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Soutien au M23 : la suspension des accords avec le Rwanda peut-elle dissuader Kigali ?

La République démocratique du Congo vise à frapper le porte-monnaie de Kigali après son soutien aux rebelles du Mouvement de 23 mars (M23) qui ont pris, depuis le 13 juin, plusieurs localités dont la cité stratégique de Bunagana, au Nord-Kivu. Ces sanctions vont-elles influer sur le Rwanda ? Analyse.

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Le Conseil supérieur de la défense de la République démocratique du Congo a demandé, le 15 juin, au gouvernement de suspendre tous les accords et pré-accords signés avec le Rwanda. Ces mesures ont été prises après que Kinshasa a accusé Kigali de soutenir le mouvement rebelle M23. Ces accords sont de diverse nature. Mais il y a beaucoup plus ceux qui touchent au secteur économique.       

Il y a presque une année, la République démocratique du Congo et le Rwanda avaient signé trois accords commerciaux. Le premier accord conclu portait sur la promotion et la protection des investissements entre les deux pays. Le second avait pour objet une convention entre les deux pays en vue d’éviter la double imposition et prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu, selon le communiqué final publié à l’issue du tête-à-tête entre les deux dirigeants, Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Le troisième protocole d’accord concernait l’exploitation de l’or et implique la société congolaise aurifère (SAKIMA SA) ainsi que la société rwandaise DITHER LTD.

La question est de savoir est-ce que cette suspension d’accords peut-elle avoir des répercussions sur l’économie rwandaise au point de pousser Paul Kagame à reculer dans son soutien aux rebelles du M23 ? Difficile de répondre par l’affirmatif ! Puisque le Rwanda faisait tourner son économie avec des minerais issus de la contrebande en RDC, sans passer par ces accords commerciaux, particulièrement en ce qui concerne l’or.       

D’après la liste des producteurs d’or établie, le 30 juin 2020, par Wolrd Gold Council, la République démocratique du Congo est classée 7ème en Afrique en termes de production d’or avec 45, 6 tonnes par an. Un classement coiffé par le Ghana avec plus de 142 tonnes de production suivi de l’Afrique du Sud, 118,2 tonnes. Sur les 15 premiers pays producteurs de ce minerai, le Rwanda n’y figure pas, encore moins l’Ouganda et le Burundi. Mais ces trois pays se retrouvent subitement sur la liste des pays exportateurs de ce produit. Comment et pourquoi ?

Déjà dans les mines d’or artisanales, l’or échappe presque au contrôle des autorités congolaises. La carte des sites miniers s’étale le long de la frontière Est de la RDC, dans les deux Kivu et l’Ituri, en longeant la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda. Ces quatre Etats ne se privent pas de profiter de cette proximité géographique pour se procurer de l’or dont l’origine manque de traçabilité mais souvent vendu par des groupes armés qui  insécurisent l’Est de la RDC.

De ce fait, même si le gouvernement congolais suspend les accords commerciaux avec le Rwanda, notamment celui sur l’exploitation de l’or, cela ne risque pas d’influer négativement sur ce pays. Tant que le M23 ou d’autres groupes armés continueraient à occuper des zones riches en or, le Rwanda s’en servirait toujours avec ou sans accord commercial entre les deux pays. Même si Kinshasa décidait de fermer ses frontières avec le Rwanda, cette décision impacterait uniquement les deux petits peuples (rwandais et congolais) qui vivent des commerces transfrontaliers. Cela n’affectera en rien l’establishment installé à Kigali. Puisque les butins du pillage de ressources naturelles de la RDC ne passent pas par des frontières officielles.       

La suspension de ces accords n’aura pas assez d’effet sur Kigali d’autant plus qu’avant l’existence de ces traités, les chiffres sur l’exportation de l’or au Rwanda baissaient au gré de la sécurité en RDC. Comme en 2019, la Banque centrale du Rwanda avait enregistré des chiffres moins plus importants qu’avant ou après cette année.        

