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Interview

Florimond MUTEBA : « La gouvernance des finances publiques est chaotique »

Florimond Muteba considère que le budget de 16 milliards de dollars du gouvernement est non réaliste. Il déplore le chaos qui règne dans la programmation des investissements publics. Pour le président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), le budget est en panne en RDC. L’ODEP y relève des dysfonctionnements et propose des réformes, malheureusement non suivies d’application. Concernant la corruption, devenue endémique, il préconise le changement de la classe politique. Entretien.

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HESHIMA : Professeur Muteba, vous avez récemment qualifié le budget 2023 de non réaliste et électoraliste. Qu’est-ce qui vous a poussé à affirmer cela ?

 Florimond Muteba : En fait, c’est quoi le problème ? Nous étions tous contents lorsque le budget a été promulgué, d’apprendre qu’il se chiffrerait à 16,8 milliards de dollars. Premier couac : fin janvier on se rend compte qu’on a mobilisé 500 millions de dollars et on a dépensé environ 730 millions de dollars. Donc, on constate un dépassement suite à un défaut de mobilisation conséquent. Au mois de février, on arrive à mobiliser 492 millions de dollars, si je ne me trompe pas. En mars, le montant est de 600 millions. J’arrondis les chiffres, bien sûr ! Et je crois qu’en avril, on n’a pas atteint 1 milliard de dollars.

 Donc, à ce jour, on doit totaliser dans les 2,3 ou 2,4 milliards de dollars. Or, si nous devons atteindre la somme de 16 milliards, la moyenne mensuelle devait être de 1, 3 milliards de dollars. Si nous prenons cette moyenne mensuelle à la fin du mois d’avril, on devait avoir 1,3 fois quatre, ce qui donne 5, 2 milliards de dollars. Or, on a seulement atteint la moitié de cette prévision. Et pourtant, avril a toujours été considéré comme un mois au cours duquel les rentrées fiscales collectées après le premier trimestre sont importantes. Malheureusement, nous sommes à peine à 50 % à peu près de ce qui aurait dû être mobilisé si on veut atteindre les 16 milliards. Du coup, on se rend compte qu’on est en difficulté. D’abord, ça fait presque trois mois que les fonctionnaires ne sont pas payés, ce qui fait que les difficultés de fonctionnement de l’Etat sont réelles. 

 HM Pensez-vous que la situation ne peut plus changer ?

Pour se rattraper, l’effort à faire est vraiment sérieux. Ce n’est pas la première fois qu’on établit des prévisions budgétaires qui ne tiennent pas la route. Rappelez-vous qu’en 2020 les prévisions budgétaires étaient de 11 milliards de dollars. Cependant, je me le rappelle, on avait pu mobiliser que 3,7 milliards. J’ai l’impression qu’on est parti pour une période difficile, parce que c’est une année électorale, une année qui n’inspire pas confiance, même pas aux investisseurs, une année où le contexte politique est difficile.

 HM Que doit faire le gouvernement ? Réduire le budget ? 

 Le budget doit être élaboré de manière crédible, c’est-à-dire sur base des données fiables pour qu’il puisse refléter ce à quoi on doit s’attendre. Parmi ces données-là, on tient compte du produit intérieur brut (PIB). Pour ce qui concerne cet indicateur économique, seules les mines ont été principalement valorisées. A leur sujet, on a tablé sur un taux de croissance de 8 %, mais un taux de croissance des produits miniers n’est pas représentatif de celui de l’ensemble de l’économie congolaise. Supposons qu’il y ait baisse de la valeur du cobalt, de lithium… qu’est-ce qui va arriver ? Non, on est dans une situation de fragilité parce que les autres secteurs sont restés marginaux dans le PIB. Et par conséquent, dès lors que l’on ne dispose que du secteur minier alors que les autres secteurs sont improductifs, la production de la richesse elle-même pose un problème. 

 HM Quelle est donc la conclusion à tirer ? 

 Je vous assure que, je ne sais quoi dire. Nous avons depuis 4 ans émis beaucoup de critiques sur la gouvernance budgétaire, sur la vision même du développement. Nous prônons le développement endogène, c’est-à-dire : comment faire pour compter sur les Congolais eux-mêmes comme moteurs, acteurs et bénéficiaires du développement. Ça n’a pas été fait. Jusque-là vous avez vu que le président de la République, n’avait de cesse que d’aller à l’étranger à la recherche d’investisseurs. Certains viennent effectivement, mais uniquement dans le secteur minier. C’est difficile en quelques mois de changer le fusil d’épaule. Très difficile, même ! Dans l’immédiat, je ne vois pas une solution miracle, qui pourrait sauver la situation d’autant plus qu’aujourd’hui nous avons la guerre à l’Est. Je ne vois pas ce que je peux proposer sauf dire : « améliorez la gouvernance, donnez aux institutions de contrôle les moyens de travailler, pour traquer tous ces gens-là, ces malfrats-là, cessez de conclure des contrats léonins, cessez de passer des marchés de gré à gré, dans lesquels la corruption est au rendez-vous ». Moi je n’ai pas de solution miracle parce que le contexte de la gouvernance tel que nous l’avons vu depuis 4 ans n’est pas bon, nous ne cessons de déplorer une succession de scandales financiers.

 HM De 2019 à 2022, selon l’un de vos rapports, vous avez relevé des dysfonctionnements. Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Dans votre question, vous faites seulement état des dysfonctionnements. Je peux aussi vous démontrer que ce document renferme des propositions de réformes.

 HM Quelles sont lesdites propositions de réformes ? 

 Nous avons proposé plusieurs réformes. Pour l’instant, la procédure à adopter consiste à renforcer le contrôle, pour freiner la gabegie financière, les marchés de gré à gré, les détournements dans la paie des fonctionnaires. Il est impérieux de renforcer le contrôle parce que l’impunité est la chose qui fait que les gens n’aient plus peur. Lorsqu’on arrête un détourneur, un, deux ou six mois après on le relâche, vous voyez. Je peux citer beaucoup de noms, Eteni, Kamerhe, Jamal… ils sont nombreux. Tout cela ne peut qu’être démotivant : un jeune agent de la DGI, par exemple, qui voit que ceux qui détournent de gros montants ne sont pas inquiétés, peut être incité à falsifier ses audits…il pourra agir de la sorte parce que même si on met la main sur lui, dans deux ou trois mois, avec son argent, il va corrompre et puis on va lui accorder une liberté provisoire ! Il y a trop d’efforts techniques à faire en la matière. 

 HM Mais, pourquoi n’effectuez-vous pas le suivi de vos recommandations ?Pourquoi ne cherchez-vous pas à voir le président de la République à ce sujet ?

Vous savez, apparemment le président de la République aime parler avec des gens qui l’encensent. Ils font, selon l’expression consacrée, du « djalelo ». Vous savez que lorsque le président de la République a initié la consultation ayant engendre l’Union sacrée, nous qui œuvrons dans le suivi et contrôle des finances publiques n’étions pas reçus ! Pourtant, l’argent c’est le nerf de la guerre. Certes, je suis en contact avec certains membres du cabinet du président de la République, mais on n’en dénombre pas beaucoup parmi eux ceux qui sont réellement bien éclairés. 

