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Histoire

Stanley Pool, site de naissance des villes de Kinshasa et Brazzaville

Le Pool Malebo, anciennement appelé Stanley Pool, est un lac situé au sud du fleuve Congo. Il sépare de part et d’autre Brazzaville et Kinshasa. Ce lac ou bassin d’une longueur de 35 km et une largeur de 23 km est considéré comme le berceau des deux capitales les plus rapprochées au monde.

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Ce bassin abrite dans son centre une île nommée M’bamou. Il est aussi appelé Lac Nkunda, Lac Ngobila, Malebo Pool ou Stanley Pool, Mpumbu, lac Nkuna. Par étymologie, le nom Malebo est le pluriel de lilebo et désigne, en lingala, le borasse, un grand palmier qui arborait abondamment les rives et les îles du pool. « Pool » est un terme anglais, et signifie « bassin » et parfois « lac ».

À l’époque coloniale, c’est-à-dire de 1885 à 1960, le Pool est connu sous le nom de « Stanley Pool », en l’honneur del’explorateur Henry Morton Stanley qui cartographia et travailla une bonne partie de sa vie dans cette région du monde. Géographiquement, les capitales des deux Congo, Kinshasa et Brazzaville, sont situées de part et d’autre, en aval du Pool. Maluku se trouve à l’entrée amont du lac. Vers l’amont, le Pool Malebo marque le début du Congo navigable jusqu’à Kisangani, via Mbandaka et Makanza. Vers l’aval, au-delà de la baie de Ngaliema, plusieurs ensembles de rapides (connus sous le nom de Chutes Livingstone) se succèdent sur un dénivelé d’environ 300 mètres jusqu’au port de Matadi.

Le 12 mars 1877, l’expédition conduite par Henry Morton Stanley atteignit le Stanley Pool (aujourd’hui Pool Malebo). Ici, Stanley a rencontré Mankoneh, le chef Bateke et Itsi, chef des Ntamo, formant une fraternité de sang. C’est le site des villes actuelles de Kinshasa et Brazzaville, capitales de la République démocratique du Congo et de la République du Congo.

Stanley – Brazza

Avant peu à Léopoldville, un monument à la mémoire de Stanley et un autre, sur la rive française, à Savorgnan de Brazza, se feront vis-à-vis le long du fleuve Congo. Emouvante confrontation ! L’intrépide Gallois, dont Léopold II se fit un précieux auxiliaire, Stanley, celui que les indigènes du Bas-Congo appelèrent Boula-Matari, le « briseur de rocs », a été le rival de Savorgnan de Brazza, cet Italien devenu Français qui d’abord incompris, rongé de fièvres, commença dès 1875 d’explorer l’Afrique équatoriale pour finalement conclure en 1880 avec le roi Makoko un traité qui assurait à la France le protectorat sur la rive droite du Pool.

Entre les deux hommes, une course de vitesse s’engagea. Les choses faillirent même à un moment donné tourner mal. L’Acte de Berlin devait finalement consacrer les droits respectifs de la France et du nouvel Etat indépendant du Congo, de chaque côté du grand fleuve. 

Aujourd’hui, il ne peut être en aucun cas question d’une rivalité, d’une inimitié quelconque entre le Congo belge et l’A.-E.F. Il faut parler plutôt d’une saine et fructueuse émulation. La collaboration étroite entre la France et la Belgique que de tous nos vœux nous appelons en Europe il faut qu’elle s’institue également en Afrique. En moins d’un quart d’heure, les vedettes rapides vous transportent du beachde Léopoldville au débarcadère central de Brazzaville !… 

On ne comprendrait pas que les deux gouvernements, les deux administrations, ne s’entendissent point pour se prêter mutuellement aide et assistance. Déjà en ce qui concerne l’énergie électrique, on assiste à un fructueux échange. Le pont qui doit être jeté entre les deux rives des capitales les plus rapprochées au monde pourrait davantage accroitre les échanges commerciaux et même culturels. 

