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RDC : De Kasa-Vubu à Tshisekedi, l’éternel pari de l’union nationale
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7 mois agoon
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La redaction
Depuis son indépendance en 1960, la République démocratique du Congo (RDC) a fréquemment eu recours à des gouvernements d’union nationale, de salut public ou de transition pour tenter de surmonter ses crises les plus profondes : sécessions, rébellions armées, effondrements économiques, et pressions internationales. Ces coalitions, qui réunissent pouvoir et opposition, apparaissent comme des solutions désespérées pour restaurer la stabilité dans un État rongé par des fractures ethniques, politiques et sociales. Mais ces gouvernements, souvent perçus comme des remèdes miracles, ont-ils réellement répondu aux attentes ? À travers une rétrospective des expériences passées, Heshima Magazine, inspiré par les récentes annonces du président de la RDC Félix-Antoine Tshisekedi et les consultations de Kolongele, explore cette pratique quasi rituelle, ses origines, ses dynamiques, ses succès et ses échecs, pour interroger sa pertinence et son efficacité aujourd’hui.
Le gouvernement de réconciliation nationale de Cyrille Adoula (1961-1964)
L’indépendance, célébrée avec enthousiasme le 30 juin 1960, fut rapidement éclipsée par une crise majeure. Moins d’une semaine après, le 5 juillet 1960, la mutinerie de la Force Publique à Léopoldville (actuelle Kinshasa) marqua le début d’un chaos qui allait paralyser le pays. Frustrés par la persistance du commandement belge et par leurs conditions de service, les soldats se lancèrent dans des violences aveugles : pillages, agressions et exactions contre les civils. Cette révolte provoqua une fuite massive de près de 100 000 Européens. Le 10 juillet, la Belgique envoya ses troupes à Léopoldville pour « protéger ses ressortissants », une intervention perçue comme une atteinte directe à la souveraineté du pays.
Dans un contexte de désordre total, le Premier ministre Patrice Lumumba tenta de reprendre les rênes du pouvoir. Toutefois, son gouvernement se fragilisa rapidement en raison des tensions internes, d’une administration désorganisée et d’un paysage politique fracturé. La situation se détériora davantage lorsqu’en juillet, Moïse Tshombe, leader du parti Conakat, proclama l’indépendance du Katanga, une province riche en ressources naturelles stratégiques, soutenue en sous-main par la Belgique et des entreprises minières. Moins d’un mois plus tard, Albert Kalonji, chef du MNC-Kalonji, revendiqua l’autonomie du Sud-Kasaï, une région diamantifère, accentuant ainsi la fragmentation du pays.
Ces sécessions, encouragées par les puissances étrangères, plongèrent le pays dans un tourbillon de violence et de confusion. Le gouvernement central, déjà affaibli, se retrouva confronté à l’ingérence internationale, notamment de la part des États-Unis, de la Belgique et de la France, qui soutenaient discrètement les mouvements séparatistes. En désespoir de cause, Lumumba, après avoir sollicité l’intervention des Nations Unies, se tourna vers l’Union Soviétique, ce qui attisa la méfiance des puissances occidentales et précipita la guerre froide sur le sol congolais.
Le 5 septembre 1960, un autre tournant survint lorsque le président Joseph Kasa-Vubu révoqua Patrice Lumumba, l’accusant de dérives autoritaires et de liens dangereux avec l’URSS. Lumumba, fidèle à sa ligne politique, refusa cette révocation, et la confrontation institutionnelle plongea le pays dans une paralysie totale. C’est dans ce contexte de chaos qu’intervint Joseph-Désiré Mobutu, alors chef d’état-major, qui mit fin au statu quo en suspendant toutes les institutions et en instaurant un gouvernement de technocrates, une décision qui marqua le début de sa longue emprise sur le pays.
La fin tragique de Patrice Lumumba, assassiné en janvier 1961 après avoir été capturé lors d’une tentative de fuite vers Stanleyville, mit un terme brutal à l’unité nationale naissante et plongea le pays dans une nouvelle spirale de violences. Sa mort, orchestrée avec la complicité de puissances étrangères, choqua l’opinion internationale et radicalisa davantage ses partisans, jetant ainsi les bases des luttes qui marqueront l’histoire politique du Congo pendant des décennies.
Cet épisode complexe et douloureux de l’histoire de la RDC soulève une question cruciale : les gouvernements d’union nationale, censés être des solutions temporaires aux crises profondes, ont-ils réellement permis de rétablir l’ordre et de promouvoir une véritable réconciliation nationale ? Si leur objectif était de restaurer l’unité, force est de constater que leur mise en œuvre a souvent exacerbé les tensions internes et accentué les divisions du pays. L’expérience du gouvernement de Cyrille Adoula, comme tant d’autres avant et après lui, témoigne des défis considérables auxquels la RDC a dû faire face pour trouver un équilibre politique stable dans un contexte national et international complexe.
En février 1961, Antoine Gizenga, ancien vice-Premier ministre et fidèle de Patrice Lumumba, établit à Stanleyville (actuelle Kisangani) un gouvernement parallèle, proclamant la légitimité de la « République populaire du Congo ». Soutenu activement par l’URSS, qui lui fournit armes, fonds et soutien politique, ce bastion lumumbiste devient rapidement le centre de résistance au pouvoir central, accusé par ses partisans de complicité dans l’assassinat de Lumumba. À partir de Stanleyville, Gizenga parvient à mobiliser un réseau de partisans, notamment dans l’Est et le Kwilu, et obtient même la reconnaissance diplomatique de plusieurs pays socialistes.
À Kinshasa, dirigée désormais par des figures modérées sous la férule de Mobutu, le gouvernement central est accusé de trahison, et de soumission aux intérêts des puissances occidentales, en particulier les États-Unis et la Belgique. Face à la menace de partition du pays, les Nations Unies et les puissances occidentales intensifient les pressions pour parvenir à un compromis politique. C’est dans ce climat de tension qu’un conclave national se réunit à l’université de Lovanium du 10 juillet au 2 août 1961, rassemblant près de 200 parlementaires issus de diverses tendances : lumumbistes, modérés, régionalistes et pro-occidentaux. Bien que Moïse Tshombe, le chef sécessionniste du Katanga, fasse défaut, les débats aboutissent à un fragile consensus autour d’une figure de compromis : Cyrille Adoula, syndicaliste modéré du Mouvement national congolais (MNC), qui est nommé Premier ministre le 2 août 1961 avec pour mission de réconcilier les camps rivaux et de restaurer l’unité du pays.
Adoula forme alors un gouvernement de réconciliation nationale, intégrant des figures lumumbistes pour apaiser les tensions internes. Ainsi, autour de lui, des personnalités comme Gizenga aux Affaires étrangères, Gbenye à l’Intérieur, Kamitatu au Plan et Sendwe aux Affaires politiques occupent des postes stratégiques. Soutenu par l’ONU et les États-Unis, Adoula se positionne comme l’option modérée face à l’avancée du communisme dans un Congo devenu le terrain de jeu des blocs de la guerre froide. Mais le pays qu’il hérite est profondément fracturé, en ruine institutionnelle et miné par des sécessions ainsi que des rivalités idéologiques.
