Après le dernier rapport des experts de l’ONU, on n’a plus besoin d’un dessin pour comprendre que le plan de la balkanisation de la RDC est en exécution par le biais du Rwanda, aidé par l’Ouganda. Tout ou presque ayant été tenté, le recours à la force semble devoir être l’option ultime.
Conformément à l’article 51 du Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies, qui traite de l’agression, la RDC doit faire valoir son droit de légitime défense en déclarant ouvertement la guerre contre le Rwanda. Pour ce faire, le Président Félix Tshisekedi devrait réunir les deux chambres du Parlement en congrès, comme il l’avait déjà promis. Pour plusieurs de ses compatriotes, le Congo n’a qu’à s’organiser militairement et cela est possible.
Selon eux, sûrement qu’en voyant des populations rwandaises massacrées comme c’est le cas maintenant pour les Congolais de l’Est du pays, les Nations-Unies, mieux, les pays ayant une influence sur Kigali pourraient agir.
Aujourd’hui, personne ne doute de l’agression de la RDC par le pays de Paul Kagame. La résolution 3314 adoptée en 1974 par les Nations-Unies, définit l’agression comme « l’emploi de la force armée par un Etat contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre Etat ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations-Unies ».
A la lumière de ce texte de la Charte des Nations-Unies, des mesures coercitives et des sanctions contre le Rwanda, mais aussi contre l’Ouganda s’avèrent de mise. « Si le Conseil de sécurité estime que les mesures prévues sont d’application, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de membres des Nations-Unies », dispose l’article 42 de la Charte des Nations-Unies.
Sinon, tant que la paix régnera au Rwanda, les populations congolaises de l’Est du pays continueront à être massacrées chaque jour sous l’œil complice de la communauté internationale.
Diplomatie et complicité
En dépit de sa qualité d’instrument pouvant aider à trouver une solution durable à la crise, la diplomatie n’a jusque-là rien produit, alors que la situation ne fait que se dégrader sur le terrain. Quels efforts les autorités congolaises n’ont-elles pas déployés diplomatiquement ? Depuis qu’il est au pouvoir, le président Félix Antoine Tshisekedi a rencontré des chefs d’Etat et de gouvernement, des chefs d’organisations internationales pour chercher un soutien diplomatique en vue de juguler la crise… En avril 2024, par exemple, il s’était rendu à Berlin en Allemagne, et à Paris en France, à la recherche d’un appui diplomatique face au M23. D’autres rencontres diplomatiques se sont également enchainées.
Malheureusement, les ennemis du Congo sont manifestement engagés dans la décisive phase de sa balkanisation. Après le dernier rapport que les experts de l’ONU ont publié le 8 juillet 2024, toutes les preuves sont réunies. Dans celui-ci, il est clairement fait état de la montée en puissance de l’assistance du Rwanda à l’égard du M23 à l’Est de la RDC et de l’implication de l’Ouganda auprès de cette force rebelle. Le rapport accuse ainsi Kigali d’avoir « violé l’intégrité et la souveraineté de la RDC ».
Déjà, Kigali a toujours reçu sur le plan militaire des financements et de l’aide des pays européens pour renforcer son équipement militaire. Economiquement, le Rwanda a signé des accords avec l’Union européenne en vue d’exploiter des minerais de la RDC, en même temps que, diplomatiquement, la communauté internationale se rapproche toujours de ce pays, malgré les massacres qu’il commet.
Le 8 juillet 2024, lors de la 49ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, organisée à Montréal, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF, a refusé intentionnellement d’évoquer la présence des militaires rwandais aux côtés des éléments du M23 sur le sol congolais. Cela s’est passé en présence de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui a le lendemain dénoncé le silence complice de la communauté internationale et l’hypocrisie de cette ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, laquelle avait énuméré lors de ce forum, les conflits à travers le monde sans citer le cas de la RDC. Grâce à la vigilance de Vital Kamerhe, la RDC finira par remporter une victoire diplomatique par la condamnation de la présence de l’armée rwandaise sur le sol congolais et l’obtention de la résolution du retrait immédiat de ces troupes.
