Nous rejoindre

Nation

Salubrité à Kinshasa : la politique des demi-mesures se poursuit

Published

on

La ville de Kinshasa, qui produit quotidiennement 10 000 tonnes de déchets non collectés, fait face à une crise de salubrité, un enjeu majeur d’assainissement. Malgré des efforts répétés pour résoudre ce problème, les résultats se font encore attendre. Depuis que l’Hôtel de Ville a repris la gestion des déchets en 2015, les caniveaux, rivières, avenues et rues se sont transformés en dépotoirs à ciel ouvert. Ce décor insalubre favorise les inondations et la propagation de nombreuses maladies.

Des actions sans lendemain ?

Les initiatives gouvernementales, telles que « Kin Bopeto » ainsi que l’opération « Coup de poing », témoignent d’une volonté politique de répondre à ce défi. Mais une question persiste : ces mesures suffisent-elles à enrayer le problème, ou sont-elles de simples actions ponctuelles sans vision à long terme ? Selon Isaac Ekulusu, expert en gestion de projets, ces opérations relèvent davantage du coup d’éclat que d’une stratégie pérenne. Il recommande une approche multisectorielle qui s’attaque aux racines structurelles du problème, en redynamisant la gouvernance locale, en développant des partenariats innovants et en impliquant activement la population.

Vers une nouvelle gouvernance de la salubrité

Les gouverneurs successifs, André Kimbuta, Gentiny Ngobila et Daniel Bumba, récemment nommé, ont tous tenté d’améliorer la situation. Cependant, leurs actions sont souvent perçues comme des opérations de communication, sans impact durable. Entre 2005 et 2015, des programmes internationaux tels que le Programme d’Assainissement Urbain de Kinshasa (PAUK) et le Programme d’Assainissement, de Réhabilitation et d’Aménagement Urbain de Kinshasa (PARAU), financés par l’Union européenne, ont contribué à améliorer la situation. Toutefois, le manque de mesures pour assurer la durabilité de ces projets a empêché une véritable transformation. Aujourd’hui, Kinshasa doit faire de la salubrité une priorité de gouvernance, avec des projets durables pour ses près de 17 millions d’habitants.

Le projet de Daniel Bumba : un tournant attendu ?

Depuis son accession au poste de gouverneur en 2023, Daniel Bumba a mis en avant un programme ambitieux pour lutter contre l’insalubrité dans la capitale congolaise. Ce projet, axé sur une approche à la fois technologique et communautaire, vise à révolutionner la gestion des déchets. Parmi ses principales initiatives, on note la création de stations modernes de tri et de valorisation des déchets, une première pour la ville. Ces stations, équipées d’infrastructures adaptées, permettront, selon le gouverneur, de transformer les déchets en énergie et en matériaux réutilisables afin de réduire ainsi la quantité d’immondices rejetées dans les rues et les caniveaux.

Cependant, malgré la pertinence de cette approche, certains observateurs pointent déjà des faiblesses dans sa mise en œuvre. La question de la maintenance de ces infrastructures et du suivi de leur gestion à long terme reste une inquiétude majeure.

Entre volonté politique et réalité du terrain

Plusieurs experts soulignent également l’importance de l’implication active de la population pour assurer le succès du projet. Sans une sensibilisation et une éducation adéquates sur les pratiques de tri et de gestion des déchets, ce plan ambitieux risque de se heurter aux mêmes écueils que les précédents.

Daniel Bumba a également mis en place des brigades de salubrité composées de jeunes Kinois, chargées de nettoyer les espaces publics et d’assurer une surveillance régulière pour éviter l’accumulation des ordures. Cette démarche, bien qu’innovante, a suscité des critiques, certains la voyant comme une solution à court terme face à un problème beaucoup plus profond. La pérennité de ces initiatives dépendra de la capacité du gouvernement provincial à renforcer les infrastructures existantes et à établir des mécanismes de financement solides pour assurer leur viabilité.

Le projet de Daniel Bumba constitue indéniablement une avancée, mais sa réussite nécessitera une coordination efficace entre le secteur public et privé, ainsi qu’une mobilisation citoyenne accrue. Si cette stratégie est bien menée, elle pourrait représenter le changement attendu dans la lutte contre l’insalubrité à Kinshasa. Toutefois, seule une vision à long terme, associée à des actions concrètes et durables, permettra de rendre cette ville à la hauteur de ses ambitions.