En d’autres termes, pour que ces mesures soient efficaces, Kinshasa devrait sécuriser l’ensemble de sa partie Est pour éviter l’évasion des minerais. Mais tant que la RDC n’arrivera pas à défendre son territoire face à des groupes armés soutenus par des pays voisins ou même indirectement par des puissants pays de la communauté internationale, cette évasion des richesses continuera avec ou sans accords commerciaux avec ces pays présumés pilleurs. Car il n’existe aucune explication que le Rwanda qui ne produit que 300 kilos d’or puisse en exporter 10.796 kg, selon les chiffres de 2017 rapportés par The Observatory of Economic Complexity.       

Pourtant, la RDC est le pays de la région des Grands Lacs qui produit le plus d’or artisanal tout en étant celui qui en exporte le moins (45600 kg de production pour seulement 1.295 kg d’exportation). Parallèlement, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda exportent beaucoup plus d’or qu’ils n’en extraient chez eux, soit 36 fois plus dans le cas du Rwanda dont le métal jaune représente 66% des exportations dans son économie.

Dido Nsapu

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La RDC et ses projets mort-nés ou en retard d’exécution

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Plusieurs projets publics initiés par le gouvernement ou la ville de Kinshasa n’ont jamais été exécutés. D’autres, en revanche, souffrent de retards considérables dans leur mise en œuvre. Voici un aperçu de certains projets qui piétinent en République Démocratique du Congo (RDC).

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait annoncé un grand nombre de projets à réaliser durant ses deux mandats. Lors de son discours sur l’état de la Nation, fin 2021, le chef de l’État avait promis la réalisation de plusieurs infrastructures. Parmi celles-ci, le projet de bitumage de 748 km du tronçon Beni – Komanda – Niania – Kisangani, le bitumage de 30 km de voiries dans la ville de Bukavu, et 100 km pour le tronçon Bukavu – Goma. Il y a aussi la réhabilitation de 80 km du tronçon Kasindi – Beni et la construction de la route Kasomeno – Mwenda reliant la RDC à la Zambie, longue de 270 km. Outre les projets routiers, d’autres chantiers souffrent également d’une mise en œuvre inefficace dans le pays.

Projet Kalamba Mbuji – Kananga en difficulté

Inaugurés par le président en 2022, les travaux de cette route, dans sa portion Kananga-Kalamba-Mbuji, n’ont pas avancé deux ans après leur lancement en raison de problèmes de financement. Pourtant, cette route est censée faciliter les échanges commerciaux entre la RDC et l’Angola en offrant un accès à l’océan Atlantique via le port de Lobito. Une fois achevée, elle désenclavera les provinces du Kasaï. Le ministre des Infrastructures et Travaux Publics, Alexis Gisaro, a annoncé que 40 millions de dollars étaient disponibles pour ce tronçon, soit 20 % des fonds prévus dans le cadre du contrat chinois renégocié avec le groupement d’entreprises chinoises (GEC).

Arrêt des travaux de Kinshasa Arena

Débutés en octobre 2023, les travaux de construction de la « Kinshasa Arena » au sein de l’enceinte du stade des Martyrs à Kinshasa sont à l’arrêt depuis plus de sept mois. Cette arène sportive de 20 000 places, censée être la plus grande salle couverte d’Afrique centrale, a connu des difficultés financières. Érigé sur un espace de 52 000 mètres carrés, le chantier a cessé brutalement après des débuts rapides. Sur les 103 millions de dollars prévus, seuls une trentaine de millions avaient été versés par le gouvernement, laissant le constructeur turc en attente de 65 millions supplémentaires.

Projet de modernisation de l’aéroport de N’djili en suspens

Conçu pour accueillir environ 3 millions de passagers par an, le projet de modernisation de l’aéroport international de N’djili, dont la première pierre avait été posée par Joseph Kabila en mai 2018, n’a jamais démarré. Ce projet, estimé à 364,9 millions de dollars, devait s’achever en 36 mois. Cependant, tout a été annulé. En janvier 2024, un nouveau plan de modernisation a été présenté par la firme turque Milvest, qui propose un investissement privé de 1,2 milliard de dollars sur deux ans en échange de la gestion de l’aéroport pendant 29 ans. Malgré l’approbation de ce plan, les travaux n’ont toujours pas débuté.