Processus de Luanda
Deux ans après son lancement, le processus de Luanda est considéré comme un passe-temps. Kinshasa n’a eu de cesse d’accuser Kigali de le bloquer alors que le président angolais qui négocie une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, estime que le retour de la paix passe par une résolution pacifique du conflit. « L’unique issue pour nous, c’est sans doute la négociation et la recherche de la fin de ce conflit… », insiste-t-il. C’est aussi l’avis de la ministre congolaise des Affaires étrangères. « Le processus de Luanda est le seul et unique cadre de discussions pour la paix durable en RDC », a-t-elle indiqué le 8 juillet. Kagame n’étant malheureusement pas sincère et de bonne foi, le doute persiste toujours.
Toutefois, le processus de Luanda a été relancé à la suite de la rencontre le 30 juillet 2024 des chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise dans la capitale angolaise. Sous l’égide du président de l’Angola, Joao Lourenço les parties en conflit ont convenu d’un cessez-le-feu à dater du 4 août 2024 dans les perspectives de conclure un accord de paix durable pour mettre un terme à la guerre de l’Est. Il reste pour les belligérants d’aplanir leurs divergences étant entendu que la partie congolaise exige au préalable le retrait des rebelles du M23 de leur position, alors que le Rwanda, dont les soldats interviennent avec ceux-ci, s’y oppose. Cette accalmie aura au moins le mérite d’empêcher que la situation humanitaire désastreuse sur le terrain, où se trouvent plus de 3 millions de personnes déplacées internes, ne puisse davantage s’aggraver. Les nouvelles du front n’étant jusque-là pas rassurantes, chaque camp prenant le dessus sur l’autre pour le perdre par la suite, la RDC se trouve néanmoins une fois de plus à la croisée des chemins : se fier à une énième démarche de pacification ou envisager le pire pour gagner la paix tout en préservant son intégrité ?
Le jeudi 3 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) a une fois de plus été endeuillée par une tragédie maritime. L’embarcation « MV Merdi » a chaviré près du port de Kituku, à Goma, faisant état de 34 morts à ce jour, selon les autorités locales. Toutefois, ce bilan est contesté par Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui évoque des chiffres largement sous-estimés, avançant que les pertes humaines pourraient être bien plus élevées. Ce naufrage s’inscrit dans une série d’accidents devenus trop fréquents sur les fleuves, lacs et rivières congolais.
Le jeudi 3 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) a une fois de plus été endeuillée par une tragédie maritime. L’embarcation « MV Merdi » a chaviré près du port de Kituku, à Goma, faisant état de 34 morts à ce jour, selon les autorités locales. Toutefois, ce bilan est contesté par Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui évoque des chiffres largement sous-estimés, avançant que les pertes humaines pourraient être bien plus élevées. Ce naufrage s’inscrit dans une série d’accidents devenus trop fréquents sur les fleuves, lacs et rivières congolais.
Au cours des six derniers mois, environ 185 personnes ont perdu la vie dans des incidents similaires, tandis que plus de 600 autres sont portées disparues, d’après le suivi réalisé par Radio Okapi. Ces tragédies sont souvent attribuées à deux facteurs principaux : la surcharge des embarcations et leur vétusté. Les navires en bois, souvent mal entretenus, naviguent sur des voies navigables périlleuses, mettant en péril la vie des passagers. Lorsque les embarcations sont en acier, la surcharge est généralement à l’origine du drame.
La situation est d’autant plus préoccupante que, face à l’impraticabilité des routes, de nombreuses populations n’ont d’autre choix que de recourir à ces transports risqués. Emmanuella Vasikya, résidente de Goma, souligne l’état déplorable des infrastructures routières qui poussent la population à traverser le lac dans des conditions dangereuses. De plus, la route Minova-Goma est actuellement sous contrôle des rebelles du M23, exacerbant les difficultés de transport. Depuis l’arrêt du trafic routier entre Goma et Minova, en passant par Sake et Shasha, de nombreux commerçants se tournent vers le lac Kivu, prenant des risques considérables à bord d’embarcations surchargées, comme l’illustre le naufrage du « MV Merdi », survenu à environ 600 mètres de la rive.
