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Culture

Le rituel Ingomba chez les Mongos

Afin que l’entrée des jeunes gens dans la vie d’adulte soit une réussite, les peuples de l’ethnie Mongo procède à un rituel initiatique dénommé « Ingomba » dans lequel est impliqué l’ensemble de la communauté.

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Le peuple Mongo se retrouve au centre de la RDC et en partie au Congo voisin. Il se re­groupe dans la grande famille des Anamon­go, descendant de Mongo, leur ancêtre commun. Il représente à ce jour 65% du peuplement du Congo et se répartit en diverses tribus vivant dans les provinces de l’Equateur, de la Mongala et de la Tshuapa, au nord des provinc­es du Maï-Ndombe et du Sankuru ainsi qu’à l’Ouest du Maniema.

Les diverses tribus de ce peuple sont les Mongos eux-mêmes, les Batetelas, les Bankutus, les Boli­as, les Bokotes, les Bakusus, les Boyelas, les Bongandus, les Ekon­das, les Iyadjimas, les Iyesas, les Koles, les Mboles, les Mpenges, les Ndengese, les Nkundos, les Ntombas, les Sengeles, les Son­gomenos.

Elles ont toutes en partage une culture quasi identique dont la ra­ditionnelle du rite de l’ingomba.

Plutôt que de les abandonner dans l’expérimentation personnelle des vicissitudes de l’existence sans repères, un peu à l’aveuglette, l’ob­jectif de cette pratique du peuple mongo est d’inculquer davantage de sens de responsabilité afin de rendre leur progéniture autonome, apte à se lancer dans la réalité du monde et être utile à la société en s’y intégrant comme il convient, grâce aux conseils prodigués par les aînés et la transmission d’un savoir-faire.

Dans l’entendement moderne, marqué par la présence d’un sys­tème éducatif bien structuré en guise de lieu de formation et d’ap­prentissage, le rituel ingomba est donc à considérer comme une véritable école de la vie.

Solidarité et cohésion sociale

Dans cet univers culturel, aucune composante de la société n’est mise de côté, témoignant du sou­ci du renforcement de sa cohé­sion, gage de sa préservation.

Les plus âgés, imprégnés des en­seignements communiqués en amont et des leçons tirées indiv­iduellement de leur parcours se mettent ainsi à la disposition des plus jeunes. Leur rôle est ainsi d’assurer la formation à ces der­niers dans le souci qu’ils se con­forment aux coutumes du clan et puissent bien assumer leurs obli­gations.

D’une manière générale, le re­spect voué à la tradition consiste à être informé des interdits en vue de ne pas les enfreindre, à se sou­mettre à la hiérarchie, à compren­dre sa place dans la collectivité…

De manière plus spécifique, il est demandé aux filles de se préparer à vivre en couple : savoir prendre soin de son époux, être en mesure de bien tenir son ménage qu’il s’agit de l’entretien du foyer ou de la préparation des repas, pouvoir façonner les objets de son quoti­dien comme les ustensiles de cui­sine, la natte, le panier, mettre de l’ardeur aux travaux champêtres.

Quant aux garçons, il s’agit pour eux de se montrer capables de prendre en charge le foyer incl­uant femme et enfants, se nour­rir par la chasse, la pêche ou les travaux de champs, construire son logement, maîtriser la fabri­cation des objets utiles à son quo­tidien (instruments de chasse ou de pêche, meubles d’habitation…).

Au-delà du résultat obtenu en termes de cohésion sociale, l’ini­tiation ingomba a en outre l’avan­tage de consolider la solidarité de confrérie. En effet, au cours de la période d’initiation, les novices se voient unis par des liens indisso­ciables de fraternité les uns aux autres, jusqu’au sacrifice en cas de problèmes.

Pratique de l’initiation

De manière plus concrète, le déroulement du rituel se car­actérise par différents aspects. En un premier lieu, il concerne les jeunes de tous les villages, âgés de 15 à 18 ans. La durée de leur instruction est de six mois pour les garçons et d’un mois renou­velable une fois pour ceux qui éprouvent des difficultés à ac­complir leur apprentissage.

Pour bien faire aboutir cette péri­ode de réclusion circonstancielle, la contribution de chaque famille du village est obligatoirement requise – autre forme de solidar­ité -, même si elle n’a pas d’enfant candidat à l’initiation.

