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RDC : Bemba veut une modification ciblée, pas un changement de la Constitution

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L’une des voix les plus attendues sur le débat concernant la révision ou le changement de la Constitution s’est enfin exprimée. Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) et membre du présidium de l’Union sacrée de la Nation, estime que la loi fondamentale n’a pas prévu de mécanisme pour son changement. Il souhaite, en revanche, une révision ciblée.

Jean-Pierre Bemba, tout comme Vital Kamerhe et Modeste Bahati, faisait partie des membres du présidium de la plateforme au pouvoir qui n’avaient pas encore donné leur avis sur l’épineux débat concernant la révision constitutionnelle. L’un d’entre eux s’est finalement prononcé sur les ondes de la radio Top Congo. Jean-Pierre Bemba a rejeté les craintes d’un changement de la Constitution. « Je ne comprends pas pourquoi les gens ont peur de la révision de la Constitution », a-t-il indiqué. Il a fait remarquer que les discussions actuelles portent uniquement sur une révision de la loi fondamentale, telle que prévue dans le cadre constitutionnel. Si, au sein de l’UDPS, on ne parle désormais que du changement de la Constitution, Bemba laisse la responsabilité au secrétaire général de ce parti, Augustin Kabuya, de s’expliquer à ce sujet.

Pour lui, certains articles de la Constitution devraient être modifiés, notamment l’article 10, qui touche à la question de l’exclusivité de la nationalité congolaise, rejetant la double nationalité. Jean-Pierre Bemba considère cet article comme « trop exclusif ». Il plaide ainsi en faveur des Congolais ayant acquis une autre nationalité en raison de conflits ou de contraintes politiques. Un autre article qui pose problème, selon lui, est l’article 198 de la Constitution, qui concerne le mode de scrutin pour élire les gouverneurs de provinces. « Est-ce qu’on ne peut pas se mettre d’accord pour dire que les gouverneurs soient également élus au suffrage direct ? », s’est-il demandé. Bemba pointe du doigt le rôle des députés provinciaux dans l’élection des gouverneurs. Il qualifie de peu transparents ces processus menant à l’élection des gouverneurs. Concrètement, il cible pour sa part les articles 10, 13, 51 et 198. Par ailleurs, Jean-Pierre Bemba a balayé d’un revers de la main l’argument selon lequel l’actuelle Constitution serait le fruit d’un dictat des belligérants.

Pas de minorité ethnique, selon Bemba

Une autre question qui s’est invitée dans le débat constitutionnel est l’interprétation variée de l’article 51, qui parle de la protection des minorités ethniques. Pour Jean-Pierre Bemba, cette notion est mal définie et pourrait être sujette à des interprétations problématiques. « Pour moi, il n’y a pas de minorité ethnique. Nous avons plus de 450 ethnies dans ce pays », a-t-il soutenu. L’actuel vice-Premier ministre des Transports et Voies de communication pense que ces débats doivent être menés sereinement dans le cadre d’une commission que le président de la République pourrait mettre en place l’an prochain. « Laissons cette commission être mise en place, mais je pense qu’il y a des articles sur lesquels on doit pouvoir discuter », a-t-il confié.

Les hommes en soutane et la haine de Tshisekedi

Dans son intervention, Jean-Pierre Bemba n’a pas épargné les opposants et les hommes en soutane. Il considère que le discours tenu par des « politiciens en robe » comporte une « haine viscérale » contre le chef de l’État, Félix Tshisekedi. « Les politiciens en costume et les politiciens en robe, lorsque j’entends, je veux dire, les discours, ce sont des discours, pour moi, incendiaires et simplement haineux, même si on déteste le président », explique-t-il. Sans citer nommément le cardinal Fridolin Ambongo, Bemba s’en prend à cet archevêque métropolitain pour ses positions radicales contre Félix Tshisekedi. « Généralement, on ne parle pas de la guerre, on ne parle pas des déplacés, mais on attaque systématiquement avec une haine viscérale le chef de l’État », a-t-il dénoncé, faisant allusion à « certains chefs politiques » de certaines confessions religieuses.

Cette position de Jean-Pierre Bemba lève l’équivoque sur une possibilité de voir ce leader se désolidariser de ce projet porté par Félix Tshisekedi. Après la réaction de Bemba, la pression reste maintenue sur Vital Kamerhe et Modeste Bahati, deux autres leaders de l’Union sacrée qui ne se sont pas encore clairement prononcés.