Projet de la ville « Kitoko » abandonné

Depuis février 2021, Félix Tshisekedi avait signé, au Caire, capitale de l’Égypte, un contrat pour la création d’une ville appelée « Kitoko » près de Maluku, à l’est de Kinshasa. Prévue pour s’étendre sur 30 000 hectares, cette ville devait comprendre des logements, des technopoles agro-alimentaires, une cité gouvernementale, et des infrastructures de santé. Le président devait poser la première pierre le 30 juin 2022, ce qui n’a pas eu lieu. À ce jour, ce projet est à l’abandon.

Maisons préfabriquées non livrées

Dans le cadre du programme dit des 100 jours, le projet de 600 maisons préfabriquées pour les militaires et policiers, en partenariat avec la société SAMIBO, n’a jamais vu le jour. Bien que 300 maisons devaient être construites à Kinshasa et 300 autres à Mbuji-Mayi, aucune livraison n’a eu lieu.

Projet de 1000 forages d’eau arrêté

Le projet de 1000 stations de pompage d’eau dans 1000 localités du pays n’a pas abouti. Signé avec le consortium Devert Construct Cameroun SARL et Sotrad Water, ce contrat de près de 400 millions de dollars a été suspendu en raison de soupçons de surfacturation. L’ancien ministre du Développement Rural et l’entrepreneur Mike Kasenga sont actuellement sous enquête pour ces irrégularités financières.

Projet de carte d’identité nationale annulé

En août 2024, le contrat de production de cartes d’identité biométriques avec Afritech et le groupe français Idemia a été rompu à cause d’irrégularités financières soulevées par l’Inspection Générale des Finances (IGF). Bien que ce projet de 1,2 milliard de dollars était attendu pour fournir enfin des cartes d’identité aux Congolais, il n’a pas été mené à bien. Toutefois, le gouvernement envisage un nouveau partenariat avec le même fournisseur.

« Kinshasa Solar City » sans suite

Lancé en 2020 pour produire 200 MWp d’énergie solaire à Maluku, le projet « Kinshasa Solar City », d’un coût d’un milliard de dollars, n’a pas avancé. La première pierre posée reste visible sur le site, mais les travaux n’ont jamais démarré.

Projet « Métro Kin » sans réalisation

Créée en janvier 2022, la société « Métro Kin » devait ramener le train urbain à Kinshasa. Cependant, deux ans après, aucun progrès n’a été constaté. Le directeur général avait promis un lancement pour mars 2024, mais cette échéance est passée sans action concrète.

Université moderne à Mbandaka : promesse non tenue

Lors de sa visite en 2022 à Mbandaka, le président avait promis la construction d’une université aux standards modernes. À ce jour, les travaux n’ont toujours pas débuté, obligeant les étudiants à se déplacer dans d’autres régions du pays pour poursuivre leurs études.

La RDC reste confrontée à d’énormes défis dans la réalisation de ses projets publics. Malgré des promesses et des annonces ambitieuses, la plupart de ces projets restent en suspens, affectés par des problèmes de financement, des retards administratifs, et parfois même des suspicions de malversation. Ces projets inachevés révèlent les limites de la planification et de l’exécution des initiatives publiques dans le pays.

HESHIMA

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Changement de Constitution : L’examen des intentions cachées de Tshisekedi

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Les spéculations autour de l’avenir de la Constitution de 2006, longtemps restées dans l’ombre, se sont désormais transformées en un projet tangible porté par le pouvoir en place. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a été celui qui a levé le voile sur cette intention de modification constitutionnelle lors de son discours à Kisangani, suscitant une agitation considérable sur la scène politique congolaise. Cette annonce a plongé le pays dans une dynamique de discussions enfiévrées, sans que l’on sache précisément où cela mènera, ni ce que contiendra exactement ce projet.

Le 23 octobre, à Kisangani, lors d’un meeting populaire, Félix Tshisekedi a annoncé la création d’une commission multisectorielle chargée de rédiger une nouvelle Constitution en 2025. Le président a justifié ce projet par la nécessité d’adapter la loi fondamentale aux « réalités congolaises », affirmant que la Constitution actuelle, rédigée sous l’influence étrangère en 2006 et modifiée en 2011, ne reflétait pas adéquatement les spécificités du pays.