Néanmoins, c’est grâce à ces contacts-là que nous avons réussi la réforme de la Cour des comptes. Maintenant, qui a besoin de m’écouter ? C’est le président de la République, mais il ne m’a pas reçu au moment de la consultation. Il a reçu les gens des droits de l’homme et par là je ne veux pas dire qu’ils ne sont pas nécessaires. Il a reçu tout le monde, sauf qu’il ne voulait pas entendre les reproches de l’ODEP, c’est tout ce que je peux dire.

 HM Avez-vous formulé la demande à la présidence pour qu’on vous reçoive ?

 Je ne l’ai pas formulé. Parce que je considère que c’est le président de la République qui a besoin de nous entendre. Pourquoi est-ce que le président ne m’a pas invité lors de la consultation ?

 HM Ce sont, peut-être, ses proches collaborateurs qui ne vous avaient pas invité ?

 S’il a des collaborateurs qui jugent que moi je peux être irresponsable au point que si le président de la République me reçoit je peux lui manquer du respect, ce que c’est très grave. Même dans ce que je dis dans mes interviews, en aucun moment je n’ai manqué du respect au président de la République. C’est notre président de la République, c’est lui qui est là, que vous l’aimiez ou pas. Et nous lui devons du respect. En ma qualité d’expert, j’ai le devoir citoyen d’apporter au président mes conseils censés être constructifs pour la République.

 HM Monsieur Muteba, n’est-ce pas qu’on évite de vous approcher à cause de votre discours qui est souvent incisif ? 

 (Rire). Vous voyez, le problème ici chez nous, c’est d’accepter certaines informations sans esprit critique. Regardez par exemple, si le ministre des Finances s’exprime longuement avec pour effet que ses auditeurs acceptent d’emblée ses propos comme des vérités immuables, alors que celles-ci doivent faire l’objet d’interprétations, on ne peut tirer les bonnes conclusions. Si dans ce pays, plus personne ne peut faire preuve de lucidité, c’est une anomalie : il risque de sombrer. 

 HM L’ODEP a dans un rapport publié début 2023, proposé au Premier ministre de prendre des dispositions légales et règlementaires pour basculer au budget programme. Pourquoi ce choix ? 

 Vous savez, avec un budget programme, on s’assure d’une véritable cohérence dans l’action et le résultat à obtenir, grâce à l’utilisation du plan national, instrument par excellence de prospective. A partir du plan national, chaque ministère élabore sa politique sectorielle, en concevant une stratégie à partir de laquelle il peut exécuter son programme triennal avec des projets matures, bien étudiés. Ce sont ces projets qui viennent de tous les ministères qui vont être envoyés au ministère du Plan pour être sélectionnés et intégrés dans ce qu’on appelle le programme d’investissement public, qui est souvent triennal.

 HM Pour ce qui concerne l’élaboration du budget telle que pratiquée jusque-là, quel est le genre adopté ?

 La pratique consiste en la préparation d’un budget de moyens, qui se façonne sur une année et dont la partie investissement est vraiment le parent pauvre. Je voudrai m’appesantir un peu sur les investissements. Ainsi, pour avoir un budget d’investissement, on part de l’amont, lequel regroupe des institutions, les services des budgets annexes, etc. A ce niveau, le problème qui se pose est par exemple celui des directions des études et planifications (DEP), où se préparent les projets à inscrire au programme d’investissement public. Malheureusement, les fonctionnaires affectés à ce travail ne disposent d’aucun moyen pour bien l’accomplir. Conséquence, ce qui atterrit comme budget d’investissement est de l’à peu près. C’est pour cela qu’il est grand temps que le gouvernement mobilise des moyens pour pouvoir dresser le diagnostic de la situation de la programmation d’investissement public et trouver des solutions qui sont entre autres le renforcement des capacités pendant un, deux trois ans jusqu’aux fins fonds des 26 provinces, pour rationaliser les dépenses d’investissement. Parce que l’irrationnalité de la dépense d’investissement est totale. Globalement, le processus de budgétisation, que ce soit pour une année est une fonction qui est en panne. Quand le ministre des Finances ou celui du Budget intervienne à la télé, je m’interroge sur la pertinence de leurs longues litanies en me demandant s’ils se préoccupent d’aborder le chaos qui s’est incrusté dans la programmation des investissements publics. 

 HM Dernièrement Olivier Kamitatu s’est référé à l’un de vos rapports. N’estimez-vous pas que le travail que vous abattez est suivi ?

 Le travail que nous abattons n’est presque pas respecté par le gouvernement. Je vous dis que la plupart de tout ce que nous avons formulé comme propositions des réformes n’est pas pris en considération, hormis celle sur la Cour des comptes, dont on peut dire « oui quand même on l’a installé…». Si Monsieur Kamitatu en tant qu’opposant a tiré profit de notre rapport, nous ne l’avons pas publié à dessein pour causer du tort. Nous tirons une sonnette d’alarme, on lance un cri pour mettre en garde contre des agissements qui ne sont pas bénéfiques au pays. Si nos propositions étaient prises en compte, les réformes seraient plus nombreuses et le pays serait loin. Tout ce que nous demandons, c’est la prise en compte de nos recommandations.

 HM Au sujet de la lutte contre la corruption, il parait que les Chinois ont tenté de vous corrompre. Qu’en est-il ?

 Oui, dernièrement pour me faire taire, un groupe d’entreprises chinoises m’a proposé un poste, celui de directeur-pays, me promettant que j’y occuperai une fonction centrale. Imaginez-vous ce qui se serait passé si j’avais accepté ? Je deviendrai l’employé du gouvernement chinois à l’instar des autres qui sont dans SICOMINES, parce qu’il s’agit d’entreprises d’Etat. Et en tant qu’employé de l’Etat chinois, qu’est-ce que je peux dire à son encontre ? Cela veut dire que l’objectif était de faire taire la seule voix qui est en train de dénoncer le caractère léonin du contrat et exiger sa revisitation. Ne croyez pas que cette situation me fait plaisir. Alors, est-ce que dans ces conditions je peux me taire ?

 HM Parlons du contrat chinois. Vous avez demandé sa suspension et la Cour de cassation se saisisse dudit dossier. Etes-vous finalement satisfait de voir les Chinois accepter de renégocier les termes du contrat ?

 C’est déjà un bon début. Vous savez, je m’étais engagé assez loin. J’avais demandé non seulement la suspension mais la nationalisation tout simplement, la récupération de tous nos avoirs. Mais, déjà le pas vers la revisitation va dans la bonne voie, sauf que jusqu’aujourd’hui nous n’avons aucune nouvelle sur l’évolution de ce dossier. C’est vrai, j’étais sur la liste des six membres de la société civile qui devaient participer à ce travail pour le compte de la société civile, mais j’ai décliné l’offre d’en faire partie. Je ne voyais pas clair dans la manière dont c’était organisé. J’avais peur de me retrouver dans une combine. Comme vous le savez, souvent ces gens-là mettent le paquet pour pouvoir obtenir ce qu’ils veulent, je ne voulais pas être dans ce genre de contraintes. Je ne dis pas qu’ils l’on fait, mais dans le doute j’ai préféré me préserver. 

 HM Toujours par rapport au contrat chinois, trois anciens responsables de l’Agence congolaise des Grands Travaux ont été arrêtés début avril. Avez-vous un commentaire à ce sujet ?