Heshima

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Discours sur l’état de la Nation : Tshisekedi reconnaît la vie chère en 2024

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Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a prononcé son discours sur l’état de la Nation, ce mercredi 11 décembre 2024, devant le parlement réuni en Congrès. Dans son allocution, Félix Tshisekedi a dressé un bilan du secteur économique prometteur malgré l’inflation. Il a également évoqué la santé ainsi que la situation sécuritaire préoccupante dans l’est du pays.

Le chef de l’État congolais a fait savoir que malgré de nombreux défis, le pays a réalisé « des progrès notables » et accompli « des avancées concrètes ». Évoquant l’inflation, Félix Tshisekedi a souligné que le taux de change a été stabilisé grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques et à une étroite coordination entre le gouvernement et la Banque centrale du Congo (BCC). Mais il reconnaît en même temps que l’inflation en 2024 a dépassé les prévisions. « Je reconnais cependant que l’inflation constitue une préoccupation réelle pour nos concitoyens. Elle a dépassé, au premier semestre, le seuil annuel prévu de 11,3 %, en raison notamment de la hausse des tarifs de transport ; hausse elle-même liée au rationnement des produits pétroliers, ainsi qu’à l’augmentation du prix des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées. Le franc congolais a également subi une dépréciation de 4,2 % par rapport au dollar américain depuis la fin décembre 2023, renchérissant le coût des biens importés et accentuant ainsi la pression inflationniste », a-t-il déclaré.

Sur la question de la vie chère due notamment à l’inflation, il a rappelé qu’une instruction avait été donnée à la Première ministre, Judith Suminwa, pour prendre des mesures en vue de la baisse des prix des biens de première nécessité et inverser la tendance. En parallèle, le chef de l’État a vanté des réalisations économiques en dépit de ce contexte difficile. C’est notamment le cas de la construction de la zone économique spéciale de Maluku, où une usine de fabrication de carreaux emploie plus de 1 000 Congolais et produit environ 50 000 mètres carrés de carreaux par jour. Cela permettrait d’arrêter l’importation de ce matériau de construction. Il a aussi évoqué le cas de l’usine de Pepsi, produisant à ce jour 1,2 million de bouteilles de boisson non alcoolisée par jour. Ce qui renforce, selon lui, le concept de « made in RDC ». Il a aussi mis en avant la mine de zinc de Kipushi, dans le Haut-Katanga, qu’il a inaugurée récemment après plus de 30 ans d’arrêt. Cette mine a la capacité de produire 45 000 tonnes de zinc.

Insécurité dans l’Est de la RDC

Concernant la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, Félix Tshisekedi a souligné les efforts des Forces armées du pays (FARDC) ainsi que la mission militaire de la SADC dans les efforts de rétablissement de la paix dans cette partie du territoire national. Le président de la République a ensuite tiré la sonnette d’alarme au sujet d’une réorganisation démographique des territoires congolais par le Rwanda. « Un phénomène alarmant s’observe : le dépeuplement progressif de certains territoires stratégiques, suivi de leur repeuplement par des populations étrangères implantées par le Rwanda. Cette dynamique soulève des enjeux majeurs en termes de souveraineté nationale, d’équilibre démographique et de cohésion sociale, nécessitant une réponse urgente et coordonnée », a dénoncé Félix Tshisekedi.

Le chef de l’État de la RDC a fait savoir que les militaires rwandais et leurs supplétifs du M23 continuent d’occuper une partie des territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et Lubero, provoquant ainsi un déplacement massif de la population. « Aujourd’hui, près de 7 millions de Congolais vivent loin de leurs foyers, faisant de notre pays l’un des plus touchés au monde par ce drame humanitaire », a-t-il rapporté.

Il a par ailleurs salué les efforts de médiation du président angolais dans ce conflit. « Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au président João Manuel Gonçalves Lourenço de la République d’Angola pour son engagement résolu en tant que médiateur dans la quête de la paix à l’Est de notre pays. Je remercie également la SADC qui vient de renouveler d’une année le mandat de sa mission en RDC (SAMIDRC), témoignant ainsi de son attachement au principe de sécurité collective », a affirmé Félix Tshisekedi.

