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Diététique: Le mangoustan, reine des fruits

Présent à partir de décembre sur les étals des marchés du Kongo Central dans sa partie orientale et de Kinshasa, le mangoustan s’offre avec plaisir à la consommation tellement son goût est délicieux, alors que peu de gens ont connaissance de ses vertus diététiques.

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Classé dans la catégorie des fruits tropicaux, caractérisés par leur intolérance au froid, le mangoustan (ou mangouste comme le petit mammifère) est le fruit du mangoustanier, une plante qui provient des régions au climat chaud et humide. Ce fruit est originaire d’Asie du Sud-Est où il est considéré comme la reine des fruits en Malaisie. Il s’est retrouvé au Congo au moment de l’implantation du Jardin botanique de Kisantu par le frère Gillet, un haut-lieu d’écotourisme de la province. Il représentait jadis dans cette localité du Kongo Central, parmi les nombreuses variétés de cet espace luxuriant, une espèce emblématique, dont l’interdiction de la consommation ordonnée par les religieux aux autochtones s’entourait du mystère à l’instar de celui de la pomme du jardin d’Eden. Mais certainement, la cause de cette prohibition n’avait que pour explication les besoins de son acclimatation, sinon de vouloir, de la part de ces religieux, jalousement être les seuls à en savourer les délices. Néanmoins, au fur et à mesure, sa culture s’est répandue pour en faire un produit de plus en plus accessible en termes de coût et d’une quantité abondante, même si sa culture pour le Congo, est limitée essentiellement aux environs de Kisantu.

A l’étranger, outre en Asie, ce fruit exotique est également de plus en plus consommé sur les marchés occidentaux.

Le mangoustan se présente sous une forme ronde de couleur mauve foncé à l’identique de l’aubergine et de la prune dont il a d’ailleurs la taille et la forme ronde avec en plus une couronne de calice de quatre feuilles de couleur verte à la base du pédoncule.

Il comprend trois parties, à savoir une membrane, le péricarpe et le fruit proprement dit. La membrane, située au-dessous de la peau contient un grand nombre d’acides polyphénoliques dont des tanins aux propriétés antibactériennes, anti-mycose et anti-diarrhée ainsi que les xanthones. Le péricarpe est la partie la plus extérieure de la peau où l’on retrouve la plus grande concentration d’éléments actifs tels que les xanthones, les catéchines, les proantocyanidines et autres polyphénols. Il s’agit de la partie la plus importante du fruit, car elle contient bien de substances nutritionnelles fondamentales comme des vitamines, des polysaccharides et des stilbènes. Le fruit proprement dit se découvre sous l’écorce se présentant sous une certaine fermeté et qui se perce par la pression des doigts exercée sur elle pour laisser entrevoir une pulpe charnue de couleur blanche subdivisée en cinq ou six lobes au goût délicat, délicieusement sucré avec une légère pointe d’acidité.

La consommation du mangoustan

De fait, la consommation la plus naturelle du mangoustan est celle de son fruit dont on mâche la tendre chair en écrasant son noyau à peine perceptible ou alors le rejeter s’il est plus consistant. Une autre consommation du mangoustan s’effectue sous forme de jus. Il est par ailleurs conseillé de préparer le jus avec l’écorce concassée du mangoustan dans laquelle on retrouve les fameux xanthones dont la teneur est particulièrement abondante, afin de tirer effectivement profit des vertus thérapeutiques du fruit.

Étant donné que la peau est la partie la plus riche et bénéfique de ce fruit, on comprend pourquoi elle est utilisée pour soigner la dysenterie, les problèmes de peau, les cystites, la gonorrhée, l’indigestion. Toutefois, parce que la peau du fruit a une très forte amertume, il est conseillé d’ajouter d’autres fruits pour contrebalancer ce goût. Il convient en outre de signaler l’existence il y a quelques décennies d’une liqueur de fabrication locale dont la consommation en digestif était fort appréciée. On peut également imaginer d’autres préparations du mangoustan, par exemple en compote  ou en confiture.