Durant cette étape, les initiés sont soumis à un régime austère pour intensifier leur endurance et dompter les éléments naturels. Il s’ensuit à leur sortie, un amai­grissement physique en raison de la pénibilité des nombreuses tâches accomplies et des condi­tions de vie dans un milieu incon­fortable sinon hostile en forêt.

Finalement aux fins d’attester de la réussite des différentes étapes du rituel, et preuve de la maturité acquise, les initiés sont enduits de kaolin, blanc pour les garçons et rouge pour les filles et identi­fiés par des tatouages.

Le retour au village est bien sûr l’occasion de faire la fête. Et l’une des premières besognes à exécuter par le nouvel adulte est d’ériger à proximité de sa demeure une paillote appelée in­gomba, destinée à accueillir ses visiteurs et dans laquelle un feu allumé sur quelques troncs brûle en permanence.

Cependant à lire tout l’intérêt de ce cérémonial, la déception est perceptible devant l’ignorance dont il est malheureusement l’ob­jet de la part surtout des citadins. Ne serait-il pas une occasion de le mettre au goût du jour ? d’au­tant plus que cet environnement est confronté à plusieurs travers, spécialement le kuluna, par man­que de connaissances des con­traintes sociales.

Reste à vérifier sa validité auprès de ceux qui ont eu à l’éprouver, car de l’aveu de ses adeptes, pour celui qui a pu jouir de son priv­ilège, son échec dans la vie est improbable.

Noël Ntete

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Culture

Le Batteur de tam-tam de la FIKIN, un chef-d’œuvre au cœur de Kinshasa  

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De par son envergure, la statue du Batteur de tam-tam de la Foire Internationale de Kinshasa, Fikin est la sculpture la plus célèbre de Kinshasa.  D’une hauteur de plus ou moins cinq mètres, ce chef-d’œuvre colossal du premier professeur Noir de l’Académie des Beaux-Arts, André Lufwa, symbolise l’un des aspects les plus importants pour les Kinois : la musique. 

Tout habitant de la capitale congolaise connait sûrement la géante statue dénommée le « Batteur de Tam-tam de la Fikin », ce véritable bijou monumental de la République Démocratique du Congo. Implantée à la Foire Internationale de Kinshasa, cette sculpture est considérée comme une représentation artistique d’un personnage emblématique de tout temps de la culture africaine à qui il a toujours été fait appel pour rythmer la vie sociale avec son instrument, dans les moments de joie comme de malheur. Elle a toujours su captiver la curiosité des milliers des visiteurs lors de la tenue de la foire annuelle à la belle époque de sa splendeur avant les pillages des années 90.

La célèbre statue « Batteur de Tam-tam de la Fikin » est un hommage mérité à Nkumbi Kinkumbila, son modèle de chair et d’os, originaire du Kongo Central, dans la façade Ouest du pays. « Né en 1928 et décédé en 2008, les performances de Nkumbi ont attiré beaucoup plus d’attention lorsque le Mouvement Populaire de la Révolution de la province du Bas-Congo a repris certains de ses battements dans son groupe d’animation »

Etant une œuvre d’esprit, le « Batteur  de Tam-tam de la Fikin » vise à mettre en lumière l’art de ce pays au cœur de l’Afrique. « Cette statue est une contribution au rayonnement de l’art plastique de la République Démocratique du Congo. Elle attire l’attention des touristes sur la culture congolaise », note un touriste belge.

Un artiste de génie

Géniteur de ce colosse en pierre, André Lufwa Mawidi naquit le 25 décembre 1925 et décède le 13 janvier 2020 après une longue maladie.  C’est à juste titre que le sculpteur de cette statue est apprécié comme une icône qui a révolutionné l’art congolaise grâce au goût de génie de ce premier enseignant de l’Académie des Beaux-Arts.  