Raymond OKESELEKE

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Dossier

Mpolo et Okito, toujours dans l’ombre de Lumumba…

L’histoire de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba est collée à deux autres martyrs : Maurice Mpolo et Joseph Okito. Le premier fut ministre de la Jeunesse et chef d’état-major de l’armée congolaise et le second président du Sénat. Mais l’imposant personnage de Lumumba continue de faire ombrage à ses compagnons de lutte pourtant morts dans les mêmes circonstances.

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Au cœur des hommages que la nation organise depuis le 21 juin dernier, deux familles se sentent oubliées. Celles de Maurice Mpolo et Joseph Okito. Ces deux compagnons de Patrice Emery Lumumba ont été assassinés ensemble avec le tout premier Premier ministre de la République démocratique du Congo le 17 janvier 1961, dans l’actuelle province du Haut-Katanga, au sud-est du pays. Après plusieurs années de réclamation d’une reconnaissance, les deux personnalités ont été admises, le 14 juin dernier, dans l’Ordre national des héros nationaux Kabila-Lumumba.

Mais les familles de ces deux infortunés ne sentent pas toujours considérées dans les cérémonies d’hommages qui se déroulent actuellement en République démocratique du Congo. Dans une interview accordée à la presse, le 24 juin 2022, la fille aînée de Maurice Mpolo ne s’explique pas le fait que son géniteur ainsi que Joseph Okito restent dans les oubliettes alors que les deux sont morts le même jour et dans les mêmes circonstances que Lumumba. Jacqueline Mpolo a exprimé son regret de constater que les deux familles n’ont été ni de près ni de loin associées à ces différentes funérailles. 

« On est choqués. C’est comme si on est en train de remuer le couteau dans nos cœurs. Ça nous fait mal de voir qu’il y avait 3 personnes qui sont mortes pour les mêmes causes, le même idéal et qui ont terminé leur vie ensemble. Les sangs et chairs fusionnés. Maintenant, on doit les détacher. Même les bourreaux, les assassins ne les ont pas séparés […]. Si cela vient du sommet de l’État, c’est scandaleux. Nous n’avons pas été invités. Même au moment où je vous parle, nous n’avons pas de programme de tout ce qui se passe. », a affirmé Jacqueline Mpolo. 

La fille de l’ancien ministre de la Jeunesse et chef d’état-major de l’armée congolaise porte aussi des critiques sur la dernière décoration faite aux deux compagnons de Lumumba.  « […] Il y a Kengo Wa Dondo et Papa Wemba qui ont été élevés au rang de Grand Cordon des ordres des héros nationaux Kabila-Lumumba. Joseph Okito et Maurice Mpolo toujours admis dans l’ordre national de Héros nationaux Kabila-Lumumba aux grades de grands officiers ? Le président de la République qui a signé cette ordonnance, je lui demande de la réexaminer. Nous avons fait une lettre de recours pour qu’il puisse revoir cette ordonnance », a-t-elle enchainé.

Si la famille Lumumba est en première loge et a pu récupérer une relique du corps de l’héros national congolais, les deux familles restantes n’ont demandé pas plus que de retrouver le sol de Shilatembo, dans le Haut-Katanga où leurs pères ont été assassinés ensemble avec Lumumba.

« Pour le premier ministre Patrice Lumumba, il y a la dent. Pour Okito et Mpolo, il n’y a rien. Est-ce que nous ne pouvons pas aller là où ils étaient assassinés prendre ne fût-ce que la terre, comme on s’est convenu et faire aussi notre deuil ? L’échangeur de Limete se trouve dans la ville de Kinshasa, comment ne pouvons-nous pas avoir une place pour Okito et Mpolo ? Je demande l’implication de tout le monde. Ils ne sont pas morts pour leurs familles. Ils n’ont pas accepté la corruption des Belges », insiste Jacqueline Mpolo.

Ces regrets de la famille Mpolo qui relaient aussi les frustrations de la famille Okito démontrent que ce deuil national en mémoire du héros national n’est pas forcément vécu de la même manière par les descendants de ces martyrs de l’indépendance. Un petit-fils de Mpolo, son homonyme, Maurice, pensait que l’Etat congolais allait lier le sort de ces trois hommes jusqu’aux hommages nationaux. « De façon symbolique, mettre en exergue deux cercueils avec leurs images, ça aurait été une image forte non seulement pour la famille, mais aussi pour la nation. », a-t-il souhaité au micro de RFI.