Dès lors, l’effort des planteurs du mangoustan pour développer sa culture en grande abondance est donc à saluer, car il y a à peine trois à quatre décennies, il était un produit de luxe, empêchant le plus grand nombre d’accéder à ses délices et bienfaits.


Propriétés et bienfaits

Si de prime abord, les bienfaits du mangoustan sont tirés de son goût, on est surpris d’apprendre les multiples et appréciables vertus de ce fruit, découvertes depuis les temps ancestraux par les Asiatiques qui en faisaient usage dans leur pharmacopée naturelle. En effet, grâce aux xanthones contenus en grande quantité dans le mangoustan – au moins quarante-, celui-ci offre plusieurs propriétés thérapeutiques. Ces propriétés du mangoustan sont à la fois anti-inflammatoires, antioxydants, antibactériens, antiseptiques… et d’une manière générale, immunitaires.

En ce qui concerne les propriétés immunitaires, celles-ci se voient renforcées grâce aux xanthones du fruit, lesquels renferment par ailleurs des propriétés antibactériennes, antiparasitaires, antivirales et antifongiques. Si le mangoustan est considéré efficace contre la fatigue et l’insuffisance de tonus tout en tonifiant la libido à la faveur de ses flavonoïdes, ses substances vitalisent plus largement les défenses naturelles de l’organisme en agissant contre plusieurs infections comme la dysenterie, les infections urinaires. Un autre bienfait du mangoustan est celui de l’effet des xanthones contre la tuberculose et la fièvre typhoïde. On peut également citer son apport pour le soulagement contre les troubles digestifs et les problèmes cutanés, notamment l’eczéma, les candidoses… D’autres qualités immunitaires sont inhibition de l’oxydation du LDL mauvais cholestérol, l’équilibre microbiologique qu’il assure, le maintien en bonne santé du système respiratoire, la régulation de la thyroïde et plus généralement du système hormonal.

En ce qui concerne les propriétés immunitaires, celles-ci se voient renforcées grâce aux xanthones du fruit, lesquels renferment par ailleurs des propriétés antibactériennes, antiparasitaires, antivirales et antifongiques. Si le mangoustan est considéré efficace contre la fatigue et l’insuffisance de tonus tout en tonifiant la libido à la faveur de ses flavonoïdes, ses substances vitalisent plus largement les défenses naturelles de l’organisme en agissant contre plusieurs infections comme la dysenterie, les infections urinaires. Un autre bienfait du mangoustan est celui de l’effet des xanthones contre la tuberculose et la fièvre typhoïde. On peut également citer son apport pour le soulagement contre les troubles digestifs et les problèmes cutanés, notamment l’eczéma, les candidoses… D’autres qualités immunitaires sont inhibition de l’oxydation du LDL mauvais cholestérol, l’équilibre microbiologique qu’il assure, le maintien en bonne santé du système respiratoire, la régulation de la thyroïde et plus généralement du système hormonal.

Sur le registre des propriétés antioxydantes naturelles, celles-ci ont la particularité d’être les plus puissantes décelées jusqu’à présent comparativement à d’autres végétaux et ce, grâce à l’abondance des xanthones propres à ce fruit, qui, associés à d’autres molécules, disposent d’un efficace pouvoir inhibiteur. A cet égard, l’intérêt porté sur les antioxydants est qu’ils sont indiqués dans la neutralisation des radicaux libres, considérés comme nocifs pour la santé dans la mesure où ils sont la source d’affaiblissement du système immunitaire et plus précisément de lutte contre la fatigue chronique ou les douleurs musculaires et apport de l’énergie, de ralentir le vieillissement des cellules avec notamment l’apparition d’un teint plus lumineux et éclatant , de protéger l’organisme des cancers, de certaines maladies dégénératives comme la maladie de Parkinson ou encore de cataractes en intervenant dans l’apoptose pour stopper l’activité des cellules tueuses, d’anéantir des bactéries et des fongus.