Pourtant, malgré son inclusion dans ce gouvernement de réconciliation, Gizenga refuse de regagner la capitale. Marqué par l’assassinat brutal de Lumumba et convaincu que sa propre vie est en danger, il choisit de rester à Stanleyville, où il continue de diriger son gouvernement parallèle. Ce refus de rejoindre Léopoldville maintient une crise de double pouvoir, affaiblissant l’autorité du gouvernement central et compromettant sérieusement les efforts de réunification. Adoula, bien qu’animé par la volonté de dialogue, se heurte à la méfiance tenace de Gizenga, soutenu par l’URSS et reconnu diplomatiquement par plusieurs pays du bloc de l’Est.
La liquidation du Katanga, bastion sécessionniste dirigé par Moïse Tshombe et soutenu par des mercenaires européens, devient l’autre priorité du gouvernement d’Adoula. En novembre 1961, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 169, autorisant l’usage de la force pour rétablir l’unité du Congo. Les Casques bleus de l’ONUC lancent plusieurs opérations militaires, culminant avec l’opération Grandslam en décembre 1962. Après de violents affrontements, les forces katangaises sont écrasées, et Tshombe capitule le 15 janvier 1963, mettant fin à 28 mois de sécession.
Mais la consolidation du pouvoir central reste fragile. En janvier 1962, Antoine Gizenga, de plus en plus marginalisé après l’écrasement des forces qui lui étaient loyales, est arrêté à Stanleyville. Cette arrestation met fin à son gouvernement parallèle, mais aussi à son « ministère à distance », bien qu’il ait officiellement intégré le cabinet d’Adoula. Cette mise à l’écart marque aussi un tournant : la frustration croissante chez les anciens partisans de Lumumba devient palpable, annonçant des secousses politiques à venir.
Le Sud-Kasaï, dirigé par Albert Kalonji, s’effondre à son tour. Après de violents affrontements avec les troupes gouvernementales et un isolement croissant, Kalonji fuit vers le Katanga avant de se rendre en octobre 1962. Ces victoires militaires, soutenues par l’ONU, permettent à Adoula de proclamer la réunification nationale, un succès salué par la communauté internationale. Mais derrière cette apparente stabilisation, les fractures demeurent profondes.
En dépit de ces succès militaires, la réconciliation politique se révèle un échec. Le ministre Christophe Gbenye, confronté à des rivalités internes avec Victor Nendaka Bika, chef des services de renseignement, est limogé en septembre 1963. Humilié, il rejoint la rébellion Simba en 1964, un mouvement hétéroclite mêlant anciens lumumbistes, maoïstes et groupes armés hostiles au gouvernement central. Quant à Jason Sendwe, gouverneur du Katanga, il est assassiné en juin 1964, mettant fin à ses tentatives de pacification.
Ces ruptures marquent l’échec d’une réconciliation durable. Les frustrations accumulées par les partisans de Lumumba nourrissent de nouveaux foyers de rébellion, notamment la guérilla maoïste de Pierre Mulele dans le Kwilu et la rébellion Simba à l’est. Sur le plan intérieur, Adoula doit également faire face à une série de crises sociales et économiques : grèves récurrentes dans les centres urbains, tensions ethniques croissantes et effondrement économique. Les réformes qu’il tente d’impulser se heurtent à de multiples résistances, y compris au sein de son propre gouvernement, tandis que la population s’enfonce dans la précarité.
Affaibli par des luttes internes et dépassé par l’ampleur des défis, Adoula démissionne fin juin 1964 après presque trois ans de mandat. Il laisse derrière lui un pays apparu réuni, mais toujours profondément déchiré sur les plans politique et social. Ses efforts pour maintenir l’intégrité nationale par la force ne suffiront pas à effacer les fractures du pays. Les rébellions de 1964-1965, qui surviennent immédiatement après sa démission, témoignent de l’échec de sa politique de réconciliation et annoncent une nouvelle période de troubles, que seule l’ascension de Mobutu réussira à contenir temporairement.
Le Gouvernement d’Union Nationale d’Étienne Tshisekedi (1991)
En 1991, le Zaïre de Joseph Mobutu est au bord du gouffre. Après 26 ans de dictature, le pays est en proie à une crise multidimensionnelle qui touche tous les secteurs : hyperinflation, corruption institutionnalisée, effondrement des services publics et des infrastructures, ainsi qu’une misère généralisée qui engendre une colère populaire de plus en plus palpable. L’élite politique, obsédée par le maintien du pouvoir, continue de piller les ressources du pays tandis que l’État, de plus en plus dépendant de l’aide internationale, perd toute crédibilité. Les grèves, émeutes et pillages deviennent le quotidien des Congolais, qui se retrouvent dans un climat d’anxiété croissante.
La situation atteint son paroxysme en septembre 1991 lorsque l’armée, mal payée et abandonnée à son sort, se mutine à Kinshasa. Des soldats se livrent à des pillages d’une ampleur inédite, attaquant commerces, habitations et symboles de l’État. Des centaines de morts sont à déplorer, et la capitale, Kinshasa, échappe au contrôle de Mobutu. Cette rébellion reflète un pays en pleine déliquescence, où même le pouvoir militaire ne parvient plus à maintenir l’ordre.
Sur le plan politique, la pression monte également. En 1990, contraint par les bailleurs de fonds et par les mobilisations internes, Mobutu annonce un retour au multipartisme, espérant ainsi apaiser les tensions. Cependant, cette ouverture tardive a l’effet inverse : elle galvanise l’opposition, qui s’organise rapidement autour de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (USOR), une coalition regroupant plus de 130 partis politiques. À sa tête, Étienne Tshisekedi, leader charismatique du mouvement de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), émerge comme la figure centrale de cette opposition, armé d’une légitimité populaire acquise au fil de ses années de résistance contre Mobutu.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS), convoquée en août 1991, devient le centre de la lutte pour la transition démocratique. Elle réunit plus de 2 800 délégués issus de la société civile, des partis politiques et de l’administration, et se donne pour mission de discuter de la refondation de l’État et de préparer la transition vers un gouvernement démocratique. Mais les travaux sont régulièrement perturbés par les manœuvres du régime et les violences sur le terrain, illustrant un pays plongé dans une guerre larvée entre un pouvoir autocratique et une opposition déterminée.
Le 29 septembre 1991, sous la pression combinée de la CNS, de la rue et des puissances occidentales, Mobutu finit par céder. Il nomme Étienne Tshisekedi Premier ministre, un geste aussi symbolique qu’inattendu, perçu comme une tentative de calmer la situation aussi bien au niveau national qu’international. Pour la première fois depuis l’indépendance, un membre de l’opposition accède légalement au pouvoir exécutif.
