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Congolais devant la Justice: Ces procès qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive

Lorsqu’on évoque certains procès pénaux internationaux, il y a toujours des jugés dont l’histoire restera collée aux cours et tribunaux qui les ont organisés. On parle ainsi des 24 accusés du procès de Nuremberg, de l’ancien président libérien Charles Taylor au Tribunal spécial pour la Sierra Leone, d’Augustin Ngirabatwane au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)… Sur cette liste non exhaustive, figurent aussi certains Congolais qui ont été jugés et parfois condamnés dans des procès inédits, particulièrement à la Cour pénale internationale (CPI).

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Des voix se lèvent de plus en plus pour la création d’un tribunal spécial pour la République démocratique du Congo. Certains, à l’instar du docteur Dénis Mukwege, Prix Nobel 2018, ne cesse d’en appeler à la justice transitionnelle pour mettre fin aux atrocités commises à l’Est du pays. Cependant, des procès pénaux internationaux ont déjà été organisés pour des personnalités congolaises tant au niveau national qu’international. Du nombre de ceux-ci des procès des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, des procès d’assassinats, ou des procès organisés dans le cadre de la lutte contre la corruption. 

L’histoire de la RDC et la CPI 

La RDC a servi en quelques sortes de cobaye à la Cour pénale internationale (CPI). C’est en effet l’avis des uns. Sinon, depuis sa création en 2002 par le Statut de Rome, la CPI n’a eu majoritairement sur sa table que de dossiers concernant le Congo-Kinshasa : les procès Bosco Ntaganda, Thomas Lubanga, Germain Katanga, Jean-Pierre Bemba et Matthieu Ngujolo. L’un des procès historiques est celui de Jean-Pierre Bemba. L’ancien vice-président de la RDC fut arrêté par les autorités du Royaume de Belgique suite à un mandat d’arrêt délivré sous scellés parla CPI, le 23 mai 2008. Son procès avait été ouvert à la Haye en novembre 2010 et en 2016, il avait été condamné en première instance à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour des atrocités commises par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003.

La CPI avait estimé qu’il n’avait envisagé aucune démarche pour arrêter les violences commises par ses troupes durant cette période. Après avoir passé 10 ans en détention préventive, Bemba Gombo sera acquitté en appel en 2018. En l’acquittant, la chambre d’appel de la CPI avait estimé qu’étant absent au moment de la commission des faits, il n’aurait pas pu contrôler à distance les agissements des membres de son MLC (Mouvement de Libération du Congo).

Bosco Ntaganda, est quant à lui l’un des prisonniers de la CPI en ce moment. Ce dernier fut chef des Opérations militaires de l’Union des patriotes congolais (UPC), un groupe armé composé majoritairement de membres du groupe ethnique Hema, dirigé auparavant par Thomas Lubanga. Le 8 juillet 2019, Ntaganda fut déclaré coupable de 13 chefs d’inculpation de crimes de guerre et de cinq chefs d’inculpation de crimes contre l’humanité commis en Ituri, alors district, en 2002 et 2003. De 2002 à 2005, les forces placées sous sa direction étaient impliquées dans des nombreuses violations graves, particulièrement des massacres à caractère ethnique, des actes de torture, des viols et le recrutement des enfants parmi lesquels les enfants de 7 ans. La CPI ayant émis deux mandats d’arrêt internationaux contre lui, il se constituera prisonnier à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali, au Rwanda, en mars 2013. 

Germain Katanga, un autre chef rebelle, ancien chef d’Etat-major du Front de Résistance Patriotique en Ituri (FRPI), avait été jugé à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, avant d’être condamné. Il était poursuivi pour des accusations de crimes de guerre commis en 2005 et une attaque contre les civils dans le village de Bogoro, en Ituri. Il avait été condamné à 12 ans d’emprisonnement, dont on avait retranché sept passés déjà en détention. Germain Katanga et Thomas Lubanga avaient été transférés à Kinshasa en décembre 2015, afin de purger leurs peines en RDC. 

La peine de Lubanga courait jusqu’en mars 2020, et il avait décidé de son plein gré de finir de la purger en RDC. Concernant Matthieu Ngujolo Chui, ancien dirigeant du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), trois crimes contre l’humanité et sept chefs de crimes de guerre commis dans le village de Bogoro en février 2003 étaient portés à sa charge. Son acquittement fut confirmé en appel en 2015 et sa remise en liberté immédiate fut ordonnée.