 Quant aux propriétés anti-inflammatoires, grâce aux xanthones contenus dans le mangoustan qui ne s’attaquent qu’à l’enzyme COX-2 responsable de l’inflammation aux effets secondaires, entre autres au niveau du système digestif et de la coagulation sanguine, lesdits effets sont inexistants dans l’organisme en raison de la préservation de l’enzyme COX-1 bénéfique pour ce dernier. Le mangoustan est aussi riche en potassium, élément important pour garantir un bon apport d’énergie à l’organisme et contribuer à la santé du cœur, avec effet protecteur cardiovasculaire. Dès lors, l’effort des planteurs du mangoustan pour développer sa culture en grande abondance est donc à saluer, car il y a à peine trois à quatre décennies, il était un produit de luxe, empêchant le plus grand nombre d’accéder à ses délices et bienfaits.

Vitho wa Vitho

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Santé

RDC : le Kasaï au cœur d’un nouvel épisode d’Ebola

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Les autorités sanitaires congolaises ont confirmé début septembre 2025 un foyer d’Ebola dans la zone de Bulape, dans la province du Kasaï. Les premières analyses ont identifié le virus Zaire, la forme la plus virulente de la maladie. Au moment de cette annonce, plusieurs dizaines de cas suspects avaient été recensés, dont 31 décès. Des équipes de l’OMS, de Médecins Sans Frontières (MSF) et des services nationaux de santé ont été dépêchées sur place pour tenter de circonscrire la flambée.

Au cœur du Kasaï, la riposte s’organise comme une véritable course contre la montre. Dépistage, isolement des cas suspects, traçage des contacts et vaccination en « anneau » des personnes exposées et des professionnels de santé sont déployés pour freiner la propagation. Une première livraison de doses du vaccin Ervebo a déjà été acheminée vers le centre de l’épidémie, tandis que des plans sont en préparation pour renforcer les stocks si nécessaire. Cependant, la logistique reste précaire et les besoins en personnel, matériel et financement demeurent considérables.

La vaccination pour freiner la maladie 

Un premier lot de 400 doses du vaccin Ervebo, prélevé sur le stock national de 2 000 unités conservé à Kinshasa, a été acheminé à Bulape, l’un des foyers principaux de l’épidémie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s’en est suivi livraisons sont prévues dans les localités touchées dans les prochains jours.

A ce jour, 523 professionnels de santé et contacts ont été vaccinés. En termes de suivi de la maladie, 943 personnes contacts avec les cas sont actuellement sous surveillance dans la zone de santé de Bulape. En ce qui concerne la prise en charge des malades, 16 patients reçoivent des soins et 2 personnes ont été déjà guéries et ont quitté le centre de traitement d’Ebola. « Malgré des avancées considérables enregistrées dans la réponse, nous sommes encore aux premiers jours de l’épidémie. Une action déterminée est essentielle pour consolider ces progrès, gagner du terrain contre le virus, arrêter sa propagation et protéger la population », a fait savoir le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

« Le vaccin est administré selon la stratégie dite de vaccination en anneau, visant à protéger les personnes les plus exposées après contact avec un patient confirmé », précise l’OMS. Il est également recommandé aux professionnels de santé et aux intervenants de première ligne susceptibles d’être en contact avec des malades. L’Ervebo est reconnu comme sûr et offre une protection efficace contre le virus Zaïre ebolavirus, identifié comme responsable de la flambée actuelle.

Le vaccin Ervebo a déjà démontré son efficacité lors de précédentes flambées en Afrique centrale, et la stratégie de vaccination en anneau – consistant à protéger les contacts directs et indirects des patients – demeure le pilier de la riposte. Cependant, la quantité de doses reste insuffisante face au risque d’extension, tandis que la chaîne du froid, les routes dégradées et l’insécurité compliquent considérablement la distribution. Les agences internationales lancent un appel urgent à un renfort rapide en personnel et en ressources afin de contenir l’épidémie avant qu’elle ne se propage vers d’autres zones, notamment les régions frontalières avec l’Angola, identifiées comme particulièrement vulnérables.

