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Interview

« Nous pouvons rassurer l’opinion que nous allons y parvenir». ISIDORE KWANDJA NGEMBO Directeur du Comité national des IXèmes Jeux de la Francophonie

Genèse du processus des préparatifs des jeux, confirmation de leur tenue à Kinshasa, appel aux jeunes congolais pour accompagner ce grand événement culturel, le directeur du Comité national des IXès Jeux de la Francophonie parle de ce rendez-vous historique qu’organise la République démocratique du Congo. Après plusieurs étapes laborieuses, Isidore Kwandja est en passe de relever cet immense défi. Interview !

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Monsieur Isidore Kwandja, la 9e édition des Jeux de la Francophonie se déroulera finalement du 28 juillet au 6 août 2023, après avoir été reportée à deux reprises. La RDC est-elle prête maintenant ? 

Pour une meilleure compréhension, revenons à la genèse de l’ensemble du processus des préparatifs des jeux. L’édition de ces jeux était initialement prévue pour être organisée au Canada. Ils avait été accordés en 2017 afin qu’ils aient lieu en 2021. Or, deux ans après, le Nouveau-Brunswick, province canadienne qui avait initialement accepté d’organiser les Jeux de la Francophonie s’était désisté à le faire. Par conséquent, l’OIF avait une fois de plus lancé un appel à candidatures. C’est alors que la RDC a postulé pour qu’ils se tiennent chez nous.

Le Président de la République qui a voulu restaurer la position du pays sur la  scène internationale avait estimé que l’opportunité était toute indiquée d’accepter d’accueillir cet événement chez nous. Cela allait attirer l’attention d’une opinion publique internationale en faveur de la RDC. C’est ainsi que la République démocratique du Congo a obtenu ces jeux au mois de juillet 2019.

 Seulement, on ne lui a pas accordé comme il se doit 4 ans pour se préparer. Ce délai tient en effet compte du timing fixé entre chaque édition de ce rendez-vous sportif. Nous devrions les organiser en 2021. Et donc, nous ne disposions que de 2 ans au lieu des 4 ans requis. L’enjeu pour la RDC était d’organiser les jeux, mais également en profiter pour construire des infrastructures sportives. Le pays n’en comptait pas suffisamment. Le besoin en construction s’imposait.

 À Kinshasa, le patrimoine infrastructurel sportif ne se limitait qu’à deux stades : le stade des Martyrs et le stade Tata Raphaël. De plus, ces stades étaient à réhabiliter. Par rapport aux disciplines sélectionnées pour la 9e édition, il fallait construire un certain nombre d’infrastructures. Le basket-ball était prévu parmi ces disciplines. Le pays n’ayant pas d’infrastructures en basket-ball, il fallait construire deux gymnases, réhabiliter un autre qui était déjà vétuste et qui n’était plus utilisé. Pour le judo, un gymnase devait être aménagé. Il en allait de même pour le tennis de table.

Par contre, dans le domaine culturel, le problème ne se posait pas. Différents sites ont été mis à disposition, à savoir le Palais du peuple, le Musée national, l’Académie des Beaux-arts, le Centre Wallonie-Bruxelles, l’Institut français, de même l’Echangeur de Limete où sera placé le village des partenaires avait été réquisitionné. À toutes ces contraintes, s’est ajoutée une autre. En 2020, nous avons été frappés par ce que le monde entier a dû subir.

La Covid s’était en effet invitée de la partie. Tous les événements internationaux qui étaient prévus pour cette année-là et l’année suivante, en 2021 donc, étaient reportés. Même la Coupe du monde programmée au Japon a été postposée d’une année. Vous vous souvenez, on avait conseillé à tout le monde de rester à la maison. Voyager demandait beaucoup de conditions à remplir, des tests à faire…telle était la situation d’alors Même au niveau du transport des marchandises et autres équipements, on était confronté à de sérieux problèmes.

La construction des infrastructures nécessitait l’achat des matériels et d’équipements provenant de l’étranger. Cela ne pouvait que forcément entraîner une accumulation des retards de livraison. C’est ce qui a fait qu’on n’était pas en mesure d’organiser les jeux en 2021 compte tenu de tous ces impératifs. Dès lors, ils ont été différés pour 2022.

Mais en 2022, les Jeux n’avaient toujours pas eu lieu, pourquoi ?

 D’autres problèmes de gouvernance sont également intervenus. Les comités d’organisation mis en place se sont succédés et nous sommes le quatrième installé. Il était indispensable d’insuffler une nouvelle dynamique. C’est ainsi que le Président de la République a signé une ordonnance, le 22 octobre 2021, pour relancer la machine. Nous avons pris nos fonctions le 8 novembre 2021 et démarré effectivement en août 2022. Je ne disposais de ce fait que de moins d’une année pour préparer les jeux. J’ai commencé à travailler sans tarder en évaluant rapidement l’état des lieux. Tout ce que vous voyez a été construit depuis que nous sommes là. 

Quand nous sommes arrivés, que ce soit au stade des Martyrs, tous les gymnases étaient en plein aménagement, ainsi que le terrain de basket-ball et autres, ou encore le centre d’accréditation… Les espaces qu’on a réhabilités étaient vétustes et inutilisables. Au stade Tata Raphael également, le gymnase maintenant en phase finale pour le judo et la lutte étaient en début de rénovation. Le gymnase pour le tennis de table n’était même pas en réfection. Aujourd’hui, toutes les infrastructures sont presque terminées. 

Il ne reste plus que quelques petits travaux de finissage et, comme le Premier ministre l’a dit, ce 7 juillet, il va réceptionner officiellement les clés pour le gymnase construit aux alentours du stade des Martyrs et le 10, toutes les infrastructures érigées autour du stade Tata Raphael. Pour ce qui concerne l’hébergement des athlètes, la situation due à la Covid-19 a tout retardé parce que le village des athlètes était prévu pour être monté au stade Tata Raphael. Les prestataires retenus devaient importer les matériels de la Chine. Or, à ce moment-là, il y avait une crise de conteneurs, ceux-ci étant bloqués à cause de la Covid, avec impossibilité de sortir les marchandises.

 Cela a pris beaucoup de temps avant que le circuit se remette normalement à fonctionner et que les marchandises commencent à circuler à travers le monde. Respecter la date prévue pour finaliser la construction du village avant août 2022 devenait improbable. Cette situation générale a aussi impacté l’organisation des jeux. Une solution de rechange s’avérait primordiale. Après analyse, j’ai présenté au gouvernement mon plan au mois de février 2022.

En tenant compte de l’esprit des jeux de la Francophonie qui préconise que les athlètes logent en un même endroit dans la mesure où il s’agit de cultiver la culture du vivre-ensemble entre les jeunes, l’idée étant de permettre à ce que les jeunes du sud, du nord, de l’est ou de l’ouest, travaillent ensemble, échangent pour renforcer les liens au sein de la francophonie. Ainsi l’option du village n’étant plus réalisable, j’ai proposé de loger les athlètes à l’Université de Kinshasa.

 Parce que bien avant notre arrivée, le Président de la République avait promis aux étudiants de réhabiliter les homes. Ce qui avait été fait. D’ailleurs, quand je suis arrivé, je suis allé sur place et il n’y avait plus personne, car les travaux de réhabilitation étaient en cours, presque à terme. Ma proposition a été faite en connaissance de cause, car nous n’allions pas être les premiers à loger les athlètes dans un site universitaire.

Est-il déjà arrivé de loger les athlètes sur un site universitaire ?

 À Ottawa, les athlètes ont été logés dans une cité universitaire lors des Jeux de la Francophonie. À Nice, en France, une partie de la cité universitaire a été occupée à cette fin et un bateau de croisière a servi de lieu d’hébergement des athlètes parce que la cité universitaire n’avait pas la capacité de contenir tout le monde. Au Liban, à Beyrouth, on a logé les athlètes dans une cité universitaire. En fait, les jeunes gens qui viennent dans le cadre des Jeux de la Francophonie ont entre 18 et 35 ans. Et, la plupart sont étudiants. 

Donc, en les logeant dans une cité universitaire, ils se retrouvent dans leur environnement naturel. J’avais pensé que c’était nécessaire qu’on les loge à l’université, car une fois les travaux terminés, les étudiants congolais en seraient bénéficiaires. La procédure veut que lorsque vous voulez changer un site de jeux, vous écriviez au Comité international des Jeux de la Francophonie qui envoie les experts, donc les ingénieurs et les architectes pour constater, faire rapport au Comité international. À partir de là, le Comité international convoque une réunion du Conseil d’orientation du Comité international de la Francophonie pour approbation.

C’est alors que vous pouvez changer le lieu ou le site. En réponse aux observations des experts de l’OIF, il était question de satisfaire ces exigences. Ce cahier des charges a été exécuté avec la mise en place d’un système de climatisation, l’installation de douches avec eau chaude dans les chambres, sans oublier la clôture des homes pour la sécurité des athlètes, des rénovations qui n’avaient jamais existé depuis la création de l’Université dans les années 50. Outre l’Université de Kinshasa, sélectionnée pour les athlètes après approbation du Comité international des jeux de la Francophonie, l’hébergement concerne également les nombreuses délégations invitées.