Révision constitutionnelle

Contrairement à son argumentaire soutenu lors de ses meetings à l’intérieur du pays, Félix Tshisekedi a sobrement évoqué des réformes constitutionnelles sans mentionner les articles controversés. Il a expliqué que son nouveau mandat a été marqué par un « démarrage retardé », notamment en raison du temps nécessaire pour la désignation de la Première ministre et la mise en place des institutions, conformément aux prescriptions de la Constitution. « Ces délais, bien que contraignants, étaient indispensables pour respecter les échéances et les procédures fondamentales de notre démocratie. Cependant, cette situation nous invite à une réflexion commune : il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique », a-t-il lancé sous les ovations de la salle.

D’autres secteurs de la vie nationale abordés par Félix Tshisekedi

D’autres secteurs de la vie nationale ont été abordés par Félix Tshisekedi, notamment le sport et la santé. Dans le domaine de la santé, il a vanté la construction de 300 centres de santé, dont un à Kalemie, inauguré par lui-même après avoir été équipé. Il a également évoqué la couverture santé universelle, dont le programme de la gratuité de la maternité couvre désormais 13 provinces dans son implémentation. Il promet d’étendre cette couverture à l’ensemble du pays.

Heshima

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RDC : l’augmentation spectaculaire des émoluments des députés de 2006 à 2023

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Depuis 2006, la République Démocratique du Congo (RDC) vit une escalade sans précédent des émoluments des parlementaires. Tandis que la majorité de la population peine à survivre, les rémunérations des députés et sénateurs connaissent une augmentation exponentielle, alimentant des débats houleux sur les inégalités sociales et la responsabilité des élus. Cette situation, bien au-delà des chiffres, reflète des déséquilibres profonds dans la gestion des ressources publiques et la vocation même de la politique au sein du pays.

2006 : des gros émoluments pour une transition fragile

La transition démocratique amorcée en 2006, après les accords de Sun City (2003), avait pour objectif de stabiliser un pays déchiré par des décennies de guerre. Dans ce contexte, des mesures extraordinaires furent adoptées pour garantir une certaine cohésion entre les différentes forces politiques au sein du Parlement. Ainsi, un député national percevait environ 4 000 USD par mois.

À l’époque, cette somme, bien plus importante que sa valeur actuelle, avait pour objectif d’inciter les élus à soutenir le processus de paix, en leur offrant une forme de récompense ou un « partage du gâteau ». Toutefois, cette décision a engendré un fossé salarial abyssal. Tandis que les parlementaires jouissaient de rémunérations confortables, les fonctionnaires, enseignants, militaires et policiers se débattaient dans une précarité extrême, leurs salaires mensuels se situant autour de 100 USD. Cette inégalité a semé les graines d’un mécontentement social grandissant, qui n’a cessé de croître au fil des années.

2011-2018 : Une ascension continue des rémunérations parlementaires

Entre 2011 et 2018, les émoluments des députés nationaux et sénateurs ont presque doublé. En 2011, un parlementaire touchait déjà un salaire de base de 6 000 USD, augmenté par des primes et indemnités pouvant atteindre un total de 10 000 USD par mois. Ces augmentations se poursuivirent malgré une pauvreté persistante et des revendications sociales toujours croissantes.

En 2018, les députés percevaient environ 12 000 USD mensuels, une rémunération qui dépassait largement celle des parlementaires dans des pays voisins aux économies pourtant plus stables, comme le Kenya, où un député gagnait environ 3 000 USD par mois. Pendant ce temps, le salaire d’un enseignant congolais stagnait entre 80 et 100 USD, et les militaires et policiers nouvelles recrues recevaient en francs congolais une somme représentant moins de 70 USD.

Cette période fut marquée par de nombreuses grèves dans les secteurs de l’éducation et de la santé, dénonçant l’abandon des agents de l’État. Ces mouvements sociaux révélèrent un contraste frappant : un Parlement considéré comme privilégié, face à une population de plus en plus méfiante envers ses dirigeants.