Des écoles toujours fermées

Dans le territoire de Mweka, épicentre de l’épidémie, les activités scolaires restent suspendues. Selon les chiffres officiels, la maladie a déjà fait 28 victimes. « Pour l’instant, les cours n’ont pas repris dans les cinq sous-divisions de Kasaï 2. Nous continuons de suivre l’évolution des cas. Dès que la situation sera maîtrisée, les écoles rouvriront », a déclaré Mike Alfred Kakunda, responsable de la communication du comité local de riposte contre Ebola à Mweka. Dans un entretien avec Actualite.cd, il précise que la reprise des classes sera envisagée dès que les patients auront quitté les centres de traitement, afin de limiter la propagation du virus parmi les élèves.

Pratiques culturelles et défi de confiance…

Le Kasaï, marqué ces dernières années par des épisodes de violence et des déplacements massifs, voit ses services affaiblis et la confiance entre communautés et institutions érodée. Les enterrements traditionnels, où le contact avec le défunt est un rite incontournable, peuvent devenir un vecteur de transmission si aucune mesure sécurisée n’est appliquée. Sur le terrain, les équipes de sensibilisation, souvent composées d’agents locaux, adaptent leurs messages en s’exprimant dans les langues locales et en associant les chefs coutumiers afin que les recommandations sanitaires soient comprises et acceptées. Certains soignants témoignent des difficultés à convaincre les familles de respecter les mesures : certains refusent de laisser un proche malade être pris en charge, craignant que l’hôpital ne soit une « boîte à morts ». Ces résistances compliquent l’identification et la protection des contacts, rappelant que sans confiance, toute campagne de santé publique se heurte aux réalités d’un vécu collectif profondément marqué.

Une 16ème épidémie en RDC

Le virus Ebola, identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo, alors Zaïre, frappe à nouveau le pays. L’épidémie actuelle au Kasaï constitue la 16ᵉ depuis l’apparition de la maladie. La précédente avait sévi en 2022 à Beni, dans le Nord-Kivu. La transmission se fait par contact avec les fluides corporels, et les principaux symptômes incluent fièvre, vomissements, saignements et diarrhées. Les personnes infectées ne deviennent contagieuses qu’après l’apparition des symptômes, après une période d’incubation de 2 à 21 jours. Cette fièvre hémorragique a fait plus de 15 000 morts en Afrique au cours des cinquante dernières années, la plus meurtrière en RDC ayant eu lieu entre 2018 et 2020, avec près de 2 300 décès pour 3 500 malades.

Pour cette nouvelle flambée, le premier cas a été signalé le 20 août : une femme enceinte de 34 ans admise à l’hôpital. Selon l’OMS, le taux de mortalité est estimé à 34,6 %. À Bulape, Médecins Sans Frontières rapporte que les premiers patients traités à l’hôpital général de référence de Bulape, à Mweka, ont désormais été déclarés guéris et ont pu regagner leur domicile, témoignant de l’efficacité de la prise en charge médicale.

Lors des flambées précédentes, le taux de mortalité avait oscillé entre 25 % et 90 %. L’OMS évalue que le risque sanitaire de l’épidémie actuelle est élevé au niveau national, modéré à l’échelle régionale et faible au plan mondial.

Les autorités de riposte insistent sur trois priorités : renforcer la surveillance et les capacités des laboratoires pour confirmer rapidement les cas, assurer un approvisionnement suffisant en vaccins et en matériel médical, et intensifier la communication de proximité afin de restaurer la confiance des communautés. Sans ces mesures, l’organisation met en garde : l’épidémie pourrait s’étendre et raviver de douloureux traumatismes collectifs.