Nous avons le devoir de les loger. Et à ce propos, nous avons opté pour une réservation d’à peu près 500 chambres ici dans la ville parce que c’est nous qui prenons en charge notamment les présidents des fédérations internationales, les arbitres et les juges de touche des différentes compétitions. On a payé 50% à ce jour. La semaine prochaine [début juillet], on va payer les 50 % restants. On solde les 100 % pour garantir l’hébergement des délégations et des athlètes à l’Université de Kinshasa. Je vous informe que lorsque les délégations sont arrivées, c’était à peu près une quinzaine de pays que nous avons accueillis.

Plusieurs pays ont choisi les homes mis à leurs dispositions, où ils voulaient que leurs délégations soient logées. Il y en a qui ont demandé qu’on puisse leur accorder certaines possibilités notamment l’installation de leurs propres dispensaires et la prestation de leurs médecins. Au mois de janvier, nous avons reçu plusieurs délégations notamment de la Belgique, de France, du Canada et d’autres pays qui sont venues pour constater l’évolution des travaux. Au mois de mai, nous avons reçu aussi de fortes délégations notamment des Canadiens en provenance de Québec et au mois de juin, les 9 et 10, nous avons invité toutes les délégations devenir constater les avancées que nous avons enregistrées dans le cadre de la construction des infrastructures, mais également sur le plan de l’organisation.

Les experts ont-ils donné un avis sur l’évolution des travaux d’infrastructure ? 

Au mois de février 2021, les experts ont évalué les travaux qui étaient faits sur le terrain. On a constaté qu’il y avait du retard au niveau de la construction des infrastructures. Le Conseil permanent de la Francophonie qui est composé de représentants des Chefs d’État et de gouvernements membres de la Francophonie s’est réuni, au cours de ce même mois, pour certifier les avancées importantes réalisées et qu’une prolongation d’une année soit accordée pour la finalisation de tous ces travaux.

C’est ainsi qu’au mois de février, la décision de reporter pour la deuxième fois les jeux pour juillet-août 2023 a été prise. Dans l’entre temps, on a continué à travailler, non seulement à réhabiliter notamment le stade des Martyrs et le stade Tata Raphaël. Le stade des Martyrs était un peu abîmé et il fallait le décaper et placer un nouveau tartan. On a réalisé ces travaux, on a avancé sensiblement. 

Comment se présente la situation sur le plan de l’organisation, la santé et la sécurité des participants ?

 Sur le plan de l’organisation, vous devez comprendre une chose que le pays hôte, en acceptant d’organiser les jeux, doit offrir les infrastructures, doit assurer la sécurité des athlètes de l’aéroport au village, du village aux aires des jeux, doit assurer l’hébergement, c’est-à-dire quand ils arrivent sur le territoire, il faut les transporter pour les ramener au village, vous les logez, vous les nourrissez et vous leur assurez toutes les conditions sécuritaires et sanitaires. 

C’est ce que nous avons présenté à toutes les délégations qui sont arrivées ici, les efforts que nous avons faits, notamment sur le plan sécuritaire, de la santé, de transport d’hébergement et sur le plan de la restauration. Pour la restauration, les responsables de l’OIF nous ont recommandé de travailler avec Vivendi Sports qui est une société française de restauration.

On a estimé que c’était un secteur capital et que le Comité national devait travailler en collaboration avec le Comité international pour s’assurer que les repas à offrir aux athlètes soient appropriés pour éviter tout risque d’indigestion pouvant causer une élimination automatique au cours de la compétition.

Pour prévenir tout désagrément, en dépit du coût que cela occasionnerait, nous avons opté pour une collaboration avec ce prestataire qui va offrir une cuisine internationale à même de satisfaire les goûts de tout le monde en toute sécurité sanitaire. Pour ce qui est de la sécurité, il nous est exigé les prestations d’une agence privée de protection civile commise à cette tâche dans l’enceinte du village et à l’intérieur des aires des jeux. Pour nous acquitter de cette obligation, nous avons contacté une société de gardiennage reconnue dans la ville, Delta protection.

Parce que selon les recommandations de la Fédération internationale, il n’était pas accepté que les hommes en uniforme se retrouvent à ces endroits, sauf à l’extérieur. Nous avons également fait appel à la police, à l’ANR et à la DGM (Agence Nationale de Renseignements et Direction Générale de Migration) qui ont mis à notre disposition 4500 agents pour garantir la sécurité à l’extérieur des aires des jeux, en dehors du village, aux abords des hôtels où seront hébergés les officiels.

Dans le domaine de la santé, ils nous ont demandé d’avoir une polyclinique au village des jeunes. On a pris des dispositions à l’Université de Kinshasa et des petits dispensaires dans tous les sites où il y aura des activités sportives et culturelles. En tant que Comité national, nous avons offert la logistique. Pour nous, aujourd’hui, nous sommes en mesure d’organiser cet évènement et nous travaillons pour le faire. Pour leur part, les fédérations internationales et les fédérations nationales vont faire respecter les règles de jeu des compétitions.

Le retard dans les travaux de construction des infrastructures ne vient-il pas de la len- teur du décaissement des fonds au niveau du gouvernement ?

 Combien coûte au Trésor public l’organi- sation des jeux? D’abord, il faut que tous comprennent que les Jeux de la Francophonie ici à Kinshasa sont supportés à 100 % par le Trésor public congolais. Que ça soit pour la construction des infrastructures, ce qui relève de la responsabilité du gouvernement, que ça soit sur le plan de l’organisation. Alors que dans les éditions précédentes, tel que mentionné dans les statuts, notamment à l’époque où la RDC avait accepté d’organiser les Jeux de la Francophonie, lorsque les jeux sont organisés dans un pays en développement, l’OIF contribuerait jusqu’à 50 % du budget organisationnel. 

Sur ce point, il nous faut distinguer les deux types de budgets, à savoir le budget d’investissement et celui d’organisation. Tout ce qui est investissement relève du pays hôte parce que ce sont les investissements qui vont rester pour le pays. Il y a la partie organisation : nous allons nourrir les athlètes et, dans ce que nous allons dépenser pour la restauration, dans tout ce que nous allons faire pour assurer les transports des athlètes, nous attendons la quote-part de l’OIF. Pour loger les athlètes, nous attendons la quote-part de l’OIF. Cela a été revu alors que la RDC avait accepté en sachant qu’elle attendait la contribution de l’OIF. C’est ce qui n’était pas réalisé. 

Le statut a été, entre-temps, modifié et on a enlevé cette possibilité-là. Qu’à cela ne tienne, le pays s’est engagé et est en train de faire des efforts pour organiser cet événement. Si je peux revenir sur les questions des finances, il y a la partie investissement. Le gouvernement congolais a considéré que tout ce qui concerne les investissements relève de la responsabilité du gouvernement et que même si on n’avait pas organisé les Jeux de la Francophonie, on aurait quand même dû construire les infrastructures. Quant au budget organisationnel, nous l’avons préparé ensemble avec le comité international de la Francophonie. 

On a passé en revue rubrique par rubrique parce qu’à l’intérieur de ce budget, il y a une partie qui doit être auditée par le Comité international en raison de sa contribution. Le budget adopté pour la partie organisation se chiffre à 66 millions, 900 mille euros. Ce budget a été adopté par le comité de pilotage des 9e Jeux de la Francophonie, nous l’avons soumis au Conseil d’orientation du Comité international des jeux de la Francophonie, il a été approuvé, ils l’ont soumis au Conseil permanent de la Francophonie qui l’a adopté définitivement. De ce total de 66 900 000 euros du budget organisationnel, le montant de 20 millions d’Euros consiste en la quote-part de l’OIF.

 De plus, il est prévu que tous les athlètes puissent contribuer dans l’ordre de 400 euros pour aider le pays hôte à tenir le coup. Le gouvernement a fourni des efforts et nous avons atteint 60 % du budget et nous attendons que rapidement on puisse mettre à notre disposition les 40 % restants. Parce que ce que nous avons fait avec les 60 %, c’était notamment de commander tous les matériels qui devaient venir de l’étranger, de conclure avec les prestataires locaux sur place. Pour tous ces engagements, on a décaissé des fonds.

Les 40 %, c’est l’OIF qui s’en charge ?

