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Interview

Georges KAPIAMBA :« le système de gestion, …qui a existé dans ce pays depuis 1960, jusqu’à maintenant, est une gouvernance de prédation »

Président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Me Georges Kapiamba estime que la lutte contre l’impunité doit être considérée dans la société congolaise comme un engagement national, exigeant la participation de tous. Pour lui, on doit en parler et sensibiliser ceux qui semblent se taire. Il le dit dans l’interview qu’il a accordée à HESHIMA Magazine.

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 HESHIMA : Maître Georges Kapiamba, vous êtes président de l’ACAJ, voudriez-vous nous rappeler les différentes missions de votre ONG ? 

Me Georges Kapiamba : Les missions de l’organisation peuvent s’articler en trois points. Permettez-moi, avant de les énumérer, que je puisse rappeler que depuis le 12 septembre de l’année en cours, l’ACAJ a totalisé onze ans, onze ans d’expériences, de travail. Tout le travail a tourné autour de trois missions, à savoir la promotion et la protection des droits de l’homme. La deuxième mission est d’assurer la diffusion, la vulgarisation de tous les instruments juridiques internationaux relatifs au droit de l’homme. Dans les instruments juridiques il faut ajouter même les nationaux. Enfin, la troisième mission, est celle qui est relative à l’accès à la justice, c’est-à-dire une contribution qui vise la catégorie des personnes les moins nanties, les pauvres, ceux qui ne savent pas consulter un avocat par manque de moyens, ceux qui ne savent pas où déposer leurs plaintes ou déposer leurs requêtes. Nous essayons de leur venir au secours pour qu’elles aussi aient accès à la justice. Enfin, il y a aussi la catégorie des personnes qui sont en détention, qui ne savent qui consulter, surtout qui sont en détention dans des lieux tenus par des services de sécurité, vous savez que ce sont des endroits difficilement pénétrables. 

Si vous devez faire l’évaluation de votre propre action, la situation a-t-elle évolué ou pas ? Les Congolais accèdent-ils facilement à la justice aujourd’hui ?

Oui, la situation, nous pouvons le dire ainsi, le soutenir, le Congolais a non seulement pris conscience de la place qu’occupent les valeurs des droits de l’homme, mais aussi de l’implication, de l’éveil de chacun pour la participation presque de tout le monde, surtout les jeunes dans la revendication des droits fondamentaux des citoyens. 

Ce n’était pas le cas, rappelez-vous, pour ceux qui ont vécu pendant la période du règne de feu Maréchal. Personne ne pouvait s’occuper de la gestion des biens publics. Maintenant, ce n’est plus le cas, les gens sont devenus de plus en plus exigeants. C’est aussi un travail de sensibilisation, pas seulement l’ACAJ, mais l’ensemble d’organisation des défenses des droits de l’homme, des médias qui travaillent chaque jour pour assurer la diffusion de la sensibilisation. La formation de ces valeurs des droits de l’homme ont contribué à cet éveil des consciences. Et aussi il faut mentionner le fait que sur le plan de la gouvernance de notre pays, il y a eu des acquis, parmi lesquels la constitution de 2006, qui est l’une des meilleures constitutions en ce qui concerne les pays de l’Afrique, surtout de l’Afrique centrale.

Quel a été votre apport par rapport à la constitution du 18 février 2006 ? 

Notre apport, il faut dire avec toute modestie qu’il ne faut pas seulement me voir dans les 11 ans, je suis dans l’engagement associatif depuis plus de 30 ans. Donc, j’ai pris cet engagement depuis l’Université. Beaucoup de mes collègues qui me connaissent et que je rencontre souvent, que ce soit au pays ou à l’étranger, témoignent toujours, affirmant que : « Lui, c’est depuis l’université ». Donc, ce que nous avons fait, que ce soit dans mon ancienne structure qui était l’ASADHO, comme ici au sein de l’ACAJ, qui est une structure plus spécialisée sur la question d’accès à la justice, la défense des droits des citoyens par le recours à la justice, au fait notre idée avec les autres compatriotes était  de considérer que beaucoup de gens recourent à la violence parce qu’ils ne connaissent pas l’existence des mécanismes juridiques qui sont organisés pour réclamer leurs droits ou les défende.