La résurgence du virus Ebola en RDC peut s’expliquer par plusieurs facteurs, souvent imbriqués, qui rendent le contrôle et la prévention particulièrement difficiles. Il existe des cas documentés où des personnes qui avaient survécu à Ebola conservent le virus dans certains tissus de leur corps (testicules, œil, etc.). Parfois le virus peut « ressortir » et conduire à de nouveaux cas. Cela complique la fin définitive d’une épidémie et de la maladie dans une zone géographique précise.

Heshima  

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Santé

Maternité gratuite en RDC : Un projet de santé ambitieux menacé

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La République démocratique du Congo (RDC) a mis en place un programme de gratuité de la maternité depuis septembre 2023. À son arrivée au pouvoir, le président congolais, Félix Tshisekedi, avait promis une couverture de santé universelle, dont la gratuité de l’accouchement est un volet important. Mais cette réforme inédite – appréciée par la population – rencontre des problèmes de financement mais aussi de mise en œuvre.

Ce programme vise à rendre les soins de maternité accessibles à tous, en particulier dans la capitale Kinshasa, et progressivement dans les autres provinces. Le projet poursuit une ambition noble : réduire la mortalité maternelle et infantile mais aussi améliorer les conditions de vie et de travail des prestataires de santé en RDC. À Kinshasa, les nouvelles ont été encourageantes dès le lancement de ce programme. « Lors de mon premier accouchement en 2022, j’ai été retenue à l’hôpital parce que nous n’avions pas d’argent pour payer la césarienne qui coûtait 920 dollars américains. Lors de la naissance de ce nouveau bébé en janvier 2024, l’opération a été prise en charge totalement par le programme de gratuité de la maternité », explique Eliane Kapinga qui a accouché à l’hôpital militaire du Camp Tshatshi, à Kinshasa.

Après près d’une année, ce programme a aidé beaucoup de femmes à accoucher sans payer de frais. À l’Hôpital général de Kinshasa, le nombre de femmes ayant accouché a presque doublé. Cet établissement public réalisait en moyenne 70 à 100 accouchements par mois, mais depuis le lancement de la maternité gratuite, ce chiffre a presque doublé, atteignant entre 150 et 200 accouchements par mois. Selon le chef du département de gynécologie et obstétrique, Sylvain Mulumba, interrogé par la Deutsche Welle, ce programme aide beaucoup de femmes. « L’argent que la famille et les démunis payaient, c’est le gouvernement qui le paie maintenant », a-t-il déclaré en juillet 2024.

La matérialisation de cette initiative présidentielle s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle (CSU) qui prévoit la prise en charge gratuite des accouchements et des soins aux nouveau-nés. Cette gratuité des accouchements comprend, entre autres, les consultations prénatales, l’échographie obstétricale, les accouchements simples, les accouchements par césarienne, les soins du nouveau-né, la vaccination, les consultations post-natales, les services de planification familiale et l’accès aux médicaments essentiels. Une prise en charge qui soulage énormément les Congolais. « C’est une double joie, d’abord le fait de voir mon petit-fils et surtout le fait qu’on a rien payé. J’ai entendu cela à la radio mais je viens de le vivre. C’est un soulagement sur le plan financier, car ici à Kinshasa, accoucher était devenu un casse-tête à cause du coût élevé [de la maternité] », se réjouit une grand-mère, Jeanne Disasi, interrogée par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Le programme menacé par un manque de financement

Depuis 2023, plus de 426 000 femmes ont été prises en charge depuis le début du programme de gratuité. Avec son extension dans 14 provinces actuellement, le projet commence à s’essouffler sur le plan financier. Actuellement, le programme coûte 200 millions de dollars par an, dont 42 millions uniquement pour la ville de Kinshasa, d’après les chiffres avancés par le ministre de la Santé, Samuel-Roger Kamba. Cependant, plus d’une année après son lancement, le financement commence à poser problème. En décembre, le gouvernement devrait prendre en charge 208 structures sanitaires dans la province du Kasaï Oriental. La poursuite de la mise en œuvre de ce programme commence également à rencontrer des difficultés liées à la logistique, à la formation du personnel de santé et à la gestion des ressources.