 Non. C’est la RDC qui débourse au préalable ce montant de 20 millions d’Euros. L’OIF enverra ses auditeurs pour vérifier que cet argent a effectivement servi pour la restauration, l’hébergement, le transport et va apporter sa contribution, y compris la contribution des États, sans oublier la contribution de 400 euros par athlète. Tout cela est versé directement à l’OIF. La partie investissement comme pour la construction des infrastructures, on la considère dans le cadre de développement du pays. Ce sont des investissements que le pays consent, que même s’il n’y avait pas de jeux, ils allaient effectuer ces investissements pour notamment la construction des infrastructures. C’est dire que si on avait ces infrastructures, on n’aurait pas construit. Les Jeux de la Francophonie sont juste une opportunité qui contraint le gouvernement à construire parce qu’on avait besoin de ces infrastructures pour organiser les événements. On considère donc que les investissements qui sont occasionnés pour la jeunesse, pour le pays, pas foncièrement pour les jeux, même s’ils vont servir pendant leur déroulement. Dans ma communication, j’essaie de montrer que ce n’est pas de l’argent jeté.  

66 millions d’euros représentent le montant de la partie organisation. À combien s’élève le coût de la construction ?

 Quand vous dites, le coût pour la construction, il faut le prendre dans le cadre du développement du pays. Parce que si on avait toutes ces infrastructures, on n’allait dépenser aucun sou pour ça. Si on a dépensé des sous, on a voulu qu’après les jeux, le pays puisse en bénéficier. Pour l’OIF, il y avait un certain nombre d’infrastructures et on avait juste besoin des espaces à aménager. Nous avons voulu construire les infrastructures durables et les infrastructures gigantesques pour permettre qu’après les jeux, ces infrastructures puissent servir pour d’autres activités. Toutes les infrastructures qu’on a construites sont multisports. Elles peuvent servir aussi bien pour les activités qui étaient prévues pour les Jeux de la Francophonie, mais également pour d’autres activités. Si je prends par exemple le gymnase pour le tennis de table, c’est vraiment immense. Cette infrastructure peut couvrir plusieurs activités sportives. Juste question que l’on s’organise. Ce sont les infrastructures immenses que le pays a construites à la grandeur du pays pour servir la jeunesse congolaise.

Quels sont les pays qui ont confirmé leur participation et com- bien de délégations et jeunes sont attendus à Kinshasa pour ces jeux ? 

43 pays ont confirmé leur participation. À ce jour, le Québec, province du Canada et membre à part entière de l’OIF a officiellement décidé de n’envoyer aucun athlète, en dehors d’une délégation professionnelle et diplomatique. Quant à la Fédération Wallonie Bruxelles, elle va réduire la composition de sa délégation. 

Quelles sont les raisons avancées ?

 Les articles de presse que nous avons lus citent des raisons de sécurité et de santé. Moi je trouve que ce ne sont pas les vraies raisons, celles-ci devant être cherchées ailleurs. Pourquoi ? Parce que la délégation venue au mois de mai, composée du délégué du Nouveau-Brunswick, de celui du Canada fédéral et du Québec avait demandé de rencontrer la plus haute autorité responsable des questions de sécurité. Je les ai accompagnés vers le conseiller spécial en matière de sécurité, lequel coordonne toute la sécurité, c’est-à-dire la police, l’ANR et la DGM. Celui-ci leur a donné toutes les assurances possibles et toutes les dispositions de sécurité prises. Et malgré toutes les  démonstrations sur la fiabilité du fonctionnement en réseaux des services, la délégation avait persisté dans son exigence à entrer en possession du plan détaillé de sécurité. 

Or la divulgation de cette information, en dehors de quelques éléments disponibles, ne pouvait que compromettre la sécurité des athlètes. La proposition qui leur a été faite consistait à ce qu’ils présentent la personne responsable de sécurité de leur délégation, pour qu’elle puisse travailler en symbiose avec la sécurité congolaise. Et même, malgré le privilège d’avoir été reçu par le conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité qui n’a eu de cesse de revenir sur les garanties offertes ou la précision du déploiement des policiers, rien n’a pu les convaincre. 

Dernièrement aussi, le gouvernement français a apporté son assistance avec leur agence Francopol qui avait envoyé des experts ici en vue de former en techniques adéquates les officiers de la police nationale sur la gestion des masses en étant en mesure de contenir les troubles éventuels des supporters lors des pareils événements. Dans le domaine de la santé par exemple, nous avons reçu à trois reprises les experts français qui sont venus pour former nos médecins, dans le cadre de ce qui est appelé « le plan blanc », lequel est mis en place lorsque surviennent des manifestations ou un accident qui peut causer beaucoup de blessés afin de permettre aux médecins d’intervenir rapidement et sauver des vies humaines. La première fois, 50 médecins ont été formés, puis 80 qui seront déployés pour assurer les conditions sanitaires des athlètes. Donc on a pris en compte tout cela. On a demandé d’installer une clinique à l’Université de Kinshasa. Dans toutes les aires de jeu, on a prévu une petite infirmerie pour des interventions urgentes avec possibilité d’un acheminement directement vers un hôpital en cas de nécessité. Nous avons signé un contrat avec l’Hôpital HJ, notre hôpital de référence pour les 9e Jeux de la Francophonie. On a souscrit une assurance pour les athlètes en prévision de toute éventualité, car ce sont des choses qui peuvent se produire partout, pas seulement en RDC.

On a vu ce qui s’est passé en France où on a dû déplorer des attentats à l’intérieur du stade. Alors les gens qui évoquent le problème de santé ou de sécurité, je pense que ce sont des fauxfuyants. La vérité on la saura, elle est peut-être ailleurs. Parce que je ne peux pas comprendre que le Québec renonce à participer, alors qu’ils sont venus dans la délégation. Qu’est-ce qui peut justifier ce désistement ?

En dehors du Qué- bec, il y a également le Rwanda qui avait déjà confirmé qu’il serait absent ; quelles sont les conditions sur la présence de la secrétaire générale de la Francophonie ? Estce qu’elle sera bien là ?

Les jeux sont organisés par l’OIF, comme je vous ai dit, les Jeux de la Francophonie sont, selon le statut, organisés par le comité international et le comité national sous la supervision de l’Organisation internationale de la Francophonie. Donc, la personne qui organise c’est le numéro un de l’OIF. Pour ce qui est du Rwanda, il s’était bel et bien inscrit pour participer, mais à l’étape suivante, celle de la confirmation, on a constaté qu’il ne s’est pas prononcé. Toutefois, la secrétaire générale est la bienvenue, parce que c’est elle qui organise les jeux. Je vous informe que possiblement la semaine prochaine, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et Francophonie fera un déplacement pour Paris afin de lui remettre son invitation en mains propres et lui souhaiter la bienvenue à Kinshasa pour les Jeux de la Francophonie. 

 Les experts de l’OIF avaient recommandé au CIJF d’exiger de recevoir les clés des infrastructures 3 mois avant les jeux. Comment expliquez-vous qu’à quelques jours du coup d’envoi, les travaux se poursuivent encore ? 

Et vous parlez de rendre les clés de manière officielle au Premier ministre entre le 7 et le 10 Juillet ? On l’a toujours dit, dans l’organisation des tels événements, il y a toujours eu des délais de ce genre. C’est une mesure préventive pour maintenir une pression pour livrer au plus tôt les infrastructures. Cela permet à ce qu’on puisse effectuer des tests et offrir la latitude aux athlètes du pays hôte, mais aussi des autres pays de s’entraîner parce qu’à partir du 15, certains arriveront déjà avant de commencer les jeux le 28 juillet. Ce calendrier n’est pas vraiment quelque chose qui puisse handicaper l’organisation des jeux.

Sur le plan des infrastructures, après la dernière visite des sites des jeux effectués par le Président de la République, il a été constaté le retard  des travaux notamment sur le site du stade Tata Raphaël. Où en sommes-nous aujourd’hui ? 

 Au stade Tata Raphaël, il faut juste dire une chose. Ce qui est important pour l’organisation des jeux et les athlètes, c’est de pouvoir se servir d’une aire de jeu opérationnelle, un vestiaire disponible, des sanitaires accessibles ainsi qu’un espace pour l’infirmerie et l’antidopage. Et ça, c’est prêt pour organiser les jeux. Ce qui est en train d’être accompli au stade Tata Raphaël doit tenir compte de son ancienneté qui remonte certainement aux années 50. Cela nécessitait que le gouvernement prenne la décision de réhabiliter ce stade. 

Des travaux importants sont déjà en cours et vont continuer à être exécutés même après les jeux. Ces travaux ne concernent pas l’organisation des jeux et n’ont aucun impact sur elle. Les athlètes n’ont en effet pas besoin d’espaces comme des bureaux. Oui, les travaux avaient pris un peu du retard, et ce sont les travaux qui vont continuer parce que c’est tout le système de plomberie et d’électricité qu’on a changé au stade Tata Raphaël, on a modifié un certain nombre de choses pour rendre ce stade, qui était complètement abandonné, utilisable.

Les États membres de la Francophonie réunis à la 123e session du Conseil Permanent de la Francophonie (CPF) à Paris ont demandé à la RDC de relever les derniers défis liés à l’organisation des Jeux de la Francophonie sur le plan de l’infrastructure, de la santé, de la sécurité et du transport des athlètes et des organisateurs. Quelles sont les mesures prises à cet effet ?