Bien que le Batteur de tam-tam de la Fikin passe pour l’œuvre majeure du défunt sculpteur, du moins la plus connue des Congolais qui tient lieu de référence de son talent, cette grande figure de l’art congolais, aîné du regretté Maître Liyolo disparu l’an dernier et de François Tamba mort en 2006, en a cependant réalisé bien d’autres de facture remarquable. Il faut remonter au buste du chef Lutunu à Gombe Matadi avant de répertorier le reste des œuvres qui contribuent au patrimoine artistique de Kinshasa. C’est dans la capitale que l’on trouve le gros des réalisations d’André Lufwa dont les emplacements témoignent de la valeur accordée au travail de l’éminent artiste. Il s’agit notamment des Léopards de simili pierre qui montent la garde devant les entrées principales de l’enceinte présidentielle du Mont Ngaliema, l’Archer, le Voyageur et l’Hospitalité zaïroise aux Affaires étrangères à Kinshasa, au jardin comme à l’intérieur de l’immeuble.  Il en va de même des monuments de Désiré Kabila et Patrice Emery Lumumba au croisement du boulevard du 30 juin dans la même ville. Buste de la fondation Kabila ??? ou du mausolée ??? Monument de Lumumba à Limete ???

L’ensemble des œuvres monumentales de Lufwa sont des réalisations de style académique. Mais le sculpteur s’est laissé aller à des expressions plus libres avec ses autres créations de format plus réduit pour la plupart de petites pièces en bois, en ivoire et en malachite. En majorité, elles datent de plusieurs décennies comme l’on peut bien s’en douter.

Feu André Lufwa Mawidi ne fit pas longue carrière dans l’enseignement. En effet, il choisit de se livrer entièrement à la pratique artistique au courant des années 1960. Il délaissa aussi son titre de directeur adjoint chargé de l’enseignement professionnel dans le gouvernement provincial du Kongo central pour se vouer totalement à son art. Dès lors, il prit part à de nombreuses expositions et rencontres artistiques internationales à travers le monde. C’est le cas notamment de l’Exposition universelle de Montréal, Canada, en 1967.

Raymond OKESELEKE

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Culture

LE GNETUM SPP LÉGUME VERT FAIT À BASE DE PÂTE D’ARACHIDE

Connue en France sous l’appellation Gnetum africanum, le fumbwa est une liane forestière. On le retrouve aisément en Asie (tropicale et subtropicale), en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique Centrale. Mets très convoité, le Gnetum spp est aussi connu sous l’appellation d’Okok dans la partie francophone du Cameroun et d’Eru pour les anglophones. Mais aussi de Koko au Gabon, Angola, Congo, Centrafrique, d’Afang pour certaines tribus du Nigeria ou encore d’Ukazi pour d’autres.

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Bien longtemps, le fumbwa était un plat traditionnel et local consommé par les peuples Kongo vivant dans l’ouest de la RDC et l’Angola. Il est préparé avec les feuilles de Gnetum sp. dont il porte le nom en langue locale, le fumbwa. Mais, au fil des temps, il s’est imposé et est actuellement consommé par les autres ethnies qui apprécient son goût délicieux et son apport nutritionnel. Il est disponible dans les magasins africains, antillais, indiens et turcs. Même si son appellation diffère d’un lieu à l’autre, cette plante verte à la texture dure est convoitée pour ses différentes vertus. Qu’elles soient culinaire, médicinale ou esthétique, le fumbwa fait l’unanimité ! De plus, il constitue une filière commerciale très lucrative. Il est apprécié et principalement consommé localement. La plante est également exportée de la RDC notamment au Nigeria, et même jusqu’en France, aux États-Unis et au RoyaumeUni.

 Le Gnetum spp. est une treille trouvée la plupart du temps dans les jachères et les forêts secondaires, de qui les feuilles sont employées en tant que riches d’un légume feuillu en protéine. C’est l’un des rares légumes verts disponibles tout au long de l’année. Son importance dans la sécurité alimentaire ou comme source de revenu devient donc très important. C’est ainsi qu’il était choisi parmi les trois PFNL phares en RDC pour le projet « Mobilisation et renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises impliquées dans les filières des produits forestiers non ligneux en Afrique Centrale » regroupant quatre principaux acteurs, à savoir CIFOR, FAO, SNV et ICRAF. Dans cette perspective, une étude de base de la filière fumbwa a été menée en RDC. L’objectif de cette étude était de faire une analyse complète de filière afin de proposer des solutions pour sa gestion optimale. C’est ainsi que des enquêtes ont été menées auprès de différents acteurs de la filière notamment les cueilleurs, les commerçants et les consommateurs. Les enquêtes production « cueillette » ont été faites seulement dans la Province du Grand Equateur. En effet, dans les villages d’enquête, la cueillette des feuilles du fumbwa implique aussi bien les pygmées que les Bantou.