Des procès autant historiques

La Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu, siégeant en matière répressive au premier et dernier ressort, a condamné en novembre 2020 Ntabo Ntaberi dit Sheka, exchef de la milice Maï-Maï Nduma Défense of Congo (NDC), poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation : assassinat, participation à un mouvement insurrectionnel, enrôlement d’enfants, mutilation de cadavres, torture, pillages, viols de masse et terrorisme.

 Bien avant cela, le 30 septembre 2020, le procès Miriki était arrivé à son terme, avec le prononcé de lourdes condamnations, par la Cour Militaire Opérationnelle du Nord-Kivu, à l’encontre des prévenus reconnus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

Procès des meurtres des activistes des droits de l’homme

Des procès ont également été organisés en RDC dans plusieurs affaires, notamment celles des assassinats de Laurent-Désiré Kabila, de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, de Rossy Mukendi… Après le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, le 2 juin 2010, le procès était ouvert le 12 novembre de la même année, devant la Cour militaire. En septembre 2021, il y eût rebondissement et un nouveau procès s’est ouvert.

En ce qui concerne l’assassinat de Rossy Mukendi, la Cour militaire de Kinshasa/Matete a rendu le verdict le 10 janvier 2022, condamnant le commissaire supérieur adjoint Carine Lokeso à 10 ans de servitude pénale pour « violation des consignes ». L’autre procès d‘assassinat est celui de l’ex-président Laurent-Désiré Kabila, perpétré en 2001. Condamnés dans celui-ci, Eddy Kapend et ses co-accusés ont passé 20 ans derrière les barreaux. La cour militaire avait prononcé une sentence de mort contre 26 accusés et 45 acquittements et parmi les condamnés à mort, Eddy Kapend, ancien aide de camp de Laurent-Désiré Kabila, figurait. Graciés par le président Tshisekedi, M. Kapend et ses co-accusés quitteront la prison de Makala en janvier 2021.

La lutte contre la corruption

Au terme du procès dit des « 100 jours », Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Il était reconnu coupable du ‘’détournement de deniers publics portant sur le montant de 48 831 millions de dollars, avec son co-accusé, le Libanais Jammal Samih. Le 6 décembre 2021, la Cour de cassation accordera une mise en liberté provisoire à l’ancien directeur de cabinet du président Tshisekedi, qui était condamné en appel à 13 ans de prison.

 Hubert MWIPATAYI

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Dialogue de la CENCO-ECC : Les risques d’un échec !

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Après avoir rencontré des acteurs de la crise congolaise aussi bien au niveau local que régional, les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et ceux de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) élaborent un « Pacte social pour la paix » à proposer aux protagonistes de cette crise. Mais face à des positions toujours diamétralement opposées, cette démarche risque de ne pas porter les fruits escomptés.

Les représentants de la CENCO et ceux de l’ECC ont rencontré, le 12 février 2025 à Goma, le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et du M23 (AFC-M23), Corneille Nangaa. C’est dans la perspective d’un dialogue voulu inclusif par ces églises. Mais des voix s’élèvent pour contester cette démarche intégrant un groupe armé ayant causé la mort, fin janvier, de plus de 3000 Congolais dans cette ville occupée depuis par les rebelles. Le tandem CENCO-ECC va-t-il réussir cette rude mission ?

La délégation conduite par Monseigneur Fulgence Muteba, président de la CENCO et André Bokundoa, représentant légal de l’ECC, a été reçue, le 12 février, par les rebelles de l’AFC-M23. Ces prélats disent être encore dans une phase consistant à recueillir les avis des acteurs dans cette crise, y compris ceux de l’AFC-M23. « Nous demeurons dans notre démarche pastorale, nous sommes convaincus de ce que nous voulons faire et nous savons que la majorité des Congolais ne souhaite que la paix, et dans les plus brefs délais. Nous sommes convaincus que l’implication de tout le monde, y compris ceux que nous sommes venus rencontrer ici, est nécessaire pour sortir de cette situation », a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.

Mais la démarche des prélats catholiques et pasteurs protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, le 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles du M23 qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation à l’initiative du dialogue social que prônent les évêques. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».

De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet ne lie ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a réagi André Mbata.

L’ODEP monte au créneau

Sortant de sa sphère économique, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a rejeté toute forme de dialogue avec les agresseurs, y compris le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas été tendre avec ces prélats catholiques et pasteurs protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de collaborer avec l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ». Une allusion faite au dirigeant français de la Seconde guerre mondiale qui avait engagé la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.