Tshisekedi forme un gouvernement d’union nationale, en s’appuyant principalement sur les cadres de l’USOR. Il inclut des figures importantes telles que Frédéric Kibassa Maliba, un vétéran de l’UDPS, et Jean Nguza Karl-i-Bond, un opposant chevronné à la tête de l’Union des Fédéralistes et des Républicains Indépendants (UFERI). Des technocrates et des anciens fonctionnaires viennent compléter ce gouvernement qui se veut de rupture. L’objectif est de redonner une légitimité au pouvoir central, apaiser les tensions sociales, réorganiser l’administration, et poser les bases d’élections crédibles. Tshisekedi, dans son discours, annonce la mise en place de mesures d’assainissement financier et de lutte contre la corruption, espérant initier un changement radical dans un pays exsangue.
Cependant, Mobutu, fidèle à sa stratégie d’usure, ne lâche pas le contrôle. Dès la prise de fonctions de Tshisekedi, il sabote l’action du nouveau gouvernement. Les ministères clés — Défense, Finances, Affaires étrangères — restent sous le contrôle de fidèles du président. Les comptes publics restent inaccessibles, l’armée demeure sous l’autorité de Mobutu, et toute tentative de réforme se heurte à une administration verrouillée. Les mesures annoncées par Tshisekedi, bien que symboliques, n’ont que peu d’impact, faute de leviers concrets.
Le 1er novembre 1991, à peine un mois après sa nomination, Tshisekedi est brutalement démis de ses fonctions. Mobutu invoque des désaccords sur la répartition des pouvoirs pour justifier ce limogeage, mais la décision est perçue par une large partie de la population comme un coup de force. L’indignation est générale, et des manifestations éclatent dans les grandes villes, violemment réprimées. L’armée, laissée à elle-même, tire sur les civils. Le chaos s’installe dans un pays déjà au bord de l’effondrement.
L’expérience Tshisekedi, bien que brève, fut porteuse d’une forte espérance pour beaucoup de Congolais. Elle aurait pu marquer un tournant dans l’histoire politique du Zaïre, mais elle s’effondre face à un régime qui refuse toute véritable transition. Ce premier gouvernement d’union nationale, bien qu’ambitieux et soutenu par une large légitimité populaire, échoue non par manque de volonté, mais en raison de la résistance farouche d’un pouvoir qui ne se plie pas aux exigences du changement. Le système, verrouillé depuis des décennies, ne permet pas de véritable partage du pouvoir.
Le Gouvernement de Transition d’Étienne Tshisekedi issu de la Conférence Nationale Souveraine (1992-1993)
À la fin des années 1980, le Zaïre, sous le régime de Mobutu Sese Seko, est un État en déliquescence. Le parti unique, le MPR (Mouvement populaire de la révolution), qui régente le pays depuis 1967, perd peu à peu sa légitimité. La fin de la guerre froide et la vague démocratique qui déferle sur le continent mettent le régime sous pression, à la fois du côté de la société civile et des puissances internationales. La condition pour toute aide économique des institutions de Bretton Woods est désormais la mise en place de réformes politiques. Mobutu, dans l’impasse, accepte alors de convoquer la Conférence nationale souveraine (CNS), censée être le vecteur d’une transition démocratique.
L’ouverture de la CNS, en août 1991, marque le début d’un long processus de réorganisation des institutions zaïroises. Sous la présidence de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, une figure consensuelle de la société civile, plus de 2 800 délégués issus des partis politiques, syndicats, ONG, confessions religieuses et autres acteurs de la société civile se rassemblent pour discuter de la refondation du pays. Mais rapidement, les travaux sont perturbés par les manœuvres du régime, qui tente d’influencer les débats, et les tensions internes au sein de la conférence. Néanmoins, sous la pression populaire et internationale, la CNS parvient à s’imposer, devenant un symbole d’espoir pour une majorité de Congolais.
Le 15 août 1992, un événement majeur se produit : Étienne Tshisekedi, leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), est élu Premier ministre de transition par un vote des délégués de la CNS. C’est une première historique dans un pays où le chef du gouvernement est traditionnellement nommé par le président. Pour Mobutu, acculé, il n’a d’autre choix que d’accepter cette nomination sous la pression de la rue, de l’Église catholique et des chancelleries occidentales. Mais cette acceptation ne sera que de façade : Mobutu ne compte pas céder le pouvoir.
Dès sa nomination, Tshisekedi, fort d’une large légitimité populaire, tente de reprendre les rênes du pouvoir. Il met en place un gouvernement de transition composé des membres de l’Union sacrée de l’opposition radicale (USOR), avec l’UDPS comme pivot. Il y inclut également des figures modérées pour donner au gouvernement une légitimité nationale. Mais très rapidement, les obstacles apparaissent. Mobutu n’a pas l’intention de faciliter la tâche de son Premier ministre. Les structures de l’État, toujours dominées par ses proches, sont hostiles aux réformes proposées par Tshisekedi.
Le gouvernement de Tshisekedi, bien que soutenu par la population, se heurte dès les premières semaines à des résistances de plus en plus fortes. L’un des premiers affrontements survient avec la Banque centrale. Tshisekedi limoge son gouverneur, un proche de Mobutu, mais des unités militaires fidèles au président encerclent immédiatement l’institution bancaire pour en empêcher le fonctionnement. L’administration est paralysée, les ministres de Tshisekedi n’ont pas accès aux dossiers ni aux ressources nécessaires pour gouverner. Le pays se trouve alors dans une situation de blocage, avec un pouvoir exécutif qui n’a ni le contrôle de l’armée, ni des leviers économiques.
En novembre 1992, la CNS adopte une nouvelle Constitution, instaurée sur le modèle parlementaire. Le rôle du président devient essentiellement protocolaire, tandis que le Premier ministre détient le pouvoir exécutif. Cette réforme constitue une humiliation pour Mobutu, qui rejette la Constitution et la considère comme une tentative de le « détrôner sans guerre ». Le rapport de forces se durcit davantage, et le 22 décembre 1992, Mobutu franchit un nouveau seuil en dissolvant unilatéralement le gouvernement Tshisekedi et en nommant un gouvernement parallèle dirigé par Faustin Birindwa, un dissident de l’opposition. Le pays entre alors dans une phase de double pouvoir.
Le gouvernement Tshisekedi, désormais coupé des moyens de l’État, se retrouve dans une situation de quasi-impuissance. Sans armée, sans trésor public, et avec une administration inefficace, il n’est plus qu’une coquille vide, soutenue uniquement par le peuple. Les manifestations de soutien à Tshisekedi sont violemment réprimées par les forces loyalistes à Mobutu, et les militants de l’opposition sont arrêtés. Les radios indépendantes sont muselées, et la pression extérieure augmente. Les bailleurs de fonds, d’abord enthousiastes à l’idée d’une transition démocratique, commencent à douter de la viabilité du processus, suspendant leur aide et espérant un compromis qui ne vient pas.
Après sept mois de lutte stérile, Tshisekedi quitte ses fonctions le 18 mars 1993. Cette démission, bien qu’une défaite politique, est perçue par beaucoup comme un acte de résistance face à l’intransigeance du régime. Il refuse de collaborer avec le gouvernement parallèle mis en place par Mobutu. La CNS, quant à elle, perd peu à peu sa légitimité et sombre dans l’oubli, rongée par les divisions internes et l’incapacité à mettre en place un véritable processus de transition.