La population a une mauvaise image des animateurs de la justice parce que l’issue des dossiers judiciaire la déçoit beaucoup, les cas du procès 100 jours, Eteni Longondo… N’est-ce pas que c’est décourageant ?

 Tout à fait. Dans les dossiers que vous avez cité, même nous ACAJ, qui avons fait l’observation, qui avons dénoncé, nous avons fait des plaidoyers pour que le pouvoir judiciaire se mêle de l’affaire, que ces soient des affaires au moins emblématiques qui allaient permettre d’écrire une nouvelle page de la gouvernance judiciaire de notre pays. Nous avons tous étaient déçus par la suite, et nous sommes déçu jusqu’à ce jour. Pourquoi, parce que non seulement que les enquêtes n’avaient pas été très approfondies sur le plan technique, à cause aussi de beaucoup de raisons, mais il y a eu beaucoup de trafics d’influence politique qui ont déraillé même le cours de la justice et on a assisté à des décisions du genre où, quelqu’un est condamné au premier et deuxième degré s’offrait facilement la liberté provisoire au niveau de la Cour de cassation. 

Les cautions qui étaient payées étaient de loin insignifiantes par rapport même à la somme lui réclamée par la société. Bref, c’est une déception et aujourd’hui moi je le dis souvent, nous le disons aux plus hauts responsables, je l’ai dit aussi au nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature : « Vous avez un défi à relever aujourd’hui ». C’est principalement de poser des actes qui vont permettre aux citoyens de comprendre que, ce qui s’est passé n’était qu’un accident de parcours et que les magistrats, nos magistrats, notre justice a compris qu’il y a moyen d’écrire notre histoire d’un état de droit. C’est décevant et aussi c’est décevant pour nous tous. 

L’année dernière, vous avez dénoncé le fait que plusieurs ministres du gouvernement Ilunkamba avaient détourné, curieusement ceux-ci étaient reconduits dans le gouvernement Sama Lukonde. Pensez-vous que l’impunité prendra un jour fin dans ce pays ?

 La lutte contre l’impunité doit être considérée dans notre société comme une cause nationale pour laquelle nous devons tous nous mobiliser. Nous devons en parler, nous devons sensibiliser ceux qui semblent se taire, nous devons leur dire, c’est vous qui avez le pouvoir, il faut faire cesser l’impunité à tous les niveaux. Aujourd’hui nous assistons tous au cas de Monsieur Vidye Tshimanga, ex-conseiller spécial chargé des questions stratégiques du Président de la République. Nous avons vu la vidéo et puis, un jour après il y a le Procureur Général de Kinshasa/Matete qui a ouvert un dossier RMP, c’est-à-dire un dossier pénal à sa charge, pour enquêter sur notamment l’éventualité d’actes de corruption, enrichissement illicite, blanchiment des capitaux et consorts. Trois jours après Gombe fait la même chose. Et tout cela c’est sous l’impulsion de leur chef, le Procureur général près la Cour de Cassation, qui a veillé à ce que les choses changent, parce qu’il n’est pas normal que nous soyons dans une société où on parle des détournements des millions, et que les magistrats soient là en train de croiser les bras et que quelques dossiers qui passent par la filière judiciaire puissent faire l’objet des marchandages.

Me Kapiamba, lorsque vous avez suivi la vidéo de M. Vidye Tshimanga, quelle a été votre réaction à l’ACAJ ?

 D’abord, c’était un choc pour nous parce que c’est un collaborateur du chef de l’Etat, lui qui porte le programme de la lutte contre la corruption. Que le chef de l’Etat puisse avoir à ses côtés quelqu’un qui agit de manière qui contrarie avec son discours, ça ne pouvait que nous choquer et nous dérouter. Deuxièmement, c’est aussi un sentiment de satisfaction, par rapport au travail réalisé par vos confrères journalistes, qui surement doivent savoir que tel monsieur a toujours l’habitude de procéder de telle manière… que maintenant nous voudront le mettre sur la place publique, l’exposer pour que les gens sachent qu’il ne mérite pas d’être au côté du Président de la République, qui prône la lutte contre les antivaleurs. Le dernier sentiment était d’exiger la justice, une enquête pour que les Congolaises et Congolais sachent finalement au bout de cette enquête ce qui s’est passé.