Dans ce voyage funéraire de la relique de Lumumba, l’étape de Shilatembo, dans le Haut-Katanga, a semblé rétablir la mémoire de ces deux compagnons de Patrice Lumumba. Sur la devanture du Mausolée de Lumumba, deux bustes de Maurice Mpolo et Joseph Okito ont été aussi construits. Et le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a déposé des gerbes de fleurs devant ces bustes lors de la cérémonie d’hommages à Lumumba dans cette contrée du pays. Pour ces hommages nationaux à Lumumba, un deuil national de 4 jours a été décrété de lundi 27 juin à jeudi 30 juin 2022.         

Heshima     

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Histoire

Réparation du passé colonial en RDC : toujours un gout d’inachevé…

Le roi Philippe a effectué une visite de 6 jours en République démocratique du Congo. Du 6 au 11 juin, le souverain belge a été dans 3 villes congolaises. Quant au lourd passé colonial, le descendant de Léopold II n’a pas vraiment exprimé ce que plusieurs Congolais attendaient de lui. Analyse.

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Mercredi 8 juin, à Kinshasa, le roi Philippe a réaffirmé ses « plus profonds regrets pour les blessures du passé » infligées à l’ex-Congo belge durant la période coloniale, espérant marquer ainsi un nouveau départ dans les relations entre la Belgique et la République démocratique du Congo. Ainsi, pour son premier voyage dans ce que fut la colonie belge, le roi Philippe a rappelé le passé du régime colonial. Ce régime « basé sur l’exploitation et la domination », était « celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et des humiliations », a rappelé le souverain belge dans un discours prononcé à Kinshasa, sur l’esplanade du Parlement, devant plusieurs Congolais.

Ces regrets, le roi Philippe les avait déjà formulés, par écrit, dans une lettre au président Félix Tshisekedi il y a deux ans, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Pour plusieurs Congolais, ce discours du roi Philippe a laissé un goût d’inachevé. Le roi n’a pas pu évoluer dans ses mots depuis sa lettre adressée à Félix Tshisekedi. Et dans une lettre ouverte adressée au souverain, des intellectuels, des militants syndicaux et associatifs congolais pointent les limites des « regrets » exprimés par le roi des Belges. Pour eux, « exprimer des regrets, c’est également annihiler toute chance de questionner certes la Belgique d’hier, mais également la Belgique d’aujourd’hui qui s’est installée dans une relation néocoloniale avec le Congo depuis son indépendance et qui a travaillé à rigoureusement miner toute possibilité d’éclosion d’une réelle démocratie au cœur de l’Afrique en mettant à mal sa souveraineté comme à l’époque ».

Ces Congolais dont de membres de la LUCHA (Lutte pour le changement) demandent au roi des Belges d’avoir ce courage que n’ont pas eu (ses) prédécesseurs et qui permettra à sa Nation de construire son avenir en se regardant dans le miroir de l’Histoire. Cela, en lui demandant de « faire une déclaration publique en faveur de la justice et des réparations pour les conséquences de la terreur initiée par votre famille sur nos terres ».  

Ce qui démontre pour eux que « des regrets » ne suffisent pas. D’autres réclament des excuses et réparations pour les souffrances endurées et les « pillages » des richesses de la République Démocratique du Congo. Mais le roi ne semble pas prêt à évoluer. Son discours, d’après certaines analyses, était destiné à mettre un trait à ce passé douloureux et revoir autrement des relations entre les deux pays.

Des œuvres d’arts emportées…  

Le roi Philippe, dans sa visite, s’est ensuite rendu au Musée national de la RDC (MNRDC), où a été abordée la question de la restitution des objets d’art à l’ex-colonie, pour laquelle le gouvernement belge a défini une feuille de route en 2021. Là encore, le souverain a prononcé des mots qui ont laissé certains Congolais perplexes. En remettant au musée un masque géant « Kakuungu », qui était utilisé pour des rites d’initiation de l’ethnie Suku, le roi évoque que cet objet est « prêté » pour une durée « illimitée » au Musée congolais par le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, près de Bruxelles. Certains Congolais voulaient entendre parler de la restitution tout court et non d’un prêt. Ils veulent voir aussi d’autres objets traditionnels regagner le pays.  

