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L’holocauste au Congo de Charles ONANA, la RDC trahie pour sa générosité !

L’holocauste au Congo, pourquoi la Communauté internationale n’en parle pas ? Des questions surprenantes, touchantes ou désarmantes fusent pour essayer de comprendre l’omerta qui entoure les massacres au Congo depuis le génocide rwandais. Ce questionnement amène Charles Onana, l’auteur du livre et invité spécial sur Top Congo Fm, à se livrer sans fard et en toute transparence au jeu de questions-réponses. Dans son ouvrage, l’écrivain franco-camerounais s’appuie sur des sources officielles, notamment des documents de la CIA, du Pentagone, de la Maison Blanche, de l’Elysée et de l’Union européenne. Dans cette édition, Heshima vous propose de découvrir les grandes lignes de cet entretien.

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L’éditeur franco-camerounais et spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs et des conflits armés, Charles Onana, a exhumé des archives contenant des preuves de nature à renseigner sur les circonstances des atrocités commises par le Rwanda sur le sol congolais et qui ont pris une ampleur démesurée depuis 1994. Auteur du livre « Holocauste au Congo, l’omerta de la Communauté internationale ? », Charles Onana qui s’est fait préfacer par Charles Millon, ancien ministre français de la Défense, fait savoir dans son ouvrage pour réhabiliter la vérité historique et pour mieux faire connaître les faits ou soulever les responsabilités, que le but de son ouvrage était d’abord de rompre le silence qui entoure les millions de morts au Congo et ce silence est assourdissant parce que depuis 30 ans, le Congo est resté submergé par un afflux de réfugiés venant du Rwanda sur son territoire.

Dans son analyse, il dit se rendre compte qu’il n’en était rien en termes de dégât collatéral. « Ce n’était pas du tout un dégât collatéral que subissait le Congo avec cet afflux des réfugiés. C’était tout simplement un plan de déstabilisation du Congo et une volonté de prendre contrôle, non seulement des richesses du Congo mais également du pouvoir à Kinshasa ».

C’était sans compter qu’un plan a été conçu par de grandes puissances, notamment les Etats-Unis, le Rwanda et l’Ouganda. Puisque la crise a commencé par le Rwanda et ceux qui ont pris le pouvoir au Rwanda venaient de l’Ouganda. Paul Kagame et ses troupes étaient des éléments de l’armée régulière ougandaise. Ils avaient aidé Museveni à prendre le pouvoir en 1986. Après cette période, ils ont décidé de prendre le pouvoir, de renverser le président Habyarimana en 1994. Deux ans après, ils ont décidé de rentrer sur le territoire congolais pour renverser le maréchal Mobutu. Tout cela était organisé, programmé. 

Eléments de preuves

Plus de 10 millions de morts, 500 000 femmes congolaises violées… et toujours le silence. Entre avril et juillet 1994, la République Démocratique du Congo alors Zaïre, a été envahie par un afflux de réfugiés rwandais et depuis lors, elle est constamment attaquée et pillée par des troupes venues du Rwanda et de l’Ouganda.

Les morts se comptent désormais par millions et les viols par centaines de milliers. Charles Onana démontre que l’on assiste, depuis 1994, à l’invasion masquée du Congo par des milices et des troupes de Paul Kagame, le chef de l’Etat rwandais soutenu au départ par l’administration Clinton et ensuite par la France de Nicolas Sarkozy. A partir des témoignages exclusifs et de documents de la CIA, des archives de la Maison Blanche, de l’Elysée et de l’Union Européenne, l’auteur dévoile comment les Etats-Unis ont formé cet homme sans foi ni loi, pour servir leurs intérêts en RDC, en République Centrafricaine, au Congo-Brazzaville, et dans d’autres états d’Afrique Centrale où la guerre entre l’Occident, la Chine et la Russie est féroce pour le contrôle des ressources minières stratégiques. Insatiables, les prédateurs dépècent la RDC et pillent ses richesses. Après 20 années de recherches, l’auteur alerte l’opinion sur l’extermination programmée des populations locales alors que plusieurs chefs d’Etats de la région et un ambassadeur européen ont déjà été assassinés. Charles Onana explique surtout comment la mise à mort de la RDC est organisée en utilisant la terreur et le mensonge dans le dessein de faire main basse sur des minerais indispensables à l’industrie mondiale de l’armement, de la téléphonie mobile et de la transition énergétique.