Dominique Malala

Continue Reading

Nation

Lancement de la campagne agricole en RDC : une gesticulation de plus ?

Published

on

Le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Jacquemain Shabani, ainsi que son collègue ministre de l’Agriculture et sécurité alimentaire, Grégoire Mutshail, ont lancé le 17 octobre la campagne agricole 2024-2025. Cet événement vise à contribuer à la diversification de l’économie et à améliorer les conditions de vie des Congolais. Cependant, pour certains, cette initiative est perçue comme une politique « superficielle » et dépourvue de lendemain.

Environ 5 millions de semences, des tracteurs, des pesticides, des masques de protection, des fertilisants, des imperméables, des boutures de manioc, ainsi que des motos et des vélos ont été distribués dans les différentes provinces de la République Démocratique du Congo (RDC). Grégoire Mutshail a souligné que dix provinces avaient déjà bénéficié d’un approvisionnement anticipé en raison des besoins urgents dans certains bassins de production.

Parmi les contributions notables figurent 2 000 sacs d’engrais NPK et d’urée pour la province de l’Équateur, ainsi que 2 000 sacs d’engrais et 500 kg de semences pour la province du Kasaï. En outre, 1 000 kits comprenant 26 outils et matériels agricoles, ainsi que divers intrants, ont été distribués. L’appui au labour et au hersage a été prévu sur 100 hectares pour la production de piments, au bénéfice de l’Association des femmes productrices et de l’Association des maraîchers de Kingabwa et de N’djili SECOMAF à Kinshasa.

Concernant les semences, le ministre a précisé qu’un lot de 5 085 000 variétés avait été commandé et réparti dans les 26 provinces. De plus, 58 800 litres de pesticides, accompagnés de pulvérisateurs et d’équipements de protection tels que des imperméables et des masques, ainsi que 400 tonnes de fertilisants minéraux, ont été mis à disposition. Avec ces matériels, le ministère ambitionne d’aménager au moins 60 000 hectares de cultures à travers la République, soit entre 2 000 et 3 000 hectares par province.

Une gesticulation de plus ?

Pour certains Congolais, cette initiative ne semble pas suffisamment approfondie. Beni Lukombo, ingénieur agronome, déclare : « C’est une gesticulation de plus. Une campagne sans lendemain. » Il critique le manque de réflexion sur le choix des cultures en fonction du calendrier agricole, l’absence de techniques de rotation des cultures pour maintenir la fertilité des sols, ainsi que la planification des irrigations en lien avec les prévisions météorologiques. Selon lui, ces aspects cruciaux n’ont pas été intégrés de manière adéquate.

Christian Nyamabo, analyste en politique et développement, souligne un autre problème : le manque d’entretien des tracteurs agricoles. « En RDC, un tracteur ne reste opérationnel qu’une seule saison agricole, principalement à cause du manque d’entretien et de l’indisponibilité des pièces de rechange, qu’elles soient pneumatiques ou mécaniques », a-t-il déclaré sur son compte X. Il rappelle que la distribution d’intrants agricoles par le gouvernement, en partenariat avec divers acteurs internationaux, n’est pas une nouveauté. « Toutes les initiatives précédentes ont été des promesses non tenues, comparables à des montagnes accouchant d’une souris. Notre agriculture a besoin de programmes ciblés et adaptés, plutôt que de mesures superficielles qui relèvent davantage du marketing politique que d’un véritable soutien au secteur », a-t-il ajouté. Il déplore que ces initiatives se contentent de « disperser de manière inefficace les maigres ressources publiques. »

Le ministre de l’Agriculture a tenté de rassurer en affirmant qu’un suivi des intrants et semences distribués à travers le pays serait mis en place pour garantir l’efficacité de la production agricole. Grégoire Mutshail a déclaré que l’aménagement de près de 60 000 hectares de cultures constituait un défi pour son ministère. En d’autres termes, ces terres ne sont pas encore prêtes à être cultivées au moment du lancement de cette campagne agricole.