Aujourd’hui c’est Vidye Tshimanga, hier c’était Kabund qu’on a accusé d’enrichissement illicite, Kabund qui a aussi dénoncé des détournements des centaines de millions de dollars qu’on amènerait dans des paradis fiscaux. Comment faire pour éradiquer ce genre de pratiques tout autour du chef de l’Etat ?

 Alors deux choses. D’abord nous devons faire très attention lorsqu’il y a des révélations de ce genre, qui touchent directement à la dignité, à l’honneur de nos compatriotes. Vous les médias et les ONG des droits de l’homme, nous avons des approches trop rigoureuses qui nous obligent de vérifier avant d’en parler. Et si ce sont des faits établis, soutenus par des preuves, en ce moment-là on doit les confier à la justice. Mais, comment faire en sorte que cela ne puisse pas se reproduire, surtout contre les proches des plus hauts responsables de notre pays ? Premièrement, il y a la sensibilisation des Congolaises et Congolais, en commençant par tous les enfants qui sont à l’école primaire, il faut que ce soit enseigné. Le deuxième axe, c’est la répression rigoureuse. La répression suppose que nous ayons un appareil judiciaire intègre, un appareil judiciaire efficace. L’efficacité proviendrait des niveaux de formation et la mise à jour de ses membres.

Monsieur Jules Alingete est venu avec l’esprit rebondissant sur ce que le peuple congolais attendait.

L’IGF vient de célébrer ses 35 ans d’existence, que pensez-vous du travail qu’abat ce service de l’Etat ?

 Travail magnifique ! Vous savez que, l’ACAJ, nous accompagnons, nous soutenons le travail abattu par l’ensemble de l’équipe de l’Inspection Générale des Finances. Dès les premiers moments, je peux vous assurer… Monsieur Jules Alingete est venu avec l’esprit rebondissant sur ce que le peuple congolais attendait, c’est-à-dire mener ses enquêtes avec indépendance, avec professionnalisme et informer l’opinion. Les gens n’ont pas aimé cela. Ce n’est pas tout le monde, mais ceux qui bénéficiaient de ce détournement, de la corruption. 

Donc, je dois vous avouer que l’ACAJ, nous sommes fier du travail qu’abat ce service, ses inspecteurs, nous continuons toujours à les soutenir et aujourd’hui il s’est ajouté la Cour des comptes dont 53 magistrats ont finalement prêté serment, après avoir attendu pour beaucoup d’entre eux, plus de cinq ans. Ils ont prêté serment, nous espérons qu’ensemble avec l’IGF, la CENAREF, sans oublier l’APLC, ces organes de l’Etat vont devoir maintenant mener la guerre qu’il faut avec le soutien de la société civile, des Congolaises et congolais parce que le souci des Congolais est qu’il ne faudrait plus qu’un seul dollar, un seul franc du contribuable congolais puisse être détourné par un représentant de l’Etat, sans qu’il ne puisse subir la rigueur  de la loi. Mais, le grand challenge c’est quoi, le défi ? C’est que les magistrats doivent aussi se mettre dans le même esprit, ne considérant que quand l’IGF mène ses enquêtes, ses audits, des gages de responsabilité, il ne faut pas les négliger. Il faut chercher à les approfondir mas, en associant les experts en la matière parce que nous constatons que beaucoup de dossiers sont traficotés à ce niveau-là sous le seul prétexte que ce sont des OPJ…

Ne trouvez-vous pas que le fait que l’IFG ne mène pas des enquêtes à la Présidence de la République et au Parlement affaiblit sa lutte contre la corruption ?