M. Germain Kambinga, président du parti politique, «Le Centre», pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est pour l’instant inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien affirme que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risqueraient d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.

Tshisekedi juge l’initiative louable

Face à cette vague de critiques, le tandem CENCO-ECC s’accroche à ce que Félix Tshisekedi leur avait dit lorsqu’ils lui avaient présenté ce projet de « Pacte social » pour la paix. « Le Chef de l’État a salué et encouragé l’initiative et quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé, les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a répliqué Donatien Nshole, soulignant que Félix Tshisekedi avait qualifié de « louable » leur initiative de paix. Ces prélats envisagent déjà d’aller plus loin après l’étape de Goma.

Kagame consulté !

Après l’étape de la Belgique où Moïse Katumbi et ses lieutenants ont été consultés, les prélats et les pasteurs ont aussi reçu les hommes de Joseph Kabila, représentés par Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya et José Makila. Mais une autre étape cruciale était celle de Kigali où la délégation a rencontré le président rwandais, Paul Kagame. Selon Mgr Donatien Nshole, le chef de l’Etat rwandais a encouragé les religieux à tenter une solution pacifique là où les politiciens ont échoué à cause de leurs égos. Les prélats s’étaient également rendus à Nairobi pour rencontrer le président William Ruto, président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).

Les risques d’un échec

Après la publication de la tribune signée par Joseph Kabila, il est de plus en plus clair que l’ancien président de la République et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo, coordonnée par Corneille Nangaa, ne sont pas dans une logique de dialogue. À condition que cela débouche sur la démission de Félix Tshisekedi du pouvoir. Une telle posture ne saurait amener les deux camps vers un dialogue apaisé. Les deux extrêmes accusent aussi une véritable crise de confiance liée à leur deal passé et « non respecté », selon le camp Kabila. Cela fait que la CENCO-ECC ne saurait proposer un accord de paix qui soit respecté par toutes les parties, y compris des puissances extérieures comme Kigali et Kampala. Le camp Tshisekedi et le camp Kabila, aujourd’hui élargi à Moïse Katumbi, ont divisé la sphère politique. Cet antagonisme risque de se résoudre brutalement, par des voies militaires, si un camp ne choisit pas de faire preuve de retenue.

Heshima

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Combats entre FARDC et M23/AFC, La population impactée  par une sévère crise humanitaire   

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La situation humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), principalement à Goma, est alarmante à la suite des violents combats qui ont eu lieu en janvier dernier. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de la ville, exacerbant une crise déjà sévère. Près de 3 000 morts ont été recensés par les humanitaires.

Depuis la résurgence de la rébellion du M23, une crise humanitaire frappe la province du Nord-Kivu. Mais depuis la percée fulgurante à Goma réalisée par ces rebelles soutenus par l’armée rwandaise, une grave crise humanitaire affecte la ville. Dans la seconde moitié de janvier, le pire est donc arrivé à Goma. Cette ville de plus d’un million d’habitants a été le théâtre des affrontements meurtriers, fin janvier, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les miliciens Wazalendo, et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise.

Plus de 3 000 morts à Goma

Les combats ont entraîné la mort de près de 3 000 personnes et blessé plus de 3 000 autres depuis le 26 janvier 2025. Sur place, dans la ville, les hôpitaux sont débordés. Au moins 2 000 corps ont déjà été enterrés par les communautés. Dans les morgues de Goma, le 4 février, il y avait encore 900 corps, selon les chiffres de l’OMS. De nombreux corps en état de décomposition restent dans certaines zones, notamment à l’aéroport et à la prison de Goma.

Les établissements hospitaliers manquent de fournitures médicales essentielles et peinent à fournir des soins adéquats aux victimes. « Les corps sont en décomposition dans les morgues suite au manque d’électricité », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Les containers de la Croix-Rouge internationale ont été pillés, et tous les stocks de médicaments ont été emportés.

La population civile est confrontée à des conditions de vie extrêmement difficiles, avec des pénuries d’eau, d’électricité et de services de base. De plus, environ 4 000 détenus se sont évadés de prison, dont beaucoup sont responsables d’atrocités, exacerbant ainsi l’insécurité dans la ville. Les déplacements massifs de populations fuyant les violences ont conduit à une crise humanitaire majeure. Les camps des déplacés de Kanyaruchinya, dans le territoire de Nyiragongo, sont complètement vides suite à l’occupation de Goma. Certains déplacés 

n’ont eu d’autre choix que de rentrer chez eux, faute de prise en charge par les humanitaires et le gouvernement congolais.