Heshima

Continue Reading

Nation

Justice en RDC : le bras de fer se poursuit entre Constant Mutamba et les magistrats

Published

on

La justice congolaise, déjà affaiblie par des années de dysfonctionnements, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un bras de fer opposant le ministre d’État chargé de la Justice, Constant Mutamba, à la Cour de cassation. Ce conflit s’est intensifié lors de la rentrée judiciaire 2024-2025, marquée par des critiques virulentes du Premier président de cette haute juridiction, Elie-Léon Ndomba Kabeya, qui a dénoncé les discours populistes du ministre, estimant qu’ils ternissent l’image des magistrats.

Conformément à l’article 64 alinéa 1 de la loi organique numéro 13/011-B du 11 avril 2013, régissant l’organisation, le fonctionnement et les compétences des juridictions de l’ordre judiciaire en République démocratique du Congo (RDC), la Cour de cassation a tenu sa séance solennelle de la rentrée judiciaire le 15 octobre, en présence du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Lors de cette rentrée, le Premier président Elie Ndomba Kabeya n’a pas mâché ses mots. Son discours a porté sur « l’importance du rôle spécifique du greffier » et « l’atteinte au principe constitutionnel de la présomption d’innocence ». Il a également fait état des actions qu’il a entreprises à la tête de cette juridiction.

Un discours incisif

Au cours de cette cérémonie, le Premier président a insisté sur la protection de la présomption d’innocence, fustigeant le « tribunal du net » qui juge sans procès. Ses propos ont été accueillis par des applaudissements nourris de ses pairs, signe d’une colère grandissante face aux attaques répétées du ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui, depuis son entrée en fonction, est omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le ministre n’a cessé de dénoncer des « magistrats véreux », une posture qui a exacerbé les tensions avec le corps des magistrats.

« En tant que magistrats, nous avons également besoin d’être protégés par la présomption d’innocence, face aux discours populistes qui nous vilipendent quotidiennement, même si, dans nos rangs, il y a, certes, des antivaleurs », a déclaré Elie Ndomba, s’adressant au chef de l’État pour dénoncer ce « tribunal du net ». Il a poursuivi : « Nos familles, en particulier nos enfants, dont les parents sont honnêtes et justes, traînent la honte d’être associés à des antivaleurs, alors que nous luttons à vos côtés contre la corruption. »

Le juge Ndomba a également mis en avant le rôle crucial des greffiers dans le bon fonctionnement de la justice, tout en soulignant leur manque de formation et de rémunération adéquates. Il a identifié ces lacunes comme des causes majeures des dysfonctionnements au sein des juridictions.

En outre, le Premier président a sollicité l’organisation d’un concours de recrutement pour intégrer des greffiers diplômés en droit, en remplacement des agents administratifs affectés aux Cours et Tribunaux par le ministère de la Fonction publique. Il a insisté sur l’importance d’un cadre juridique approprié pour encadrer la profession de greffier, affirmant que la maîtrise du droit est une exigence fondamentale pour cette fonction. Il a plaidé pour une réorientation des agents administratifs ne remplissant pas les critères vers d’autres services de l’État, ouvrant ainsi la voie à de jeunes diplômés, qui pourraient accéder à la profession après avoir réussi un concours exigeant.

Désengorgement des prisons

Le ministre Constant Mutamba a récemment pris des mesures controversées, notamment la libération de 648 détenus de la prison de Makala dans le cadre de sa politique de désengorgement des prisons. Bien que cette initiative ait été soutenue par des commissions de magistrats, elle a été jugée illégale par le procureur général près la Cour de cassation, qui a exprimé des inquiétudes quant à l’augmentation de la criminalité à Kinshasa, qu’il a en partie attribuée à ces libérations. Firmin Mvonde n’a pas parlé de « prisonniers libérés », mais plutôt d’« évadés ».

En réponse à ces accusations, Constant Mutamba a réaffirmé que ses actions étaient conformes à la loi et visaient à humaniser le système pénitentiaire congolais. Il a également défendu l’engagement du gouvernement à régulariser les détentions et à garantir les droits des détenus. Cependant, cette défense est perçue par certains comme une tentative de dissimuler une gestion chaotique du secteur judiciaire.