 Vous savez que l’IGF a eu à mener des enquêtes sur certaines opérations de la Présidence, ç’a été fait, malheureusement les rapports n’ont pas été rendus publics. Je crois que c’est cela qui fait douter de l’efficacité et de l’indépendance dans la gestion de ce dossier-là par l’IGF parce qu’elle avait déjà habitué l’opinion à mener une enquête, à auditer et puis à rendre public, c’est une exigence même de la bonne gouvernance, mais cela ne s’est pas fait à la Présidence. Ç’a été aussi le cas au Parlement, que ce soit l’enquête qui devait être menée à l’Assemblée nationale, comme au Sénat, on a vu ce qu’il y a eu. Je sais par contre qu’en ce qui concerne les enquêtes de l’IGF au Parlement, lorsqu’elle avait fini, elle avait transmis le rapport au Procureur général près la Cour de Cassation et d’ailleurs même un dossier pénal a été ouvert.

 Rappelez-vous que l’ancien procureur général avait saisi le Sénat pour obtenir la levée des immunités notamment de son ancien président, du questeur… ce sont des dossiers qui sont pendants. Alors, ce sont peut-être les limites qui caractérisent le travail de l’IGF, mais qui ne doivent pas lui enlever toutes les prouesses qu’elle a pu réaliser en peu de temps. Maintenant qu’il y a la Cour des comptes, qui a une compétence générale, en tant que juridiction de contrôle supérieur juridictionnel, avec la capacité juridique qu’elle a, nous espérons qu’au moins ce vide-là sera comblé par le travail de la Cour des comptes.

Avec plus ou moins 60 magistrats à la Cour des comptes, ne trouvez-vous pas que cela est insignifiant, vu l’étendue du pays ?

 C’est vrai, ce n’est pas beaucoup, mais il faut qu’ils commencent par faire le travail. Que les 53 s’affirment d’abord, rassurent l’opinion, qu’ils sont là conformément à leur loi organique, comme ceux qui s’assurent du bon emploi de l’argent public parce que c’est cela la mission de la Cour des comptes. Et le bon emploi de l’argent public doit se faire partout dans toutes les institutions, il n’y a pas une seule qui peut les échapper. 

Ils ont la compétence de contrôler et lorsqu’ils constatent qu’il y a eu des fautes de gestion, ils poursuivent ceux qui sont impliqués, avec possibilité de les condamner parce que c’est cela l’avantage de la Cour des comptes, elle va prononcer des décisions qu’on appelle « arrêts » contre les agents de l’Etat, principalement les comptables, les ordonnateurs, les gestionnaires, les contrôleurs, mais aussi les personnes qu’on appelle les « comptables de fait ».

 La Cour peut condamner notamment au remboursement de la somme d’argent, mais aussi recommander des poursuites pénales devant le juge compétent et recommander même la révocation. Donc, nous espérons que l’IGF va se mettre en synergie, ce que nous souhaitons, avec la CENAREF, l’APLC, avec les organisations de défense qui sont impliquées dans la lutte contre la corruption de manière que nous puissions être capables de relever ce défi.

Me Kapiamba, avez-vous à ajouter ? Le mot de la fin, consiste à appeler nos compatriotes, de considérer que la lutte contre la corruption est une affaire de nous tous, chacun là où il se trouve, il exerce ses activités. Pourquoi les Congolais quittent-ils leur pays, notre riche pays pour aller ailleurs ?

 C’est parce que le pays n’est pas organisé, il n’offre pas des perspectives d’avenir. Parce que les ressources naturelles que Dieu nous a données, qui sont mal exploitées, ne bénéficient pas à nous tous. Pourquoi cela ne bénéficie pas à nous tous ? Parce que le système de gestion, de gouvernance, qui a existé dans ce pays depuis 1960 jusqu’à maintenant c’est une gouvernance de prédation c’est-à-dire il y a des prédateurs, nous avons des dirigeants qui construisent leurs vie sur la prédation. Donc, nous devons immédiatement choisir de nous engager dans la lutte contre la corruption parce qu’elle un obstacle à jouissance des droits de l’homme.