 Je pense qu’il faut continuer et ne pas s’arrêter là. Parce que les responsabilités dans ce contrat sont multiples. On peut citer le président Joseph Kabila, y compris tous les Premiers ministres, jusque même à Sama Lukonde parce que la commission qui suit ce contrat était à l’époque dirigée par un certain Monsieur Ekanga, et elle est toujours opérationnelle. Et donc, tous ceux qui ont géré le projet qui nous a amené à une perte de 17 milliards de dollars doivent être interpelés, au moins être entendus. Comment des Congolais ont pu agir de la sorte au détriment de la Nation ? Comment ont-ils pu conclure un tel contrat avec les Chinois et accepter de l’exécuter de cette manière là ? N’est-ce pas dans l’opacité et en complicité avec les Chinois ? Que ce soit Matata Ponyo, Badibanga, Tshibala, Ilunga Ilunkamba, tous ces gens-là ont eu ce comité sous leur tutelle. 

 HM Selon l’indice de perception de la corruption 2022, la RDC est classée à la 166ème position par Transparency International. Pourquoi malgré tous les efforts, le pays est toujours rangé parmi les mauvais élèves de la lutte contre la corruption ? 

 Parce que la corruption en RDC est devenue endémique, nous avons franchi la ligne rouge, la limite de la honte. Vous savez que c’est le rapport de l’ODEP qui a conduit Monsieur Kamerhe en prison ? La question d’une justice qui fonctionne, le combat contre l’impunité doivent être parmi les ingrédients essentiels de la lutte contre la corruption. L’IGF assure effectivement le contrôle, mais observez cela fini parfois par des débats inutiles… Cette situation ne s’arrêtera que si le président de la République manifeste une volonté sincère de lutter contre. Il est indispensable de mettre fin à l’impunité. Pour moi, un changement de fond en comble de la classe politique s’impose

Propos recueillis par Hubert MWIPATAYI

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Interview

La DGI au rendez-vous mondial sur la transparence fiscale

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Le Directeur Général des Impôts, Barnabé Muakadi, a pris part, fin novembre 2024, au grand Forum mondial sur la transparence et l’échange économique à des fins fiscales à Asunción, capitale du Paraguay, en Amérique du Sud. Cet événement d’envergure internationale a réuni des représentants de 170 pays, plus de 100 juridictions et 13 organisations internationales pour échanger sur les avancées et les défis en matière de transparence et de coopération fiscale.

La République démocratique du Congo (RDC) a été représentée, du 25 au 29 novembre 2024, à ces importantes assises qui luttent contre l’évasion fiscale à travers le monde. Ce forum de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté les avancées majeures de l’année 2024 et a notamment fait un point sur les évaluations en cours portant sur la mise en œuvre effective des normes internationales relatives à l’échange automatique d’informations en matière fiscale (EAI).

La RDC, qui a récemment intégré l’OCDE, marque ce forum par son engagement à partager les informations à des fins fiscales. Intervenant lors d’un panel sur le renforcement des mécanismes de partage d’informations sur le domaine fiscal, le DG Barnabé Muakadi a déclaré que l’échange international de renseignements constitue, pour la RDC, une opportunité à saisir pour l’élargissement de son assiette fiscale. Il a aussi indiqué que la RDC s’est engagée à remplir les « conditions nécessaires » pour des échanges de renseignements en matière fiscale. Pour ce faire, le pays a promis de signer des accords internationaux pour la concrétisation de ces engagements. Sur le plan interne, Barnabé Muakadi s’est aussi engagé à élaborer un cadre juridique pour la mise en œuvre de ces accords.

La DGI voit dans cette organisation une « opportunité en or » lui permettant de renforcer la mobilisation des recettes publiques. La présence de la RDC dans cette organisation européenne peut aussi jouer sur l’investissement, et par ricochet, l’élargissement de l’assiette fiscale. Avec des dirigeants comme Barnabé Muakadi, le pays s’impose progressivement comme un modèle africain dans le domaine fiscal, malgré les défis majeurs qu’il continue d’affronter.

Dans sa prise de parole, le président du Paraguay, Santiago Peña, a insisté sur le rôle essentiel de la coopération internationale dans la lutte contre l’opacité fiscale, tout en saluant les réformes entreprises par la RDC et l’engagement personnel du Directeur général des impôts de la RDC, Barnabé Muakadi.

Heshima

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Interview

INTERVIEW EXCLUSIVE: LA CENI D’AUJOURD’HUI NE CACHE PAS LA VÉRITÉ DENIS KADIMA Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI)

Quelques jours après la publication des résultats des élections combinées du 20 décembre 2023, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) revient sur ce processus électoral qui a connu beaucoup d’innovations mais également certaines faiblesses. Du vote de la diaspora, de l’inclusivité des parties prenantes en passant par les sanctions contre les fraudeurs et la création du Centre Bosolo, Denis Kadima démystifie la « vérité des urnes ». Interview exclusive !

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HESHIMA MAGAZINE : D’entrée de jeu, comment vous sentez-vous après avoir tenu le pari d’organiser les élections générales dans le délai constitutionnel. Etes-vous totalement satisfait du travail accompli ?

 Dénis Kadima: Je suis sans aucun doute satisfait. Vous savez que pour nous ces élections représentaient un grand défi, tout le monde sait que notre équipe à la CENI a été mise en place avec un énorme retard. Et dès que nous avons commencé le travail, des groupes, qui d’abord n’étaient pas contents de notre désignation, ces derniers se sont mis à déclarer que nous avons été nommés avec l’intention de glisser, c’est-à-dire de ne pas tenir les élections à la date prévue, du moins selon le délai constitutionnel. Alors que d’autres insistaient qu’ils ne permettront pas que nous soyons en retard d’un jour, d’autres renchérissaient qu’ils n’accepteront même pas une prolongation ne futce que d’une minute ou d’une seconde. C’est dire que nous subissions une pression très forte, alors que notre intention était tout autre, à savoir celle de tenir le délai et de montrer aux Congolais que nous devons nous habituer à respecter ce terme surtout quand celui-ci est lié à la Constitution. Donc pour nous c’était un motif de satisfaction de pouvoir, en dépit de tout ce qu’on a eu comme difficultés sur le plan financier, logistique, du personnel qu’il fallait recruter, former, chercher avec qui partager plus ou moins une même vision, et finalement tenir cette date-là.

HM: Quel état des lieux pouvez-vous dresser de ce processus électoral ? 

Beaucoup de choses ont été bien faites. Au départ nous étions vraiment méthodiques. Nous avons commencé dans les quatre premiers mois à mettre en place une feuille de route pour guider notre travail. Et cette feuille de route a été très bien respectée et plus tard elle a constitué la base de notre calendrier électoral qui a été aussi respecté. Elle a constitué un outil de gestion pour nous parce qu’il nous a guidés et nous avons à chaque fois tenu compte des différentes dates y consignées. D’abord, notre souci a toujours été de disposer d’un processus inclusif. Parce que nous avons eu à déplorer qu’à chaque fois qu’un candidat ou un groupe de candidats sont écartés du processus électoral, cela fragilisait notre pays, cela créait une impression de chercher à ôter les gens de son déroulement pour vouloir rester seul à compétir. 