Des réformes attendues

La justice congolaise semble engluée dans un cycle de promesses non tenues. Des états généraux de la justice ont été organisés par le passé, sans que leurs recommandations ne soient suivies d’effets. À la fin de ce mois, un nouveau cycle de discussions est prévu, promettant, une fois encore, de diagnostiquer les maux du secteur. Début novembre, ces états généraux de la justice seront lancés. Toutefois, l’histoire incite à la prudence. Les tensions entre le ministre de la Justice et le Conseil supérieur de la magistrature, ainsi que les carences dans l’application des réformes, alimentent un climat de méfiance.

La justice, censée être le pilier d’une démocratie saine, se retrouve affaiblie, avec des acteurs divisés sur la manière de mener la lutte contre la corruption et l’injustice. Les états généraux à venir seront-ils l’occasion de rompre avec ce passé marqué par des promesses vaines ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est sûr, c’est que l’urgence d’une réforme profonde de l’appareil judiciaire ne fait aucun doute.

Dominique Malala

Continue Reading

Nation

RDC : Les Léopards à la CAN pour la 20ème fois de leur histoire

Published

on

Au stade Benjamin Mkapa, à Dar es Salaam, capitale tanzanienne, les fauves congolais ont réalisé un sans-faute en enchaînant une quatrième victoire, mardi 15 octobre, contre la Tanzanie, sur le score de deux buts à zéro. Cette victoire est synonyme de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tiendra au Maroc en 2025, marquant la 20ème participation du pays à ce tournoi.

Les poulains de l’entraîneur Sébastien Desabre ont lutté pendant 88 minutes avant de trouver le chemin des filets. Entré en jeu à la 60ème minute à la place de l’attaquant de l’Étoile Rouge de Belgrade, Silas Katompa, Meschack Elia, ailier des Young Boys en Suisse, s’est offert un doublé (88e, 90+4) pour délivrer les Léopards. Cette victoire a permis aux congolais non seulement de se qualifier, mais aussi d’assurer la première place du groupe H, quel que soit le résultat des deux autres matchs restants. Avec 12 points, la République démocratique du Congo (RDC) reste en tête du groupe, suivie de la Guinée (6 points) après ses bons résultats face à l’Éthiopie, tandis que la Tanzanie (4 points) et l’Éthiopie (1 point) ferment la marche.

Sous la direction de Sébastien Desabre, la RDC enchaîne des performances presque inédites. Cette nouvelle victoire permet au pays de décrocher un huitième succès consécutif en éliminatoires de la CAN, sans encaisser le moindre but. Ce parcours sans faute dépasse celui de Florent Ibenge en 2016 lors des éliminatoires de la CAN 2017.

La RDC sera accompagnée du Sénégal et de l’Ouganda, vainqueurs respectivement du Malawi (0-1) et du Soudan du Sud (2-1). Les choses se compliquent en revanche pour le Ghana, battu au Soudan (0-2). Les Black Stars, quadruples champions d’Afrique, risquent de devoir suivre la phase finale de la CAN 2025 depuis chez eux. Le Burkina Faso et l’Algérie ont également validé leurs tickets pour cette compétition.

Réussir à la CAN

Quatrièmes de la dernière CAN, derrière l’Afrique du Sud, les Léopards parviendront-ils à faire mieux lors de cette phase finale, qui se jouera entre décembre 2025 et janvier 2026 au Maroc ? C’est la grande question. L’entraîneur français Sébastien Desabre est sur une bonne dynamique et pourrait réaliser une nouvelle performance lors de cette phase finale. Remporter la compétition, qui échappe au pays depuis 1974, serait une belle réussite. Retourner à la coupe du monde après un demi-siècle serait l’idéal pour de nombreux congolais.

L’histoire retient que les Léopards sont la première équipe africaine noire à être qualifiée pour une coupe du monde, en 1974. Après plus de trois mois, le 14 mars 1974, les fauves congolais (zaïrois à l’époque) avaient remporté leur deuxième CAN en battant la Zambie deux à zéro en finale.

Retrouver le toit de l’Afrique en football est l’un des objectifs de l’entraîneur Sébastien Desabre. Après près de 20 participations à la CAN, ramener un troisième trophée à la maison ne ferait de mal à personne !

Heshima

Continue Reading

NOUS SOMMES AUSSI SUR FACEBOOK

Trending

You cannot copy content of this page

WeCreativez WhatsApp Support
Notre rédaction est là pour répondre à toutes vos préoccupations. N'hésitez pas !
👋Bonjour, comment puis-je vous aider ?