Nous rejoindre

Nation

Conflits en RDC : Plongée dans le M23 d’hier et d’aujourd’hui… 

Published

on

Depuis le 28 janvier, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par le Rwanda, occupent la ville de Goma, au Nord-Kivu. Ils tentent d’élargir leur emprise sur d’autres parties de la République démocratique du Congo (RDC). Que veulent exactement ces rebelles ? Que reprochent-ils au gouvernement ? Retour sur leurs revendications de 2012 et celles d’aujourd’hui. 

Héritier du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l’ancien rebelle Laurent Nkunda, le M23 poursuit des revendications variées. Mais au départ, en 2012, ils réclamaient principalement l’application de l’accord du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et la rébellion du CNDP. Cet accord contient une clause demandant la mise en place d’un nouveau modèle de découpage du territoire national fondé sur « la nécessité d’une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays ». L’accord inclut aussi la reconnaissance des provinces du Nord et du Sud-Kivu comme des « zones sinistrées ».

Genèse du M23 en 2012

En 2009, après la transformation en parti politique du groupe armé CNDP de Laurent Nkunda à la suite de cet accord de paix, ses éléments armés intègrent alors les FARDC via un brassage. Ils ont même exigé de porter les mêmes grades qu’ils possédaient au sein de la rébellion du CNDP. Mais en avril 2012, ces officiers parmi lesquels Sultani Makenga et Bernard Byamungu désertent l’armée. Un mois plus tard, soit le 6 mai 2012, ils créent le Mouvement du 23 mars (M23), considérant que le gouvernement congolais ne respectait pas les accords de paix signé le 23 mars 2009 avec le CNDP.

Occupation de Goma et négociations en 2013

Très vite, la nouvelle rébellion occupe une partie de la province du Nord-Kivu. Le 20 novembre 2012, ils s’emparent de Goma, chef-lieu de la province. Ils quitteront la ville après des pressions internationales, notamment avec l’influence de Yoweri Museveni, le président ougandais. « Nous nous sommes rendus en Ouganda pour discuter avec le président Yoweri Museveni du retrait du M23 de Goma. (…) Le président Museveni a juste pris son téléphone et appelé quelqu’un pendant 30 minutes. Le lendemain, le M23 s’est retiré de Goma sans coup de feu. », a expliqué l’ancien ambassadeur de la RDC en Ouganda, Jean-Charles Okoto. Ces négociations ont eu lieu essentiellement en Ouganda. Les rebelles acceptent de se retirer loin de Goma et s’installe dans les collines de Runyonyi et Chanzu. Mais une dissension interne va naitre entre le général auto-proclamé Sultani Makenga et Bosco Ntaganda. Ce dernier est alors sous mandat d’arrêt international lancé par la Cour Pénale Internationale (CPI). Sultani Makenga, chef de la branche militaire, va révoquer son chef politique, Jean-Marie Runiga, jugé trop proche de Bosco Ntaganda. Un bicéphalisme s’installe dans le groupe. D’une part, la faction Makenga et de l’autre, celle de Runiga. C’est dans ces entrefaites que l’armée congolaise, appuyée par la Brigade d’intervention (FIB) de la MONUSCO, va lancer des offensives contre ces rebelles affaiblis par les dissensions internes. En novembre 2013, ils seront défaits militairement par l’armée. La branche Runiga fuit au Rwanda et celle de Makenga, en Ouganda.  

Soutien extérieur et sanctions

En 2012-2013, le M23 a reçu le soutien militaire et logistique de la part du Rwanda mais aussi de l’Ouganda. Les Etats-Unis, la RDC et des experts de l’ONU avaient accusé les autorités de Kigali de soutenir militairement la rébellion du M23. Des sanctions avaient été prises contre Kigali. A l’époque, le sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, avait révélé des mesures de sanctions contre le Rwanda sur la base d’une loi américaine de 2008 sur la protection des enfants soldats. Ce qui avait conduit à la fin de toute assistance américaine en termes de formation et d’entraînement militaire en faveur du Rwanda pour l’année budgétaire 2014. Cette assistance était évaluée, en 2013, à près de 500.000 dollars. D’autres aides avaient été également suspendues par Washington.                    