Malgré l’échec de son mandat, Étienne Tshisekedi sort renforcé sur le plan symbolique. Il devient le porte-drapeau d’une opposition intransigeante mais non violente, incarnant l’espoir d’un changement pacifique mais difficilement réalisable dans un contexte de verrouillage total du pouvoir. Son passage éclair à la tête du gouvernement de transition révèle les limites d’une réforme menée sans les moyens nécessaires, sans contrôle de l’armée, et face à un président prêt à tout pour conserver son pouvoir.
Le Gouvernement de Salut Public de Faustin Birindwa (1993-1994)
En mars 1993, le Zaïre, déjà exsangue après des années de dictature sous Mobutu Sese Seko, atteint un point de rupture. La fin du soutien occidental, consécutive à la déstabilisation géopolitique de la fin de la Guerre froide, prive le régime de ses dernières ressources financières. Après l’échec retentissant du gouvernement d’Étienne Tshisekedi, désavoué par une opposition divisée et un président omnipotent, Mobutu organise, du 9 au 17 mars, un conclave politique visant à réorganiser le pouvoir. Cette rencontre, dominée par les fidèles du président et boycottée par l’Union sacrée de l’opposition radicale (USOR) et le Haut Conseil de la République (HCR), aboutit à la nomination de Faustin Birindwa, dissident de l’UDPS, comme Premier ministre. Bien que présentée comme une ouverture, cette nomination s’inscrit en réalité dans une stratégie de fragmentation de l’opposition et de consolidation du pouvoir présidentiel.
Birindwa prend ainsi la tête d’un gouvernement de salut public, composé en grande majorité de loyalistes du régime. La nomination de figures comme Jean Nguza Karl-i-Bond, un ancien opposant rallié à Mobutu, au poste de vice-Premier ministre et ministre de la Défense, renforce la mainmise du président sur l’appareil sécuritaire, pièce maîtresse du pouvoir. L’absence d’opposants de poids dans le gouvernement, à l’exception de Birindwa lui-même, le prive de toute légitimité aux yeux de l’USOR et des chancelleries occidentales. Ces dernières, toujours fidèles à leur reconnaissance de Tshisekedi comme Premier ministre légitime, tournent désormais le dos à ce gouvernement de façade, qu’elles considèrent comme un simple instrument dans la stratégie de temporisation de Mobutu.
La mission confiée à Birindwa est claire : rétablir un semblant d’ordre et surtout préserver l’hégémonie de Mobutu face à une opposition de plus en plus audacieuse. En octobre 1993, le gouvernement tente de résoudre la crise économique en lançant une réforme monétaire ambitieuse, le « Nouveau Zaïre ». Ce projet, consistant à changer de monnaie à un taux de conversion astronomique (3 millions de vieux zaïres pour une nouvelle unité), est censé stabiliser l’économie et juguler l’hyperinflation. Cependant, le « Nouveau Zaïre » s’effondre rapidement : de 2,67 zaïres par dollar, la monnaie dégringole à 36,67 zaïres en décembre, ce qui accentue encore la défiance des Zaïrois et exacerbe la crise économique.
Dans le même temps, la répression politique s’intensifie. Les médias critiques sont réduits au silence, leurs bureaux sont fermés ou attaqués. Les voix dissidentes, qu’elles soient de simples militants ou de figures politiques de l’opposition, sont arrêtées arbitrairement. Les manifestations populaires, provoquées par un mécontentement grandissant, sont écrasées sous une violence inouïe. Loin de restaurer l’ordre, ces mesures répressives alimentent la colère populaire et engendrent une radicalisation des tensions sociales.
Birindwa, bien que propulsé par Mobutu, se retrouve rapidement acculé par des défis de taille. Le manque de soutien extérieur, en particulier des bailleurs de fonds internationaux comme le FMI ou les États-Unis, étouffe un pays déjà au bord de la faillite. Les espoirs de relance, notamment grâce aux ressources minières, se dissipent rapidement en raison de la corruption systémique et de l’insécurité généralisée. Les vastes gisements du Shaba, cœur économique du Zaïre, sont hors d’atteinte, contrôlés par des milices locales et minés par des luttes de pouvoir incessantes. La misère généralisée alimente des grèves, des émeutes et des vagues de désespoir, tandis que les tensions ethniques, exacerbées par le régime, dégénèrent en violences communautaires dans les régions du Shaba et du Kasaï.
Le climat politique devient encore plus complexe à partir de janvier 1994, lorsque des négociations entre les forces de Mobutu et une opposition affaiblie aboutissent à la création du Haut Conseil de la République-Parlement de Transition (HCR-PT), une structure hybride fusionnant le Parlement et le HCR. Dans ce contexte de division, Faustin Birindwa, devenu un symbole d’impuissance, présente sa démission le 14 janvier 1994, mettant ainsi fin à un mandat de moins de dix mois.
Le gouvernement de Faustin Birindwa est un échec cuisant sur tous les plans. Les objectifs affichés de stabilisation économique, de restauration de l’ordre et d’ouverture démocratique sont restés largement inaccessibles. La réforme monétaire, bien que symboliquement forte, a échoué à produire les résultats escomptés et a exacerbé les tensions sociales. Politiquement, la persistance de la répression a non seulement fragilisé davantage le régime, mais a aussi précipité une rupture entre le pouvoir et une grande partie de la population.
Au final, Birindwa quitte ses fonctions sans avoir réussi à restaurer la cohésion de l’État ou à résoudre les problèmes économiques et sociaux du Zaïre. Son passage à la tête du gouvernement a incarné la tentative de Mobutu de maintenir un semblant d’autorité, mais sans les moyens de restaurer véritablement l’ordre dans un pays profondément déstabilisé. Cette période précède de peu l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila en 1997, qui marquera la fin définitive du régime mobutiste et l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’histoire congolaise.
Heshima Magazine poursuivra la publication de ce dossier le vendredi 25 avril 2025, avec un éclairage sur l’amorce de la transition dite 1+4.
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Sous pression de la Présidence : Daniel Bumba sur un siège éjectable ?
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2 heures agoon
novembre 27, 2025By
La redaction
La gestion financière du gouverneur de la ville-province de Kinshasa est minutieusement examinée. Le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a lancé une mission de contrôle portant sur la gestion des ressources financières sous la responsabilité du gouverneur Daniel Bumba depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui. Parallèlement, la Présidence de la République, par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, a mis en place une autre mission chargée d’auditer la gestion des fonds d’assainissement de Kinshasa (FOSAK). Cependant, l’initiative du ministère de l’Intérieur alimente interrogations, attentes et débats au sein de la classe politique comme dans l’opinion publique. Cette mission aboutira-t-elle à l’éviction du gouverneur ? Voilà la grande question.