Propos recueillis par Hubert MWIPATAYI

Interview

Grâce Kaumba aux femmes: « Se cultiver, même en ligne, est la clé de la réussite »

Gardienne de l’image de marque de plusieurs artistes, productrice et propriétaire de GK Projects, Grâce Kaumba est une femme qui réussit dans son monde de management. Dans un entretien accordé à Heshima Magazine, elle explique son métier et encourage les femmes à se cultiver, même par des voies numériques. Interview.

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Heshima Magazine : Madame Grâce Kaumba, les traits caractéristiques de votre portrait vous présentent comme une entrepreneure aux goûts éclectiques. Pourriez-vous nous parler de votre propre personne ?

 Grâce Kaumba : Je suis manager d’artistes et productrice, propriétaire de GK Projects, une entreprise dédiée au brand management. 

HM:  D’où vous vient votre créativité et votre passion pour l’événementiel ?

 J’ai constamment des idées novatrices et je n’aime pas la monotonie. La naissance de mon premier événement a été motivée par le fait que je voulais faire quelque chose de différent. Les événements sont liés à l’expérience vécue par les personnes qui y participent. J’aime influencer la façon dont les gens vivent une expérience.

 HM :Vous êtes le CEO de votre propre entreprise. Quel est le but poursuivi par celle-ci ?

 Le  » brand  » management. Nous développons des marques humaines et des concepts et créons des partenariats entre elles et les entreprises.

 HM:  Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas dans l’entrepreneuriat, et quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?

 J’ai été victime de malversations à plusieurs reprises… et les difficultés que j’ai rencontrées étaient liées au manque de moyens financiers, en particulier lorsque personne ne comprenait ma vision et ne pouvait donc la soutenir. 

HM :Les festivals, les concerts, les différentes productions sont des activités nocturnes. En tant que femme, comment gérez-vous le show-biz? 

J’ai perdu la notion du jour et de la nuit. Je travaille tout au long de la journée et de la nuit. On peut se sentir très seul, mais si l’on est entouré des bonnes personnes, le voyage est plus facile, et j’ai une équipe formidable !

 HM:  La plupart de vos collaborateurs sont des hommes et les activités sont exécutées ou représentées par ceux-ci. Quel est votre secret pour vous affirmer dans votre travail ?

 Bonnes compétences en communication et environnement de travail à caractère familial. 

HM:  D’après vous, quelle est la problématique la plus significative à résoudre au regard de la culture congolaise de plus en plus défavorisée ? Comment y remédier ?

 Notre art et notre culture réclament davantage de soutien de la part du ministère. Ils ont besoin d’une promotion nationale et internationale ainsi que d’un soutien financier. Il nous faut planifier et mettre en œuvre des politiques culturelles.

HM:  Pensez-vous pouvoir mener vos projets d’avenir à terme sans pouvoir bénéficier de l’appui financier du gouvernement ?

 J’ai commencé sans financement du gouvernement. Je ne doute pas de pouvoir réussir sans leur aide, mais un soutien financier stimulerait mon entreprise de manière à ce que nous puissions nous développer plus rapidement.

 HM:  On parle souvent de la carrière des artistes et de la réussite de leurs événements mais pas assez des personnes qui boostent leur succès. Pourriez-vous faire état de votre rôle de manager ? Comment pouvez-vous résumer votre journée en tant que manager ? 

Je gère 4 artistes actuellement Rebo (Management) ; Pson (brand management) ; Ariel Mr Lover (Production & Management) et une artiste disc-jockey Ninikah (Management). Mes tâches quotidiennes consistent à gérer leurs calendriers, à recevoir des bookings, à conclure des contrats et à réfléchir à des moyens innovants pour développer leurs marques. 

HM :Un mot à toutes les femmes qui nous lisent à l’occasion de ce mois de la femme ? 

Vous êtes suffisante, croyez en votre vision et ne vous contentez pas d’être une rêveuse… Se cultiver, même en ligne, est la clé de la réussite.