Souvenir des mains coupées…

Le roi Léopold II de Belgique s’est vu attribuer d’immenses territoires autour du bassin du fleuve Congo par les dirigeants européens lors de la conférence de Berlin en 1885, lorsqu’ils se sont partagé les territoires du continent dans le cadre de ce que l’on a appelé la ruée vers l’Afrique. Le roi a appelé son territoire l’État libre du Congo – une colonie personnelle où il avait la liberté de faire ce qu’il voulait.

Les souvenirs des atrocités commises sous cette colonisation ne sont pas encore oubliés. Et des excuses ouvertes de la Belgique qui trainent à arriver ne permettent pas de refermer les plaies définitivement. Villages rasés, asservissement, massacres de masse, tortures et châtiments corporels, rien ne fut épargné aux indigènes congolais qui cherchaient à se soustraire au travail forcé ou ceux qui ne récoltaient pas assez de caoutchouc ou ne rapportaient pas suffisamment de pointes d’ivoire au colonisateur. Ces atrocités commises entre 1885 et 1908 au Congo par l’administration belge du roi Léopold II auraient réduit de moitié la population congolaise de l’époque. Certaines sources évoquent 10 millions d’Africains tués dans certaines des pires atrocités de l’ère coloniale. Après la cession du Congo à la Belgique par Léopold II, certains de ces traitements dégradants ont pu continuer sous la colonie de l’Etat belge entre 1908 et 1960.        

A ce jour, après la visite historique de Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu par le roi Philippe et le contentement de son discours de regrets, la réparation du passé colonial a toujours ce goût d’inachevé. Et cela, pendant que d’autres pays comme l’Allemagne ont fait des pas dans la réparation de ce lourd passé. L’Allemagne a reconnu officiellement avoir commis un génocide pendant son occupation de la Namibie à l’époque coloniale et accepté de verser une compensation financière.

Les colons allemands y ont tué des dizaines de milliers de Herero et de Nama lors de massacres au début du XXe siècle. Face à cette tragédie, Le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, a reconnu que ces meurtres constituent un génocide. « À la lumière de la responsabilité historique et morale de l’Allemagne, nous demanderons pardon à la Namibie et aux descendants des victimes », avait-il déclaré.

Heshima  

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Histoire

Tippo Tip : un potentat arabe en Afrique centrale

De son vrai nom, Hamad bin Muhammad bin Juma bin Rajab el Murjebi, Tippo Tip était originaire de l’île de Zanzibar, capitale du sultanat qui dominait la côte orientale d’Afrique. Il est un exemple de cette population africaine métissée résultant de près de deux millénaires d’activités commerciales, dans l’océan Indien, entre Africains de langues bantoues de la côte, qui échangeaient ivoire, épices et esclaves avec marins perses, indiens, arabes d’Arabie et d’Égypte.

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 Né vers 1835 à Zanzibar, Tippo Tip reçut très tard ce surnom qui signifierait « l’accumulateur de richesses », d’après le son « tiptip » des fusils qu’il utilisait durant ses expéditions punitives. Car Tippo Tip, qui apprit dès l’âge de 16 ans avec son père le métier de caravanier, ne tarda pas à se lancer à son tour, à 18 ans, avec une centaine d’hommes, pour ravager l’arrière-pays au-delà du lac Tanganyika, à la recherche d’esclaves et d’ivoire, échangé contre de la gomme copal et des perles.

Revenu à Zanzibar afin de s’approvisionner en fusils de traite, il retourna pour une douzaine  d’années sur le continent pour y élaborer une sorte d’empire commercial esclavagiste plus au sud, vers les chutes du Zambèze, fort loin dans l’intérieur. Non seulement organisait-il des caravanes destinées à approvisionner la côte en esclaves, mais il possédait des plantations entre les fleuves Zambèze et haut Congo (Lualaba) dont les esclaves travaillaient durement au son du gong. Elles produisaient canne à sucre, coprah ou vivres destinés à nourrir les caravanes.