 Contrairement à ce qui se passe ailleurs, dans cette province, la cueillette des feuilles du fumbwa est en grande partie faite par les hommes et il ne fait pas partie des régimes alimentaires des populations, plus de 80% de la production sont destinés à la vente. Actuellement, la cueillette et la vente se font de manière individuelle. Pour la campagne 2007, par exemple, la production moyenne annuelle par cueilleur est estimée à 257 kg. La cueillette se fait une fois par semaine, ceci par le fait que l’avion qui l’affrète le fumbwa de la Province de l’Equateur à Kinshasa n’effectue qu’un vol par semaine. Si le vol est annulé toutes les quantités sont jetées car la durée de vie maximum des feuilles du fumbwa est de trois jours.

 Dans ce cas, le producteur n’est pas payé car le produit est acheté à crédit. Ces problèmes de transfert créent un grand fossé entre le prix au producteur et le prix au consommateur. Le producteur reçoit moins de 10% du prix du consommateur. En 2007, le revenu moyen annuel du fumbwa par producteur est estimé 36752 Fc soit 668$ tandis que les marges nettes du détaillant et du grossiste de Kinshasa sont estimées respectivement à 34.354 $ et à 19.495. Dans la ville de Kinshasa, le coût moyen du plat du fumbwa est estimé à 2 000 Fc, soit environ 1 $ auprès des malewa de fortune. Dans la ville de Kinshasa, le fumbwa qui au départ était pour les « Bakongo » est entré dans les régimes alimentaires de tous les Kinois. En RDC, les problèmes majeurs de la filière fumbwa sont la conservation et le transport, la rareté du produit n’est pas encore une préoccupation.

 Raymond OKESELEKE

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Culture

Musique : retour du clan Wenge, 25 ans après sa dislocation…

Après l’apothéose des années 90, le groupe Wenge Musica BCBG 4×4 s’est à nouveau taillé une place de choix auprès de ses mélomanes. A l’initiative du producteur Amadou Diaby, un concert historique a scellé la réconciliation de ce clan, le 30 juin 2022, au stade des Martyrs, à Kinshasa. Mais d’autres productions VIP attendent encore ces « Anges adorables »…

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Loin des feux de projecteurs, les grands de ce groupe composé de JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Alain Makaba, ont acté leur réconciliation, plus de 25 ans après, un lundi 22 janvier 2022 à Paris. Plusieurs projets ont germé de cette rencontre dont un méga-concert au stade des Martyrs de Kinshasa en prélude aux autres productions dont celle de Pullman, ce samedi 9 juillet et un album en commun.

Les leaders de Wenge Musica BCBG 4×4 Tout Terrain se sont réunis le 30 juin 2022 au stade des Martyrs pour produire un spectacle inédit à l’intention de leurs mélomanes. Cette occasion a permis aux Anges adorables de se retrouver, de faire revivre les beaux moments de l’époque avec des tubes mémorables, faisant danser même les plus jeunes.

Après le concert du stade des Martyrs à Kinshasa, les activités vont se poursuivre cette fois-ci dans un autre site à savoir, au Pullman Hôtel ce samedi 9 juillet 2022 à partir de 19 h30 par le même groupe réunifié. Ce sera un concert VIP programmé au Chapiteau de l’Hôtel Pullman dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. L’on se rappelle bien qu’au stade des Martyrs, le prix du billet était fixé à partir de 5000 Francs congolais (2,5 dollars), mais pour celui de Pullman, le prix est fixé à 300 dollars.

Au milieu de tous les défis que rencontre la RDC dans ses différentes sphères, le concert du stade des Martyrs organisé le jour de l’indépendance du pays était l’occasion de porter un message fort et poignant autour d’un idéal commun : l’Unité, comme véritable force motrice et incontournable pour la grandeur de la nation congolaise. L’annonce de ce méga-concert s’est réalisée de manière à attirer un flux de demande de billes d’accès dans un stade réservé à l’accueil de 80 000 spectateurs. Pour leur part, les mélomanes ont bel et bien consenti à l’appel des organisateurs. Par nostalgie, des fans ont afflué de tous les quartiers de Kinshasa, sans compter ceux de la diaspora, pour rehausser de leur présence le grand rendez-vous. Question de remettre au goût du jour tous les répertoires qui ont fait la pluie et le beau temps des années 1990.