Cela enlevait quelque chose au caractère démocratique et compétitif du processus électoral. Et donc nous avons opté pour l’inclusion. Vous avez vu que c’est un processus qui a compté plus de 100.000 candidats. Nous avons enregistré des candidats qui n’étaient pas rassurés de pouvoir compétir à cause du doute sur leur nationalité, mais nous n’avons pas cédé à la pression véhiculée à travers les réseaux sociaux, à travers toutes sortes de médias. Nous avons permis à tout candidat qui introduisait un dossier en ordre de se présenter aux élections. A part cela, nous avons beaucoup œuvré pour la transparence. 

Dès le début, au moment où nous avons lancé notre feuille de route, si vous la relisez, vous verrez que nous avons déjà prévu que soit intégré une observation sur le long terme, quelque chose qui n’existait pas de façon légale. La loi au Congo ne la prévoyait pas, ce qui fait que les équipes passées n’avaient pas permis systématiquement d’observer le processus dans ces conditions. Mais nous, nous avons non seulement rendu cela possible, mais également contribué dans nos inputs auprès du parlement, motivé pour que ce dernier prenne en compte le besoin de légiférer sur l’observation du long terme. Ainsi, vous avez vu lors de l’enrôlement des électeurs, des missions déployées à travers le pays, proposant des recommandations. Comme le processus était long, nous étions réceptifs à un bon nombre de recommandations que nous avons mis en œuvre. 

Toujours dans le cadre de la transparence, ce processus a relevé un grand défi par rapport à celui auquel étaient confrontés les cycles électoraux passés, à savoir celui de la crédibilité des résultats. Avant cela, l’impression était toujours qu’on cachait quelques choses, que ce n’était pas transparent, qu’on ne publiera pas les résultats par bureau de vote. Or nous, nous avons non seulement publié les résultats par bureau de vote sur notre site web, mais nous avons également publié les résultats au fur et à mesure qu’ils étaient disponibles dans le centre des opérations et des résultats que nous avons dénommé le Centre Bosolo venant du mot « vérité » en français.

 Il s’agit du centre de la vérité des urnes et nous l’avons géré avec brio et beaucoup de gens vous diront que c’est l’une de plus grandes si pas la plus grande innovation de ces élections, parce que pour la première fois, les Congolais ont pu assister à l’arrivée des résultats et tout le monde pouvait déterminer ces résultats au niveau des territoires. Ce fut du jamais vu et le suivi des résultats a pu être effectué de façon très aisé par tout le monde à l’aide de cartes et de chiffres. Ce fut un grand moment de retrouvailles pour les politiciens, les journalistes, mais aussi pour les citoyens. 

Cela permettait aux gens de participer et s’approprier du processus et des résultats. Cela a aussi préparé le terrain par rapport à l’acceptation des résultats par la population. Au moment où nous avons promis de publier les résultats provisoires, il n’y avait plus de surprises étant donné que tout le monde savait ce qui allait arriver et comme ces résultats-là reflétaient sans aucun doute l’expression de la volonté des électeurs congolais, le pays a été dans le calme et cela m’emmène à un autre élément de satisfaction par rapport au processus électoral, c’est-à-dire son caractère apaisé.

Nous n’avons jamais eu un tel processus pour lequel les diplomates n’ont pas eu à quitter leurs postes pour rentrer chez eux, de peur d’être victimes de la violence. Les Congolais ont continué à vaquer calmement à leurs occupations, nous-mêmes avons promis et réalisé l’objectif de publier les résultats de l’élection présidentielle durant le jour et sous la lumière du soleil. 

Les gens ont continué à célébrer la Noël alors que les élections ont eu lieu le 20 et les résultats ne sont sortis que le 31 décembre. Et déjà, le 20 décembre les gens sortaient sans que l’on puisse constater le moindre trouble dans les rues de Kinshasa, sans aucun militaire ni chars de combat. Nous avons publié ceux qui avaient gagné et leurs partisans ont pu librement célébrer leur victoire dans les rues de Kinshasa. Le Centre Bosolo représente une grande innovation en Afrique francophone qui contribue beaucoup à la transparence et finalement au caractère apaisé du processus. Cela a balayé toutes les zones d’ombres d’antan.

 Au moins, aujourd’hui, quand les gens rejettent les résultats des élections présidentielles, ils sont ridicules parce que tout le monde a bien vu la participation de toute la population et la transparence dans la gestion des résultats. D’ailleurs cela a ramené la mobilisation contre les résultats et contre la CENI impossible. Ceux qui ont tenté n’ont pas pu réussir. Je suis persuadé que s’il y a une étude ou une enquête sérieuse, si l’on essaye d’évaluer la perception que les gens ont de la CENI, en ce moment, elle sera très bonne. C’est un motif de satisfaction, il y a eu beaucoup de réalisations nous pensons que nous avons établi un nouveau standard, les congolais peuvent à présent croire que nous pouvons avoir des élections répondant au standard mondial.

HM: Est-ce qu’il y a eu d’autres mécanismes de facilité ou d’innovation dans ce processus électoral, contrairement au processus passé ?

Hormis tout ceci, nous avons facilité la tâche aux électeurs. Au moment de leur enrôlement, nous leur avons permis de s’inscrire afin de bien compléter une bonne partie du processus en le faisant à la maison, dans le confort familial et cela a permis que les informations telles que celles du territoire d’origine, du groupement ou de la chefferie que chacun puisse poser la question à la grand-mère qui est là, aux autres parents, aux adultes. Les gens se sont pré-enrôlés et quand ils arrivaient avec leur QR codes ils étaient en mesure d’être enrôlés rapidement. Pour le vote, nous avons permis aux Congolaises et Congolais qui étaient enrôlés d’être en mesure de retrouver leurs bureaux de vote à travers une application développée par les experts de la CENI appelée CENI RDC Mobile. Il y a plein de petites choses comme cela.

HM: Le 20 décembre 2023, jour du scrutin, un retard considérable a été observé dans le déploiement du matériel. L’opinion était surprise de vous voir demander le transport du matériel le 5 décembre 2023, soit 15 jours seulement avant le jour du vote. Pourquoi ?

Si nous avions toujours reçu l’argent à temps, nous allions commander tout ce dont nous avions besoin dans les délais. Et les matériels et les équipements seraient venus par bateau. Malheureusement, comme il y avait aussi des difficultés, nous sommes un pays en développement, le gouvernement n’a pas toujours tout l’argent disponible en même temps. C’est le gouvernement qui a financé ce processus à 100 %. Il fallait bien palier au plus pressé, nous avons commandé souvent d’ailleurs en retard, et cela a nécessité qu’on prenne des avions.

Et quand ces avions arrivent, il faut dispatcher tous ces matériels. Et à un certain moment, nous nous sommes rendus compte que cela devenait compliqué. Quand le paie  ment venait lentement, les fournisseurs ne nous donnaient pas la marchandise, on pouvait passer deux ou trois semaines sans l’avoir reçue. Nous avons compris que même l’acheminement de ces matériels ne pouvait pas se faire par des moyens traditionnels tels que les camions ou par trains. Il fallait des avions et des hélicoptères. 