L’exportation vers l’océan Indien fut accélérée à partir de 1869 par le percement du canal de Suez. Tippo Tip bénéficia  de cet essor tardif de la traite orientale. Interdite en principe dans l’océan Indien par le sultan de Zanzibar sous pression britannique depuis 1874, elle restait tolérée à l’intérieur de son État (où se multiplièrent les plantations côtières) et, bien entendu, dans l’arrière-pays, resté hors de portée de tout contrôle. 

Du côté occidental, expéditions géographiques, politiques, missionnaires et scientifiques se développaient à leur tour. Toutes visaient les «  grands lacs  », le Tanganyika, le Victoria, le Nyassa, mais elles les dépassèrent rapidement, couvrant le cours supérieur des fleuves Congo, Nil et Zambèze où débutaient les conquêtes coloniales. Or Tippo Tip était devenu une puissance crainte et respectée dans ces zones peu contrôlées et dominées par des chefferies disséminées. Il avait pour modèles d’autres chefs de guerre africains avec lesquels il faisait affaire, comme le Nyamwezi Mirambo, lui aussi ancien chef caravanier devenu despote local (1857–1884) : depuis sa capitale, Tabora, située à mi-chemin, celui-ci contrôlait la route des caravanes entre le port de Bagamoyo et la ville d’Ujiji, sur le lac Tanganyika. Plus au nord, dans la cuvette tchadienne, Rabah, grand chef de guerre esclavagiste, établissait dans le dernier tiers du siècle son empire à partir du Bahr el-Ghazal jusqu’au Bornou, à l’ouest du lac Tchad, où il fit construire sa capitale.

Mais Tippo Tip était un homme d’affaires plus qu’un conquérant. Tant que les Européens n’intervinrent guère, il se conduisit grâce à leurs armes en condottiere guerroyant contre les chefs locaux pour s’emparer de leur ivoire et de leurs hommes transformés en esclaves. Il écrit dans ses Mémoires avoir armé jusqu’à 500 hommes, contre des adversaires qui ne disposaient souvent que d’arcs et de flèches ; il se constitua un empire de l’intérieur autour de Nyangwe sur la Lualaba (haut fleuve Congo) pour approvisionner son commerce avec la côte. Un journaliste français, qui le rencontra aux chutes du Zambèze (Stanley Falls) en février 1889, le présente comme «  maître du centre africain, sultan, banquier, marchand, traitant, chasseur d’ivoire et acheteur d’hommes  ». 

Tippo Tip était brutal comme les autres chefs de guerre. Mais il avait compris que la disproportion des forces en présence exigeait de négocier avec les puissants. C’est ce qu’il avait fait dès le début avec le sultan de Zanzibar et aussi avec Mirambo à Tabora. Quand le vent commença à tourner, il eut vite fait de prendre contact avec les explorateurs : dès 1876, il accompagna un moment Stanley dans sa descente du fleuve ; puis il négocia avec les envoyés des pouvoirs européens, tout en assurant le sultan de Zanzibar – lui-même aux prises avec les Occidentaux – de sa loyauté. En 1878, Stanley signa avec lui un accord qui le nommait «  gouverneur de Kisangani  » autour des Stanley Falls pour le roi des Belges. Mais les objectifs des partenaires étaient opposés : Stanley voulait l’utiliser dans sa conquête, et Tippo Tip voyait en lui son principal client en ivoire. Entre 1884 et 1887, comprenant qu’il faisait fausse route, il revendiqua sa souveraineté sur le Congo oriental au nom du sultan de Zanzibar.

Néanmoins, l’avancée occidentale rendait le trafic des esclaves de moins en moins sûr et sa souveraineté fragile. L’État indépendant du Congo (reconnu en 1885) du roi des Belges, Léopold II occupe son territoire en 1894. Tippo Tip liquida ses affaires et se replia sur Zanzibar, où il se convertit, grâce à sa fortune, à l’exportation des matières premières agricoles réclamées par l’industrie européenne. En 1895, il y possédait sept plantations de clous de girofle où travaillaient 10 000 esclaves. Il mourut sans doute du paludisme en juin 1905, dans sa belle demeure de Zanzibar, et sa notoriété internationale lui valut une notice nécrologique dans le Times. 

Raymond Okeseleke

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