Affaire 100 000 dollars…

La nouvelle défraie la chronique et va jusqu’à devenir virale sur les réseaux sociaux. Elle est bien au-delà de ce qu’auraient espéré les fans nostalgiques du groupe qui a marqué leur jeunesse. Bien plus qu’une simple réconciliation de ses anciens sociétaires devenus presque tous leaders de leurs propres formations musicales, Wenge Musica 4×4 est allé jusqu’à se reconstituer autour d’un projet à deux étapes sous la houlette d’Amadou Diaby. C’est un pavé dans la mare jeté lors la distribution non équitable des cachets empochés par Werrason et JB Mpiana au détriment des autres leaders du groupe à savoir Alain Makaba et Blaise Bula à l’issue du concert du stade des Martyrs. Les deux précités auraient perçu chacun 100 000 dollars contre plus ou moins 50 000 pour les deux autres. Cette affaire risquerait d’éclabousser à nouveau le clan parce qu’il aurait été prévu pour Werrason et JB Mpiana d’encaisser chacun 300 000 dollars après le concert de Pullman. Ces faits, s’ils arrivaient à être confirmés, pourraient susciter d’autres frustrations au sein d’un clan nouvellement reconstitué.

10 000 billets achetés du coup 

25 ans après leur séparation, l’ancien vice-président de la Fédération guinéenne de football, Amadou Diaby, a réussi à réunir les têtes d’affiche du clan Wenge pour ce qu’il appelle le  »concert du siècle ». Amadou s’est associé à des personnalités comme le producteur américain Teddy Riley, l’artiste malien Salif Keita et le musicien congolais Mohombi pour réussir cette entreprise.

Pour la première fois, ces personnages qui échangeaient des piques par média interposé se sont produits au stade des Martyrs. Devant un public euphorique, ils ont repris leurs titres phares, rappelant des souvenirs des années Wenge avant l’éclatement de 1997. Au-delà de la réconciliation entre musiciens, ce concert réconcilie aussi le public qui était divisé à la séparation du groupe. Ledit concert n’est que le début d’une série de productions du Wenge Musica BCBG 4×4 Tout terrain, formule originale. Plusieurs concerts à jouer sont à l’affiche du programme. Le prospectus propose plusieurs productions après celle du stade des Martyrs et de Pullman Hôtel, ex-Grand Hôtel Kinshasa.

Le groupe devra ensuite s’ébranler vers l’Amérique, l’Europe et ailleurs dans le monde. Le concert dit de réconciliation de Wenge Musica BCBG 4X4 a mobilisé une grande masse de personnes. A en croire Werrason, l’un des leaders de cette formule originelle de Wenge, des gens sont venus de partout, de l’Amérique, de l’Europe, de Brazzaville voire de l’intérieur du pays. D’après lui, il n’y avait plus de places dans les hôtels de la capitale, étant donné que toutes les chambres avaient été occupées. Il avançait le chiffre de 240 000 billets vendus, alors que le stade des Martyrs, avec une capacité de 80 000, ne peut aller que jusqu’à 100 000 personnes.

Complétant le patron de Wenge Musica Maison Mère, Alain Makaba, l’autre artiste polyvalent de BCBG 4X4, a indiqué qu’ils étaient à cours de billets. En effet, nombreux étaient les mélomanes décidés à assister au concert du 30 juin. Des billets ont été raflés d’avance en soutien à l’événement. En prélude de ce concert qui s’est passé le 30 juin, les principaux administrateurs que sont JB Mpiana, Werrason, Didier Masela, Blaise Bula, Adolphe Dominguez accompagnés du producteur de cet événement, Amadou Diaby, ont eu une rencontre préparatoire le 25 juin 2022 à Matonge, dans la commune de Kalamu. Autour d’un verre symbolisant l’unité et la réconciliation, ces retrouvailles annonciatrices du méga-concert marquaient également l’exemple pour rapprocher davantage tous les camps des mélomanes opposés en vue de leur cohabitation dans un brassage culturel sans aucun clivage.

L’achat préalable des billets distribués à certains Kinois le 29 juin 2022 à Matonge s’est réalisé en amont pour permettre à l’organisateur du concert d’atteindre son objectif. Une partie de recettes (40%) générées à l’issue de l’événement du 30 juin au stade des Martyrs était prévue d’être déversée comme soutien aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) engagées au front contre les groupes armés à l’origine de l’insécurité dans la partie est du pays, notamment les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.