Accès limité à l’aide humanitaire

Occupé par les rebelles, l’aéroport de Goma n’est toujours pas opérationnel. Le coordonnateur humanitaire en République Démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, a lancé un nouvel appel à la mobilisation de toutes les parties pour la réouverture urgente de cet aéroport, principale voie d’accès à l’aide humanitaire. « De très nombreux blessés nécessitent des soins urgents, les infrastructures médicales restent débordées, et des milliers de civils sont toujours privés d’assistance vitale », a-t-il détaillé, estimant que l’aéroport de Goma est une « ligne de vie. Sans lui, l’évacuation des blessés graves, l’acheminement des fournitures médicales et la réception des renforts humanitaires sont paralysés ».

Réduction du train de vie des institutions

Le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’accélérer les mesures visant la réduction du train de vie des institutions afin de contribuer à l’effort de guerre. Pour ce faire, le gouvernement préconise, entre autres, la suspension de la mécanisation des agents publics de l’État pour une durée de 12 mois, à l’exception des militaires et policiers. Les fonds générés par ces coupes budgétaires peuvent atteindre plus de 27 692 460 dollars cette année. Ces sommes peuvent être réaffectées dans le secteur de la défense nationale et de la sécurité. Parmi les institutions concernées par la réduction du train de vie figurent notamment le cabinet du président de la République, le gouvernement, le parlement ainsi que les institutions d’appui à la démocratie. Les onze mille cinq cents (11 500) agents qui attendaient d’être mécanisés en 2025 vont devoir encore prendre leur mal en patience. Les députés nationaux, dont les émoluments élevés scandalisaient l’opinion congolaise, sont aussi attendus au tournant pour contribuer à cet effort de guerre.

La CPI suit la situation de près

L’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) surveillent de près la situation, exprimant des préoccupations concernant les violations des droits humains et les crimes de guerre. « Le bureau suit les événements actuels de près, y compris la grave escalade de la violence au cours des dernières semaines dans l’Est de la RDC, en particulier à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, et dans ses environs », rapporte un communiqué du bureau du procureur de la CPI. Des rapports font état de violences sexuelles et de meurtres, notamment l’incendie de la prison de Munzenze, où des centaines de femmes ont été tuées. Depuis octobre, le Procureur de la CPI, Karim Khan, avait affirmé que son bureau allait réactiver ses enquêtes en RDC, en particulier sur les crimes perpétrés dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. Des crimes essentiellement commis par les rebelles du M23, notamment à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, où plus de 130 Congolais avaient été massacrés entre le 29 novembre et le 1er décembre 2022.

Heshima

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Pressions internationales contre le Rwanda inefficaces : la RDC condamnée à gérer seule la crise ?

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Des sanctions internationales ciblées contre le Rwanda et ses alliés du M23 pourraient les contraindre à se retirer de Goma, mais elles ne suffiront pas à résoudre durablement la crise sécuritaire qui gangrène l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’inaction de la communauté internationale et aux violations répétées du droit international par Kigali, Kinshasa est contrainte d’assumer seule sa défense et son avenir, malgré une injustice criante.

Depuis plusieurs mois, la RDC multiplie les appels à des sanctions contre Kigali. De nombreuses réunions ont été convoquées en urgence au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au sein des instances africaines et européennes. Pourtant, ces rencontres se sont soldées par de simples condamnations, sans mesures concrètes. Les puissances mondiales – États-Unis, Chine, Russie, Union européenne et même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres – se limitent à exiger un retrait des forces rwandaises de Goma et la fin des hostilités, sans mettre en place de mécanismes de contrainte.

Or, un simple repli momentané des troupes rwandaises ne suffira pas à garantir une paix durable. L’objectif stratégique de Kigali reste inchangé : exercer un contrôle sur l’Est congolais,  exploiter ses ressources naturelles et comme l’affirment plusieurs experts, s’accaparer d’une partie du territoire congolais pour l’annexer au Rwanda. Les pays occidentaux, quant à eux, continuent de renvoyer Kinshasa au processus de Luanda et de Nairobi, comme si ces cadres de négociation suffisaient à régler une crise enracinée depuis des décennies.