C’est ainsi que nous avons fait cette demande-là relativement en retard, au-moins, cela n’a pas empêché que les élections se tiennent. Ce sont des leçons à tirer : on ne peut pas avoir cinq ans et ne commencer à se préparer qu’à deux ans des scrutins. Si nous répétons ces erreurs, nous aurons les mêmes types de problèmes et dysfonctionnements. Quant à la disponibilité des matériels au jour du vote, je pense qu’il y a une combinaison de contraintes sur le plan logistique. Sur ce point, je dois admettre qu’il y a eu une mauvaise performance au niveau des certains membres du staff, une mauvaise planification des gens. Ils n’ont pas mis en œuvre tout ce qui était prévu. Il nous a été dit que tout était prêt à 90% et quand nous sommes arrivés, nous nous sommes rendus compte alors que cela n’était pas le cas. Peut-être le problème d’incompétence. Cela peut arriver, mais on a essayé de se rattraper et cela nous a pris un peu plus de jours.

HM: Pourquoi n’avez-vous pas levé l’option de solliciter un report d’une semaine pour permettre un déploiement total du matériel et ainsi éviter d’étendre le vote à plus d’un, deux, voire trois jours ?

Une semaine nous aurait aidés sur le plan logistique, mais sur le plan politique nous ne savons pas ce qui aurait dû arriver. Comme il y avait des groupes qui ne juraient que par le report, pour montrer à quel point ils étaient en colère, nous avons compris qu’un report allait avoir des conséquences plus graves qu’organiser les élections à la date prévue mêmes avec des défaillances sur le plan organisationnel. D’où nous avons opté pour continuer avec le processus et nous rattraper au fur et à mesure.

HM: Finalement, les élections ont eu lieu. Les résultats publiés par la CENI au sujet de l’élection majeure, celle du président de la République, semblent être les mêmes que ceux collectés par la MOE CENCO-ECC. Sentez-vous fiers que votre CENI ait publié cette fois-ci la « vérité des urnes » ?

Pour répondre à cette question, il faut bien maitriser les résultats du cycle passé. Nous ne savons pas ce qui s’est passé, pourquoi il y a eu des contradictions entre la CENCO et les équipes de la CENI qui nous ont précédées. Mais nous ne pouvons que parler de nous-mêmes. Nous savions depuis le premier jour que nous allions assurer la vérité des urnes, c’est la CENCO qui avait toujours des doutes. Le fait que les résultats publiés par la CENI et les projections des résultats de la CENCO convergent ne devrait pas nous étonner. Cela nous aurait étonnés si nous avions tenté quelque chose de frauduleux par rapport aux résultats. Nous étions toutefois contents qu’ils soient revenus  à la raison en comprenant qu’effectivement que rien de mauvais n’avait été essayé. Tous les défis auxquels nous étions confrontés étaient des défis normaux indépendants de notre bon vouloir mais que nous avions relevés. Que nos résultats convergents étaient une surprise pour la CENCO qui nous minimisait un peu au départ mais pas pour nous.

HM: Comment justifiez-vous le faible taux de participation des électeurs lors du dernier scrutin ?

Le faible taux de participation ne peut être évalué de façon correcte si l’étude n’est pas quantitative. Je n’ai pas mené une telle étude. Je ne peux que vous donner des éléments qualitatifs. Je dois vous dire simplement que le Congo n’est pas à son premier cycle électoral. Vous verrez que dans tous les pays du monde, lorsqu’il y a une toute première élection, il y a affluence car tout le monde veut pour la première fois peut-être participer au vote. 

Dès le deuxième cycle, vous verrez que le taux a commencé à baisser. Et le troisième cycle ou le quatrième cycle, le taux se stabilise peut-être au tour de 40 % mais bien sûr il y a encore des pays qui ont encore le taux plus élevé que cela, moi je pense qu’il faut voir que ce n’est pas notre premier cycle électoral. La deuxième raison, ce qu’il faut voir les enjeux. Quels sont les enjeux, quels étaient les candidats en lice, quel était leur message ? Est-ce qu’ils ont captivé les gens ? Si j’étais un jeune congolais de 25 ans, 26 ans, 27 ans, je n’aurais pas été excité par une campagne durant laquelle je n’aurai pas beaucoup entendu les questions liées au chômage des jeunes, de la création de l’emploi, de l’emploi de masse parce que nous avons un chômage de masse et aussi il faut une création d’emploi de masse.

 Est-ce que nous allons toujours continuer avec de grands investisseurs qui viennent avec de grands équipements où dominera la robotique par exemple alors que nous n’avons pas du travail ? Si j’étais jeune, j’aurais voulu qu’une personne nous donne un message qui me captive, que je puisse rêver d’un environnement où nous avons beaucoup de PMEs, des structures qui emploient le plus grand nombre de jeunes, mais comment cela va se faire ? Comment allons-nous orienter les jeunes gens vers les études qui les rendent compétitifs sur le marché ? Mais si vous ne répondez pas à ce type d’attente dans un pays dont 70% de la population et jeune, ne soyez pas étonnés que les plus jeunes ne se sentent pas concernés par les élections et que finalement le taux de participation soit bas. La CENI organise les élections, elle sensibilise mais pour  captiver l’électorat, cela relève des partis politiques et des candidats.

HM: Vous avez plusieurs fois parlé de « rebranding » dans vos messages pour évoquer le changement au sein de la CENI. Après avoir passé beaucoup d’étapes du processus, avez-vous obtenu les résultats espérés ?

 Nous avons réalisé beaucoup de choses. Parfois, les gens s’étonnent qu’il y ait par exemple tant des difficultés durant ce processus. On peut épingler des difficultés tout autant que les processus passés. La grande différence et cela fait partie du rebranding, ce que la CENI d’aujourd’hui ne cache pas la vérité, même si cette vérité n’est pas bonne. Comme je le disais dans une conférence, si vous voulez mettre fin à votre alcoolisme, vous devrez d’abord reconnaitre que vous êtes alcoolique, si vous niez que vous êtes alcoolique, vous n’allez pas arrêter de boire abusivement. 

Donc, la CENI d’aujourd’hui ne cache pas ses difficultés, si nous n’avons pas de financement, nous en parlons. Si nous avons la carte d’électeur qui s’efface, nous ne le nions pas. Et je pense que c’est un point important. Cette vérité que les gens ont découvert sur les dispositifs de vote volés et les urnes bourrées est un bon exemple.

Si nous avions caché cela, les gens ne parleraient pas des réformes. Sinon, en 2028, on aurait les mêmes difficultés. Mais nous nous avons non seulement décrié cela, mais nous avons aussi sanctionné, et cela a permis qu’un débat s’engage entre les Congolais et à certain moment, le pays pourrait avoir des reformes en vue d’avoir des élections mieux organisées. 

Rebranding c’est de mettre la vérité sur la grande place, quand une chose arrive nous la disons, finalement, cela permet d’apprendre et d’améliorer quelque chose. Evidemment, nous avons trouvé que la CENI n’avait pas une très bonne réputation et qu’il fallait changer, il fallait rassurer les parties prenantes. Mais comment on les rassure ? C’est en les impliquant.

 Nous avons eu beaucoup de cadres de concertation avec différents partenaires dans nos activités, ils nous ont vu faire des choses, ils avaient des doutes par rapport à nous parce que le narratif de l’époque était assez négatif par rapport à la CENI. Ce qui était aussi une conséquence du passé. Mais les gens ont commencé aussi à nous apprécier, ils ont remarqué qu’il y avait quelque chose d’assez spécial apporté par la nouvelle équipe. 