Une série qui perdure
Dès son accession à la présidence, Félix Tshisekedi a hérité du problème récurrent des naufrages. En avril 2019, il avait remis 1 000 gilets de sauvetage à Dolly Bizimungu, alors gouverneur a.i. du Sud-Kivu, dans le but de sécuriser les passagers. Cependant, les actions de suivi par les agents publics semblent insuffisantes, permettant ainsi à ces accidents de perdurer. Depuis 2019, la série de naufrages continue d’affecter les lacs Maï-Ndombe, Kivu, Tanganyika, ainsi que le fleuve Congo.
Vers une solution durable ?
Malgré les promesses d’enquêtes et d’actions de la part des autorités, un sentiment de désillusion règne parmi la population, qui estime que l’État congolais n’agit pas de manière suffisamment proactive. Les normes de sécurité, notamment l’obligation du port de gilets de sauvetage, sont souvent négligées, tandis que le contrôle technique des embarcations reste largement insuffisant.
Le parquet général de Goma a annoncé l’arrestation de plusieurs responsables dans le cadre de l’enquête sur le naufrage du « MV Merdi ». Pour de nombreuses familles, ces mesures interviennent trop tard. Les autorités auraient pu agir en amont, en imposant des normes de sécurité strictes aux services portuaires.
Jacquemin Shabani, Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a ordonné au gouverneur du Sud-Kivu de sanctionner tous les responsables des services publics impliqués dans ce naufrage, notamment ceux de la division provinciale des Transports, de la police lacustre et de la Direction générale de migration (DGM). Il a également demandé aux gouverneurs du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de prendre des mesures réglementaires strictes en matière de navigation sur les lacs Kivu et Édouard, y compris l’exigence du port de gilets de sauvetage pour tous les passagers.
Malgré ces annonces, le laxisme et l’inefficacité des autorités continuent d’alimenter l’inquiétude des familles endeuillées, qui appellent à des mesures concrètes pour mettre fin à cette tragédie récurrente.
La RDC se trouve face à un défi majeur : comment réformer le secteur des transports fluviaux et lacustres pour garantir la sécurité de ses citoyens ? Les mesures prises jusqu’à présent semblent être des solutions temporaires, et un véritable changement s’avère impératif.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi n’a pas assisté à la clôture du XIXème sommet de la Francophonie en France. Le chef de l’Etat congolais est retourné, samedi 5 octobre à Kinshasa, après avoir constaté que son homologue français, Emmanuel Macron, n’a pas mentionné dans son discours l’agression rwandaise en RDC parmi des conflits armés au monde.
Lors du discours d’ouverture de ces assises à Villers-Cotterêts, Macron, dans son discours, a cité les crises que traverse le monde sans faire allusion au conflit dans l’est de la RDC. Ce qui a conduit Félix Tshisekedi à boycotter les travaux des dirigeants qui ont eu lieu en huis clos et qui ont débouché sur une résolution. « Des sources proches de la délégation congolaise, ACP apprend que le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi ne prévoit pas de participer aux séances à huis clos prévues l’après-midi de samedi dans le cadre du sommet de la Francophonie, en protestation du silence du Président français Emmanuel Macron qui n’a pas mentionné, dans son discours d’ouverture de ces assises, le conflit dans l’Est de la RDC, premier pays francophone. », a écrit le média public congolais, l’Agence congolaise de Presse (ACP).
Le président congolais n’a pas non plus participé, le même samedi, au déjeuner offert par la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.
Après cet incident, la résolution finale de ce XIXe sommet de la Francophonie issue des travaux des chefs d’État et de gouvernement a par contre évoqué plusieurs situations de crise, notamment en Afrique. Concernant l’est de la RDC, les dirigeants disent ainsi condamner fermement les violations du droit national, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays. Ils condamnent également « tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes » sans mentionner le Rwanda.
Faire plaisir à Kagame
Pourtant, c’est un secret de polichinelle pour l’opinion mondiale. Les dirigeants français post-génocide rwandais sont tirés à la barbichette par le président rwandais, Paul Kagame, qui les font chanter quasiment suite à l’implication présumée de la France dans ce drame au Rwanda.