Discussions de paix à Nairobi

Après la défaite militaire, les discussions sont lancées à Nairobi, au Kenya. Déjà, le 5 novembre 2013, le M23 déclare mettre un terme à la rébellion. Les troupes du M23 sont désarmés et transférés dans des camps en Ouganda. Le 12 décembre, un accord de paix est signé à Nairobi, mettant fin officiellement à la rébellion. L’annonce de la signature de l’accord a été faite par le président ougandais, Yoweri Museveni. Les trois documents signés entre Kinshasa et le M23 réaffirment la dissolution de ce mouvement en tant que groupe armé et précisent les modalités de la démobilisation ainsi que la renonciation de ses membres à la violence pour faire valoir leurs droits. « Il n’y a pas d’amnistie générale. Ceux qui sont présumés s’être comportés de façon criminelle sur le plan du droit international, avoir commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ne seront pas réinsérés dans la société », avait précisé Lambert Mende, à l’époque porte-parole du gouvernement.

Revendications du M23 en 2025

Entre 2012 et 2025, les revendications de la rébellion ont évolué. Même s’il y a certaines constances, ce mouvement s’adapte souvent à l’actualité. Rejoint par l’Alliance Fleuve Congo de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, ce mouvement (AFC-M23) revendique désormais la prise de pouvoir à Kinshasa. Ce groupe armé a annoncé, le 30 janvier, vouloir « rester » à Goma, et « continuer la marche de libération » jusqu’à la capitale Kinshasa. Ils accusent également le président Félix Tshisekedi de n’avoir pas remporté l’élection présidentielle de 2023. Corneille Nangaa, qui devient le porte-voix politique du M23, a aussi mentionné des discriminations de faciès dont les communautés « kinyarwandaphones » seraient victimes en RDC. Lors de la prise de Minova, au Sud-Kivu, cet ancien président de la CENI avait même déclaré vouloir marcher sur Kinshasa pour instaurer le « fédéralisme » au sommet de l’Etat. Une forme d’Etat qui permettrait aux provinces du pays d’être presque autonomes.        

Les mêmes parrains en 2025

Comme en 2012, le M23 garde les mêmes parrains en 2025. Les Nations unies ont accusé, dans un rapport du groupe d’experts sur la RDC, l’armée rwandaise d’avoir déployé « entre 3000 et 4000 » soldats dans l’Est de la RDC pour appuyer les rebelles du M23 dans sa conquête d’espace au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, provinces frontalières notamment avec le Rwanda et l’Ouganda. Les experts de l’ONU affirment dans leur rapport, présenté le 8 juillet 2024, que des officiers rwandais ont « de facto pris le contrôle et la direction des opérations du M23 » qui s’est emparé de plusieurs localités depuis fin 2021.

Des sanctions s’annoncent contre le Rwanda

Après l’occupation de Goma, l’Allemagne a suspendu, le 28 janvier, des discussions prévues avec le Rwanda sur son aide au développement, exigeant le retrait – de l’Est de la RDC – des forces rwandaises et de leurs alliés du M23. Des « consultations gouvernementales » entre Berlin et Kigali, programmées en février, ont été annulées, a déclaré un porte-parole du ministère allemand du Développement et de la Coopération économique. Le Parlement européen envisage aussi des lourdes sanctions contre Kigali. La Grande-Bretagne – une alliée indéfectible du Rwanda – a condamné ce pays après l’occupation de Goma et des autres entités congolaises. Chaque jour qui passe, la pression internationale pour adopter des mesures contre le Rwanda s’intensifie. Le Parlement européen envisage de suspendre le protocole d’accord ayant pour objectif « de renforcer le rôle du Rwanda » dans le développement de « chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques. » Un accord que Kinshasa avait dénoncé, qualifiant l’Union européenne de mener une « guerre par procuration » contre la RDC avec l’idée de piller ses minerais stratégiques. Selon Kinshasa, le Rwanda ne possède pas ces richesses, Kigali pille ces minerais au Congo.   