 Interview réalisée par Olyncia Muhong Kashema

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Interview

Kasongo Anne-Emilie: « J’ai créé BBS pour renforcer la solidarité entre les femmes »

Banquière et femme engagée dans le social, Anne-Emilie Kasongo s’emploie avec son association « Bring Back Sisterhood » (BBS) à renforcer les liens entre les femmes. Dans les colonnes d’Heshima Magazine, elle évoque des actions de sa structure qui touchent particulièrement les jeunes femmes.

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Hesima Magazine : Madame Anne-Emilie, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs d’Heshima Magazine ?

 Mon nom est Kasongo Yooto Anne-Emilie, je suis banquière dans l’une des plus grandes institutions financières du pays où j’évolue depuis maintenant 10 ans. Je suis une femme de carrière et engagée dans le social depuis 2017. 

Vous êtes banquière. Mais en 2017, vous avez décidé de créer une association sans but lucratif dénommée : « Bring Back Sisterhood » (BBS). Qu’est-ce qui vous a motivé à créer une telle association ?

 J’ai créé BBS pour renforcer la solidarité entre les femmes. Mais aussi pousser les femmes à prendre pleinement conscience de leurs potentiels en brisant les stéréotypes placés par notre société. 

Comment fonctionne BBS, quelles sont les activités en faveur des jeunes femmes que vous avez déjà réalisées depuis près de 6 ans d’existence ?

 Depuis 6 ans, nous travaillons avec plusieurs associations des jeunes filles. Au fil du temps, BBS a vraiment voulu se focaliser sur la jeune femme écolière et estudiantine. A travers des “girls talk”, des petites sessions d’échange, nous mettons à leur disposition des femmes avec un parcours incroyable qui partagent leurs expériences. Ce que nous souhaitons faire, c’est de les encadrer du mieux que nous pouvons et les accompagner plus. Quelle est la nature des femmes membres ?

 Quel profil faut-il avoir pour intégrer BBS ?

 Nos membres sont des femmes complètement indépendantes. Ce sont des femmes fortes qui, dans le secteur dans lequel elles évoluent, se sont imposées par leur courage et leur réussite. Les femmes qui veulent intégrer BBS sont des femmes qui sont prêtes à briser les stéréotypes. BBS c’est aussi un endroit où les femmes peuvent exprimer leurs inquiétudes, leurs rêves et objectif sans être jugées. Parmi vos activités, figure aussi le mentoring des jeunes femmes en voie d’entamer une carrière professionnelle. 

Cela veut dire que toutes les femmes qui sortent des formations universitaires peuvent solliciter l’accompagnement de BBS ?

 Absolument. Du mieux que nous pouvons, nous allons les accompagner, dans la mesure du possible et dépendamment de leurs attentes.

Quel est le rayon de vos actions ? 

Par exemple, en ce qui concerne l’accès à l’éducation de la jeune fille vulnérable, notre premier objectif est de pousser les jeunes filles à penser différemment, à changer la mentalité et cela se fera que si nous allons au contact de la jeune fille vulnérable. Il n’y a aucune raison pour que la jeune fille vulnérable ne devrait pas recevoir le même encadrement que celle dans le milieu rural.

Pour ce mois de mars, quelles sont les activités que vous avez réalisées ou celles que vous projetez de faire ? 

BBS organise sa grande rencontre de fin d’année sur un sujet que nous préférons pour l’instant ne pas dévoiler. Cependant, elle a été conviée à participer à un grand événement organisé par la coordination estudiantine de l’IFASIC que nous remercions vivement. BBS en français veut dire renforcer la solidarité entre les femmes.

Mais il est difficile de voir des femmes se serrer les coudes entre elles, comment faites-vous pour changer cela ?

 Encore une fois tout est question de mentalité. C’est ce qui justifie notre premier champ de bataille. Il n’y a rien de mieux que des exemples concrets. Les femmes BBS soutiennent les activités des autres femmes de plusieurs manières. Nous montrons des exemples concrets avec des femmes qui  s’unissent à d’autres pour accomplir des projets. 

Quel discours tenez-vous face à ces femmes pour briser les stéréotypes liés parfois au poids de la tradition ? 