Volonté réelle de recentrage national ou stratégie pour pérenniser le pouvoir ?

Le discours de Tshisekedi laisse entrevoir une volonté de modification en profondeur du texte constitutionnel, afin qu’il « reflète mieux les habitudes et spécificités de la nation congolaise  » et corriger les aspects considérés comme inappropriés dans la gouvernance du pays. Il s’est ainsi attaqué à l’influence étrangère dans l’élaboration de la Constitution actuelle, soulignant que celle-ci avait été imposée dans un contexte de pression internationale. Ce discours pourrait en effet avoir une résonance favorable auprès d’une population qui pourrait se sentir exempte de la tutelle des puissances étrangères. Cependant, si l’intention semble axée sur un renouveau institutionnel, elle suscite aussi de vives interrogations.

Étant à son second et dernier mandat, l’annonce de Tshisekedi a immédiatement déclenché des débats animés. Le projet de changement constitutionnel ne manque pas de susciter des doutes et des suspicions, notamment au sein de l’opposition et de la société civile. La campagne en faveur d’une nouvelle Constitution, menée par Augustin Kabuya, Secrétaire général de l’UDPS, met en lumière l’enthousiasme des partisans du président, mais soulève également des inquiétudes sur les véritables motivations derrière ce changement.

Les raisons apparentes et cachées du changement constitutionnel

De fait, dans les circonstances actuelles du mandat du Président de la République, l’une des premières interrogations qui surgit est liée à la possibilité que ce changement de constitution serve d’outil pour maintenir le président Tshisekedi au pouvoir. Certaines rumeurs avancent que l’objectif caché de cette réforme serait de modifier l’article 220 de la Constitution, permettant ainsi à Tshisekedi de se présenter à nouveau après la fin de son mandat, une manœuvre que l’opposition, soutenue par l’Église catholique, dénonce vivement. Toutefois, dès lors qu’il est question de la rédaction d’une nouvelle Constitution, toutes les supputations sur son intention de vouloir déverrouiller l’intangible article 220, n’ont plus de raison d’être.

Cependant, bien que l’on puisse légitimement s’interroger sur la volonté du président de se maintenir au pouvoir, il pourrait tout aussi bien respecter l’engagement qu’il avait pris sur la limitation des mandats, engagement qu’il avait combattu sous le régime de Joseph Kabila. On pourrait alors supposer que ses intentions sont motivées par une volonté sincère d’améliorer la gouvernance des institutions congolaises. Néanmoins, le changement de Constitution ouvre potentiellement la voie à des modifications des règles du jeu, permettant à Tshisekedi de « réinitialiser les compteurs » et de se présenter, à moins que la nouvelle loi ne prévoie explicitement le contraire.

L’éventuelle modification de la Constitution pourrait ainsi redéfinir les conditions de l’exercice du pouvoir. Par exemple, un allongement de la durée des mandats présidentiels, de cinq à sept ans, offrirait au président actuel la possibilité de briguer un troisième mandat et, en cas de succès, de cumuler 24 ans de pouvoir. Mais au-delà de cette option, une autre hypothèse émerge : celle de préparer le lit de son dauphin. Dans le cas où la nouvelle loi imposerait à son tour un mandat limitatif, rien n’exclut qu’à son issue le pouvoir en place assure la relève en préparant la succession de l’héritier désigné.

Toutefois  dans l’hypothèse de la place qu’un dauphin pourrait occuper dans les intentions du chef de l’Etat, deux cas de figure peuvent se présenter : soit le président respecte la limite de ses mandats constitutionnels et se désiste au profit du remplaçant qu’il aura désigné, soit il rempile, mais, cette fois-ci affecté par les limites physiques (n’oublions qu’il a dû subir au moins deux interventions médicales qui ont alerté l’opinion !), il s’assurerait d’une continuité en douce de son pouvoir en le cédant par exemple à un vice-président comme cela est prévu aux Etats-Unis.  Contrairement au président du Sénat qui exercerait provisoirement les fonctions du président de la République en cas de vacance pour l’une ou l’autre raison, le mandat du vice-président est conduit jusqu’au terme de celui du président élu. 