Faut-il négocier ou poursuivre les affrontements ?

Le 29 janvier, dans un message télévisé, le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, a refusé de s’avouer vaincu. Il a assuré qu’une « riposte vigoureuse et coordonnée » de l’armée congolais (FRADC) était en cours, mettant en garde contre le risque d’une escalade régionale incontrôlée. Mais Félix Tshisekedi n’a pas fermé complètement la porte à des négociations. Il a évoqué un dialogue « lucide » mais pas directement avec le M23. Certaines voix congolaises s’élèvent et commencent déjà à penser à une hypothèse de discussions directes, après les revers subis par l’armée. Mais cette option est perçue par Kinshasa comme un retour à la case départ. Le gouvernement congolais perçoit cette rébellion comme un « patin » du Rwanda et que s’il y a à négocier, il faudrait directement le faire avec Kigali.           

Heshima

Continue Reading

Nation

Lawrence Kanyuka : le masque d’une rébellion et des minerais de sang

Published

on

Figure de proue du Mouvement du 23 mars (M23), Lawrence Kanyuka incarne aujourd’hui l’une des voix les plus audibles d’un groupe armé qui, depuis plus d’une décennie, attise les tensions dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Sous l’apparence d’un porte-parole politique rompu à l’exercice diplomatique, Kanyuka se déploie sur plusieurs fronts, mêlant stratégie médiatique, intérêts économiques occultes et réseaux transnationaux. Mais derrière cette posture policée se dessine le portrait d’un homme au cœur d’un système complexe de prédation, de violence et de pillage des ressources, dont les ramifications s’étendent bien au-delà des frontières congolaises.

Lawrence Kanyuka n’a pas toujours été l’étendard du M23. Avant de devenir une figure controversée, il fut membre actif de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, alors perçu comme un pilier de l’opposition démocratique en RDC. Son parcours au sein de l’UNC, bien que relativement discret, témoignait d’une ambition politique dans un contexte congolais marqué par des luttes de pouvoir intenses. Cependant, en 2013, une rupture brutale intervient : accusé de collusions avec des groupes armés, Kanyuka est exclu du parti. Ce moment charnière marque un tournant décisif dans sa trajectoire.

Plutôt que de chercher à réintégrer les cercles politiques conventionnels, Kanyuka choisit la voie de la rébellion. Son ralliement au M23 coïncide avec une période de réorganisation du mouvement, qui, après sa défaite militaire face à l’armée congolaise et à la Mission des Nations unies (MONUSCO) en 2013, maintient des réseaux dormants soutenus par des appuis extérieurs, notamment du Rwanda. Selon les rapports des Nations unies et d’ONG comme Human Rights Watch, le M23 n’a jamais véritablement disparu, continuant à opérer à travers des structures clandestines et des alliances transfrontalières. Kanyuka, avec son profil d’intellectuel et son aisance rhétorique, devient un atout stratégique pour redonner une façade politique à un groupe perçu comme une milice brutale.

L’homme des mots… et des non-dits

Promu porte-parole adjoint, puis porte-parole politique du M23 en 2022, Kanyuka s’impose comme l’architecte de la communication du mouvement. Sa mission : réhabiliter l’image du M23 auprès de la communauté internationale. Dans ses prises de parole, souvent relayées sur des plateformes comme X, il déploie une rhétorique savamment calibrée, évoquant des cessez-le-feu, plaidant pour des dialogues inclusifs, et dénonçant l’« immobilisme » du gouvernement de Kinshasa. Il se présente comme le défenseur des Tutsis congolais, qu’il qualifie de marginalisés, tout en minimisant le recours à la violence par le M23.

