement, clip, accompagnement artistique, stratégie image et distribution, une tournée nationale et internationale.
Mais au-delà du gagnant, le label HESHIMA souhaite constituer une véritable pépinière de talents, incluant aussi des profils issus de la diaspora, afin de faire rayonner la musique congolaise au-delà des frontières.
Une vision 360°, fidèle à l’ADN HESHIMA
Du magazine au label, HESHIMA suit une seule ligne : valoriser ce que le Congo a de meilleur.
Après avoir mis en avant les décideurs, les créateurs, les bâtisseurs, il est temps de révéler ceux qui font vibrer le pays à travers la musique.
HESHIMA Talent est donc la continuité naturelle de cette mission, mais aussi un acte fondateur pour ce qui devient aujourd’hui une marque culturelle à part entière.
Comment participer ?
1. Suivre @heshima_mag et @heshima_talent2025 sur Instagram, TikTok, Facebook.
2. Envoyer une vidéo a cappella (prénom + ville + âge) à : 📱 WhatsApp : +243 81 081 82 83
📧 Email : info@heshimardc.net.com
3. Attendre la réponse du comité. Si présélectionné(e), une date pour se présenter au casting final à Kinshasa sera communiquée.
Clôture des candidatures vidéos (RDC + diaspora) : 15 juillet 2025.
Les artistes vont être sélectionnés par des coachs vocaux et les différentes primes connaîtront la participation des grands noms de la musique congolaise. Ces primes seront également diffusées en ligne (YouTube, TikTok Live, Facebook Watch) avec une large couverture assurée par des chaînes de télévision congolaises. Cet événement, haut en couleur, consacrera également le lancement officiel du label « HESHIMA MUSIC GROUP » (HMG).
Un appel aux sponsors et partenaires engagés pour la culture
HESHIMA Talent est plus qu’un programme télévisé : c’est un projet culturel, social et entrepreneurial. Il vise à valoriser les talents congolais, à promouvoir une image positive de la jeunesse et à renforcer les industries créatives locales.
Nous lançons un appel à tous les partenaires, marques, institutions ou mécènes désireux de s’associer à une initiative porteuse de sens, d’impact et de visibilité.
Sponsoring, co-branding, soutien logistique, dotations ou diffusion : toutes les formes de partenariat sont les bienvenues.
En rejoignant l’aventure HESHIMA Talent, vous vous associez à une vision moderne, panafricaine et ambitieuse du divertissement culturel.
Contact partenariat : info@heshimardc.net| 📱 WhatsApp : +243 81 0818283
📌 Hashtag :
#heshimatalent2025
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Polémique en RDC : les mandats des juges de la Cour constitutionnelle sont-ils illégaux ?
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7 jours agoon
juin 30, 2025By
La redaction
En République démocratique du Congo (RDC), la Cour constitutionnelle, instituée par la Constitution du 18 février 2006, est au cœur d’une controverse persistante qui menace son rôle de gardienne de l’État de droit. Chargée de veiller à la conformité des lois, de trancher les contentieux électoraux et de résoudre les conflits entre institutions, cette juridiction suprême est essentielle à la stabilité démocratique du pays. Pourtant, depuis son installation officielle le 4 avril 2015, elle fait face à des accusations récurrentes de politisation, alimentées par des irrégularités présumées dans la nomination et le renouvellement de ses juges. En 2025, la polémique s’intensifie autour de la légalité des mandats des juges actuellement en place, suscitant des débats sur leur légitimité et l’indépendance de l’institution.
La Constitution de 2006, dans son article 157, établit la Cour constitutionnelle comme la plus haute autorité en matière de contrôle constitutionnel. Selon l’article 158 et la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013, la Cour est composée de neuf juges nommés par le Président de la République : trois sur son initiative, trois désignés par le Parlement réuni en congrès, et trois par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Deux tiers des membres doivent être des juristes issus de la magistrature, du barreau ou de l’enseignement universitaire, avec au moins 15 ans d’expérience professionnelle. Les juges bénéficient d’un mandat de neuf ans non renouvelable, avec un renouvellement par tiers tous les trois ans. Pour les membres initiaux, les deux premiers renouvellements (2018 et 2021) devaient se faire par tirage au sort pour déterminer quels juges quitteraient leur poste après trois, six ou neuf ans.
Le président de la Cour, élu par ses pairs pour un mandat de trois ans renouvelable une fois, est investi par ordonnance présidentielle. La loi impose des incompatibilités strictes : les juges ne peuvent occuper de fonctions gouvernementales, de mandats électifs ou d’activités politiques, bien que l’enseignement supérieur soit autorisé. Ces dispositions visent à garantir l’indépendance et l’impartialité de la Cour, mais leur application a souvent été mise en doute, notamment en raison de nominations perçues comme politiquement motivées.