Genèse africaine du conflit 

Cité par Charles Onana, le Pr. Bernard Debré, ancien ministre de la Coopération a soulevé cette question à l’hôpital Goshen à Paris. Dans ses explications, Bernard Debré renseigne qu’un groupe ethnique tutsi au Rwanda ambitionnait de créer un empire Hima et avait vocation à placer dans un moulel’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo où cette minorité aurait le pouvoir sur toute cette région. Leur ambition ne s’arrêterait pas là. Le groupe faisait ses projections sur la République centrafricaine, le Congo Brazzaville voire le Gabon. Dans les archives de l’Elysée, le chef d’Etat-major particulier du président Mitterrand, le général Guenon, évoquait également la question. Le plus stupéfiant, selon Charles Onana, a été de constater que dans les archives du président Clinton, l’ambassade des Etats Unis au Rwanda avait rédigé en novembre 1994 un rapport sur ce projet. La Maison Blanche comme l’Elysée étaient au courant que la minorité tutsi avaitvocation à dominer l’Afrique centrale mais personne n’a osé le dénoncer. On a laissé faire tout cela jusqu’à présent.

Petit pays pauvre très enclavé en réalité qui ne se suffit pas en lui-même. Manifestement, ceux qui ont aidé le pouvoir de Kagame au Rwanda en 1994 l’avait préalablement soutenu à occuper les postes de responsabilité en Ouganda. Ceux qui ont pris le pouvoir au Rwanda en 1994, c’est-à-dire, Paul Kagame et ses troupes, étaient des responsables de services de sécurité militaire en Ouganda. Ils ne pouvaient pas venir au Rwanda pour occuper des postes subalternes. Ce qui s’est réellement passé, c’est que le Congo était l’objectif final de cette opération et le Rwanda était la principale porte d’entrée. Pour occuper le Congo et s’emparer de ses ressources, il fallait avoir une vraie porte d’entrée et la vraie porte d’entrée était le Rwanda.

Peu de gens l’ont compris à cette époque-là. Même le maréchal Mobutu ne l’avait pas compris très rapidement. Il pensait simplement que la communauté internationale, bien qu’ayant exercé des pressions sur lui depuis 1993, où il avait été interdit de séjours aux Etats-Unis, Mobutu avait l’impression que c’était un désaccord entre lui et les grandes puissances parce qu’après avoir été soutenu pendant 32 ans, il n’imaginait pas qu’il allait être lâché de cette manière-là sans élégance.

Dans les archives de l’Elysée auxquelles Charles Onana a pu avoir accès, où il a consulté également les archives du président Bill Clinton, les archives confidentielles de l’Union européenne, c’est déjà en la mesure d’un cocktail suffisamment explosif. Le président Bill Clinton avait signé un arrêté en 1994 dans lequel il considérait que la tragédie du Rwanda était extrêmement grave et méritait une mission humanitaire. Sauf que les Nations unies avaient créé l’opération turquoise qui était une mission humanitaire dans laquelle tous les pays du monde pourraient participer et les Etats-Unis à l’époque ont refusé d’y participer. On n’a pas bien compris pourquoi. Sauf qu’au mois de juillet, c’est là que le président Bill Clinton publie son décret, qui parle d’une mission humanitaire, il n’y a plus personne au Rwanda. C’est-à-dire que Paul Kagame a pris le pouvoir le 12 juillet 1994. Donc, l’ensemble des réfugiés ou des populations indésirables au Rwanda avait traversé la frontière et s’est retrouvé à l’est de la frontière zaïroise, et qu’il s’avérait malencontreux d’aller faire une opération humanitaire dans ces conditions au Rwanda.

Le but de cette mission était d’aller faire une mission humanitaire. En consultant les documents d’archives, notamment le Pentagone sur cette mission qui avait pour nom de code, l’opération « soutenir l’espoir », Charles Onana dit se rendre compte que l’opération Super Howk dirigée par l’armée américaine par le Pentagone se déployait en Ouganda. Pendant plusieurs mois, cette opération avait envoyé effectivement des forces spéciales, des gens qui participaient à la lutte anti-insurrectionnelle et, il y avait tout un dispositif qui avait des éléments de service de renseignements qui étaient très important.

