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PSYCHOLOGIE: Couple, Les raisons de séparation les plus fréquentes

Lorsque la vie à deux tourne à l’orage ou au calme trop plat, se séparer est devenu banal. Pourtant, certains tardent à quitter le navire. Comment savoir que la relation n’a plus d’avenir et qu’il est temps de partir ?

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Elle ne supporte plus sa présence mais elle reste avec lui. Il n’en peut plus de ses reproches mais il ne la quitte pas. À l’heure où un couple sur deux se sépare, où la durée moyenne des unions est de quelques dizaines d’années, il n’existe aucune statistique pour témoigner de la réalité de « ceux qui restent » quand tout semble les pousser à se désengager.

À l’heure de la rupture express et du divorce par consentement mutuel, on connait tous des amis à propos desquels on se demande : « Mais pourquoi reste-t-il [elle] ? » Usure, ennui, mésentente, certains supportent ces situations pendant des années avant de se décider à plier bagage.

Des bénéfices invisibles

Le couple est aujourd’hui surinvesti, affirment certains médecins sexologues, thérapeutes de couple. Dès qu’il n’est plus parfait, certains rompent leur union pour en créer une autre qu’ils espèrent plus satisfaisante. D’autres s’accrochent à celui qu’ils ont formé. Leur satisfaction personnelle passe au second plan comparée à l’idéal de couple qu’ils ont construit. Une séparation ébranlerait le narcissisme investi dans la relation.

Plus le duo affiche d’années de vie commune, plus « l’enveloppe couple » est difficile à briser. Une situation qui s’explique souvent par des ressorts moins apparents. Un couple arrive au bout de son cycle de vie pour de multiples raisons. L’un a évolué, l’autre pas. Les ressentiments se sont accumulés, générant un passif devenu supérieur au plaisir d’être ensemble. Il est possible que l’un ait eu besoin de s’appuyer sur l’autre pour grandir, mais qu’une fois plus mature il voit son partenaire autrement et ne souhaite plus vivre avec lui.

Lien d’amour, lien de haine

Parfois, le couple se trouve dans une confusion des sentiments qui le pousse à attribuer à l’union la cause d’un malaise purement personnel. L’on avance que non seulement la rupture ne règle rien, mais elle peut conduire à la dépression et au regret, une situation qu’on voit fréquemment. Mieux vaut prendre le temps de se demander : “Et si c’était moi qui allais mal ?”

D’aucuns relatent ce curieux dialogue qui a eu lieu dans son cabinet. La femme : « Tu n’es qu’une merde, je te hais, espèce de salopard ! » Et l’homme de répondre : « Moi aussi, tu sais que je t’aime. » Cet échange, digne d’une chanson de Gainsbourg, en dit long sur un cas d’union de vingt-deux ans. L’autre devient le mauvais objet, le dépositaire de l’agressivité, décortique le psychanalyste. Le lien d’amour se confond avec le lien de haine, et il est d’une solidité redoutable. Enfermé dans son microcosme, le couple n’arrive pas à envisager une issue.

Pour aller plus loin

Contrairement aux femmes, ils n’ont presque jamais le courage d’affronter la fin d’une relation. Ou alors, ils le font très brutalement. Est-ce à cause de leur mère ? (…). Quand l’inconscient mène le bal, les raisons objectives de se séparer n’ont d’influence sur personne. Certaines dames qui ont vécu dix années d’un couple infernal, soulignent l’influence des mères : « J’avais un tel besoin de me faire reconnaître par elle. Envisager le divorce, c’était prendre le risque de lui déplaire, elle qui répétait : “On ne défait pas ce que Dieu a uni”, ayant elle-même subi beaucoup d’humiliations. J’ai vécu avec l’impression d’un dédoublement de la personnalité entre mes positions féministes et ce que je subissais. Une force au-dessus de moi me clouait dans cette situation, et seule une thérapie m’a permis de m’en sortir. »

Prenons le cas extrême de la femme qui reste avec un compagnon violent : « Certaines ne reconnaissent l’amour qu’à la morsure de la douleur, analysait-on. Elles ont besoin de vivre dans le drame pour se sentir exister. Leur mère et leur grand-mère leur ont transmis ce message implicite : “L’amour fait mal”, et elles y souscrivent inconsciemment. »

Certains couples sont alors condamnés à vivre ensemble puisqu’ils y trouvent leur compte sur le plan névrotique. Jusqu’à ce qu’un événement, une phrase, le regard d’un tiers, une rencontre viennent bousculer le scénario : « Une étincelle fait tilt dans l’inconscient.

 C’est comme une déflagration qui permet de remanier autrement l’organisation psychique. Souvent, le déclic n’a pas lieu sur un terrain vierge, la rupture se préparait depuis des mois, voire des années, inconsciemment, quand, soudain, la pulsion de vie l’emporte sur l’instinct de conservation qui poussait à l’immobilisme. Ce qui paraissait sur humain devient limpide, il faut partir.

Raymond Befonda

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