L’hypothèse de l’exclusion de candidats gênants

Il est également légitime de se demander si la nouvelle Constitution ne sera pas l’occasion d’introduire des mesures destinées à barrer la route aux leaders de l’opposition. Une des pistes envisageables pourrait être l’introduction d’une disposition exigeant que tout candidat à la présidence soit né de père et de mère congolais, une mesure qui pourrait viser à écarter des personnalités comme Moïse Katumbi, principal leader de l’opposition et ancien gouverneur du Katanga. Une telle mesure limiterait en effet la concurrence en excluant ceux qui ne remplissent pas ces critères, tout en favorisant les candidats favorables au pouvoir en place.

De même, l’idée d’introduire des critères supplémentaires, comme un leadership politique à l’échelle nationale ou un passé électif, pourrait aussi avoir pour objectif de limiter l’accès aux fonctions présidentielles aux seules figures politiques jugées loyales au régime. Un personnage comme le Dr Denis Mukwege, bien que figure emblématique et prix Nobel de la paix, pourrait ainsi se voir écarté, car n’ayant jamais été élu, ni porté à la tête d’un parti politique actif sur toute l’étendue du territoire.

Un autre argument qui s’introduirait dans la Constitution en gestation reposerait sur le fait de mettre de côté les candidats qui auraient eu maille à partir avec la justice ou des déboires avec le fisc. Ici, Martin Fayulu tomberait sous le coup, son hôtel ayant été scellé à une époque pour défaut de règlement de ses obligations fiscales.  Il en va de même pour Adolphe Muzito impliqué dans une affaire de corruption en Belgique.  Ou encore Augustin Matata, « auteur présumé de malversations financières de 208 millions de dollars de fonds publics destinés au projet de Bukanga-Lonzo », ainsi qu’a eu à le lui rappeler l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingete dans un tweet.

Le « virus du pouvoir » et les risques de tensions

En réalité, au-delà de l’examen des desseins qui peuvent être attribués au Président Tshisekedi, l’interrogation fondamentale est de percer les mobiles profonds du régime et du président de la République lui-même. De l’avis de plusieurs personnes, la volonté de tirer en longueur avec la mise en place de stratégies afin de se maintenir le plus longtemps au pouvoir est évidente.  Cette démarche suscite des préoccupations légitimes concernant les risques de tensions politiques, sociales et sécuritaires que pourrait engendrer une telle réforme. En effet, la persistance au pouvoir d’un dirigeant, même élu démocratiquement, engendre fréquemment des dérives et des conflits, comme on l’a vu dans d’autres pays d’Afrique.

Dans ces conditions, l’opinion publique et la classe politique ne seraient-elles pas tenté de penser que le président Tshisekedi et ses inconditionnels à l’instar de leurs semblables d’Afrique, sont atteints du virus du pouvoir, cette tare qui se refuse à quitter leurs fonctions à leur terme sous divers prétextes fallacieux.

A part quelques rares exemples, parmi lequel on peut citer la passation pacifique de pouvoir effectuée par George Weah ou plus récemment par Mokgweetsi Masisi du Botswana, ailleurs, l’obstination avouée est de perdurer pour exercer. Cela s’est observé en Côte d’Ivoire où le Président Ouattara, principal opposant au régime de l’ancien président Laurent Gbagbo, s’est représenté pour un 3ème mandat ; au Togo, en Guinée ou encore au Gabon où cela s’est soldé par la destitution du Président Ali Bongo.

Et à chaque fois, ce processus se caractérise par des violentes manifestations, comme celles vécues en RDC à l’encontre des velléités de Joseph Kabila avant son départ.  A ce sujet, la manifestation des jeunes de la Tshangu qui s’est déroulée le 31 octobre dernier sur le boulevard Lumumba est bien un signe annonciateur en cas de récidive. L’enjeu de l’alternance démocratique étant tellement crucial, on ne peut que se demander quelles sont les véritables chances d’accomplissement en toute quiétude de la procédure enclenchée par le chef de l’État actuel et de passer outre les mises en garde sur les risques de « balkanisation du pays » prédit par Olivier Kamitatu, la dénonciation « d’une démarche dangereuse sur le plan sécuritaire, social ou même politique » présagée par Donatien Nshole, ou encore les conseils du député national Ngoyi Kasanji, pourtant sociétaire de l’Union sacrée qui va jusqu’à rappeler les promesses du président Tshisekedi de respecter la limitation du mandat présidentiel  et de conseiller quiconque l’induirait en erreur car « le pouvoir enivre si l’on s’y complait, mais il est temps de marquer autrement l’histoire et de créer un véritable État de droit ».