Au bout de quelques mois, ces hommes sont renvoyés au Rwanda, c’est dire il y avait un arsenal militaire très impressionnant composé des forces spéciales, forces de services de renseignements sont repartis au Rwanda. L’attaché militaire qui était basé à Kinshasa a quitté son poste pour aller au Rwanda. Le rapport du Pentagone donnait les dates que pendant plusieurs mois, les membres de service de renseignement américain ont formé les officiers rwandais. Lorsque les membres du Congrès américain demandaient au président Clinton quelles étaient les raisons de cette présence au Rwanda, est-ce que les troupes américaines avaient quelque chose à voir avec ce qui se passait au Congo, le président Clinton n’a jamais répondu à cette question. Parce que dans le rapport du Pentagone et surtout, ce sont les lettres duSecrétaire d’Etat à la défense adressées à Paul Kagame, M. William Perry, affirme avoir mis les paquets. Il ajoute avoir mis à contribution d’autres experts militaires neutres, ceux qui ne se sont pas mêlés de ces affaires et réussir à précipiter la chute du Marchal Mobutu, ce qui correspond exactement au temps suffisant de préparation de 1994 à 1997.

Monsieur Honoré Ngbanda qui était le conseiller spécial de Maréchal Mobutu, a expliqué la teneur du message. Le président Clinton avait adressé au maréchal Mobutu à travers son envoyé spécial M. Bill Richardson que s’il ne quittait pas le pouvoir, son cadavre risquait de traîner dans les rues de Kinshasa.

Dans sa lettre adressée au président Bill Clinton en 1996, le maréchal Mobutu ne comprenait pas que le président Bill Clinton préparerait sa chute. Il pensait peut être qu’il pourrait discuter ou négocier, puisqu’il demandait au président Bill Clinton de l’aide pour ce qui se passait à l’est du pays. Par ailleurs, la position de la France est très curieuse dans cette histoire après s’être fortement mise en cause par Paul Kagame, pour un prétendu soutien aux génocidaires. 

Charles Onana fait référence à un autre livre épinglantclairement les accusations portées contre la France sur la question d’opération turquoise. Des faussetés avérées parce que même le gouvernement américain à l’époque, avait diligenté des enquêtes sur la livraison des armes aux génocidaires par la France. Le terme génocidaire est un terme globalisant et ne veut rien dire, en fin, ce discours générique qui a consisté à culpabiliser l’ensemble des populations hutu du Rwanda est reconnu aujourd’hui comme une fake news, c’est-à-dire une fosse information.

Ce serai naïf pour la RDC de compter sur la France, sur la communauté internationale ou sur l’Union européenne. L’Union européenne est l’institution la mieux informée de ce qui se passe au Congo puisque elle envoi depuis plusieurs années des émissaires, des experts, des spécialistes du renseignement, mais aussi l’envoyé spécial de l’Union européenne Aldo Ajello. « Je rends public un certain nombre de rapports confidentiel de M. Ado Ajello après ses missions à Kinshasa et on constate que ce qui est dit dans le rapport confidentiel n’a rien avoir avec ce qui est rendu public. Lorsque par exemple le représentant spécial M. Aldo Ajellodit que Laurent Nkunda est quelqu’un qui doit être arrêté et poursuivi pour avoir commis les crimes contre l’humanité au Rwanda, mais, vous n’avez pas vu une mobilisation de l’union européenne de manière générale ou des médias européens contre Laurent Nkunda. On a plutôt vu M. Louis Michel aller quasiment s’accroupir à côté de Laurent Nkunda pour lui parler, comme si Laurent Nkunda était le chef de l’Etat congolais.

Victime de sa générosité

Charles Onana a constaté une double posture en Paul Kagame.La première porte sur le soutien que tout le monde apporte àPaul Kagame en 94. Le président rwandais se retrouve victime de génocide contre les tutsi au Rwanda, sauf que là, du coup, ce sont les Tutsi de l’armée de Paul Kagame qui vont envahir le Congo. Ils massacrent les populations civiles au Congo, ils commettent des actes de viols massifs contre les femmes congolaises, alors que les Congolais n’ont jamais rien fait aux Rwandais. Au contraire, les Congolais ont accueilli les Rwandais à la suite de leur guerre en 1959. Ils ont accueilli les Tutsi sans aucun problème. En 94 ils encore l’accueilli, malgré les difficultés de capacité d’accueil qui étaient insuffisantes au Congo. Les Congolais ont accueilli des millions des Rwandais chez eux. Donc, l’explication se révèle aujourd’hui qu’on vient faire payer très chère aux Congolais leur générosité. Quelque chose que la communauté internationale ou les Européens doivent expliquer. 