 J’ai signalé qu’il y avait des défis d’ordre infrastructurel, c’est-à-dire qu’il fallait rapidement finaliser. Car, lorsque je me suis rendu à cette rencontre, il y avait encore quelques travaux de finition qui étaient prévus pour certaines infrastructures. J’avais toutefois précisé que nous faisions des efforts considérables pour les mener à terme. Pour la question de transport, les experts avaient exprimé des inquiétudes notamment pour la distance entre l’université et les aires des jeux avec le nombre impressionnant de véhicules en circulation sur les routes. Pour eux, la crainte est que cette situation se produise quotidiennement pendant les jeux avec toutes les difficultés liées au déplacement des athlètes.

Kinshasa est une ville embouteillée. Quelles dispositions sont prises pour que les athlètes qui seront hébergés à l’UNIKIN puissent at- teindre les sites des compétions tous les jours à l’heure ?

 Nous avons rassuré que le gouvernement avait pris la décision de dédier une voie uniquement pour les Jeux de la Francophonie. C’est-à-dire que durant les jeux, cette période, la voie qui va partir de l’Université aux aires des jeux sera réservée uniquement aux véhicules qui vont transporter les athlètes pendant les heures de pointe. 

Cette décision va faciliter la circulation du village aux aires de jeux. Mais aussi, sur ce que les  services m’ont dit, des policiers seront placés tout le long de cette voie dédiée justement pour faire en sorte que certains chauffeurs délinquants ne puissent pas venir obstruer la circulation sur ce trajet. 

Ce sont ces préoccupations des problèmes de circulation à Kinshasa que j’ai relevées en toute franchise, mais pour lesquelles une solution a été apportée. Il y a plusieurs athlètes congolais qui auraient souhaité participer aux jeux de la Francophonie, mais qui n’ont pas été contactés. Pour certaines personnes il y a un problème d’organisation ou de cohésion ticipant. Et cela relève du ministère des Sports et de celui de la Culture et des Arts. C’est au ministère des Sports de lancer le processus pour sélectionner les meilleurs dans les différentes disciplines en vue de gagner le plus de médailles ; le ministère de la Culture et des Arts se doit de procéder également au choix des meilleurs jeunes artistes du pays pour gagner suffisamment des médailles. 

Les Kinois ne semblent pas assez mobilisés pour cet événement. Comment faites-vous pour mieux sensibiliser les Congolais à s’approprier ces jeux ?

 Nous y travaillons sérieusement et produisons plusieurs émissions à cet effet. Nous réalisons des animations périphériques. Par exemple, nous avons effectué une descente à la Place des artistes, au rond-point Victoire à Matonge. Je peux vous certifier qu’il y avait eu un monde fou là-bas. Toutefois, je dois avouer qu’il s’est installé une sorte de défiance à l’égard de la francophonie au sein de l’opinion publique congolaise.

Pour notre part, notre message consiste à dire à l’opinion publique congolaise que grâce à ces jeux, nous construisons des infrastructures que nous léguerons à notre jeunesse. En outre, cet événement représente une belle vitrine pour la visibilité de notre pays et changer son narratif à l’international. Plusieurs nationalités seront présentes sur notre sol.

En raison d’une couverture médiatique planétaire, l’attention du monde entier sera focalisée sur la RDC. Il faut noter aussi que l’ensemble des visiteurs de cette manifestation seront désormais nos futurs ambassadeurs auprès de leurs parents et de leurs compatriotes s’ils rentrent avec une bonne image de leur séjour chez nous. Il y a des gens qui viendront ici et qui ne l’auraient jamais fait autrement s’ils n’avaient eu écho de ces jeux. On sait que la fille de Mohamed Ali qui n’était pas encore née lorsque son père est venu combattre a voyagé ici au Congo pour voir le stade où a eu lieu sa victoire. C’est-à-dire que quelque part il y a un petit lien qui lie cette famille-là à la RDC. C’est ce que nous recherchons également en organisant de tels événements.

Pensez-vous que c’est le plus grand événement sportif depuis plusieurs années organisé en RDC ?

 En termes d’organisation, cette manifestation d’envergure constitue un atout pour notre pays : depuis l’historique combat de boxe de 1974 ayant mis aux prises Mohammed Ali et Georges Foreman, aucune autre de cette ampleur du type CAN, CHAN, ou quoi que ce soit n’a jamais eu lieu. Pour nous, en organisant un événement aussi complexe que celui-ci, nous pourrons demain ou après-demain planifier d’autres activités sportives importantes. 

Par exemple, entre la RDC et le Congo Brazza qui ont postulé pour le déroulement du CHAN l’année prochaine, on s’attend à ce qu’on nous accorde peut être sa logistique. Ce qui serait la conséquence de l’aménagement de nos infrastructures. Donc vous comprenez que c’est une opportunité pour notre pays. On peut se référer à ce titre à la Côte d’Ivoire qui, après avoir organisé la 8e édition des Jeux de la Francophonie, abritera la CAN de l’année prochaine. 

Cette confiance consentie à un pays organisateur résulte de l’expertise engrangée, comme peut le témoigner l’expérience acquise par les jeunes gens qui travaillent avec moi au Comité national. Aujourd’hui ils détiennent une bonne compréhension de l’organisation d’un événement international de cette dimension. Ils savent comment réagir dans le domaine de la santé, de la sécurité, du transport, de l’hébergement, de la restauration… Cette expérience n’ira qu’en grandissant par la multiplication d’événements et c’est ce que nous recherchons. Au total, il y a beaucoup à gagner à organiser de tels événements. 

D’ailleurs, sur le plan international, de nombreux pays se battent pour les tenir chez eux parce qu’ils sont conscients des multiples retombées diplomatiques, économiques et des possibilités d’investissement aussi.

 La beauté des jeux, c’est aussi la cérémonie. Quelle structure va concevoir ou assurer l’événementiel lors de l’ouverture de ces Jeux ?

La manifestation débutera d’abord par la cérémonie d’ouverture qui aura lieu au stade et sera marquée par la présence des grands invités de marque et présidée par le Chef de l’État. Ses homologues, Chefs d’État y seront invités ainsi que d’autres officiels. Parmi ces derniers, en dépit de l’absence des athlètes de certains pays, leurs délégations officielles seront néanmoins sur place conformément aux normes diplomatiques. Parce qu’on a voulu frapper un grand coup à l’occasion de la cérémonie d’ouverture, nous sommes allés chercher un grand prestataire de niveau international. Il s’agit de Vivendi Sports. 

En   outre, pour égayer la cérémonie, nous sommes en train de négocier l’intervention de quelques artistes de renommée internationale, mais aussi des Congolais. Vous savez, en matière de culture, nous n’avons pas à chercher ailleurs, nous pouvons regarder autour de nous et trouver les meilleurs ! On a vu à la CAN, bien qu’elle ait été célébrée au Cameroun, c’est un Congolais qui l’a agrémenté. On l’a également vu à la Coupe du monde au Qatar, où il avait été fait appel à un Congolais. Donc, sans devoir le dire publiquement, nous nous attelons à mettre sur scène des artistes qui égayeront la manifestation.

Donc à quelques jours de l’évènement, il n’y a encore aucun pro- gramme des manifestations ?

 Pas du tout ! Mais nous ne voulons pas encore l’étaler sur la place publique. La population le saura en temps utile. Mais nous peaufinons sérieusement le programme pour qu’il y ait une bonne cérémonie d’ouverture et de clôture. 

Qui sont les invités qui ont confirmé leur présence ainsi que les États, mais aussi les Chefs d’Etat et de gouvernement ? 

Le ministre des Affaires étrangères a lancé les invitations à tous les ministres des 88 pays membres ayant la Francophonie dans leurs attributions. Le Président de la République a fait mêmement en lançant des invitations à ses homologues Chefs d’État et Chefs de gouvernement pour venir à la cérémonie d’ouverture. Donc ça se gère au niveau de la Présidence et du ministère des Affaires étrangères pour ce qui concerne les délégations officielles. Mais nous, à l’échelon de l’organisation, nous avons convié les présidents des fédérations des différentes disciplines des pays qui sont prévus dans le cadre des Jeux de la francophonie. Au niveau national, on va également inviter toutes les autorités qui assistent généralement à ce genre d’événements internationaux et puis les Chefs d’État et chefs de gouvernements ont aussi des invités personnels qui viennent participer à cet événement. Ça se fait au niveau des instances attitrées.

Avec le désistement du Québec, vous nous avez dit tout à l’heure, jusqu’à ce jour, l’OIF ne vous a pas encore versé sa part de contribution à hauteur de 20% du budget de l’organisation. Avez-vous l’impression que la RDC n’est pas soutenue au niveau international par la CIJ pour l’organisa- tion des 9e Jeux de la Francophonie ? 