Un contraste frappant avec 2012

L’attitude actuelle de la communauté internationale contraste fortement avec celle adoptée en 2012, lorsqu’une intervention militaire internationale avait permis de chasser le M23 de Goma. À l’époque, sous la pression des États-Unis et notamment d’un appel direct de Barack Obama à Paul Kagame, Kigali avait été contraint de reculer. Aujourd’hui, cette fermeté semble avoir disparu. Le Rwanda, fort de son influence diplomatique et de ses partenariats économiques stratégiques, défie ouvertement les appels au respect du droit international sans craindre de véritables représailles.

Des autorités congolaises déterminées

Face à ce silence complice, les autorités congolaises refusent de rester passives. « Votre silence et votre inaction (…) constituent un affront », a déclaré le président Félix Tshisekedi. Son gouvernement a multiplié les initiatives diplomatiques, jusque-là sans grand succès.

La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a plaidé devant le Conseil de sécurité pour des sanctions ciblées, incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager des membres identifiés de la chaîne de commandement rwandaise et de leurs soutiens politiques. Elle a également demandé un embargo total sur les minerais étiquetés comme rwandais, notamment le coltan et l’or, qui financent en grande partie l’effort de guerre de Kigali.

« Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect ? Quel instrument international doit-il encore violer pour que ce Conseil prenne enfin ses responsabilités ? », s’est-elle insurgée. Selon elle, l’inaction face aux exactions rwandaises, y compris les attaques contre des militaires sud-africains, malawites et uruguayens déployés en RDC, constitue une trahison de l’esprit de solidarité internationale.

Une réaction timide des «partenaires» occidentaux

Alors que Kinshasa intensifie sa pression diplomatique, seuls quelques partenaires commencent à réagir. L’Allemagne a suspendu une aide au développement de près de 100 millions d’euros en faveur du Rwanda. En revanche, Londres s’est contenté de menacer de mettre fin à son aide, sans passage à l’acte concret.

Le 30 janvier 2025, le Parlement européen a discuté de sanctions concrètes contre le Rwanda, notamment la suspension du mémorandum de coopération signé en février 2024 et l’interdiction d’événements sportifs internationaux prévus dans le pays. La présidente de la délégation Afrique de l’Union européenne, Hilde Vautmans, a exhorté l’UE à suspendre l’accord avec Kigali tant que le régime rwandais poursuivra son ingérence en RDC.

Une insistance congolaise sur des sanctions fermes

Kinshasa continue d’exiger des mesures plus strictes. Le professeur Ntumba Luaba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, a appelé à des sanctions pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Goma entre le 26 et le 29 janvier 2025.

Par ailleurs, la RDC demande aux clubs européens – PSG, Arsenal et Bayern Munich – de mettre fin à leur partenariat avec « Visit Rwanda ». Dans une lettre aux dirigeants de ces clubs, la ministre congolaise des Affaires étrangères leur a demandé d’interroger la moralité de ces accords de sponsoring, alors que le Rwanda est impliqué dans un conflit meurtrier. « Votre sponsor est directement responsable de cette misère », dénonce-t-elle.

Un isolement croissant de la RDC

La RDC ne peut que constater l’injustice dont elle est victime au sein des instances internationales. Kinshasa sait qu’elle ne peut compter ni sur l’ONU ni sur ses voisins, parmi lesquels l’Ouganda et le Kenya, dont les liens économiques et stratégiques avec Kigali sont bien établis. Face à cette réalité, le salut du pays repose avant tout sur ses propres forces armées.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé une vaste campagne de mobilisation pour le renforcement de l’armée nationale. Le vice-Premier ministre des Transports, Voies de Communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba a entamé une tournée nationale afin d’encourager l’enrôlement massif des jeunes dans les Forces armées de la RDC. Ce mouvement s’inscrit dans une prise de conscience collective : la défense du territoire congolais repose désormais avant tout sur l’unité et la résilience nationale.

Un isolement diplomatique, un réveil patriotique

Si les sanctions internationales contre le Rwanda peuvent offrir un répit à la RDC, elles ne constituent pas une solution définitive. Tant que la communauté internationale se contentera de condamnations sans effet, Kigali poursuivra sa politique expansionniste en toute impunité. Face à cet abandon, Kinshasa n’a d’autre choix que de se préparer à défendre seule son intégrité territoriale. La mobilisation nationale, couplée à une diplomatie plus agressive, pourrait être la clé d’un sursaut stratégique face à l’injustice du système international.

Heshima

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