Origine…

Créé un certain 11 juillet 1981 autour de Didier Masela Ndudi sur la rue Dibamboma, dans la commune de Bandalungwa (Bandal), cet ensemble musical n’était composé au départ que d’amis et élèves habitant le quartier. Sans dénomination au départ, l’orchestre emprunte son nom d’une équipe de football existant dans le coin : Wenge et la particularité de cette équipe est qu’elle ne gagnait pas souvent ses matchs et après une énième défaite devant les membres du groupe, le nom de WENGE fut adopté. Et pour rendre hommage à Papa  Wemba et à King Kester Emeneya leurs idoles d’une part et pour apporter une différence avec l’équipe de football, ils  ajoutèrent Musica. C’est ainsi que l’orchestre prit le nom de Wenge Musica. Les séances de répétitions et concert se déroulaient au dancing « Moto na Moto » dans la commune de Bandalungwa. Et plus tard, pour notifier la progression du groupe auprès du public, d’autres surnoms furent collés au nom Wenge Musica. Et chaque appellation avait une explication pour les musiciens de ce groupe. Didier Masela Ndudi en est le fondateur aux côtés de Noël Ngiama Makanda dit Werrason, Aimé Bwanga et Alain Mwanga. Comme chanteurs : JB Mpiana, Blaise Bula, Dede Masolo (Deno Star), Anicet Pandu Anibo, Wes Koka, Adolphe Dominguez. Du côté des instrumentistes, Alain Makaba (Guitare et clavier), Christian Zitu (accompagnement), Maradona Lontomba à la batterie et Evo Nsiona (Tumba).

Jusqu’en 1986, l’orchestre n’était qu’un passetemps, vu que les composants étaient élèves et étudiants. Et tous n’espéraient pas faire de la musique comme un métier. L’orchestre se mesurait avec les autres groupes des jeunes de la capitale comme « Il fallait Kaka », « Litonge Bouge » ou encore « Arka Musica » pour ne citer que ceux-là. Wenge réussissait à jouer en première partie ou levé de rideau des orchestres chevronnés comme Langa Langa Stars et Choc Stars par le soutien inconditionnel de Defao Matumona.

Et c’est grâce à Madame Kiamuangana Mateta Verckys  que l’orchestre fut programmé pour une émission télévisé à la télévision nationale (OZRT) au Studio Maman Angebi après avoir livré des concerts dans l’enceinte de Veve Center, de l’artiste producteur Verkys Kiamwangana. Cette synergie permit au groupe de rentrer en studio  pour enregistrer « Kin e bougé » (1ère version) de JB, « Bébé ake na ye » de Zing Zong et « Laura » de Blaise Bula.

Apothéose

Le groupe entre en studio à Brazzaville à l’IAD et enregistre l’album « Bougé Bougé » en 1988. Un album de 6 titres avec la chanson phare « Mulolo » qui veut dire clameur. A ce jour, personne ne connaît son auteur. JB Mpiana et Werrason se disputent la paternité. Certains natifs et inconditionnels du groupe attribuent la chanson à Ladins Montana, un proche de Werrason ; les autres titres de l’album: Nicky D (Werrason), La fille du Roi et Kolo Budget (JB), Dodo la Rose (Blaise Bula), Fisol (Alain Makaba). La Chanson Mulolo a été primée comme chanson de l’année et l’orchestre Wenge Musica la révélation musicale de l’année 1988.

L’album « Bougé Bougé » récolte un succès fou auprès du public jeune, étudiants et élèves de tout le pays. Désormais, il faut compter avec ce groupe dans le paysage musical du grand Zaïre. L’album leur servant de book-press deux producteurs résidents en Belgique MM Masakuba-Kokard patron des Editions Sans Frontières et Kibonge organisent le voyage du groupe à Bruxelles via Paris. Ne disposant pas de bons documents pour le voyage, le groupe se divise en deux pour essayer de tromper la vigilance des agents de l’immigration à l’aéroport. Ainsi, seront envoyés en éclaireurs Ricoco Bulambemba et Pipo le drummer. Le voyage se déroule sans anicroches pour eux, au moment où le second groupe dit des leaders composé de JB, Werra, Masela, Makaba et Bula s’apprête au voyage, le subterfuge est détecté, le groupe est arrêté et reste à Kinshasa.