Je dois l’avouer, j’ai l’impression que contrairement aux principes énoncés de solidarité entre pays francophones, le soutien est quelque peu timide. On a pu observer par rapport aux éditions précédentes, du fait que les Jeux de la Francophonie sont considérés comme devant témoigner de la solidarité, il est normalement indiqué de donner un coup de main aux pays hôtes afin qu’ils réunissent tous les moyens nécessaires pour accueillir dans les meilleures conditions les jeunes qui viennent de partout. Malheureusement, on n’a pas beaucoup senti cet engagement. Nous avons écrit à plusieurs États membres pour solliciter leur soutien que ce soit sur le plan matériel par exemple par l’acquisition des ambulances ou d’autres biens et services, notamment sur le plan de l’expertise dans le but de combler l’inexpérience de débutant en organisation de ce type.

Il n’y a pas eu de retour, pas de réel accompagnement ? 

Non, il n’y a pas eu de réel accompagnement, c’est vrai il faut le reconnaître. Mais pour nous, parce qu’on a accepté de l’organiser, on est déterminé à relever le challenge. On est prêt à mettre le maximum de moyens pour atteindre cet objectif et c’est sur cette lancée que nous évoluons. 

Pour les personnes qui doivent venir participer aux 9e Jeux de la Francophonie, comment s’organise la RDC du côté administratif pour l’obtention des visas et autres documents ? Il faut qu’on le dise, dans toutes  les éditions précédentes, il n’y a pas un seul pays qui a offert les visas gratuitement. La RDC a décidé de le faire en faveur de toutes les délégations qui viendront à Kinshasa dans le cadre des Jeux de la Francophonie. C’est vraiment quelque chose à faire valoir parce que vous savez, si on doit comptabiliser ces frais administratifs, c’est un manque à gagner important que le pays a dû supporter.

Je vais revenir encore en arrière : on parle de problèmes d’infrastructures en RDC. Quelles sont les conditions pour organiser les 9e Jeux de la Francophonie ?

 Les conditions, il faut qu’on le dise clairement. Les Jeux de la Francophonie s’organisent en alternance, une fois dans un pays du sud et une fois dans un pays du nord. Les critères sont la disponibilité des infrastructures. L’une des conditions est que le pays doit aligner suffisamment des infrastructures ou prévoir un projet de construction d’infrastructures pour le développement du pays. La RDC est venue au secours de l’Organisation internationale de la Francophonie dans le sens qu’après que la Côte d’Ivoire ait organisé la 8e édition, la 9e devait en principe se tenir dans un pays du nord, et on l’a confié au Nouveau-Brunswick. Après 2 ans, le Nouveau-Brunswick a renoncé, et c’est la ville de Sherbrooke au Québec qui a voulu prendre la relève. Cette dernière s’est également désistée. C’est alors que la RDC est venue à la rescousse pour sauver la 9e édition. Elle était la seule candidate qui s’est présentée pour l’organiser.

Donc on n’a pas respecté les critères établis, mais on nous a quand même retenus ? 

Non, les critères pris en compte étaient que sur le plan de la culture, le pays devait compter assez d’infrastructures pour organiser les jeux, tandis que sur le plan du sport, le pays avait un projet de construire des infrastructures sportives. Et donc, sur cette base, on lui donne la possibilité d’organiser les jeux et de construire ses infrastructures. 

On dit qu’à chaque responsabilité exercée, il y a toujours une expérience acquise. Cela va faire plus d’une année que vous êtes à la tête du Comité National de Jeux de la Francophonie pour relever ce défi.

Est-ce qu’on peut savoir quelle est l’expérience que vous avez acquise et quelles sont les difficultés rencontrées jusqu’à ce jour ?

 Les difficultés, il y en a toujours, mais c’est dans les difficultés que l’homme se forge. Quand nous sommes arrivés, on a été confronté à beaucoup d’entre elles : les infrastructures étaient en phase initiale de construction, au stade de la fondation. On a travaillé durement. Il faut dire qu’il y a eu des défis énormes et que la réussite d’un tel événement nécessite l’efficacité de telle ou telle équipe. Pour moi, j’ai appris beaucoup de choses.

 Pour l’organisation, qu’est-ce qui est fait pour rassurer des délégations qui sont encore dubitatives ? Ou aussi pour rassurer tous les Congolais et les autres pays à ne pas annuler leur participation ?

La RDC est un grand pays francophone. Elle a comme langue officielle le français alors que d’autres pays membres de la Francophonie utilisent deux ou trois langues officielles. Elle tient à la Francophonie, le gouvernement congolais tient à la Francophonie. La preuve est que nous avions organisé le Sommet de la Francophonie ici dans notre pays. Maintenant, nous nous apprêtons à organiser les Jeux de la Francophonie. Ce sont les deux événements majeurs de l’Organisation internationale de la Francophonie.

 Donc, nous avons accepté d’organiser les jeux, nous avons  consenti des efforts considérables. À ce jour, nous sommes prêts à accueillir les athlètes. Le Président de la République s’est impliqué personnellement. Il a effectué à trois reprises les descentes sur le chantier pour évaluer l’état d’avancement des travaux.

 Le Premier ministre qui est le superviseur du Comité National des jeux de la Francophonie a effectué plusieurs fois des visites des différents sites. La toute dernière a eu lieu la semaine passée. Cela démontre à suffisance l’engagement et la détermination au plus haut niveau de l’État à organiser cet événement. Nous demandons à tous les pays membres de la Francophonie d’honorer le rendez-vous de Kinshasa. Kinshasa les attend et va les accueillir à bras ouverts. Les jeux vont bel et bien avoir lieu. Ce que je vais dire aux États qui hésitent à venir, c’est que les Jeux de la Francophonie sont un événement important pour cette communauté. C’est ça qu’on appelle la Francophonie des peuples, qui permet de réunir les jeunes du sud, du nord, de l’est et de l’ouest.

 Aujourd’hui, si nous essayons de scier l’arbre sur lequel on est assis, on est en train de rendre un mauvais service à l’Organisation internationale de la Francophonie. Moi j’appelle tous les États à envoyer leurs délégations. Nous allons prendre toutes les dispositions nécessaires pour les accueillir. À la population congolaise, je lui demande d’accueillir ces jeunes gens qui vont arriver chez nous parce que nous avons voulu organiser ces jeux pour que le monde puisse voir que notre pays a la capacité de faire mieux.

Notre pays n’est pas seulement celui que l’on connaissait hier comme celui avec une capitale du viol, comme pays où sévit tout le temps la guerre. Nous ne voulons pas de la guerre. Parce que nous savons que le sport est un vecteur important de paix et de développement. Nous avons accepté d’organiser ces jeux, c’est parce que nous avons soif de paix et soif de développement dans notre pays. Nous pouvons rassurer l’opinion publique tant nationale qu’internationale que le gouvernement congolais est déterminé à organiser ces jeux,  et nous allons y parvenir.

Un dernier mot à tous les Congolais qui vous lisent. Si vous pouvez revenir sur la jeunesse, qu’est-ce qu’elle gagne à travers ces jeux ? 

À l’avantage de la jeunesse, si vous avez l’occasion de passer au stade des Martyrs, vous allez remarquer d’innombrables jeune en train de travailler. On ne le souligne pas assez, la construction de ces infrastructures a apporté de l’emploi aux jeunes désœuvrés qui, hier, se trimballaient dans les rues. J’avais suivi une vidéo qui diffusait dernièrement le témoignage de ces jeunes gens qui, grâce à ce travail, ont pu se marier, avoir des enfants, être en mesure d’envisager des projets, ainsi de suite. Et ça, c’est un peu comme ça que ça se passe dans le monde entier, quand on lance des grands travaux, il s’ensuit la création d’emplois.

 En outre, il convient de reconnaître qu’avant les Jeux de la Francophonie, le pays ne possédait pas suffisamment d’infrastructures. Après les Jeux de la Francophonie, nous en dénombrerons plusieurs. Les jeunes gens qui ont du talent pourront trouver à faire au lieu de rester oisifs ou déambuler ici et là,  grâce à ces infrastructures à leur portée. Ils pourront s’exercer et devenir de petits champions. Donc, les jeunes ont beaucoup à gagner. Aussi, comme je l’ai dit tantôt pour l’Université de Kinshasa, on a déployé la fibre optique qui va faire en sorte que pendant et après les jeux, les jeunes gens au village utilisent Internet sans fil. Un autre aspect porte sur la réhabilitation des homes. 

Si vous voyez les photos d’avant la promesse du Président de la République de réhabiliter les homes, vous verrez bien que le résultat est énorme. Et ce qu’on est venu ajouter dans le cadre des Jeux de la Francophonie l’est encore beaucoup plus.

Depuis que l’université a existé comme je l’ai dit tantôt, les changements apportés dans les aménagements offriront aux étudiants un cadre comparable à leurs collègues qui sont à Louvain ou ailleurs… On a renforcé la sécurité en clôturant les homes de l’université. L’avantage aussi est que même à un moment donné, l’université commençait à perdre une partie de son terrain, grignoté par la population.