L’imposition par la France de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l’OIF était suffisante pour comprendre l’attitude de la France. De ce fait, il était difficile voire impossible pour Emmanuel Macron de mentionner l’agression rwandaise contre la RDC en présence du président rwandais, Paul Kagame. Après le départ précoce de Tshisekedi de ce sommet, Emmanuel Macron a tenté de justifier son oubli volontaire. « Qu’il n’y ait pas malentendu. Hier [vendredi], je l’ai dit moi-même, je n’ai été que parcellaire dans les citations. Il y a beaucoup de crises, de tensions, de guerres que je n’ai pas citées », a réagi samedi soir Emmanuel Macron en conférence de presse. Et le président français d’ajouter : « Il n’y a pas de double standard dans la diplomatie de la France. »
Le président français a précisé que la guerre dans l’Est de la RDC a été, durant les deux jours du Sommet, le conflit sur lequel il s’est attardé lors des rencontres parallèles. Il souligne également que la France et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) restent mobilisées pour résoudre cette crise qui frappe la RDC.
Dilemme de Macron
En invitant sur sol deux présidents dont les pays sont en conflit, le président français s’est retrouvé dans le dilemme de les satisfaire tous. Paul Kagame n’aura pas accepté qu’Emmanuel Macron puisse critiquer son action militaire au Congo. De son côté, Félix Tshisekedi percevait ce sommet comme une vitrine pour que la France condamne toute violation de l’intégrité territoriale des pays agressés comme il l’a fait pour l’Ukraine mais aussi en faveur du Liban actuellement sous les bombes d’Israël.
Lors d’une interview accordée à France 24 le 3 octobre, le cardinal congolais Fridolin Ambongo a, une fois de plus, utilisé des termes forts pour décrire la situation en République démocratique du Congo. Selon lui, l’État est en faillite et il appelle la Monusco à reconsidérer son calendrier de retrait du territoire national.
Six mois après des tensions avec le régime de Félix Tshisekedi, l’archevêque de Kinshasa est revenu à la charge. Deux jours après le désintérêt apparent du président Tshisekedi envers le dialogue national, manifesté lors de son séjour en Hongrie, Fridolin Ambongo a réitéré son insistance sur la nécessité de pourparlers, notamment concernant la situation dans l’Est du pays. Il a de nouveau plaidé pour un dialogue afin de résoudre la crise sécuritaire dans cette région. Selon lui, la Monusco ne doit pas se retirer du Nord-Kivu et de l’Ituri, deux provinces sous état de siège depuis trois ans, mais toujours dévastées par les conflits armés. Précipiter le départ de la mission onusienne serait, selon ses termes, « une erreur ». Le cardinal appelle ainsi à « reconsidérer le calendrier de retrait » de la Monusco.
Lors de précédentes prises de parole, Fridolin Ambongo avait déjà qualifié la RDC de « grand malade dans un état comateux ». Sur France 24, il a déclaré que l’État est désormais en « faillite », affirmant que tous les indicateurs en RDC sont au rouge.
Retour sur les tensions avec le régime de Tshisekedi et accusations de sédition
Il y a environ six mois, le cardinal avait suscité l’attention de la justice congolaise en raison de ses propos jugés critiques à l’égard du régime en place. Lors de la messe de Pâques, il avait dénoncé la mauvaise gestion du pays et accusé les autorités de poser des actes incitant certains citoyens à rejoindre les rangs du M23, un groupe rebelle actif dans l’Est du Congo. Une agence de presse catholique avait même relayé des propos attribués à Ambongo, accusant le gouvernement de soutenir des rebelles Hutus rwandais (FDLR) et des miliciens Wazalendo pour contrer l’avancée du M23. L’agence avait ensuite reconnu une « mauvaise traduction » de l’interview en italien, mais le mal était fait. Le président de la Cour de cassation, Firmin Mvonde, avait ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, considérant ces propos comme « séditieux ».
Le 16 mai, à sa demande, Fridolin Ambongo a rencontré le président de la République. Après cette audience, il a déclaré que les « malentendus » liés à ses propos tenus lors de la messe de Pâques et à l’interview donnée à l’agence de presse catholique avaient été clarifiés auprès de Félix Tshisekedi.
Membre du cercle restreint des conseillers du pape François (C9), le cardinal Fridolin Ambongo est aujourd’hui l’une des figures les plus influentes de l’Église catholique en Afrique. Depuis 2023, il préside le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), et il est régulièrement sollicité par le pape pour contribuer aux réformes de l’Église catholique.