2019-2023 : Une explosion des émoluments sous Tshisekedi

Avec l’élection de Félix Tshisekedi en 2019, l’espoir d’une réforme des finances publiques s’installa. Cependant, ces attentes furent rapidement déçues. Dès 2021, des documents officiels firent état de salaires atteignant 21 000 USD par mois pour les députés nationaux. Ces montants incluaient des indemnités de logement, de transport, de communication et d’autres avantages.

Ces chiffres suscitèrent l’indignation de l’opinion publique, d’autant plus que les enseignants, policiers et agents de l’État continuaient de travailler dans des conditions précaires. À ces écarts s’ajoute une gestion financière opaque, où les budgets alloués aux secteurs sociaux sont souvent détournés pour couvrir les dépenses exorbitantes des institutions parlementaires.

Un engouement pour la politique motivé par l’appât du gain

La hausse constante des émoluments parlementaires a engendré un phénomène inquiétant. De plus en plus de Congolais se lancent en politique non par vocation ou volonté de servir, mais attirés par l’appât du gain.

Les milliers de dollars que perçoivent les députés attirent toutes sortes de personnes, souvent sans vocation ni vision pour la nation. Cette dérive représente un danger pour l’avenir de la RDC. Lorsque l’ambition politique se limite à l’argent, l’État est menacé de désintégration. Cela explique en partie pourquoi le pays peine à vaincre les défis sécuritaires, notamment dans l’Est, malgré des investissements colossaux. Comment la RDC peut-elle espérer prospérer lorsque sa classe politique semble davantage motivée par l’appât du gain que par un réel désir de servir ?

Un nombre croissant de candidats à chaque élection

Les résultats des élections législatives de 2023 témoignent de cet engouement. Le nombre de candidats à la députation nationale a atteint un niveau record, marquant une progression notable par rapport aux scrutins précédents. En 2006, 8 757 candidats s’étaient présentés ; ce chiffre a bondi à 18 386 en 2011, puis a légèrement diminué en 2018 pour atteindre 15 355. Cependant, en 2023, il a explosé à 24 802. Cette augmentation constante reflète une véritable ruée vers des positions perçues comme lucratives, exacerbant le risque d’accueillir des individus non qualifiés ou purement opportunistes dans des fonctions clés.

Les députés provinciaux ne sont pas en reste

Les députés provinciaux ne sont pas en reste. À Kinshasa par exemple, ceux de la législature 2019 – 2023 percevaient environ 10 000 USD par mois hors primes. Ces montants, également jugés exorbitants, sont souvent couverts par des budgets provinciaux déjà insuffisants pour répondre aux besoins des populations locales. Cette tendance renforce la perception d’une classe politique davantage préoccupée par ses intérêts que par ceux de la nation.

Conséquences des disparités salariales

La montée en flèche des émoluments parlementaires, couplée à la stagnation des salaires des agents publics, entraîne plusieurs conséquences. D’une part, elle accentue les inégalités sociales et fragilise la confiance dans les institutions. D’autre part, elle détourne des ressources cruciales des secteurs prioritaires comme l’éducation et la santé.

Une réforme urgente pour sauver la RDC

Pour rétablir un équilibre, une réforme des émoluments des parlementaires s’impose. Il est impératif de réduire ces rémunérations et de les harmoniser avec les réalités économiques du pays. Parallèlement, les salaires des agents publics doivent être revalorisés pour améliorer les conditions de vie et redynamiser les services publics.

La transparence financière est également essentielle : des mécanismes de contrôle rigoureux doivent être mis en place pour garantir une gestion équitable des fonds publics. Enfin, il est crucial d’investir dans des secteurs vitaux, en commençant par l’éducation, la santé et la sécurité, pour restaurer la confiance des citoyens et assurer un développement durable.

Réinventer la politique pour préserver l’unité nationale

L’avenir de la RDC dépend de sa capacité à instaurer une gouvernance centrée sur le bien commun et à mettre fin à la perception de la politique comme une source d’enrichissement personnel. Le pays est à la croisée des chemins. La prochaine législature devra décider si elle est prête à sacrifier des privilèges excessifs pour l’intérêt général ou si elle continuera sur la voie de l’injustice sociale et des inégalités.  Restaurer la vocation et l’intégrité dans la classe politique est essentiel pour éviter que la nation ne s’effondre sous le poids de ses propres dérives, et finisse par disparaître.