Maintenant qu’on a clôturé, on a sécurisé tout cela. Les étudiants qui seront à l’intérieur du campus seront dans des conditions sécurisés. Le tout constitue des investissements importants consentis dont héritera la jeunesse congolaise. Tout ça trouve son origine dans les Jeux de la Francophonie, et cela va bénéficier à la jeunesse congolaise.

Propos recueillis par Olyncia MUHONG

Interview

ENTRETIEN EXCLUSIF : « Tout est prioritaire dans le secteur de la décentralisation » EUSTACHE MUHANZI Ministre d’Etat en charge de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles

Dans une interview exclusive accordée à Heshima Magazine, le ministre d’Etat en charge de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles est revenu sur ses actions menées dans ce secteur vital pour le développement de la RDC à partir de la base. Fonctionnement des entités territoriales décentralisées (ETD), effectivité de la Caisse nationale de péréquation avec à la clé des nouveaux animateurs nommés par ordonnance présidentielle en 2022…, Eustache Muhanzi Mubembe explique tout.

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Heshima Magazine : Monsieur le Ministre d’Etat, ministre de la Décentralisation et Réformes institutionnelles, la Constitution du 18 février 2006 a intégré l’option de la décentralisation dans l’organisation poli- tique et administrative du pays. En quoi celle-ci est bénéfique à la RDC ?

 Eustache Muhanzi : La décentralisation est une réforme fondamentale consacrée par le constituant sur le plan de l’organisation administrative territoriale en République Démocratique du Congo. Il s’agit, en effet, d’un mode d’organisation et de gestion des affaires publiques qui consiste au transfert d’un certain nombre de compétences, de responsabilités ainsi que des ressources correspondantes à des entités territoriales de base, appelées entités territoriales décentralisées, (ETD). Aux termes de l’article 3 alinéa 2 de la Constitution, par entités territoriales décentralisées, il faut entendre la ville, la commune, le secteur et la chefferie. 

Quel est l’objectif ultime de cette forme d’organisation de l’Etat ?

 L’objectif ultime poursuivi à travers cette organisation est double : d’une part, rapprocher l’administration des administrés dans l’optique de la consolidation démocratique et, d’autre part, créer des véritables centres d’impulsion du développement à la base en favorisant la prise en charge optimale des préoccupations de nos populations. En cela, la décentralisation constitue un outil puissant de transformation positive de notre société, de notre pays qui, du reste, aspire au développement intégral et au mieux-être de son peuple. Et, considérant les dimensions continentales de notre pays, il va de soi que, contrairement à la centralisation, la décentralisation est la réponse idoine, le choix efficace et approprié en termes d’organisation administrative territoriale.

Depuis le lancement du processus consécutivement à la promulgation de la Constitution du 18 février 2006, des avancées ont été réalisées notamment en ce qui concerne le cadrage juridico-institutionnel et stratégique. A ce jour, une série de lois de mise en œuvre de la décentralisation a été adoptée. L’on peut citer entre autres la Loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces du 30 juillet 2008, la loi organique portant composition, organisation et fonctionnement des ETD et leurs rapports avec l’Etat et les provinces du 7 octobre 2008, la loi organique portant fixation des subdivisions territoriales à l’intérieur des provinces du 18 mai 2010, la loi portant organisation et fonctionnement des services publics du pouvoir central, des provinces et des ETD.

On peut également mentionner le Cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation, en sigle CSMOD, qui sert d’outil de planification stratégique de l’implémentation de cette réforme. Enfin, sur le plan institutionnel, un comité national de mise en œuvre de la décentralisation composé d’un comité interministériel de pilotage et d’une cellule technique d’appui à la décentralisation a été mis en place.

Pensez-vous que depuis l’institution de cette décentralisation les choses fonctionnent mieux qu’avant ?

 Il faut le reconnaître, tout n’a pas été parfait. Il demeure encore des défis à relever, notamment du point de vue du transfert effectif des compétences et des ressources aux ETD pour consolider leur autonomie, d’organisation effective des élections municipales et locales, d’appui technique en vue de la capacitation des animateurs et des structures des ETD, de gestion des problématiques sociologiques induites par cette réforme ainsi que la mise à niveau et la modernisation de l’administration de mon ministère.

C’est à cela que nous travaillons. Fort de ces acquis, du ferme engagement du gouvernement de la République en faveur de la mise en œuvre de cette réforme et de l’adhésion de nos populations, je suis convaincu que le processus est irréversible et il y a de quoi espérer voir un nouveau jour sur nos ETD dans la perspective de la concrétisation du développement à la base.

En arrivant à la tête de ce ministère, vous avez annoncé le renforcement des capacités techniques et administratives du personnel et la finalisation des travaux de révision du cadre organique des administrations. Où en sommes-nous ? Quelles sont les priorités dans votre secteur ?

L’une des premières actions menées à la tête de ce ministère a été de rétablir le contact direct et permanent entre les administrations, les agents des administrations et l’autorité ministérielle que je suis, avec mon cabinet, dans l’optique d’instaurer une collaboration efficace et empreinte de la vision du gouvernement de la République dans le secteur de la décentralisation et des réformes institutionnelles. A travers cette approche, il était question pour moi de m’enquérir de l’état d’esprit de nos administrations, de leurs conditions de travail et de cerner leurs préoccupations et aspirations dans le cadre du service public.

C’était aussi l’occasion de leur communiquer les orientations claires quant au travail à élaborer et aux résultats attendus au regard des défis de notre secteur. C’est donc vous dire l’importance que j’attache à l’administration, mieux à l’agent qui doit être suffisamment outillé pour contribuer substantiellement à l’opérationnalisation des actions du ministère.

A ce jour, au vu du renforcement des capacités techniques et administratives, nous avons institué un système de travail participatif qui favorise le partage d’expériences, le transfert des connaissances et la motivation du personnel à la tâche. Dans le même temps, avec l’appui de nos services techniques, mon cabinet travaille sur des modules de formation au profit des agents de nos administrations qui seront disponibles dans les jours à venir.

Enfin, en fonction de divers partenariats, nous avons en projet des activités de formation et d’échanges d’expériences toujours dans l’optique d’outiller techniquement et administrativement nos agents. Voilà donc la stratégie globale d’instauration pour la mise à niveau du personnel de nos administrations de la décentralisation et des réformes institutionnelles.

Par ailleurs, en ce qui concerne les cadres organiques de nos administrations, les travaux de révision ont pratiquement été finalisés au ministère. Nous en sommes maintenant à la phase de concertation et de validation en collaboration avec le ministère la Fonction Publique, Modernisation de l’Administration publique et Innovation du Service public. Le processus va donc connaître son aboutissement dans un futur proche.

Quelles sont vos priorités dans ce secteur ?

 Au chapitre des priorités, il faudrait noter que tout est prioritaire dans le secteur de la décentralisation et des réformes institutionnelles. Néanmoins, par un exercice de rationalisation, l’on peut noter comme priorités : la redynamisation et la mise à niveau des administrations et des structures du ministère ; la révision du cadre juridique et la rationalisation du cadre institutionnel relatifs au processus de mise en œuvre de la décentralisation ; l’actualisation et la mise en œuvre du Cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation ; l’actualisation et la mise en œuvre de la Stratégie nationale de transfert des compétences et des ressources aux provinces et aux entités territoriales décentralisées ; l’opérationnalisation des mécanismes de financement du développement local, dont la Caisse nationale de péréquation ; l’éclosion de l’administration des réformes institutionnelles et la mise en place des outils de conception, d’encadrement, d’accompagnement, de vulgarisation et de mise en œuvre des réformes.

Le 4 juillet dernier, lors d’une séance de travail au siège du PNUD, vous avez présenté votre programme d’actions. A quand l’opérationnalisation de la Caisse nationale de péréquation ? Qu’est-ce que le public peut comprendre par la péréquation ?

 La Caisse nationale de péréquation est un élément important de la stratégie nationale du développement que le constituant a voulu partant de la base vers le haut. Le processus de son opérationnalisation La Caisse nationale de péréquation est un élément important de la stratégie nationale du développement que le constituant a voulu partant de la base vers le haut. Le processus de son opérationnalisation est en marche.

Des nouveaux animateurs ont été nommés par ordonnance présidentielle il y a quelques mois, exactement le 3 septembre 2022. A ce jour, la Caisse nationale de péréquation fonctionne déjà avec un personnel minimum. Des concertations sont en cours avec le ministère des Finances afin de déterminer les modalités d’activation du fonds de péréquation qui doit être alimenté par le Trésor public à concurrence de 10% de la totalité des recettes à caractère national revenant à l’Etat annuellement, et ce aux fins d’assurer à la Caisse nationale de péréquation l’accomplissement de sa mission constitutionnelle.

Vous avez l’ambition de transférer les compétences et les ressources aux provinces et aux ETD. Comment comptez-vous vous y prendre ? Le transfert de compétences aux ETD doit toujours être accompagné d’un transfert de ressources. Est-ce possible dans le contexte actuel ?