Au pays, l’orchestre se réorganise. Un organigramme du groupe qui place JB Mpiana à la Présidence et un conseil de 4 administrateurs composé de Ngiama-Werrason Administrateur-Directeur Financier, Makaba-Alain administrateur-Directeur artistique, Blaise Bula-Monga Administrateur sans oublier Didier Masela, le Fondateur.

Des tournées en spectacles à travers Kinshasa et le reste du pays, l’orchestre assoit sa notoriété. Le premier contrat publicitaire est signé avec la compagnie brassicole Bralima sous le label « Génération Primus ». L’orchestre agrémente les fêtes du parti-état, le MPR du Maréchal Mobutu aux côtés des grands orchestres comme Zaïko ou l’OK Jazz. Pourtant, un drame est venu frapper à la porte du «BCBG ». Sur le chemin du retour d’une prestation au site de Ngafura, Alain Kombo mi-soliste meurt dans un accident de circulation. Tout Kinshasa en avait parlé attribuant la thèse de sacrifice pour le succès du groupe. Il est remplacé par Fi-Carré Mwamba ; dans cette foulée, Maradona et Delo Basse quittent le groupe pour un voyage vers l’Europe pour y retrouver la bande à Ricoco. Patient Kusangila remplace l’accompagnateur Djo Lina et Titina Mbwinga « Al Capone » prend la place laissé par Maradona et deviendra le titulaire indiscutable à la batterie.

En novembre 1990, JB Mpiana, Werrason, Alain Makaba, Didier Masela, Blaise Bula, Roberto Wunda, Marie Paul et Titina Mbwinga arrivent à Bruxelles. Manda Chante, Fula King et Alain Mpela ne sont pas du voyage. Le groupe réside à Bruxelles et est renforcé par Adolphe Dominguez tandis que Ricoco est écarté du groupe au soir de l’unique concert que le groupe réalisa à Paris. A Bruxelles, le groupe continua sa tournée en livrant des concerts et  enregistre l’album « Kin e bougé ». Au moment du retour de l’orchestre à Kinshasa, Marie Paul qui ne se sentait pas à l’aise avec Adolphe Dominguez prit la fuite pour retrouver le groupe des bannis à Paris. C’est cette arrivée de poids qui avait scellée la naissance d’un nouveau groupe qui sera appelé Wenge Musica Aile Paris.

Crise de Leadership et dislocation

JB Mpiana, en sa qualité du Président du groupe, imposa à l’orchestre la sortie de son album qui avait connu la participation de tous les musiciens du groupe, excepté le jeune Hervé Gola dit Ferre. Une réussite avec la nouvelle danse le Ndombolo ; cet album marquera la fin du groupe car des conflits en conflits, l’irréparable arriva, deux  nouveaux groupes naissaient. Le Wenge Musica BCBG de JB Mpiana avec toute l’équipe sauf Adolphe Dominguez, Werrason, Didier Masela et Hervé Gola. Le groupe prit le nom de Wenge Musica Maison Mère pour notifier la continuité du groupe autour de Didier Masela. L’embellie n’était que de courte durée de chaque côté. JB Mpiana se sépara de Blaise Bula et d’Alain Makaba pour régner seul en qualité de Souverain Bina Adam, Blaise Bula créa son groupe Pondération 8 avec comme slogan Yb² qui veut dire : « Yemba nde, beta nde, bina nde » (Savoir chanter, jouer et danser). Il prône de la bonne musique, la maîtrise de l’art d’Orphée.

Werrason aussi se sépara de ses deux amis, le fondateur Masela et Adolphe Dominguez. Didier Masela garda Wenge Musica 4X4 et Adolphe monta son Wenge Tonya Tonya. A ce jour, le clan Wenge s’est éclaté en 8 groupes ci-après : Wenge BCBG de JB Mpiana, Wenge Musica Maison Mère de Werrason, Wenge Musica 4X4 de Didier Masela, Wenge Référence de Manda Chante, Wenge Tonya Tonya d’Adolphe Dominguez, Pondération 8 de Blaise Bula, Wenge Kumbela de Aimé Bwanga, Wenge Aile Paris de Marie Paul.

Raymond Okeseleke

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