Les débuts sous Joseph Kabila (2014-2018)
La Cour constitutionnelle a été officiellement installée le 4 avril 2015, marquant le début de son fonctionnement sous le régime de Joseph Kabila. Une ordonnance présidentielle du 7 juillet 2014 nomme les neuf premiers juges : Vunduawe Te Pemako, Luzolo Bambi, Banyaku Luape, Jean-Louis Esambo, Luamba Bindu, Corneille Wasenda, Funga Molima, Kalonda Kele et Kilomba Ngozi Mala. Selon le cadre légal, le premier renouvellement par tiers devait intervenir en 2018, avec un tirage au sort pour sélectionner un juge par groupe (présidentiel, parlementaire, judiciaire).
En 2018, le renouvellement prévu n’a pas suivi la procédure légale. Au lieu d’un tirage au sort, deux juges, Jean-Louis Esambo et Banyaku Luape, ont démissionné, et un troisième, Kalonda Kele, est décédé. Ces départs ont permis le remplacement de trois juges sans tirage au sort, une pratique critiquée pour son opacité. Le 16 mai 2018, trois nouveaux juges, Norbert Nkulu, François Bokona et Jean Ubulu, ont été nommés afin de combler le vide. Ces nominations, impliquant des figures de la majorité présidentielle de Kabila, ont été contestées par l’opposition et la société civile, qui dénonçaient une politisation de la Cour.
Les tensions sous Félix Tshisekedi (2019-2022)
L’arrivée de Félix Tshisekedi à la présidence en janvier 2019 a exacerbé les tensions autour de la Cour, notamment en raison de la coalition fragile entre sa coalition, Cap pour le changement (CACH), et le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila. En juillet 2020, Tshisekedi a nommé trois nouveaux juges : Dieudonné Kaluba Dibwa, Kalume Yasengo et Dieudonné Kamuleta Badibanga. Ces nominations, réalisées sans consultation préalable avec le FCC, majoritaire au Parlement, ont été dénoncées comme anticonstitutionnelles. Le FCC, dans un communiqué publié par de nombreux médias, a qualifié ces ordonnances de violations graves, accusant Tshisekedi de « haute trahison ».
De plus, deux juges, Noël Kilomba et Jean Ubulu, ont refusé leur mutation à la Cour de cassation, arguant que leur mandat de neuf ans à la Cour constitutionnelle n’était pas terminé. Cette résistance a renforcé les accusations de passage en force de Tshisekedi, le FCC dénonçant l’absence de consultation du CSM. Le procureur général près la Cour constitutionnelle a toutefois défendu la légalité des nominations, affirmant leur conformité à la Constitution, comme rapporté par RFI le 15 octobre 2020.
En 2022, un nouveau renouvellement a eu lieu, avec le remplacement de trois juges : Dieudonné Kaluba Dibwa, Evariste-Prince Funga Mwata Molima et Polycarpe Mongulu, ce dernier étant décédé. Christian Bahati Yuma, Sylvain Lumu Mbaya et Mandza Andia Dieudonné ont été nommés pour les remplacer, après un tirage au sort pour Kaluba et Funga, conformément à la loi. Ce renouvellement, bien que plus conforme aux procédures, a été entaché par des soupçons de corruption, notamment dans l’affaire Bukanga-Lonzo, où Kaluba serait impliqué.
La crise de 2024-2025
En avril 2024, la Cour a atteint neuf ans d’exercice, déclenchant un débat sur la légalité des mandats des juges restants. Selon Radio Okapi, dans un article du 6 avril 2024, certains, dont le Centre des recherches et d’étude sur l’état de droit en Afrique (CREEDA), soutiennent que la Cour est devenue illégitime, car elle n’a pas été renouvelée conformément à l’article 7 de la loi organique, qui exige le remplacement des juges un mois au plus tôt ou une semaine au plus tard avant l’expiration de leur mandat. D’autres, comme l’avocat Willy Wenga, estiment qu’il s’agit d’un renouvellement par tiers, citant trois juges en fin de mandat : Corneille Wasenda, Jean-Paul Mavungu et Norbert Nkulu.
Cependant, cette liste pose problème. Norbert Nkulu, nommé en 2018, devrait rester en fonction jusqu’en 2027, tandis que Corneille Wasenda, membre initial de 2015, aurait dû être remplacé plus tôt si le tirage au sort avait été respecté. L’absence de renouvellement en 2021, qui aurait dû être le deuxième cycle, a créé une confusion sur les mandats. En 2025, la polémique s’est intensifiée avec le report de l’élection du président de la Cour, prévue initialement pour le 20 juin 2025. Dieudonné Kamuleta Badibanga, président depuis 2022, reste en fonction, mais des tensions persistent autour de la composition de la Cour.
Une publication sur le réseau social X d’un internaute (@Daddy Kalubi Mukendi) défend l’idée que chaque juge bénéficie d’un mandat plein de neuf ans, sauf en cas de tirage au sort, de démission ou de décès. Cette position contredit l’interprétation selon laquelle un tirage au sort doit avoir lieu tous les trois ans pour renouveler un tiers des juges, suggérant une divergence dans l’interprétation des textes juridiques.