Qu’il n’est jamais trop tard pour devenir la personne que l’on veut être. Bénéficiez-vous de l’appui des autres femmes qui ont déjà fait leurs preuves sur le plan professionnel ?

 Affirmatif, je pense ici à l’Honorable Marie-Ange Mushobekwa et à Madame Marceline Kaozi de Plur’ielles qui accompagnent BBS et croient en sa vision. Puis, à mesdames Ndaywel Katalayi Isabelle, Madame Mamie Kabongolo, Dorcas Kinsala, Madame Sharufa Melissa, etc.

 Avez-vous un conseil pour à les femmes qui pensent devenir autonomes ?

 Que personne ne vous empêche d’être ce que vous avez envie d’être.

 HESHIMA

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Interview

Tisya Mukuna: « Je veux que ‘‘La Kinoise’’ soit une marque puissante et incontournable »

Jeune, dynamique et intelligente, la patronne de la société de production de café La Kinoise ne tarit pas d’ambitions pour son entreprise. Alors que sa société continue de progresser en République démocratique du Congo, Tisya Mukuna, qui vient de remporter le trophée des « Agriculteurs du monde » à Paris, veut la voir au-delà des frontières nationales. Interview.

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Heshima Magazine : Vous êtes née au Congo et avez grandi en France, comment vous est née l’idée de revenir en RDC pour y investir ?

 Tisya Mukuna : Revenir au Congo était naturel pour moi. Si j’ai fait mes études en France jusqu’au master et mon MBA en Chine, c’est pour pouvoir mettre ces connaissances à profit dans mon pays d’origine, là où je suis née. Je ne concevais pas d’aller vivre ailleurs alors que mon pays le Congo a besoin de tous ses fils et filles pour son développement. 

Depuis quelques mois, vous avez pu achever votre projet de montage d’une usine de café. A ce jour, vous êtes la première jeune femme propriétaire d’une usine de production de café. 

Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 

C’est un grand accomplissement. Un travail de longue haleine enfin concrétisé ; l’inauguration en présence du ministre d’Etat, ministre des PME et Entrepreneuriat mais aussi du ministre du Commerce extérieur traduit l’ambition de notre marque : être une Entreprise performante qui exporte le Made in Congo au-delà de nos frontières. J’aimerais que La « Kinoise » soit connue partout dans le monde, qu’un jour un des lecteurs d’Heshima Magazine qui lit cette interview soit surpris de retrouver La Kinoise en France ou en Chine. Avoir mon usine est un pari pour l’avenir, mais aussi j’espère que cela motive les jeunes et les femmes à avoir de l’ambition, et surtout à pousser l’agro-transformation ; car une agriculture sans industrie n’est plus envisageable aujourd’hui dans ce contexte de mondialisation. Le Congo doit connaitre sa révolution industrielle.

 Le café La Kinoise est aujourd’hui vendu dans 4 villes du pays, ambitionnez-vous devenir un café national ? 

Nous voulons être une marque nationale et même internationale, porter haut les couleurs de la République et on l’espère, faire la fierté du pays. 

Vous êtes une jeune femme entrepreneure, quel regard la gent masculine porte sur vous ?

 Des gens croient vraiment que c’est vous qui êtes à la tête de l’usine ? Le milieu de l’agro-industrie est un milieu d’homme. Quand j’ai débuté, on me prenait souvent pour l’assistante. J’entre dans une pièce, on voit surtout une femme qui a une fleur dans les cheveux et qui est jeune. Personne ne se doute de prime abord que je sois une femme d’affaires chevronnée. 

Parfois la gent masculine pense même qu’il y a derrière moi un homme qui me guide. Mais une fois que je parle, mes idées, mes compétences et mon assurance donnent le ton. Au final, on se souvient de mon passage et les hommes me trouvent très forte de faire ce que je fais. D’ailleurs, ma famille m’appelle « Petit Piment ». Aujourd’hui, vous avez petit à petit une notoriété qui monte. Forbes a parlé de vous et récemment vous avez remporté le trophée des « Agriculteurs du monde » au salon inter – national de l’Agriculture 2023 de Paris. 