Nous avons des aspirations, nous voulons être une CENI de rang mondial, pas juste une CENI d’un pays africain avec ce qu’il y a comme connotation négative lorsqu’on fait référence à notre continent. Nous voulons garder notre africanité et inspirer les pays d’ailleurs, au-delà du continent. 

C’est ce qui fait que nous avons essayé de changer notre façon de faire des choses, nous aspirons à apporter de l’innovation partout où il y a des difficultés même sur le plan de nos équipements, de nos bâtiments, par exemple acquérir le bâtiment que le siège de la CENI occupe. Nous avons discuté avec le gouvernement, ce dernier a même commencé d’ailleurs à payer aux propriétaires et nous espérons que dans les mois qui viennent, la dette pourrait être apurée. 

Dans l’entretemps, le bâtiment a été réhabilité, les conditions du travail des agents de la CENI sont très bonnes. Nous avons construit un grand entrepôt, le plus grand dans notre sous-région, un entrepôt pour contenir tout ce que nous avons comme matériels au départ duquel toutes les autres provinces et mêmes les pays où nous avons organisé les élections les recevront. Donc, il y a cette volonté pour la CENI, d’arriver à une certaine renaissance, à être consciente du fait que nous voulons être une institution qui inspire, qui soit un modèle pour les autres.

HM: Vous avez qualifié de « luvunu » (mensonge) tout candidat qui pense que la CENI va nommer des députés. Pouvez-vous encore l’affirmer ?

Avez-vous atteint cet objectif ? Cet objectif a été largement atteint dans le sens qu’aucun candidat n’est venu me voir pour me motiver sur le plan financier ou politique pour qu’il soit nommé. Beaucoup de gens ont compris que la CENI d’aujourd’hui n’est pas une CENI qui nomme ou favorise certaines personnes contre d’autres. C’est d’ailleurs ce qui peut expliquer que les tricheurs ne soient pas venus me voir au niveau du sommet.

 Ils sont allés intimider, corrompre, menacer et brutaliser nos agents au niveau de la base et ainsi avoir accès à nos machines pour frauder. Dieu merci, nous sommes pourvu d’un système développé pour pouvoir retracer ces tricheurs. A ma connaissance, il n’y a pas eu d’achat ou de vente de sièges. Nous avons sanctionné des candidats qui se sont plu à voler les machines, de bourrer des urnes en vue de gagner. Et nous avons, grâce à nos machines et serveurs pu les identifier et les sanctionner et même annuler le scrutin à Masimanimba et à Yakoma. Cela montre que nous ne sommes pas venus là pour faire de la complaisance. 

HM: En dehors des irrégularités constatées le jour du vote, aucune mission d’observation notamment la MOE CENCO-ECC, l’UA, le Centre Carter n’ont pu remettre en cause l’intégrité des scrutins. Par contre, certains candidats de l’opposition appellent carrément à l’annulation des scrutins. Il y a même des voix au sein de la majorité présidentielle qui sont contre les résultats des législatives. Quel est votre point de vue quant à ce ?

Les missions d’observations internationales comme nationales sont beaucoup plus professionnelles parce qu’une mission sérieuse n’est pas préoccupée par un résultat donné. Une mission indépendante ne dit pas que nous voulons qu’une telle personne gagne. Par contre, les partis politiques participent aux élections pour gagner. Ce qui fait que, les missions, en toute objectivité, ont trouvé qu’au-delà des difficultés qui étaient les nôtres, nous avons travaillé de bonne foi. D’ailleurs ces difficultés n’ont jamais affecté un seul ou un groupe d’entité sur le plan géographique. Les difficultés que nous avons eues que ce soit lors de l’enrôlement et le vote, se sont produites plus ou moins de façon égale et des solutions y ont été apportées. Il est difficile de critiquer la CENI et surtout de l’accuser d’être partisane ou d’avoir favorisé quelqu’un contre une autre personne. Je pense que la CENI sur ce plan doit être satisfaite. Elle est restée neutre. 

HM: D’ailleurs, combien ont coûté les élections du 20 décembre 2023 ?

Les élections ont coûté autour de 1,1 milliards de dollars.

HM: Le gouvernement a-t-il versé la dernière partie de l’enveloppe pour vous permettre de parachever le processus électoral ?

Le Gouvernement a donné l’essentiel, presque tout. Toutefois, il reste des dettes que nous devons régler envers des fournisseurs, des salaires aux travailleurs. Mais cela ne représente plus un gros montant, cela peut constituer tout au plus entre 10 et 11 % du reliquat. 

HM: C’est la première fois que les Congolais de l’étranger ont pu voter. Pourquoi avoir voulu ces élections dans cinq pays uniquement ? 

La loi permet aux Congolais résidant à l’étranger de voter, pourvu qu’ils réunissent un certain nombre de critères. Nous avons choisi cinq pays pilotes pour commencer et ne pas vraiment aller dans les pays frontaliers parce qu’il y a parfois un problème de nationalité. Ce que nous étions promis c’est après nous allons tirer des leçons pour pouvoir augmenter le nombre de pays en 2028.

Nos successeurs s’y attèleront. Au-moins, une chose est vraie, cela a été un très grand succès. Les Congolais résidant à l’étranger qui sont venus s’enrôler avaient même des larmes aux yeux. 

L’idée que leur pays leur permettait pour la première fois d’avoir une carte d’électeur et de venir voter pour le président de la République de leur choix symbolisait un moment historique pour eux. L’histoire ne retiendra plus que les Congolais résidant à l’étranger, qui contribuent énormément, de façon substantielle à l’économie du pays, mais pour une fois, il pouvait aussi se choisir un dirigeant. Je pense qu’il s’agissait d’un grand moment d’émotion et de patriotisme.

Nous allons peut-être demander aux législateurs d’assouplir certaines dispositions. Nous ne comptons qu’à peu près 13 mille électeurs dans ces cinq pays. Ce qui est anormal, c’est parce qu’en fait la loi est très contraignante, elle ne permet pas à un plus grand nombre de Congolais de s’enrôler et de voter.

HM: Pourquoi avez-vous insérées les élections locales ? 

Parce qu’elles sont reconnues dans notre loi. N’oublions pas que la base du fonctionnement de l’Etat se trouve au niveau local. Là se situe les fondements de la démocratie. On peut commencer à encourager la participation des jeunes, des filles, des femmes aussi pour que demain ils commencent à prendre la relève car le pays est de loin composé à majorité de cette catégorie de la population. Or, là s’observe le moins de compétition, c’est au niveau des jeunes.

 Nous sommes contents d’avoir pu organiser ces élections-là dans chaque chef-lieu des provinces où sont intervenus beaucoup de jeunes et femmes. Cela signifie que nos communes seront dirigées par des jeunes et c’est la classe qui prendra la relève. Nous avons tenu à cela parce que c’est prévu dans la loi mais ces élections n’avaient jamais été organisées avant cela. Nous avons pris le risque de leur effectivité et nous en sommes contents.

HM: Quel est le dernier message lancez-vous à toutes les parties prenantes au processus électoral après avoir franchi toutes ces étapes ? 

Je crois que les parties prenantes doivent comprendre que tous les processus électoraux, de 2006, 2011, 2018 et 2023, ont fait face exactement aux mêmes problèmes logistiques. La pluie surtout lors des deux derniers cycles ont provoqué d’immenses difficultés pour l’acheminent des matériels et même le déploiement du personnel. 