Les nominations de 2020 : Un point de rupture
Les nominations de 2020 par Tshisekedi ont marqué un tournant dans la crise. Selon une publication du journal La Libre du 21 octobre 2020, ces ordonnances, non contresignées par le Premier ministre de l’époque, issu du FCC, ont été perçues comme un passage en force. La prestation de serment des nouveaux juges, dénoncée comme « du théâtre » par Ferdinand Kambere, Secrétaire général adjoint du parti du président honoraire Joseph Kabila, a accentué les tensions. Cette crise a révélé un conflit profond entre les camps de Tshisekedi et Kabila, chacun cherchant à contrôler une institution clé pour les contentieux électoraux. Cette crise est celle qui a provoquée par la suite la rupture entre CACH et FCC.
Les nominations de 2025 : Une nouvelle polémique
En janvier 2025, la nomination de deux nouveaux juges a relancé la controverse. Selon Tv5 Monde, les autorités ont présenté ces nominations comme un moyen de redresser le système judiciaire, mais l’opposition y voit une tentative de Tshisekedi de consolider son influence en vue d’une éventuelle révision constitutionnelle. Cette perception est renforcée par le report de l’élection du président de la Cour en juin 2025, perçu comme une manœuvre pour maintenir des juges proches du pouvoir en place.
Points de vue des experts
Les experts juridiques congolais sont divisés sur la question. Me Jean-Pierre Makasu déclare : « La Cour constitutionnelle est devenue un outil au service du pouvoir exécutif. Les irrégularités dans les nominations et les retards dans les renouvellements sapent sa légitimité et compromettent l’État de droit. » Cette critique reflète un sentiment répandu parmi les opposants, qui accusent la Cour de partialité.
À l’inverse, le professeur Albert Matadila, constitutionnaliste, adopte une position plus mesurée : « Malgré des irrégularités, la Cour continue de remplir ses fonctions. Une réforme du processus de nomination est nécessaire, mais il ne faut pas discréditer l’ensemble de ses décisions. » Cette perspective met l’accent sur la nécessité de réformes structurelles pour renforcer l’indépendance de l’institution.
Paul-Gaspard Ngondankoy, juriste et analyste politique, cité dans un article de l’Agence Congolaise de Presse (ACP) du 5 juin 2025, propose une révision de la loi organique pour clarifier les procédures de renouvellement et limiter les ingérences politiques. Il suggère un dialogue inclusif impliquant les institutions, les partis politiques et la société civile pour restaurer la confiance.
Implications pour la démocratie congolaise
La polémique autour de la Cour constitutionnelle a des répercussions profondes sur la démocratie congolaise. En tant qu’arbitre des contentieux électoraux, la Cour joue un rôle déterminant dans la légitimité des processus électoraux. Les accusations de politisation, comme celles entourant les élections de 2018 et 2023, où la Cour a validé des résultats contestés, ont alimenté la méfiance des citoyens. Selon un rapport du Congolese Research Institute for the Improvement of the Functioning of Institutions, publié en mars 2025, 68 % des Congolais interrogés estiment que la Cour manque d’indépendance.
De plus, les irrégularités dans les renouvellements et les nominations controversées renforcent la perception d’une justice aux ordres. Cela risque de compromettre la stabilité politique, surtout à l’approche des prochaines élections. Comme le souligne Me Marlène Makuba, avocate et militante des droits humains : « Une Cour constitutionnelle perçue comme illégitime ne peut garantir des élections transparentes. Sans réformes, nous risquons une crise institutionnelle majeure. »
Vers des réformes nécessaires
Pour surmonter cette crise, plusieurs réformes sont envisagées. Premièrement, le respect strict du calendrier de renouvellement par tiers, avec un tirage au sort transparent, est essentiel pour dissiper les soupçons d’arbitraire. Deuxièmement, une clarification des dispositions contradictoires entre la Constitution et la loi organique s’impose. Par exemple, l’article 158 de la Constitution stipule un mandat de neuf ans non renouvelable, mais le mécanisme de tirage au sort peut écourter les mandats, créant une ambiguïté exploitée politiquement.
Enfin, une plus grande transparence dans le processus de nomination, avec une consultation effective des parties prenantes (Parlement et CSM), renforcerait la légitimité des juges. Le professeur Mukendi propose la création d’une commission indépendante pour superviser les nominations, une idée soutenue par des organisations comme le CREEDA. Ces réformes, si elles sont mises en œuvre, pourraient restaurer la confiance dans la Cour et consolider l’État de droit en RDC.
Un défi pour l’État de droit
La polémique autour de la Cour Constitutionnelle de la RDC met en lumière les défis structurels auxquels le pays est confronté dans la consolidation de son État de droit. Les irrégularités dans les renouvellements, les nominations controversées et les accusations de politisation compromettent la crédibilité de cette institution essentielle. À l’approche des prochaines échéances électorales, la légitimité de la Cour sera déterminante pour garantir des processus démocratiques transparents et équitables. Des réformes urgentes, combinant transparence, respect des textes juridiques et dialogue inclusif, sont nécessaires pour restaurer la confiance et renforcer l’indépendance judiciaire en RDC.
Heshima Magazine
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