Heshima

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RDC : l’armée inverse le rapport des forces sur plusieurs lignes de front

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Depuis une semaine, le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), est le théâtre de violents combats opposant les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), appuyés par l’armée rwandaise. Le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale, a salué la « résistance remarquable » de l’armée face aux offensives répétées des ennemis.

Les affrontements ont battu des records de régularité dans le territoire de Lubero. Depuis le 2 décembre, les armes lourdes et légères continuent de retentir dans plusieurs villages du territoire, notamment à Luofu, Kaseghe et Matembe. Les rebelles du M23, soutenus par les Forces rwandaises de défense (Rwanda Defense Force – RDF), ont tenté à plusieurs reprises de prendre les positions des FARDC dans ces zones. Certaines positions avaient été conquises par l’ennemi au milieu de la semaine dernière, avant d’être reprises par l’armée loyaliste lors de contre-offensives. C’est le cas du village de Luofu, où, après sa reconquête, l’armée a arrêté le chef de l’entité, Monsieur Faustin Balolage Mirindi. Ce dernier est accusé par l’armée d’avoir collaboré avec les rebelles en gardant dans son domicile certains de leurs effets militaires. Le projet du M23 d’occuper Lubero-Centre a, jusqu’à présent, été mis en échec par les FARDC.

Le Conseil des ministres, réuni le 6 décembre 2024, a salué cette bravoure de l’armée. « Au cours de la semaine qui s’achève, la situation sécuritaire a été marquée par les contre-offensives des FARDC, mettant en échec les attaques de leurs positions par la coalition RDF/M23 dans certaines zones du Nord-Kivu », a rapporté le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale, Guy Mwadiamvita Kabombo. Ce dernier a salué « la résistance remarquable de nos forces de défense et de sécurité dans leur détermination sans faille à défendre la patrie face aux offensives ennemies, en gardant l’initiative et en inversant le rapport des forces sur plusieurs lignes de contact ».

Le dimanche 8 décembre, l’armée a repris le contrôle de Luofu, dans le territoire de Lubero, un village stratégique qui ouvre l’accès à plusieurs axes majeurs, notamment en raison de sa proximité avec Kaseghe et Matembe. Ce lundi 9 décembre, des affrontements se concentrent à Matembe, un point d’intersection entre les FARDC et les rebelles, car ce village est partagé entre les deux forces. D’autres combats intenses sont signalés à Kaseghe, Mighobwe et Kibaku, des villages encore sous occupation du M23.

Kagame veut imposer le M23 à Luanda

Alors qu’il existe un accord de cessez-le-feu en vigueur depuis août, les rebelles du M23 ont violé cette résolution prise à Luanda entre la RDC et le Rwanda, principal soutien du groupe rebelle. Certains analystes y voient un coup de pression de Paul Kagame avant la rencontre du 15 décembre à Luanda entre les deux chefs d’État. En occupant davantage de villages, Paul Kagame tenterait ainsi de mettre Félix Tshisekedi sous pression.

Destiné à intensifier les efforts de stabilisation dans l’est de la RDC, ce sommet tripartite est censé rassembler les présidents rwandais et congolais sous l’égide du médiateur angolais, le président João Lourenço. En intensifiant les combats pendant une semaine, Kigali espère faire inviter le M23 à la table des discussions. Car, si le Rwanda parvient à signer un accord de paix avec la RDC, le M23 serait abandonné en plein vol. La rébellion serait quelque peu mise hors-jeu par son parrain. C’est le sens des offensives lancées ces derniers jours par le M23 pour se faire entendre.

D’ailleurs, Kigali affirme que la question du groupe armé demeure une question congolo-congolaise et qu’elle est l’une des seules à rester non résolue à ce stade dans ce dossier. De son côté, Kinshasa refuse toujours d’envisager une quelconque discussion directe avec le M23. « Nous ne signerons rien avec le M23, mais avec le gouvernement rwandais », affirme ainsi un conseiller de Félix Tshisekedi cité par RFI. Le sort incertain du M23 risque aussi de compromettre l’obtention d’une paix durable dans la partie est du pays. Paul Kagame, par un fait de prince, peut à tout moment réveiller cette rébellion pour faire chanter Kinshasa. Le groupe armé est utilisé par Kigali comme un objet de chantage pour obtenir des concessions de la part de la RDC.

Heshima

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