Quel sentiment avez-vous sur ces succès ?

 C’est un honneur immense. J’arrive à peine à y croire. On voit à travers ces marques de reconnaissance que le café que je propose est bon, que son intensité et son arôme sont remarquables et que sa qualité parle d’elle- même. C’est aussi une marque de reconnaissance personnelle : mon management, les stratégies que je mets en place. Mais vous savez, je ne fais pas mon travail pour la gloire ou les trophées mais pour mettre en avant le terroir congolais avec un café d’exception et de qualité. Je veux que La Kinoise soit une marque puissante et incontournable. J’ai de grandes ambitions pour mon entre – prise, pour le Congo.

 Aujourd’hui, un sujet revient de manière récurrente, c’est l’autonomisation des femmes. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

 Ma grand-mère et ma mère m’ont toujours dit qu’une femme devait être autonome et indépendante. C’est important pour l’épanouissement personnel mais aussi cela la place dans la société et non à côté.

 En RDC, on compte 53% de femmes, c’est plus de la moitié de la population. Comment peut-on bâtir un pays et développer son économie en écartant plus de la moitié de la population ?

 S’autonomiser, c’est devenir actrice et non plus spectatrice. 

En tant que jeune femme entrepreneure, quelles difficulté rencontrez-vous dans le milieu des affaires au Congo ?

 Être une femme entrepreneur n’est pas chose aisée, notre crédibilité est souvent remise en doute. Soit les gens aiment nous infantiliser en essayant non pas de donner des conseils mais de leçons de management en permanence (alors que j’ai un MBA en négociation des affaires); soit ils pensent que je suis le parapluie d’une autre personne. Les gens se disent qu’il y a derrière moi un mari, un père, un frère ou un oncle. 

En tant que femme, on doit toujours prouver que nous sommes capables et performantes en permanence. La femme n’a pas le droit à l’erreur sinon on la juge incompétente ; or l’essence même de l’entrepreneuriat est une succession d’échecs et de réussite. Personnellement ces difficultés me rendent plus forte.

Ma crédibilité et mon professionnalisme représentent ma carte de visite. Comment trouvez-vous l’environnement des affaires au pays en tant que femme congolaise ? 

Faire de l’entrepreneuriat c’est comme si vous demandez au meilleur footballeur du monde (disons Messi ou Ronaldo) de jouer au foot avec une balle de golf sur un terrain de basketball. C’est quasiment impossible. En somme, notre écosystème est difficile et l’environnement des affaires étouffe beaucoup de business en empêchant leur émergence. Cela s’améliore mais ça reste timide ; et dans un monde compétitif et mondialisé, il y a urgence.

Bénéficiez-vous de l’appui ou du soutien du gouvernement dans le sens de booster vos initiatives entrepreneuriales ? Je ne peux pas parler de mon  entreprise sans parler du concours de plan d’affaires que j’ai remporté et pour lequel j’ai été l’égérie : COPA, coordonné par le PADPME. Cela m’a permis de finaliser mon usine, ça été un grand coup de boost pour ma société. J’ai également remporté le Challenge Entreprise 2022 de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC). Les deux programmes étant sous le haut patronage du ministère des PME.

 Avez-vous un conseil à donner à d’autres femmes qui pensent devenir autonomes ? 

Le premier des conseils et le plus important pour moi : mesdames, prenez un cahier, un stylo et notez ! Notez votre idée, vos concurrents, la valeur ajoutée de votre offre, les moyens nécessaires pour y arriver : est-ce que vous avez besoin des machines ? Où pouvez-vous les trouver ? Combien coûtent-elles ? Qui va travailler dessus ? Enfin, identifiez vos clients : qui sont-ils ? Où habitent-ils ? Quelles sont leurs habitudes ? Combien sont-ils capables de payer pour bénéficier de l’offre que vous proposez ? Visualisez votre projet par écrit, puis lancez-vous ! Il n’y a rien que vous ne puissiez pas faire. Courage!

Propos recueillis par Heshima Magazine

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