Deuxièmement, Paul Kagame allait être celui qui devraitadministrer le Congo après la chute du Maréchal Mobutu.« Personne n’a envie de dire à Paul Kagame que ce que vous faites au Congo est d’abord une violation des conventions internationales, il n’y a aucune loi qui dit que vous devez envahir le pays voisin, cela est contraire à ce qu’on appelle aujourd’hui la notion d’intangibilité des frontières a été un principe cher à l’Union africaine. Mais il est allègrement violé ». Tous les jours, personne ne veut parler de ça. On a entendu Paul Kagame dire récemment au Bénin qu’il revendique des terres au Congo. Personne, ni la communautéinternationale, ni au niveau européen, n’a considéré qu’il y a une attaque claire contre la souveraineté du Congo. Cette attitude vis-à-vis du Rwanda vient de la double posture de l’Union européenne qui, d’un côté, a soutenu Paul Kagame pour la création d’un Tribunal pénal international pour des crimes commis au Rwanda en 1994. Aujourd’hui, c’est le même Paul Kagame qu’ils ont soutenu en 1994 qui commet des troubles avec des atrocités macabres en République démocratique du Congo. Ils sont embarrassés de voir déposer des plaintes contre lui ou de le stigmatiser et le pointer du doigt alors que plusieurs rapports des Nations Unies attestent que Paul Kagame et ses troupes sèment la mort et la terreur en République démocratique du Congo.

R. O.

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Dialogue de la CENCO-ECC : Les risques d’un échec !

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Après avoir rencontré des acteurs de la crise congolaise aussi bien au niveau local que régional, les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et ceux de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) élaborent un « Pacte social pour la paix » à proposer aux protagonistes de cette crise. Mais face à des positions toujours diamétralement opposées, cette démarche risque de ne pas porter les fruits escomptés.

Les représentants de la CENCO et ceux de l’ECC ont rencontré, le 12 février 2025 à Goma, le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et du M23 (AFC-M23), Corneille Nangaa. C’est dans la perspective d’un dialogue voulu inclusif par ces églises. Mais des voix s’élèvent pour contester cette démarche intégrant un groupe armé ayant causé la mort, fin janvier, de plus de 3000 Congolais dans cette ville occupée depuis par les rebelles. Le tandem CENCO-ECC va-t-il réussir cette rude mission ?

La délégation conduite par Monseigneur Fulgence Muteba, président de la CENCO et André Bokundoa, représentant légal de l’ECC, a été reçue, le 12 février, par les rebelles de l’AFC-M23. Ces prélats disent être encore dans une phase consistant à recueillir les avis des acteurs dans cette crise, y compris ceux de l’AFC-M23. « Nous demeurons dans notre démarche pastorale, nous sommes convaincus de ce que nous voulons faire et nous savons que la majorité des Congolais ne souhaite que la paix, et dans les plus brefs délais. Nous sommes convaincus que l’implication de tout le monde, y compris ceux que nous sommes venus rencontrer ici, est nécessaire pour sortir de cette situation », a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.

Mais la démarche des prélats catholiques et pasteurs protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, le 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles du M23 qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation à l’initiative du dialogue social que prônent les évêques. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».

De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet ne lie ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a réagi André Mbata.

L’ODEP monte au créneau

Sortant de sa sphère économique, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a rejeté toute forme de dialogue avec les agresseurs, y compris le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas été tendre avec ces prélats catholiques et pasteurs protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de collaborer avec l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ». Une allusion faite au dirigeant français de la Seconde guerre mondiale qui avait engagé la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.

M. Germain Kambinga, président du parti politique, «Le Centre», pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est pour l’instant inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien affirme que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risqueraient d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.