Des hôpitaux accrédités suspendent la gratuité…

Dans un communiqué diffusé le 9 juin, le directeur général du Centre Hospitalier Monkole a annoncé la suspension temporaire de ses services de maternité et de néonatalogie gratuits. Cette structure sanitaire justifie cet arrêt de service par le non-respect des engagements pris par le Fonds de Solidarité de Santé, notamment des arriérés de paiement depuis octobre 2024. Cet hôpital n’est pas le seul à arrêter momentanément ces services.

D’autres structures médicales sont également concernées, notamment celles de l’Église catholique, de l’Église du Christ au Congo, l’Église Kimbanguiste et de l’Armée du Salut. En revanche, le Fonds de solidarité de santé, structure chargée de la gestion des fonds destinés au paiement des prestations de santé, a présenté des excuses et a appelé les structures de santé concernées à maintenir ouverts les services. Selon le responsable de ce fonds, des tractations sont en cours avec les structures de santé pour une régularisation de leur facture à la fin du mois de juin.

Une impréparation du projet ?

D’après le plan de décaissement du ministère des Finances, 42 millions de dollars ont déjà été décaissés pour couvrir pendant une année les factures de ces accouchements gratuits à Kinshasa. « Chaque année, il y a à peu près 350 000 naissances vivantes en RDC », analyse John Senga Lwamba, secrétaire général national du Syndicat national des médecins (SYNAMED). Pour lui, même le montant de 42 millions de dollars est insuffisant pour couvrir les accouchements dans la capitale congolaise. John Senga estime qu’il y a eu une impréparation par rapport à l’implémentation de ce programme, pourtant salutaire pour la population. Cette mesure, si elle est pérennisée, pourrait également diminuer la pression sur les épaules des médecins. « Avec la gratuité des accouchements, ça fait moins de pression sur le personnel soignant. On n’a plus à courir derrière les factures des femmes qui viennent d’accoucher. On espère que l’État prendra toutes les dispositions afin que le personnel soignant reçoive régulièrement sa paie pour ainsi pérenniser cette mesure que nous soutenons », note le président du SYNAMED, Didier Biletsi.

Face à ce flottement dans le financement, il est nécessaire de mobiliser plus de ressources financières, matérielles et humaines conséquentes pour accompagner cette gratuité. Avec la gratuité de l’enseignement de base et celle des accouchements, le pays pourrait quitter la liste des pays ayant le taux le plus élevé de mortalité néonatale et maternelle, tout en réduisant aussi le taux d’analphabétisme en RDC.

Heshima

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Santé

Mpox, Ebola, rougeole, choléra: la longue expérience de la RDC face aux épidémies

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Depuis plus d’un demi-siècle, la République démocratique du Congo (RDC) a appris à faire face à des épidémies de tout genre. De la rougeole en passant par le Covid-19, le pays s’est outillé pour coordonner la riposte malgré un système de santé encore défaillant. L’apparition de Mpox (variole simienne) ne va pas échapper à la règle. Une vaccination contre cette maladie est en cours.

En 2024, l’épidémie de Mpox s’est propagée à un rythme alarmant dans le pays. Le ministère de la Santé note que toutes les provinces du pays sont touchées. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré, en août 2024, que la recrudescence de cas non seulement en RDC mais aussi dans un nombre croissant de pays d’Afrique constituait une urgence de santé publique de portée internationale. Mais en janvier 2025, la maladie semble être maîtrisée en RDC, cinq mois après l’alerte de l’OMS.