Dans un document signé le 24 novembre 2025, le directeur de cabinet du chef de l’État, Anthony Nkinzo, a ordonné une mission d’évaluation « circonstanciée » des opérations du Fonds d’assainissement (FONAK) de Kinshasa. Cette enquête, menée par quatre membres du cabinet présidentiel, se déroule du 27 au 28 novembre 2025. Cette action de la Présidence coïncide avec une autre mission de contrôle lancée le 13 novembre 2025 par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, pour superviser la gestion des ressources financières de la capitale par le gouverneur Daniel Bumba.
Dans une lettre adressée au gouverneur, Jacquemain Shabani informe qu’une mission de contrôle composée de l’Inspection Générale de la Territorialité, en collaboration avec les experts du Secrétariat Général aux Finances et de la Direction générale de la trésorerie et de la comptabilité publique (DGTCP), placée sous la supervision de son cabinet, a été mise en place. « Cette mission a pour objet d’effectuer un contrôle approfondi de la gestion des ressources financières de la ville de Kinshasa, notamment les modalités de perception et d’affectation de ces ressources pour la période allant de 2024 à aujourd’hui », précise Jacquemain Shabani.
Les enquêteurs examinent particulièrement les dépenses relatives aux travaux d’infrastructures, à la gestion urbaine, à la passation des marchés publics ainsi qu’à la conduite des projets d’infrastructure. Parallèlement, la Présidence de la République a dépêché une équipe distincte pour auditer la gestion du Fonds d’assainissement de Kinshasa (FOSAK), un dispositif financier destiné à soutenir les opérations de nettoyage, de drainage et l’amélioration du cadre de vie des habitants. Cette démarche illustre la volonté de la haute hiérarchie étatique d’exercer un contrôle strict sur l’usage des fonds dédiés à l’assainissement, secteur clé pour la santé publique.
Des contrôles révélant les carences de l’Assemblée provinciale
Le Parlement de Kinshasa, chargé de contrôler l’action du gouvernement provincial, peine pourtant à jouer pleinement son rôle. Entre interpellations timides, commissions peu offensives et absence de suivi rigoureux, le contrôle parlementaire de l’Assemblée provinciale se montre faible, ce qui explique l’intervention de la Présidence et du ministère de l’Intérieur.
Théoriquement, l’Assemblée provinciale de Kinshasa jouit de prérogatives étendues pour surveiller la gestion du gouvernorat et évaluer la mise en œuvre des politiques publiques. Questions orales, interpellations, enquêtes et auditions parlementaires sont autant d’outils censés garantir la redevabilité des autorités provinciales.
Dans les faits, ces mécanismes sont rarement exploités efficacement. De nombreux analystes soulignent une tendance à la complaisance des députés provinciaux envers l’exécutif. Les sessions de contrôle sont souvent perçues comme formelles, sans véritables conséquences contraignantes, et les rapports issus des commissions aboutissent rarement à des sanctions ou mesures correctives. Cette situation engendre un sentiment d’impunité autour du gouverneur et de son équipe, fragilisant ainsi la démocratie locale. « Bien souvent, les contrôles parlementaires ne servent qu’à régler des comptes entre l’Assemblée et le gouverneur, plutôt qu’à exercer un vrai contrôle de gestion », commente un analyste politique.
Controverses autour de la légitimité du contrôle du ministère de l’Intérieur
Malgré les faiblesses de l’Assemblée provinciale, certains déplorent l’initiative du ministère de l’Intérieur, estimant que ce dernier n’a pas la compétence légale pour contrôler la gestion du gouverneur. « En RDC, la surprise est constante. Comment le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur peut-il se permettre d’auditer les finances de la ville de Kinshasa ? Quelle loi lui confère ce pouvoir ? », s’interroge Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO). Ce représentant de la société civile considère que Jacquemain Shabani n’a aucun droit légal en la matière. « S’il s’inquiète de la gestion financière de la ville, il devrait saisir l’Inspection Générale des Finances (IGF) ou la Cour des comptes, organismes mandatés par la Constitution. Qui conseille le ministre de l’Intérieur ? Pourquoi l’a-t-on laissé commettre une erreur aussi grave ? », s’interroge-t-il. Pour lui, le gouvernement de la ville de Kinshasa devrait opposer un refus ferme à cette intervention.
Daniel Bumba face à une possible éviction
Cette double enquête suscite des spéculations sur une possible éviction du gouverneur Daniel Bumba. Entre manœuvres politiques, pressions institutionnelles et critiques liées à sa gestion, la question de son départ agite la classe politique et l’opinion kinoises. Une éviction ne pourrait toutefois intervenir sans passer par l’Assemblée provinciale. Gouverneur issu de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Daniel Bumba semble peiner à répondre aux attentes du parti au pouvoir, un an après son investiture.
Depuis son arrivée, aucun programme clair n’a émergé pour améliorer la salubrité de la ville. Kinshasa étouffe sous les déchets qui, à chaque pluie, bloquent l’évacuation des eaux. Les routes secondaires sont jonchées de nids-de-poule. La capitale vit au rythme d’embouteillages monstrueux, où la circulation vire quotidiennement au chaos. Pour inverser cette tendance, le gouvernement central a lancé fin 2023 un vaste programme de réhabilitation des voiries secondaires. L’objectif est de réhabiliter plus de 200 kilomètres de routes dans les 24 communes, désenclaver les quartiers populaires et fluidifier une circulation étouffée. « Sur les deux priorités majeures, voirie et gestion des déchets, le gouvernement central s’est engagé à moderniser intégralement les routes urbaines. Sous la coordination de la Première ministre, tous ces projets sont financés via le ministère des Finances afin d’améliorer la mobilité urbaine et de créer les conditions d’une croissance durable », expliquait le ministre des Finances, Doudou Fwamba. La majorité des nouvelles voiries sont bâties en béton, dites « chaussées rigides », plus coûteuses à construire mais offrant une durée de vie nettement supérieure à l’asphalte : jusqu’à trente ans, contre dix à quinze ans pour une route bitumée. Pourtant, nombreux sont les chantiers qui piétinent alors que le ministre affirmait qu’ils étaient « entièrement » financés par le pouvoir central.
Pour le député national Aaron Bimwala, la gestion de Daniel Bumba n’a pas répondu aux attentes des Kinois, et il appelle à en tirer les conséquences. « Soyons réalistes : après deux ans, la politique menée à la tête de la ville n’a pas répondu aux urgences et attentes des habitants. Il est temps d’en tirer toutes les conclusions et d’ouvrir une nouvelle voie », déclare-t-il.
Face à ces contrôles, Daniel Bumba adopte une posture mêlant ouverture et contestation tacite, invoquant la loi sur la libre administration des provinces et entités territoriales décentralisées pour répondre à Jacquemain Shabani. Pour certains analystes, cette double mission s’inscrit dans une dynamique visant à restaurer la confiance entre les autorités kinoises et la population, souvent confrontée aux défaillances des services publics.