La solution est pourtant simple, celle de changer des dates, ramener les élections par exemple au mois de juillet, c’est-à-dire le mois le moins pluvieux au pays en pleine saison sèche, c’est le mois durant lequel le pays est sec dans sa majorité, au Sud de l’Equateur. Il est important d’en tirer des leçons sur ce point. 

Pour la question de bourrage d’urnes, d’enrôlement à répétition, de tentatives de corrompre nos agents, il faut vraiment y réfléchir et trouver des solutions. Concernant la participation des femmes, nous sommes passés de 10% en 2018 et aujourd’hui nous sommes à 13 % et ce n’est pas substantiel. Nous devons aussi penser si nous devons garder le même système électoral. Plusieurs interrogations fusent, entre autres sur un système qui établit un seuil. Au-delà de seuil, il faut penser au quotient électoral.

 Quelle est la conséquence de notre système qui consiste à favoriser des petits partis ? Voulons-nous une Assemblée nationale pléthorique ? L’une des exigences en matière de système électoral est que le système doit être simple. Chez nous à l’issue d’un vote, vous pouvez totaliser 7 mille voix, 8 mille voix, mais quelqu’un qui n’atteint que 5 mille voix peut vous battre et vous vous interrogez sur les raisons de cette situation ! Nous tenons aussi compte des listes, les gens n’ont pas compris cela et les coupables aux yeux de certains, c’est la CENI. 

Donc, nous devons disposer d’un système qui puisse être plus représentatif de la minorité, de la représentativité des femmes aussi, sans néanmoins méconnaitre la majorité. Une majorité qui est écartée ou sous-représentée, ce n’est pas une très bonne chose. Il faut trouver un équilibre entre tout cela. 

Nous ne pouvons pas rentrer en 2028 avec le même type de problèmes. Si nous ne trouvons pas des solutions adéquates, cela va fragiliser notre jeune démocratie. Il est important pour un pays qui aspire bénéficier d’une évolution positive sur le plan de sa démocratisation de toujours procéder à des évaluations et des réformes bien pensées, élaborées de façon désintéressée, et non celles établies pour mettre l’un au pouvoir et défavoriser l’autre. Il faut être en mesure de tirer les enseignements qui s’imposent et améliorer les failles par des réformes. A chaque fois, il faut progresser de manière continuelle. C’est ainsi que nous finirons par un système qui répond aux aspirations de notre peuple.

 Propos recueillis par Heshima

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Interview

« Nous travaillons fortement pour réaliser la vision du chef de l’État »FIFI MASUKA Gouverneure intérimaire du Lualaba

Malgré des attaques politiques, la gouverneure intérimaire du Lualaba tient la dragée haute après deux ans de gouvernance de la province. Dans cet entretien exclusif accordé à Heshima Magazine, Fifi Masuka Saïni revient sur les efforts fournis par son équipe en vue de faire rayonner le Lualaba avec les moyens financiers générés sur place, sans aucune dette comme le veut le président de la République, Félix Tshisekedi. Interview

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Heshima Magazine : Madame le Gouverneur Fifi Masuka, comment se porte la province du Lualaba ?

Fifi Masuka : Le Lualaba se porte très bien grâce à Dieu tout d’abord, lui qui est le maître de tout. C’est Dieu qui fait que cette province soit toujours ce havre de paix désiré par tout le monde. Mais aussi nous dirons que le Président de la République est cet artisan qui nous a permis de matérialiser sa vision pour le bénéfice de tous les Lualabais.

 Depuis 2020, année du début de votre intérim, qu’est-ce qui a été fait au Lualaba ? Quel bilan pouvez-vous dresser de votre gouvernance sur le plan économique ?

 C’est souvent difficile de parler de soi, surtout quand il s’agit de ce qu’on fait dans l’exercice de ses fonctions pour l’intérêt public. Vous avez vos caméras, vos appareils photo, vous êtes libres et autorisés de frapper à n’importe quelle porte institutionnelle, interroger la population et surtout de parcourir tous les coins de la province pour voir ce qu’on a été capable de faire seulement en deux ans. Néanmoins, nous nous félicitons d’avoir fait ce peu qui de montre notre souci de faire rayonner cette province de la RDC avec les moyens générés sur place et sans aucune dette comme le veut le chef de l’État. Et parce qu’il faut parler de l’économie, je me dois de vous informer qu’au-delà des multiples perturbations économiques mondiales, nous ne baissons pas les bras. 

Vous avez travaillé par le passé avec l’Inspection générale des finances. Quel état des lieux établissez-vous dans le cadre de la lutte contre la corruption dans votre province ? La gouvernance s’est-elle améliorée ?

 Nous avons travaillé oui par le passé et nous continuons à travailler avec l’Inspection Générale des Finances (IGF) dont nous saluons surtout l’accompagnement. L’IGF nous a permis moi et mon équipe de maintenir de l’ordre dans la chaîne de dépenses et surtout d’acquérir encore d’autres connaissances y afférentes pour la bonne utilisation des ressources financières de l’État.

Il vous souviendra d’ailleurs que lors de son passage dans notre province, Monsieur l’Inspecteur chef de service de l’IGF, Jules Alingete, avait félicité notre gouvernance qui tient au respect des règles qui régissent les finances publiques dans notre pays. 

Quelles sont les difficultés auxquelles votre gouvernement a dû faire face jusqu’ici ?

 Les difficultés sont légions mais nous apprenons à y faire face avec beaucoup de courage et détermination. Le Chef de l’État nous a toujours conseillé d’être au-dessus des querelles politiques pour réussir à servir notre peuple qui attend de nous mieux que les simples paroles qu’il est fatigué d’entendre depuis l’accession de notre pays à l’indépendance. 

C’est vrai, nous faisons face à une forte haine confondue à l’opposition et de fois une diabolisation alimentées par des gens que nous étions obligés de sanctionner conformément à la loi pour des faits de corruption et non-respect des lois. À notre avènement à la tête de cette province, la lutte contre la corruption était un grand défi et notre premier souci. 

Nous avons trouvé plusieurs réalités très déplorables, nous ne saurons pas toutes les étaler ici, mais retenez que plusieurs services de l’État étaient remplis des agents fictifs et pourtant payés chaque mois avec l’argent du trésor public, la caporalisation des certaines institutions par ceux qui s’estimaient homme fort pour des intérêts égoïstes, le favoritisme. 

On pouvait trouver parfois des gens uniquement d’une même tribu dans une institution du sommet au bas de l’échelle. Nous avons connu des cas où un ministre provincial pouvait se permettre de créer des taxes et les percevoir sans les canaliser dans les caisses de l’État. 

Dans d’autres cas, nous avons découvert qu’il y avait des institutions de l’État dans lesquelles pour intégrer il fallait appartenir à un parti politique donné. Ça n’a pas été facile Madame le Journaliste. Nous nous sommes attaqués sans relâche à toutes ces antivaleurs et avons su, grâce à Dieu, remettre l’État dans ses droits en bouchant tous les trous qui servaient à la dilapidation de l’argent de l’État. Et grâce à l’encadrement de l’IGF aussi nous avons su diminuer sensiblement le pouvoir de la corruption avec un suivi permanent et rigoureux dans tous les secteurs étatiques de la province et la gouvernance s’est sensiblement améliorée.