Tshisekedi juge l’initiative louable

Face à cette vague de critiques, le tandem CENCO-ECC s’accroche à ce que Félix Tshisekedi leur avait dit lorsqu’ils lui avaient présenté ce projet de « Pacte social » pour la paix. « Le Chef de l’État a salué et encouragé l’initiative et quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé, les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a répliqué Donatien Nshole, soulignant que Félix Tshisekedi avait qualifié de « louable » leur initiative de paix. Ces prélats envisagent déjà d’aller plus loin après l’étape de Goma.

Kagame consulté !

Après l’étape de la Belgique où Moïse Katumbi et ses lieutenants ont été consultés, les prélats et les pasteurs ont aussi reçu les hommes de Joseph Kabila, représentés par Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya et José Makila. Mais une autre étape cruciale était celle de Kigali où la délégation a rencontré le président rwandais, Paul Kagame. Selon Mgr Donatien Nshole, le chef de l’Etat rwandais a encouragé les religieux à tenter une solution pacifique là où les politiciens ont échoué à cause de leurs égos. Les prélats s’étaient également rendus à Nairobi pour rencontrer le président William Ruto, président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).

Les risques d’un échec

Après la publication de la tribune signée par Joseph Kabila, il est de plus en plus clair que l’ancien président de la République et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo, coordonnée par Corneille Nangaa, ne sont pas dans une logique de dialogue. À condition que cela débouche sur la démission de Félix Tshisekedi du pouvoir. Une telle posture ne saurait amener les deux camps vers un dialogue apaisé. Les deux extrêmes accusent aussi une véritable crise de confiance liée à leur deal passé et « non respecté », selon le camp Kabila. Cela fait que la CENCO-ECC ne saurait proposer un accord de paix qui soit respecté par toutes les parties, y compris des puissances extérieures comme Kigali et Kampala. Le camp Tshisekedi et le camp Kabila, aujourd’hui élargi à Moïse Katumbi, ont divisé la sphère politique. Cet antagonisme risque de se résoudre brutalement, par des voies militaires, si un camp ne choisit pas de faire preuve de retenue.

Heshima

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Combats entre FARDC et M23/AFC, La population impactée  par une sévère crise humanitaire   

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La situation humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), principalement à Goma, est alarmante à la suite des violents combats qui ont eu lieu en janvier dernier. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de la ville, exacerbant une crise déjà sévère. Près de 3 000 morts ont été recensés par les humanitaires.

Depuis la résurgence de la rébellion du M23, une crise humanitaire frappe la province du Nord-Kivu. Mais depuis la percée fulgurante à Goma réalisée par ces rebelles soutenus par l’armée rwandaise, une grave crise humanitaire affecte la ville. Dans la seconde moitié de janvier, le pire est donc arrivé à Goma. Cette ville de plus d’un million d’habitants a été le théâtre des affrontements meurtriers, fin janvier, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les miliciens Wazalendo, et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise.

Plus de 3 000 morts à Goma

Les combats ont entraîné la mort de près de 3 000 personnes et blessé plus de 3 000 autres depuis le 26 janvier 2025. Sur place, dans la ville, les hôpitaux sont débordés. Au moins 2 000 corps ont déjà été enterrés par les communautés. Dans les morgues de Goma, le 4 février, il y avait encore 900 corps, selon les chiffres de l’OMS. De nombreux corps en état de décomposition restent dans certaines zones, notamment à l’aéroport et à la prison de Goma.

Les établissements hospitaliers manquent de fournitures médicales essentielles et peinent à fournir des soins adéquats aux victimes. « Les corps sont en décomposition dans les morgues suite au manque d’électricité », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Les containers de la Croix-Rouge internationale ont été pillés, et tous les stocks de médicaments ont été emportés.

La population civile est confrontée à des conditions de vie extrêmement difficiles, avec des pénuries d’eau, d’électricité et de services de base. De plus, environ 4 000 détenus se sont évadés de prison, dont beaucoup sont responsables d’atrocités, exacerbant ainsi l’insécurité dans la ville. Les déplacements massifs de populations fuyant les violences ont conduit à une crise humanitaire majeure. Les camps des déplacés de Kanyaruchinya, dans le territoire de Nyiragongo, sont complètement vides suite à l’occupation de Goma. Certains déplacés 

n’ont eu d’autre choix que de rentrer chez eux, faute de prise en charge par les humanitaires et le gouvernement congolais.