Heshima
Nation
Du Budget au Perchoir : le parcours insoupçonné de Boji Sangara
Published
7 jours agoon
novembre 20, 2025By
La redaction
Économiste de formation britannique, réservé mais d’une méthode implacable, Aimé Boji Sangara a gravi les échelons de la politique congolaise loin des projecteurs et des coups d’éclat. Son élection à la présidence de l’Assemblée nationale marque le couronnement d’un parcours où rigueur académique, loyauté stratégique et sens aigu du détail ont façonné un personnage rarement bruyant, mais dont l’influence est désormais centrale. Portrait d’un homme qui, loin de l’ostentation, privilégie l’efficacité structurelle et le travail de fond.
Le jour de son élection, le 13 novembre 2025, Aimé Boji Sangara n’a pas cédé à l’euphorie. Là où d’autres auraient levé les bras en signe de triomphe, il s’est simplement avancé vers le pupitre. Il affichait une concentration presque austère, révélant plus l’homme d’État mesuré que le vainqueur exubérant. Chez lui, la retenue n’est pas un artifice tactique : elle est l’expression profonde d’un trait de caractère qui est devenu sa marque de fabrique dans l’arène politique.
Lors de son discours d’investiture à la tête de la chambre basse, Boji a immédiatement cherché à rassurer et à projeter une image de réformateur pragmatique. Il a promis de transformer l’institution parlementaire en « un parlement plus fort, plus crédible et plus proche du peuple », des objectifs qui nécessiteront une refonte interne des méthodes de travail et une collaboration renforcée, mais équilibrée, avec les autres institutions républicaines. Il a ainsi posé d’emblée les bases d’un mandat axé sur la rationalisation de l’action législative.
L’héritage politique du Kivu et l’exil académique
Né en 1968 dans le territoire de Walungu, au Sud-Kivu, Aimé Boji a été bercé par l’atmosphère du service public et de la politique. Son père, Dieudonné Boji, fut une figure respectée, notamment en tant que gouverneur du Kivu avant son éclatement en plusieurs provinces. Cette immersion précoce dans le sérail du pouvoir, loin d’engendrer une ambition politique prématurée, l’a plutôt orienté vers l’exigence de la méthode. Il s’est d’abord passionné pour la discipline des chiffres et la logique du raisonnement structuré. Après un diplôme de math-physique obtenu à Bukavu, il choisit de s’éloigner du tumulte national et de l’héritage familial pour poursuivre sa formation au Royaume-Uni.
Son voyage académique le mène d’abord à Oxford Brookes, puis à l’éminente Université d’East Anglia. Ces années passées outre-manche sont décisives. Il y acquiert non seulement un master en économie du développement, mais aussi un rapport au travail singulier : un culte de la méthode, de la recherche approfondie et de la gestion publique axée sur les résultats. Il s’engage ensuite dans des projets académiques et associatifs à Londres, se forgeant une réputation de professionnel sérieux, dont la rigueur et la précision, presque obsessionnelle, sont incontestables. Ces fondations jetées loin de Kinshasa expliquent sans doute sa capacité à rester serein et analytique face aux turbulences politiques.
Le technocrate au cœur de l’État
Lorsque Boji revient au pays au milieu des années 2000, c’est avec la conviction que son expertise doit servir l’appareil d’État. Élu député national en 2006, il est réélu sans discontinuer à chaque cycle électoral jusqu’à celui de 2023, faisant de son mandat parlementaire le socle de sa carrière.
Cependant, c’est au sein de l’Exécutif qu’il va véritablement affirmer son profil de technocrate fiable. Ses passages successifs aux portefeuilles du Commerce extérieur, du Budget et de l’Industrie sont remarqués par leur sérieux. Chaque nomination renforce l’image d’un homme capable d’écouter, d’analyser et de produire des résultats concrets, souvent mieux préparé sur le fond des dossiers que la moyenne de ses homologues.
Son mandat de quatre ans comme ministre du Budget est particulièrement éclairant. Il lui a permis d’acquérir une compréhension microscopique du fonctionnement de l’État, des rouages de la gestion des finances publiques et des impératifs de la transparence budgétaire. Malgré son passage prolongé au gouvernement, il n’a jamais renié ses années de parlementaire. « J’ai eu le privilège de siéger 13 ans durant dans cet hémicycle », a-t-il rappelé aux députés, soulignant qu’il y a appris la « noblesse du débat démocratique » et la valeur inestimable du consensus. Boji compte bien s’appuyer sur cette expérience bicéphale pour régénérer l’Assemblée. Il a clairement affiché sa volonté de replacer le député au centre de l’action parlementaire en privilégiant le travail de terrain et la proximité avec les réalités locales. Il souhaite notamment exploiter de manière plus systématique les rapports issus des vacances parlementaires pour identifier les besoins réels des circonscriptions et proposer au gouvernement des projets d’urgence concrets à financer en faveur des populations.
L’ascension stratégique : l’ancre de Tshisekedi
Dans un environnement politique souvent dominé par la théâtralité, les joutes oratoires et l’agitation, Boji incarne une forme de politique posée, presque administrativement efficace, qui tranche singulièrement. Ses collaborateurs le décrivent comme un homme qui « travaille en silence ». Le député Michel Moto, son camarade du parti politique Union pour la nation congolaise (UNC), le dépeint comme « un homme posé, conciliant et surtout un homme de dialogue », soulignant la dimension consensuelle de son leadership. Même ses détracteurs, en coulisse, concèdent volontiers qu’il « ne fait pas de vagues, mais il avance avec une détermination tranquille et méthodologique ».
Lorsque l’Union Sacrée de la Nation (USN) le désigne candidat au perchoir en septembre 2025, le choix n’est pas perçu comme audacieux, mais comme éminemment stratégique. Certains observateurs y voient un geste de prudence visant à installer une figure non clivante capable de gérer les dossiers techniques. D’autres y lisent une manœuvre pour stabiliser une institution qui a connu des périodes de crises internes et de vives tensions. Fidèle à lui-même, Boji mène sa campagne loin de l’agitation : il consulte, écoute, prend des notes méticuleuses et propose un programme centré sur la modernisation de l’institution. Son score, 413 voix sur les 423 votants, est un plébiscite qui témoigne de sa capacité à rallier un large consensus au-delà des chapelles politiques.
Un secret de polichinelle : la loyauté au Président
Le rapprochement entre Aimé Boji et le chef de l’État, Félix Tshisekedi, est l’élément fondamental qui explique cette ascension. Longtemps discret, il est devenu un secret de polichinelle au lendemain de sa démission du ministère de l’Industrie pour se présenter au Perchoir.
Un politologue souligne l’évidence de la stratégie : « Personne ne risque de quitter un portefeuille ministériel, surtout d’État, s’il n’a pas la certitude absolue d’avoir le soutien total du chef de l’État pour le Perchoir. Le fait qu’il ait quitté ses fonctions était le signe irréfutable de l’aval présidentiel. » Boji est l’homme clé chargé de garantir la cohésion et la productivité du pouvoir législatif au service de la vision présidentielle. Cette nouvelle proximité a d’ailleurs éclipsé l’influence de son mentor politique historique, Vital Kamerhe (VK), chef de l’UNC. Pressenti pour succéder à VK qui avait démissionné du Perchoir, Boji a réussi, depuis 2019, à gagner la confiance durable de Félix Tshisekedi, se positionnant comme un pilier fiable et loyal au sein de l’USN, essentiel à la matérialisation des ambitions de la majorité.