Le transfert des compétences et des ressources aux provinces et aux ETD ne se décrète pas. C’est un processus qui implique une planification, un cadre de suivi, des mécanismes d’accompagnement et l’adhésion de tous les acteurs de la décentralisation. La stratégie nationale de transfert des compétences et des ressources aux provinces et aux ETD repose sur quatre piliers, à savoir : (1) l’élaboration et l’adoption des lois organiques de mise en œuvre de la décentralisation, (2) l’élaboration et l’adoption des lois sectorielles relatives aux domaines faisant l’objet du transfert des compétences ainsi que leurs mesures d’application, (3) l’élaboration du calendrier du transfert des compétences et des ressources humaines, financières et patrimoniales correspondantes et, enfin, (4) la mise en place des fonctions publiques centrales, provinciales et locales.

A ce jour, des avancées importantes ont été réalisées. Les lois organiques d’établissement de la décentralisation ainsi que les lois sectorielles des domaines faisant l’objet du transfert des compétences ont été promulguées. Les efforts sont maintenant concentrés sur l’actualisation et l’exécution du calendrier de transfert susdit ainsi que sur l’installation des administrations provinciales et locales. En définitive, il faut noter que le processus est irréversible tant il s’agit d’exécuter la volonté du constituant.

Quel est le critérium pour être élu à la tête d’une ETD ?

Le critérium d’éligibilité est établi par la loi électorale. Et, conformément à l’article 9 de cette loi, pour être élu, il faut remplir les conditions suivantes : être de nationalité congolaise ; avoir l’âge requis à la date de clôture de dépôt de candidature ; jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques ; ne pas se trouver dans un des cas d’exclusion prévus par la loi électorale; avoir la qualité d’électeur ou se faire identifier et enrôler lors du dépôt de sa candidature ; avoir un niveau d’études requis ou justifier d’une expérience professionnelle avérée dans l’un des domaines suivants : politique, administratif, économique ou socioculturel.

C’est ici l’occasion d’encourager nos concitoyens, particulièrement les jeunes et les femmes, à s’engager dans le processus pour briguer des sièges tant au niveau des organes délibérants que des organes exécutifs de nos ETD afin de parfaire et consolider l’implémentation de la décentralisation dans notre pays.

Dans votre programme de travail, vous comptez aussi promouvoir le genre. Par quel mécanisme pensez-vous atteindre ce but ? 

La promotion du genre est un impératif du développement. Cela implique effectivement l’agencement des conditions et mécanismes pouvant donner l’occasion à la femme d’avoir sa place, de s’épanouir et de repousser au maximum les limites par rapport à ses ambitions. Pour ma part, je me suis engagé à éradiquer toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme, à promouvoir les femmes dans les postes de commandement sur base de la méritocratie et promouvoir des mécanismes de renforcement des capacités des femmes pour leur autonomisation. 

Quand est-ce que les textes légaux sur la décentralisation traduits en 4 langues pourront être vulgarisés ?  

La diffusion des textes légaux traduits en quatre langues nationales constitue une obligation constitutionnelle qui incombe au gouvernement de la République en vertu de l’article 142 alinéa 2 in fine de la Constitution. Pour ce qui est des textes légaux régissant la décentralisation, la traduction dans les quatre langues nationales que sont le lingala, le swahili, le tshiluba et le kikongo a déjà été réalisée par la cellule technique d’appui à la décentralisation, CTAD en sigle. L’impression et la diffusion interviendront dans un avenir proche. Des pourparlers sont en cours avec certains partenaires pour appuyer ces activités.

Vous envisagez aussi appuyer les provinces et les ETD démunies en infrastructures. Avec quels moyens ?

En vertu de l’ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de l’entité territoriale décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition, les provinces et les ETD disposent d’un certain nombre de ressources qu’elles sont censées gérer de manière autonome. En sus de cela, les provinces ont droit à une part des recettes à caractère national établie à 40%. Sur cette part des recettes à caractère national allouées aux provinces, les ETD ont également droit à 40%.

La répartition de cette enveloppe aux ETD, fautil le souligner, se fait sur base de la capacité de production, de la superficie et de la population de chacune d’elles. Il y a également la Caisse nationale de péréquation qui est un mécanisme de financement des projets d’investissement et de développement en faveur des provinces et des ETD. Pour ma part, en tant que ministre de la Décentralisation, je m’engage à mobiliser tous les acteurs impliqués pour arriver à l’activation et au fonctionnement optimal de tous ces mécanismes de financement des provinces et des ETD.

Pour ce faire, la stratégie nationale de transfert des compétences et des ressources aux provinces et aux ETD sera mise à contribution. Enfin, au niveau de mon cabinet, des réflexions sont en cours en vue de concevoir et d’étudier d’autres mécanismes d’appui technique et financier en faveur des provinces et des ETD dans l’optique de les doter des capacités d’intervention s’inscrivant dans la consolidation de la libre administration et de l’autonomie de gestion. 

Apparemment les provinces et les ETD dépendent toujours de Kinshasa, surtout en ce qui concerne les infrastructures. A quand la libre administration des provinces et des ETD ?

Encore une fois, il convient de noter que la décentralisation ne se décrète pas. C’est un processus irréversible, certes, mais qui se met en place progressivement et nécessite une certaine pédagogie devant conduire tous les acteurs à intérioriser les principes et les modes opératoires de cette nouvelle organisation administrative territoriale qu’est la décentralisation. Le plus important à retenir est qu’il y a des avancées dans ce sens qui se consolident avec le temps et que surtout au niveau du gouvernement de la République l’engagement est ferme quant à la matérialisation de la libre administration et de l’autonomie de gestion des provinces et des ETD.

Votre ministère a-t-il un lien avec le Programme des 145 territoires ? Y êtes-vous impliqué ? 

Le Programme de développement local des 145 Territoires, en sigle PDL-145, est un projet structurant d’une très grande importance qui s’inscrit dans la vision du Président de la République, SEM Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, de faire de nos entités territoriales de base des véritables foyers de développement socioéconomique en faveur de nos populations. Le ministère de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles est bien impliqué dans ce projet du gouvernement.

Ministre au sein du gouvernement Ilunga Ilunkamba, puis au sein de Sama I et II, vous êtes parmi les rares qui sont là depuis l’accession du président Tshisekedi à la magistrature suprême. Quel est votre secret ?

 En tant que chrétien, je dirai que c’est d’abord la grâce de Dieu. Après, c’est l’expression de la confiance renouvelée par SEM le Président de la République, à qui je rends mes hommages les plus déférents, ainsi que par SEM le Premier ministre, à qui j’exprime ma très haute considération. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude.

Guidée par l’amour et la justice comme valeurs fondamentales pour un monde meilleur, la fondation a comme objectif le développement communautaire intégral à travers notamment les axes ci-après : la promotion de l’éducation et de la santé en faveur des populations ; la formation et l’encadrement de la jeunesse ; la réalisation des infrastructures sanitaires, éducatives et sociales d’intérêt communautaire ; la conception, l’initiative et la réalisation des projets de développement socioéconomique ; la réalisation des activités notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage ; la lutte contre la pauvreté, les inégalités et les antivaleurs ; la promotion de la solidarité ; la promotion, sensibilisation et encadrement des groupes vulnérables ; l’encadrement des enfants désœuvrés et l’assistance aux personnes du troisième âge.

Nous sommes dans une année électorale. Avez-vous des ambitions particulières à dévoiler ? 

Dans le cadre de mon engagement politique au service de notre peuple, je suis candidat à la députation nationale dans la circonscription électorale de Kabare, dans la province du Sud-Kivu.

 Propos recueillis par Heshima  

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Interview

« Nous travaillons sur la participation des jeunes comme bénévoles  » Yves Bunkulu Zola Ministre de la Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté

Le ministre de la Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté, Yves Bunkulu, a répondu aux questions d’Heshima Magazine, notamment sur l’implication de son ministère dans les préparatifs des IXèmes Jeux de la Francophonie. Il mobilise les jeunes pour cet événement culturel et sportif. Entretien

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La RDC organise dans moins d’un mois les IXèmes Jeux de la Francophonie. Vous en tant que ministre de la Jeunesse, quel est votre niveau d’implication dans les préparatifs de cet événement ?

 Nous sommes membre du Comité de pilotage et nous mobilisons la jeunesse autour de cette rencontre et travaillons sur la participation des jeunes comme bénévoles. 

Au niveau de votre ministère, comment les choses s’organisent-t-elles pour accompagner cet événement culturel ? 

Nous sommes partie prenante à travers la Commission de bénévolat par le suivi et la formation des bénévoles.

 Le Rwanda, membre de la Francophonie et qui est même à la tête de cette organisation culturelle n’enverra pas ses athlètes en RDC. Qu’est-ce que vous en pensez ?