Dans un contexte où l’alternance démocratique est un enjeu majeur, les préoccupations concernant les intentions du président Tshisekedi sont légitimes. Si la modification constitutionnelle peut offrir des opportunités d’adaptation de la loi fondamentale aux réalités du pays, elle comporte également des risques importants de dérives autoritaires et de tensions politiques. Les observateurs se demandent si, à l’instar de nombreux autres dirigeants africains, Tshisekedi est pris par « le virus du pouvoir » et s’il est prêt à tout pour conserver son contrôle sur le pays. La réponse à cette question conditionnera probablement la stabilité de la RDC dans les années à venir.

HESHIMA

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Parc des Virunga et Réserve d’Epulu : des aires protégées sous la menace des conflits armés en RDC

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Le 6 novembre 2024, la communauté internationale célèbre la Journée pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé. En République démocratique du Congo (RDC), certaines zones protégées subissent de plein fouet les effets des affrontements.

Depuis trois ans, les fragiles avancées en matière de protection de l’environnement dans le parc national des Virunga sont constamment menacées par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Ce parc, le plus ancien du continent, fondé en 1925 et s’étendant sur 7 800 kilomètres carrés, est le théâtre récurrent de violents affrontements entre ces rebelles et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Cette réserve, qui abrite la plus grande biodiversité d’Afrique, est de nouveau en péril à cause de ce conflit.

Un impact dévastateur sur la faune

Selon la direction de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), le braconnage des animaux a considérablement augmenté depuis que le M23 a occupé, en mars, la localité de Rwindi, dans le territoire de Rutshuru, qu’il contrôle depuis plus de deux ans. Privés d’accès à certaines zones, les éco-gardes ne peuvent plus surveiller efficacement la faune ni estimer les pertes dues au braconnage.

L’ICCN rapporte qu’avec la résurgence du M23, le parc national des Virunga aurait perdu la moitié de sa population animale. « Les groupes armés abattent les animaux pour se nourrir ou revendre leur viande afin d’acheter des armes et des uniformes, » explique Bantu Lukambo, défenseur de l’environnement. Il mentionne que ces actes de braconnage sont le fait du M23, de milices d’autodéfense, voire de certains membres des FARDC. Les impacts réels de cette situation demeurent difficiles à évaluer à cause de la présence du M23 dans les plaines de Rwindi, où les éco-gardes subissent des violences constantes. Les éléphants, prisés pour leur ivoire, sont particulièrement ciblés, tout comme les hippopotames et les gorilles des montagnes.

La Réserve d’Epulu : un sanctuaire en danger

Outre la présence du M23 dans la région majoritairement située dans le Nord-Kivu, d’autres groupes rebelles locaux commettent également des massacres d’animaux protégés. Dans la province de l’Ituri, au nord-est de la RDC, les conflits armés continuent d’impacter la faune. En juin 2012, dans la réserve à faune d’Epulu, des miliciens Maï-Maï sous la direction de Morgan avaient tué 15 okapis et une douzaine de personnes, dont plusieurs éco-gardes. L’okapi, une espèce découverte en 1901 et protégée depuis 1993, est endémique des forêts denses de l’Ituri et figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cependant, même au sein de la réserve d’Epulu, il reste vulnérable au braconnage. Classé en danger d’extinction, l’okapi ne compte plus qu’entre 10 000 et 15 000 individus dispersés dans quelques forêts tropicales de la RDC, principalement en Ituri.

Des menaces similaires dans d’autres aires protégées

Les autres parcs nationaux de la RDC ne sont pas en reste. À Kahuzi-Biega et Garamba, les menaces sur la biodiversité demeurent, notamment en raison des exactions de la rébellion ougandaise de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur), qui sévit depuis des années dans ces zones protégées.

Heshima

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