Le ministre de la Santé, Hygiène et Prévoyance sociale, Samuel Roger Kamba, estime que l’apparition de Mpox en RDC n’a pas surpris le personnel de la santé. « Mpox est chez nous depuis 1970. Nous le connaissons très bien », a-t-il réagi, vantant le fait que les épidémiologistes congolais avaient des prérequis sur la maladie. En janvier 2025, plus de 13 100 personnes ont été vaccinées avec une dose dans les zones gravement touchées par la maladie. Du 30 décembre 2024 au 5 janvier 2025, 20 décès dus au Mpox ont été enregistrés lors de cette première semaine épidémiologique de 2025. De la première semaine de 2024 à la première semaine de 2025, le cumul des notifications est de 66 063 cas suspects dont 14 417 confirmés et 1 366 décès, avec un taux de létalité de 2,07 %, rapporte le ministère de la Santé.

L’OMS a relevé que l’épidémie ancêtre du virus et ses descendants du clade IIb du virus de Mpox se poursuit principalement en RDC, mais aussi au Burundi et en Ouganda. De nouveaux cas liés à des voyages ont été identifiés en Zambie et au Zimbabwe. Ce virus se propage par des contacts étroits entre individus ou avec des animaux infectés. Il est endémique en Afrique centrale et de l’Ouest depuis les années 1970, mais il a connu une propagation rapide dans le monde en 2022-2023, avec des dizaines de milliers de cas liés à la variante ouest-africaine recensés dans plus de 110 pays.

Une expérience sur Ebola, rougeole et choléra

La « maladie à virus Ebola », dénommée auparavant « fièvre hémorragique à virus Ebola », a fait plus de 15 000 morts depuis son apparition en 1976. La maladie tient son nom de la rivière Ebola, située dans le nord de la RDC, à l’époque Zaïre. À force de se confronter à des épidémies récurrentes, le personnel médical congolais a accumulé une expérience non négligeable. D’ailleurs, l’emblématique virologue congolais, Jean-Jacques Muyembe, a mis sur pied un vaccin fabriqué en RDC. Fin 2020, la Food and Drug Administration (FDA), une agence américaine des médicaments, a approuvé le traitement congolais dénommé « Ebanga ». Il est le seul traitement contre Ebola à injection unique approuvé par la FDA et sera sous la gestion de l’OMS. Ce traitement est en cours d’essai en RDC depuis 2018, avant sa distribution à grande échelle à travers le monde. Son inventeur, Jean-Jacques Muyembe, affirme que ce traitement est sûr à 75%.

Quant à la rougeole, l’expérience du pays compte également dans sa prise en charge. Entre 2018 et 2020, le pays a été confronté à sa plus grande épidémie de rougeole à ce jour : 26 provinces touchées, plus de 458 000 cas déclarés et 7 900 décès. La courbe a été montante jusqu’en juin 2021, avant de descendre légèrement en 2025. Avant les années 2000, cette maladie faisait plus de morts en RDC qu’actuellement. L’idéal est de réduire sensiblement le taux de létalité et de minimiser les causes de la survenance de la maladie.

Une autre épidémie qui frappe constamment la RDC, c’est le choléra. Depuis l’apparition de la maladie en 1974, la RDC subit des épidémies récurrentes chaque année. Le pays a connu la plus grande épidémie de son histoire depuis celle de 1994, au cours de laquelle plus de 50 000 personnes avaient été affectées dans des camps de réfugiés rwandais à Goma, après le génocide au Rwanda. Mais cette épidémie reste difficile à endiguer, d’autant plus qu’elle est tributaire – comme tant d’autres maladies d’ailleurs – de l’environnement. Les inondations, l’insalubrité et le manque de toilettes propres rendent la maladie omniprésente dans plusieurs coins de la RDC. De 2013 à 2017, le pays a enregistré environ 151 000 cas de choléra et 3 034 décès. Ce qui représente 38 % du total des cas et des décès déclarés par tout le continent africain, soit un taux de létalité de 1,9 %.

Heshima

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