 Nous aurons souhaité les voir dans cette fête culturelle mais je pense qu’ils ont compris que par le fait d’être impliqué dans l’agression de la RDC, ils se sentent gênés et ils ont du coup honte. C’est un regret.

 Votre portefeuille a aussi l’initiation à la nouvelle citoyenneté dans ses attributions. Quelles actions avez-vous déjà menées dans ce cadre ? 

Comme vous le savez, ce n’est que sous notre gestion que ce ministère vient d’acquérir une politique nationale d’initiation à la nouvelle citoyenneté, un guide d’initiation à la nouvelle citoyenneté, un programme d’éducation à la nouvelle citoyenneté devant être intégré dans le circuit scolaire ainsi qu’un module de formation des formateurs en cette manière. Nous faisons la campagne dans les universités et bientôt dans les écoles et les communautés, à travers des médias aussi. 

De manière générale, l’encadrement de la jeunesse pose problème. Le taux de chômage au sein de la jeunesse reste élevé. Quelle politique avez-vous mise en place pour tenter de résoudre cette problématique ?

 L’encadrement ne pose pas de problème mais c’est plutôt le défi qui est immense. Nous faisons l’encadrement des jeunes à travers des centres réinsertion socio-professionnelle des jeunes disséminés à travers le pays, l’appui aux structures d’encadrement des jeunes, notamment le Conseil national, le Parlement des jeunes et le Forum national des jeunes. Pour ce qui est du chômage, nous faisons la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes à travers les différents mécanismes mis en place par le gouvernement dont ANADEC, FSPEEJ, FOGEC et PEJAB. 

Aujourd’hui, des enjeux politiques à la veille des élections divisent les Congolais. Vous avez aussi la charge de la cohésion nationale. Quel message pouvez-vous passer à la jeunesse congolaise ? 

J’appelle la jeunesse à l’unité, à la cohésion et à bannir toute sorte de tribalisme. Nous sensibilisons sur la question par le guide d’initiation à la nouvelle citoyenneté à travers des conférences, médias et autres moyens. Globalement positif mais il faut reconnaitre que les défis sont énormes.

Propos recueillis par HESHIMA

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Interview

« Les sites culturels sont déjà prêts à accueillir les Jeux » Catherine Katungu MINISTRE DE LA CULTURE

La ministre de la Culture, Arts et Patrimoines, Catherine Katungu Furaha, reste convaincue de la réussite de cette édition des jeux de la Francophonie. Elle rassure que les artistes congolais prendront part à toutes les disciplines culturelles et que tous les sites prévus pour ces épreuves sont déjà prêts. Interview.

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Madame la ministre, la RDC accueille les 9èmes Jeux de la Francophonie du 28 juillet au 6 août 2023. Quel regard portez-vous sur cet événement qui est aussi éminemment culturel ?

 Le regard que j’ai sur cet évènement vient à la fois du sens même intrinsèque du rôle de l’OIF et de la pensée idéologique des jeux de la Francophonie. Le premier sens, celui du rôle de l’OIF, consiste à comprendre que cette organisation est basée sur les réalités culturelles avec l’interculturalité, l’acculturation et même l’inculturation. Pour dire que toute la raison d’être de l’OIF s’appuie sur la perception et la consommation culturelles des peuples de l’espace francophone.

Mon deuxième regard s’inspire de la volonté des chefs d’Etat des pays francophones à l’égard d’une manifestation autour de la jeunesse par la culture et les sports. Cela corrobore avec le premier sens qui est inhérent à la culture. Mon regard est que c’est un argument mis en place pour permettre à la jeunesse de célébrer sa particularité. Et pour la RDC, cela représente une opportunité de promouvoir toutes ses valeurs dont on ne parle pas assez à l’échelle internationale. 

Votre ministère compte parmi les portefeuilles concernés par ces jeux. Comment vous les préparez dans votre secteur ?

Le ministère de la Culture, Arts et Patrimoines s’occupe en effet de comment la RDC va accueillir les autres pays dans les sites culturels et veille sur les conditions de préparation des artistes congolais qui vont participer aux jeux de la Francophonie. Les sites culturels sont déjà prêts à accueillir les jeux et il ne se pose aucun problème d’infrastructures. En ce qui concerne les artistes congolais de la RDC sélectionnés aux jeux, tout évolue normalement et nos artistes répondront valablement à tous les concours culturels.

Comment vont s’organiser les concours culturels pour les participants congolais ?

 Les participants congolais seront traités comme tous les autres venus d’ailleurs à la seule différence qu’ils bénéficieront de l’accompagnement du public congolais. Ce même public qui les a encouragés lors des présélections va, sans nul doute, envahir les sites culturels pour principalement soutenir les artistes congolais mais pas qu’eux. 

La RDC va aligner combien d’artistes dans les huit concours culturels prévus ?

 En ce qui concerne les disciplines culturelles, on en dénombre onze et la RDC s’est enregistrée dans toutes les disciplines prévues dans cette édition. Il s’agit de : chanson, danse de création, danse hip hop, contes et conteurs, peinture, sculpture/ installation, photographie, littérature nouvelle, création numérique, marionnettes géantes et jonglerie avec ballon.

Comment vont se dé rouler les épreuves culturelles ? 

Parmi les épreuves culturelles retenues, on distingue les individuelles et les collectives. Chaque discipline dispose d’un calendrier établi pour elle. Cela varie entre 2 et 6 ou 7 jours. Plusieurs pays sont inscrits dans chacune des épreuves culturelles et la RDC répondra présente de la plus belle manière possible à tous ces concours. Ce sera des moments pendant lesquels la culture congolaise occupera une place certainement prépondérante.

 Lors de votre dernière conférence de presse avec le directeur des 9èmes Jeux, vous avez indiqué que le gouvernement suivait toutes les procédures. A moins de 25 jours de l’événement, peut6on affirmer que le pays est prêt ?

 Si on se base sur tout ce qui se développe dans la presse qui ne voit que le verre à moitié vide, on dira que le pays n’est pas prêt. Alors que c’est juste le contraire. Tous les sites culturels sont prêts, les sites sportifs et le village des jeux le seront incessamment, comme cela a déjà été signalé. Il est clair que les choses se présentent de manière évidente et je profite de l’occasion pour demander à tous les ennemis de la vérité, ceux qui cherchent à vendre à vil prix les préparatifs des jeux, de se convertir et de dire la simple vérité. J’en appelle à la population congolaise de ne pas hésiter à se présenter dans tous les sites car le pays assiste à un rendez-vous qui fera que tous les projecteurs internationaux seront braqués sur Kinshasa. Il y a donc nécessité de porter ces jeux que la RDC a accepté d’organiser en sa 9e édition.

Les organisateurs de ces épreuves affirment que ces jeux se tiendront dans les meilleures conditions. Pourtant, le Québec n’enverra pas d’athlètes ni d’artistes à Kinshasa suite aux problèmes sanitaire et de sécurité. La Fédération de Wallonie-Bruxelles a emboité le pas. Ces désistements peuvent-ils affecter l’image de ces jeux en RDC ? 

Absolument pas. La Fédération de Wallonie-Bruxelles va se présenter seulement dans le secteur culturel. L’image des IXes Jeux n’est pas affectée dans ce sens que le Comité International des Jeux de la Francophonie (CIJF) accompagne la RDC et veille d’abord à l’image des jeux puis le gouvernement congolais travaille pour que la promotion de la RDC à travers ces jeux reste cohérente aux attentes du public qui viendra assurément de partout. 

Ne craignez-vous pas un effet d’entrainement des autres pays qui risquent aussi de désister ?

Je retiens que plusieurs autres pays tiennent à participer aux IXes Jeux de la Francophonie, Kinshasa 2023. C’est ce que la population congolaise et d’ailleurs doivent avoir à l’esprit. Aussi, chaque pays est libre de se choisir les disciplines où il compte participer, cela est de tradition depuis que les jeux existent. Je note aussi que certains autres pays, pour des raisons diverses, décident de rester dans les disciplines culturelles ou sportives.

Sur le plan de l’organisation, avez-vous eu suffisamment des moyens pour préparer les artistes ?

La liste des artistes congolais retenus pour les jeux a été publiée depuis début février de l’année en cours. A partir de là, un plan de travail m’a été soumis par le comité qui est chargé de préparer les artistes et cela est suivi de près. Malgré quelques difficultés rencontrées dans la préparation, les artistes sont au travail et la situation de tous sera réglée sous peu. Vous pouvez le constater en circulant dans les différents sites où se tiennent les répétitions de ces artistes.

 Qu’est-ce que la RDC prévoit de particulier dans les différentes catégories prévues ? L’épreuve de nzango n’est réservée qu’aux Congolais ou d’autres pays vont aussi participer ? 

D’après les informations en ma possession, cette épreuve aurait été proposée par le comité d’organisation en 2019 et cela aurait été accepté. Mais, je ne maitrise pas la suite de cette proposition. De toute façon, c’est une épreuve sportive et non culturelle.

 Propos recueillis par Heshima

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