Vous avez pris part à la conférence minière internationale d’Indaba en février dernier en Afrique du Sud. Avec la transition énergétique en cours, ce forum a-t-il généré des retombées positives au profit de la province du Lualaba ?

La transition énergétique étant en cours, dès notre retour en province, plusieurs potentiels investisseurs ont défilé pour manifester l’intérêt dans ce secteur.

En marge du forum d’Indaba, vous avez estimé que le Lualaba est encore à 81% non exploré. Depuis février 2023, quelles ont été les nouvelles opportunités dans le secteur minier de votre province ?

Oui, il y a le lancement d’une campagne de prospection minière de grande envergure dont l’accent est mis spécialement sur les minerais stratégiques en l’occurrence le cobalt, le cuivre, le lithium et autres.

Le Lualaba est incontestablement riche. Cependant, sa population croupit dans la pauvreté et la plupart des ménages vit sans électricité. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

C’est par là que vous allez comprendre que le Lualaba était victime de ses propres ressources pendant tout ce temps, Madame le journaliste. Certes, le Lualaba est extrêmement riche mais il lui manquait des gens capables de faire profiter cela à sa population. Notre souci majeur est de faire sortir la province des éloges figurant dans les livres de géographie et de géologie avec la célèbre qualification «la RDC est un scandale géologique». 

Nous voulons ramener ces richesses minières dans le quotidien de nos populations. C’est cela même la mission que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo nous a confié. Nous travaillons fortement pour réaliser ce souci du chef de l’État qui veut que cette population puisse avoir des infrastructures et une vie semblable à ses richesses. Et en parcourant le Lualaba, vous serez d’accord avec nous qu’il s’agit d’une question de temps pour le moment.

En cette période marquée par la pénurie de maïs qui frappe notamment le grand Katanga, comment faites-vous pour gérer la situation ?

 S’agissant de la pénurie de la farine de maïs qui prévaut dans l’espace Katanga plus particulièrement dans la province du Lualaba, nous avions réitéré notre détermination d’inonder le marché avec cette denrée de base pour la population en constituant une réserve de deux ans. Nous les vendons à un prix très réduit contrairement à celui du marché public pour que tout le monde s’en approvisionne facilement. Et c’est ce qui est fait, les points de vente sont dans plusieurs coins de la province.

Concernant le secteur agricole notamment, que préconisez-vous pour que le Lualaba ne connaisse pas de pénurie ? 

Nous avons initié le projet pilote du site agricole du village Mulomba vers Busanga. Ce site va avoir la capacité de constituer une réserve énorme de 50 000 tonnes de maïs. Les ouvriers travaillent nuit et jour sans relâche sur cet espace de 5000 hectares. A part le projet de construction de 5 silos sur ce site agricole, pour arriver à constituer la réserve de maïs d’au moins 50.000 tonnes, d’autres projets importants sont en cours de réalisation. C’est entre autres l’établissement d’un centre de formation agricole, la pratique de l’élevage et de la pisciculture à grande échelle sans oublier une immense pépinière pour le reboisement.

Les travaux de modernisation de l’aéroport de Kolwezi touchent presque à leur fin. Quelle est la date de son inauguration ?

 L’aéroport de Kolwezi sera inauguré dans un délai raisonnable, le temps de terminer les travaux d’allongement de la piste d’atterrissage qui devra passer de 2500 à 3000 mètres, la tour de contrôle, la caserne anti-incendie, le tarmac, l’aérogare fret, l’entrepôt de carburant et le pavillon présidentiel.

Combien les travaux de l’aéroport ont coûté au Trésor public ?

 Le coût que nous avons actuellement est juste pour l’aérogare et d’ailleurs tout est déjà payé. Pour le coût global de l’aéroport, il faut attendre, car certains dossiers y afférents sont encore en cours d’étude au sein de la direction de passation des marchés publics.

En mai dernier, le pays a vécu un événement tragique à savoir l’incendie du Lycée Mwanga, à Kolwezi. A ce jour, quelle est l’issue de ce drame après le décès d’une lycéenne qui était hospitalisée ? Qu’est-ce qui a été envisagé comme mesures pour éviter un tel incident dans l’avenir ?

Tout en déplorant, encore une fois, le drame du Lycée Mwanga et gardant une pensée pieuse pour les âmes des deux illustres disparues, la prise en charge psychologique et médicale des autres victimes a été effective avec l’accompagnement de la cellule des psychologues de l’université de Kolwezi. Pour éviter un tel incident dans l’avenir, nous avons envisagé les mesures suivantes : avec l’expertise de l’entreprise KCC, les sensibilisations au sein des écoles de la province sur la lutte contre l’incendie et autre risque en milieu scolaire sont envisagées au début de l’année scolaire 2023-2024, la formation sur le plan d’évacuation en cas de danger. Au niveau de l’Inspection Principale de l’EPST, le contrôle effectif de viabilité des infrastructures scolaire a déjà commencé surtout dans les écoles en construction.

Qu’en est-il de la réhabilitation du Lycée Mwanga ?

Nous avions sensibilisé à cet effet les opérateurs miniers lors de notre voyage en Chine et ici localement en province sur leur apport dans la réhabilitation de cette école qui constitue un patrimoine de la province et une entreprise  qui n’attend que les fonds a été choisie à cet effet. Cependant, les entreprises telles que TFM, KCC et KAMOA se sont déjà prononcées et n’attendent que le devis de l’entrepreneur. D’autres en plus ont manifesté la volonté de nous soutenir.

Où en sommes-nous avec l’« opération zéro délinquant » que vous avez lancée l’année dernière ?

Avec l’appui de toute la population, l’opération zéro délinquant se porte bien, et nous nous félicitons d’avoir réussi à réduire tant soit peu le phénomène Kuluna et coupeurs des routes dans la province. Aujourd’hui, la joie est pour  nous d’apprendre que nos enfants qui sont au centre de réinsertion sociale de Kanyama Kasese s’appliquent très bien et sont à ces jours des bâtisseurs capables de gagner leurs vies honnêtement.

 Le pays est à quelques mois des élections générales. FIDEC, votre parti, a fait alliance avec Congo Espoir du ministre José Mpanda. Qu’est-ce que vous visez dans cette nouvelle alliance ?

A ce stade, notre intérêt et de soutenir les meilleurs d’entre nous. Actuellement, nous nous rallions aux efforts consentis par le Chef de l’État qui est à ce jour notre coach tous, pour un Congo toujours prospère et nous y travaillons tous les jours. D’où nous croyons que notre choix des partenaires est réfléchi parce qu’il vise un même objectif.

Vous avez été vice-gouverneur depuis 2016 et gouverneure intérimaire en 2020. Avez-vous l’ambition de revenir au Lualaba comme gouverneure titulaire pour le prochain quinquennat ?

 Étant politique, c’est normal que nous puissions avoir des ambitions, mais rien ne s’acquiert gratuitement. Tout se mérite. Raison pour laquelle nous travaillons jour et nuit pour nous démarquer positivement afin de rencontrer les attentes de nos populations et mériter davantage la confiance du Chef de l’État. Tout dépendra de son appréciation.

Propos recueillis par Heshima.

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