Accès limité à l’aide humanitaire

Occupé par les rebelles, l’aéroport de Goma n’est toujours pas opérationnel. Le coordonnateur humanitaire en République Démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, a lancé un nouvel appel à la mobilisation de toutes les parties pour la réouverture urgente de cet aéroport, principale voie d’accès à l’aide humanitaire. « De très nombreux blessés nécessitent des soins urgents, les infrastructures médicales restent débordées, et des milliers de civils sont toujours privés d’assistance vitale », a-t-il détaillé, estimant que l’aéroport de Goma est une « ligne de vie. Sans lui, l’évacuation des blessés graves, l’acheminement des fournitures médicales et la réception des renforts humanitaires sont paralysés ».

Réduction du train de vie des institutions

Le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’accélérer les mesures visant la réduction du train de vie des institutions afin de contribuer à l’effort de guerre. Pour ce faire, le gouvernement préconise, entre autres, la suspension de la mécanisation des agents publics de l’État pour une durée de 12 mois, à l’exception des militaires et policiers. Les fonds générés par ces coupes budgétaires peuvent atteindre plus de 27 692 460 dollars cette année. Ces sommes peuvent être réaffectées dans le secteur de la défense nationale et de la sécurité. Parmi les institutions concernées par la réduction du train de vie figurent notamment le cabinet du président de la République, le gouvernement, le parlement ainsi que les institutions d’appui à la démocratie. Les onze mille cinq cents (11 500) agents qui attendaient d’être mécanisés en 2025 vont devoir encore prendre leur mal en patience. Les députés nationaux, dont les émoluments élevés scandalisaient l’opinion congolaise, sont aussi attendus au tournant pour contribuer à cet effort de guerre.

La CPI suit la situation de près

L’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) surveillent de près la situation, exprimant des préoccupations concernant les violations des droits humains et les crimes de guerre. « Le bureau suit les événements actuels de près, y compris la grave escalade de la violence au cours des dernières semaines dans l’Est de la RDC, en particulier à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, et dans ses environs », rapporte un communiqué du bureau du procureur de la CPI. Des rapports font état de violences sexuelles et de meurtres, notamment l’incendie de la prison de Munzenze, où des centaines de femmes ont été tuées. Depuis octobre, le Procureur de la CPI, Karim Khan, avait affirmé que son bureau allait réactiver ses enquêtes en RDC, en particulier sur les crimes perpétrés dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. Des crimes essentiellement commis par les rebelles du M23, notamment à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, où plus de 130 Congolais avaient été massacrés entre le 29 novembre et le 1er décembre 2022.

Heshima

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Pressions internationales contre le Rwanda inefficaces : la RDC condamnée à gérer seule la crise ?

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Des sanctions internationales ciblées contre le Rwanda et ses alliés du M23 pourraient les contraindre à se retirer de Goma, mais elles ne suffiront pas à résoudre durablement la crise sécuritaire qui gangrène l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’inaction de la communauté internationale et aux violations répétées du droit international par Kigali, Kinshasa est contrainte d’assumer seule sa défense et son avenir, malgré une injustice criante.

Depuis plusieurs mois, la RDC multiplie les appels à des sanctions contre Kigali. De nombreuses réunions ont été convoquées en urgence au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au sein des instances africaines et européennes. Pourtant, ces rencontres se sont soldées par de simples condamnations, sans mesures concrètes. Les puissances mondiales – États-Unis, Chine, Russie, Union européenne et même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres – se limitent à exiger un retrait des forces rwandaises de Goma et la fin des hostilités, sans mettre en place de mécanismes de contrainte.

Or, un simple repli momentané des troupes rwandaises ne suffira pas à garantir une paix durable. L’objectif stratégique de Kigali reste inchangé : exercer un contrôle sur l’Est congolais,  exploiter ses ressources naturelles et comme l’affirment plusieurs experts, s’accaparer d’une partie du territoire congolais pour l’annexer au Rwanda. Les pays occidentaux, quant à eux, continuent de renvoyer Kinshasa au processus de Luanda et de Nairobi, comme si ces cadres de négociation suffisaient à régler une crise enracinée depuis des décennies.