Des dossiers explosifs et un leadership à affirmer
Aimé Boji arrive à la tête de l’Assemblée nationale à un moment charnière. Les défis qui l’attendent sont considérables :
Il devra d’abord œuvrer en étroite collaboration avec l’Exécutif pour soutenir les efforts visant au rétablissement urgent de la paix et de la sécurité dans l’Est du pays. C’est la priorité nationale absolue qui pèsera sur tous les travaux législatifs. Au-delà, l’examen du budget 2026 est un travail technique colossal qui attend immédiatement la chambre basse pour garantir un budget réaliste, social et transparent, conforme aux promesses de l’Union Sacrée.
Enfin, un dossier potentiellement explosif pourrait faire un retour remarqué dans le débat parlementaire : la modification ou le changement de la Constitution. Dans son premier discours, Boji a déjà fixé un cap, sans éclats, mais avec une conviction de fer : moderniser l’institution et renforcer le dialogue constructif avec l’Exécutif. S’il réussit à créer un environnement de travail serein et à mettre les députés à l’aise par son style non conflictuel, un projet sensible comme celui de la révision constitutionnelle pourrait être abordé au sein de l’Union Sacrée avec moins de friction et plus de consensus technique.
En attendant, l’homme a fait des promesses sobres, presque techniciennes, mais parfaitement cohérentes avec sa personnalité. Aimé Boji n’est pas de ceux qui cherchent la lumière. Pourtant, le voici propulsé au cœur battant de la scène politique congolaise. Son défi majeur sera d’imposer son style : calme, méthodique, et parfois déroutant de discrétion, mais d’une efficacité que l’on dit redoutable. Reste à savoir si cette ascension tranquille saura se transformer en un leadership audacieux et assumé face aux enjeux colossaux qui attendent la République. Le Congo, lui, n’attend que de voir.
Heshima
Nation
RDC : Les forces et les faiblesses de l’Accord-cadre signé entre Kinshasa et l’AFC/M23 à Doha
Published
1 semaine agoon
novembre 17, 2025By
La redaction
Réunis sous l’égide du Qatar, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les représentants de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC-M23) ont signé le 15 novembre 2025 un Accord-cadre inédit visant à ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable dans l’est du pays. Ce texte, qualifié de « première étape décisive » par les médiateurs, doit maintenant être suivi de discussions techniques sur la démobilisation et le retrait des combattants. Heshima Magazine explore les différents points de ces protocoles.
Après plusieurs sessions de discussions sans issue, les autorités congolaises et les rebelles de l’AFC/M23 ont finalement franchi une nouvelle étape dans le processus de paix que pilote le Qatar depuis le mois de mars. Cet Accord-cadre comporte 8 protocoles qui déterminent les matières à traiter et les modalités de leur mise en œuvre afin d’aboutir à un accord de paix définitif. Heshima Magazine explore chaque engagement souscrit par les parties dans cet accord-cadre.
Échange de prisonniers sous supervision internationale
Bien que toutes les négociations impliquent des concessions de la part des parties, l’engagement sur l’échange des prisonniers est délicat pour le gouvernement. La plus grande préoccupation sur ce point réside dans la nature des prisonniers à échanger. Si le gouvernement peut s’attendre à la libération des militaires arrêtés par la rébellion lors des combats, l’AFC/M23, de son côté, pourrait élargir la liste à des individus auteurs de crimes graves. Certaines sources évoquaient même des personnalités comme le député Edouard Mwangachuchu, condamné notamment pour détention d’armes à feu. Pour le gouvernement, il est hors de question que tous les individus soient libérés dans ce cadre. « Nous allons nous assurer qu’on applique les critères d’exclusion sur des personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes graves selon le droit international », avait déclaré le nouveau ministre de la Justice, Guillaume Ngefa.
En septembre, Kinshasa et l’AFC/M23 ont signé ce « mécanisme d’échange de prisonniers ». Dans le cadre de ce dispositif, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) jouera le rôle d’intermédiaire neutre pour l’identification, la vérification et la libération sécurisée des détenus des deux camps. Le mouvement rebelle évoque environ 700 personnes arrêtées par Kinshasa. La mise en œuvre du mécanisme implique l’établissement et la certification des listes de prisonniers, avec l’aval de toutes les parties.
Si l’AFC/M23 s’attend à des têtes couronnées telles que Éric Nkuba alias Malembe, arrêté en Tanzanie puis condamné à mort à Kinshasa notamment pour participation à un mouvement insurrectionnel, le gouvernement, quant à lui, s’attend à la libération d’environ 1500 militaires congolais capturés et envoyés par la rébellion en janvier et février derniers au camp militaire de Rumangabo pour un « reconditionnement ». Même si plus d’une centaine d’entre eux ont réussi à s’échapper des mains de la rébellion, certains restent encore captifs. D’autres combattants cantonnés au quartier général de la MONUSCO avaient déjà été transférés de Goma à Kinshasa en avril grâce à la médiation du CICR. Sur ce point de libération des prisonniers, il reste à savoir si le gouvernement s’en tiendra toujours à son caractère « rigoureux » dans le choix des prisonniers à libérer en faveur de l’AFC/M23.
Mise en place d’un mécanisme conjoint de surveillance du cessez-le-feu
Depuis le 14 octobre, le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC-M23 ont signé ce « mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu » dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ce mécanisme institue un comité constitué d’un nombre égal de représentants du gouvernement congolais et de l’AFC/M23 afin d’enquêter sur les violations signalées. Les membres de ce comité devraient se réunir à la demande de l’une des deux parties en cas de violations signalées. Le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine pourront y prendre part en tant qu’observateurs et la MONUSCO lui fournira un appui logistique. La première réunion du comité était censée se tenir dans les sept jours suivant son institution.
Lors de la signature de cet engagement, Doha avait qualifié la mise en œuvre de ce comité de suivi d’« étape cruciale vers le renforcement de la confiance et la conclusion d’un accord de paix global ». De son côté, le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, avait salué sur le réseau social X « une avancée significative ». Mais sur le terrain, ce mécanisme a accusé des faiblesses. Les deux camps ont continué à s’affronter sans que le mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu ne puisse s’activer. Par communiqué interposé, les deux camps s’accusent mutuellement de violation de ce cessez-le-feu. Tant que l’accord global n’aura pas intervenu, ce mécanisme – sans la bonne foi des parties – aurait du mal à fonctionner.