Un contraste frappant avec 2012

L’attitude actuelle de la communauté internationale contraste fortement avec celle adoptée en 2012, lorsqu’une intervention militaire internationale avait permis de chasser le M23 de Goma. À l’époque, sous la pression des États-Unis et notamment d’un appel direct de Barack Obama à Paul Kagame, Kigali avait été contraint de reculer. Aujourd’hui, cette fermeté semble avoir disparu. Le Rwanda, fort de son influence diplomatique et de ses partenariats économiques stratégiques, défie ouvertement les appels au respect du droit international sans craindre de véritables représailles.

Des autorités congolaises déterminées

Face à ce silence complice, les autorités congolaises refusent de rester passives. « Votre silence et votre inaction (…) constituent un affront », a déclaré le président Félix Tshisekedi. Son gouvernement a multiplié les initiatives diplomatiques, jusque-là sans grand succès.

La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a plaidé devant le Conseil de sécurité pour des sanctions ciblées, incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager des membres identifiés de la chaîne de commandement rwandaise et de leurs soutiens politiques. Elle a également demandé un embargo total sur les minerais étiquetés comme rwandais, notamment le coltan et l’or, qui financent en grande partie l’effort de guerre de Kigali.

« Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect ? Quel instrument international doit-il encore violer pour que ce Conseil prenne enfin ses responsabilités ? », s’est-elle insurgée. Selon elle, l’inaction face aux exactions rwandaises, y compris les attaques contre des militaires sud-africains, malawites et uruguayens déployés en RDC, constitue une trahison de l’esprit de solidarité internationale.

Une réaction timide des «partenaires» occidentaux

Alors que Kinshasa intensifie sa pression diplomatique, seuls quelques partenaires commencent à réagir. L’Allemagne a suspendu une aide au développement de près de 100 millions d’euros en faveur du Rwanda. En revanche, Londres s’est contenté de menacer de mettre fin à son aide, sans passage à l’acte concret.

Le 30 janvier 2025, le Parlement européen a discuté de sanctions concrètes contre le Rwanda, notamment la suspension du mémorandum de coopération signé en février 2024 et l’interdiction d’événements sportifs internationaux prévus dans le pays. La présidente de la délégation Afrique de l’Union européenne, Hilde Vautmans, a exhorté l’UE à suspendre l’accord avec Kigali tant que le régime rwandais poursuivra son ingérence en RDC.

Une insistance congolaise sur des sanctions fermes

Kinshasa continue d’exiger des mesures plus strictes. Le professeur Ntumba Luaba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, a appelé à des sanctions pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Goma entre le 26 et le 29 janvier 2025.

Par ailleurs, la RDC demande aux clubs européens – PSG, Arsenal et Bayern Munich – de mettre fin à leur partenariat avec « Visit Rwanda ». Dans une lettre aux dirigeants de ces clubs, la ministre congolaise des Affaires étrangères leur a demandé d’interroger la moralité de ces accords de sponsoring, alors que le Rwanda est impliqué dans un conflit meurtrier. « Votre sponsor est directement responsable de cette misère », dénonce-t-elle.

Un isolement croissant de la RDC

La RDC ne peut que constater l’injustice dont elle est victime au sein des instances internationales. Kinshasa sait qu’elle ne peut compter ni sur l’ONU ni sur ses voisins, parmi lesquels l’Ouganda et le Kenya, dont les liens économiques et stratégiques avec Kigali sont bien établis. Face à cette réalité, le salut du pays repose avant tout sur ses propres forces armées.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé une vaste campagne de mobilisation pour le renforcement de l’armée nationale. Le vice-Premier ministre des Transports, Voies de Communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba a entamé une tournée nationale afin d’encourager l’enrôlement massif des jeunes dans les Forces armées de la RDC. Ce mouvement s’inscrit dans une prise de conscience collective : la défense du territoire congolais repose désormais avant tout sur l’unité et la résilience nationale.

Un isolement diplomatique, un réveil patriotique

Si les sanctions internationales contre le Rwanda peuvent offrir un répit à la RDC, elles ne constituent pas une solution définitive. Tant que la communauté internationale se contentera de condamnations sans effet, Kigali poursuivra sa politique expansionniste en toute impunité. Face à cet abandon, Kinshasa n’a d’autre choix que de se préparer à défendre seule son intégrité territoriale. La mobilisation nationale, couplée à une diplomatie plus agressive, pourrait être la clé d’un sursaut stratégique face à l’injustice du système international.

Heshima

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