Restauration progressive de l’autorité de l’État dans les zones occupées
Ce point, qui figure dans l’Accord-cadre qui vient d’être signé, reste le plus difficile à digérer pour les rebelles de l’AFC/M23. Au début des discussions à Doha, cette rébellion voulait obtenir la gestion des zones conquises en collaboration avec le gouvernement à Kinshasa. Une option qui était dénoncée par l’opinion publique, la percevant comme une balkanisation du pays. La restauration de l’autorité de l’État, l’un des points clés de divergence dans les discussions, passe pour un arrêt de mort pour l’AFC/M23 dont l’avenir post-occupation n’est toujours pas décidé à Doha. Sur la question de la restauration de l’autorité de l’État, la Déclaration de principes signée entre les deux parties en juillet dernier notait que cette restauration de l’autorité de l’État allait constituer une conséquence logique du règlement « des causes profondes » du conflit. L’accord de paix global attendu devra préciser les modalités et le calendrier de cette restauration sur l’ensemble du territoire national.
Retour sécurisé et volontaire des réfugiés et déplacés
C’est l’un des sept points de la Déclaration de principe publiée le 19 juillet. Il a été également repris dans l’Accord-cadre du 15 novembre 2025. Les deux parties s’engagent à faciliter le retour sûr, volontaire et digne des réfugiés et des personnes déplacées vers leurs zones ou pays d’origine. Mais combien sont-ils de part et d’autre de la frontière entre la RDC et le Rwanda ? Ce retour, qui doit se faire en conformité avec le droit humanitaire international et dans le cadre des mécanismes tripartites associant la RDC, les pays d’accueil et le HCR, pourrait aussi constituer l’un des problèmes dans la mise en œuvre de l’accord final. Ce sujet est aussi l’un des points les plus sensibles. Le retour des réfugiés congolais fait partie des revendications historiques du M23, déjà présentes dans l’accord de paix signé en 2009 entre Kinshasa et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), l’ancêtre du mouvement actuel. Problème : qui est Congolais et qui ne l’est pas ? Ces réfugiés, défendus bec et ongle par le M23, sont-ils en nombre conséquent ? Sur ce point, il faut d’abord régler la question des chiffres. Selon les dernières estimations avancées par RFI, le Rwanda accueille près de 137 000 réfugiés, principalement en provenance de la RDC et du Burundi. D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 80 000 Congolais vivraient aujourd’hui au Rwanda. Mais pour Kinshasa, le problème reste l’identification : les autorités congolaises affirment ne pas connaître avec précision ni le nombre, ni l’identité de ces réfugiés. Pour le gouvernement congolais, on ne peut pas rapatrier des réfugiés dans une zone encore en conflit ou sous contrôle des rebelles du M23. Le gouvernement voudrait avoir le pouvoir nécessaire de contrôler l’identité de ceux qui veulent revenir au pays. Le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain Shabani, alertait déjà sur une « transplantation » des populations venues d’ailleurs dans les zones contrôlées par les rebelles du M23.
Ce sujet fait craindre au gouvernement et à l’opinion l’arrivée d’une population compacte qui pourrait, un jour, exiger l’autonomie d’une des régions congolaises. Ainsi donc, Kinshasa insiste : le retour des réfugiés dans les zones aujourd’hui sous administration du M23 ne pourra avoir lieu qu’après le cessez-le-feu, la restauration de l’autorité de l’État et la vérification de la nationalité des candidats au retour. Autrement dit, cette question est loin d’être close. Elle pose aussi d’autres défis : quand ces réfugiés rentreront-ils ? Et où seront-ils installés ? Car il y a parmi eux des individus qui n’ont jamais mis les pieds en RDC. Des questions qui montrent, selon plusieurs experts, qu’il ne suffit pas de régler le volet sécuritaire, il faut un accord global, incluant aussi les aspects sociaux, fonciers et économiques. Les populations congolaises qui avaient fui l’arrivée du M23 dans leur zone avaient trouvé à leur retour des occupants venus d’ailleurs installés dans leurs maisons, cultivant également leurs champs.
Mesures de confiance
Ce point implique entre autres la communication entre parties, la fin de la propagande « haineuse » selon l’AFC/M23 et les libérations des prisonniers. Sur ce point, paradoxalement, rien ne rassure au regard des premières communications faites après la signature de cet Accord-cadre à Doha. « Cet accord ne comporte aucune clause contraignante », déclare Benjamin Mbonimpa, chef de la délégation de l’AFC/M23. Une communication qui annonce déjà que tout peut basculer à n’importe quel moment. « Il n’y a rien qui va changer sur le terrain », estime Bob Kabamba. Selon lui, il y a eu deux signatures qui n’ont pas produit des résultats sur le terrain. « Il faut s’inquiéter pour la suite car les deux parties se sont réarmées, elles se sont réorganisées », a-t-il expliqué, soulignant la mise en place par le M23 d’une administration parallèle qui fonctionne comme un État.
La relance économique et les services sociaux
Ce point du protocole de l’Accord-cadre est étroitement lié à la restauration de l’autorité de l’État. Un point qui reste parmi les plus difficiles à obtenir à Doha. Les rebelles ne veulent pas encore céder les zones sous leur contrôle sans connaître au préalable leur avenir politique et sécuritaire.
La justice, la vérité et la réconciliation
Alors que les combats se poursuivent dans l’Est du pays, Kinshasa et les rebelles laissent entrevoir, malgré des positions opposées, quelques signaux de réconciliation. Mais la méfiance reste profonde, et les conditions d’une véritable réconciliation demeurent toujours fragiles. La part de la justice dans cette démarche est essentielle pour ne pas laisser les bourreaux côtoyer les victimes. Cette réconciliation entre le gouvernement congolais et les rebelles AFC/M23 n’est pas impossible ; elle est simplement suspendue à une constellation de facteurs politiques, militaires et diplomatiques encore instables. Dans un conflit où chaque camp cherche une position de force, la paix reste pour l’instant un horizon plus qu’une réalité, mais un horizon que beaucoup, épuisés par des années de guerre, espèrent voir enfin se rapprocher.
Élaboration d’une feuille de route vers un accord de paix global
L’Accord-cadre de Doha fixe les bases d’un processus destiné à mettre fin aux hostilités, à rétablir l’autorité de l’État et à consolider la stabilité nationale. Il réaffirme la détermination du Gouvernement à placer la paix, la sécurité et la dignité du peuple congolais au centre de son action. C’est dans ce cadre que la protection des populations civiles, en particulier les femmes, les enfants et les personnes déplacées internes, demeure une priorité. Les protocoles qui découleront de cet Accord-cadre permettront notamment de sécuriser les corridors humanitaires, de faciliter l’accès des organisations humanitaires, et d’engager des actions urgentes pour répondre aux besoins essentiels des communautés affectées.
De son côté, le gouvernement précise que les six protocoles, en dehors de ceux relatifs au Mécanisme de libération des prisonniers ainsi qu’au Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, feront l’objet de discussions deux semaines après la signature de l’Accord-cadre. Il s’agira de préciser les modalités techniques, les calendriers d’exécution et les engagements respectifs des parties. Dans le communiqué du gouvernement, Kinshasa note qu’aucun statu quo n’est compatible avec cet objectif de paix : le processus engagé vise à créer, dans les plus brefs délais, les conditions d’un changement réel et mesurable pour les populations affectées. Les deux prochaines semaines vont permettre de percevoir les nouveaux efforts entre les deux parties.
Heshima
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