Pourtant, ce discours contraste violemment avec la réalité du terrain. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les offensives du M23 ont provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes depuis 2022. Les rapports onusiens, corroborés par Amnesty International et Human Rights Watch, documentent des exactions massives dans les zones sous contrôle du M23 : exécutions sommaires, viols, enrôlement forcé d’enfants, pillages systématiques et réquisitions de terres. Dans les zones sous contrôle du mouvement, comme la cité de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru ou encore Chengerero, le M23 impose une « gouvernance alternative », un euphémisme pour masquer une occupation de facto qui viole la souveraineté congolaise.

Kanyuka, dans ses déclarations, présente cette mainmise comme une nécessité pour protéger les populations locales. Mais, comme le souligne le site d’enquêtes « Off Investigation », cette rhétorique sert à dissimuler un projet territorial soutenu par des acteurs extérieurs, notamment le Rwanda, accusé par l’ONU de fournir armes, financements et même soldats au M23. En février 2025, lors de la prise de Goma par le M23, Kanyuka s’est adressé à la foule dans un discours retransmis par l’AFP, vantant une « nouvelle ère de stabilité ». Cette mise en scène, loin de refléter un consensus populaire, a exacerbé les tensions et alimenté les accusations de manipulation médiatique.

Un acteur clé du commerce des « minerais de sang »

L’histoire de Lawrence Kanyuka ne se limite pas à la sphère politique ou médiatique. Elle est intimement liée aux logiques économiques d’un conflit enraciné dans l’exploitation des ressources naturelles de l’Est congolais. Selon l’enquête d’Off Investigation, Kanyuka est à la tête d’une société de conseil minier basée à Paris, Kingston Holding, créée en 2017. Cette entreprise, enregistrée dans un contexte où Kanyuka était déjà un membre actif du M23, n’a jamais déposé ses comptes, une irrégularité qui n’a curieusement pas attiré l’attention des autorités fiscales françaises. Par ailleurs, Kanyuka détient également Kingston Fresh Ltd, une entité enregistrée au Royaume-Uni, soupçonnée d’être impliquée dans l’exportation de minerais.

Ces structures opèrent dans des filières stratégiques, notamment le coltan, l’or et le cobalt, des ressources abondantes dans les zones contrôlées par le M23, comme Rubaya, où le groupe a instauré une administration parallèle pour taxer les mineurs artisanaux. Off Investigation révèle que Kingston Holding aurait servi de canal pour exfiltrer des « minerais de sang », des ressources extraites dans des conditions de violence et de violation des droits humains vers les marchés occidentaux. Ce commerce illicite, qui transite souvent par le Rwanda voisin, alimente un système de rente permettant au M23 de financer ses activités militaires.

L’enquête pointe également des défaillances troublantes du fisc français. Alors que Kanyuka, également détenteur de la nationalité britannique, disposait d’un pied-à-terre à Saint-Maur-des-Fossés, en banlieue parisienne, aucune investigation sérieuse n’a été menée sur ses activités. Cette inaction contraste avec les sanctions imposées en février 2025 par les États-Unis, via le département du Trésor, qui ont ciblé Kanyuka et ses entités pour leur rôle de « facilitateur financier » du M23. L’Union européenne a emboîté le pas, gelant les avoirs de plusieurs cadres du mouvement, dont Kanyuka. Pourtant, ces mesures, bien que symboliques, peinent à démanteler un réseau qui prospère grâce à des complicités internationales.

Le conflit congolais, comme le note Off Investigation, ne peut être réduit à une lutte pour les minerais. Les tensions ethniques, les séquelles du génocide rwandais de 1994 et les faiblesses de l’État congolais jouent un rôle central. Cependant, les ressources minières qualifiées de « scandale géologique » par certains observateurs restent un moteur incontournable. Le coltan, essentiel à la fabrication des smartphones, représente à lui seul un enjeu stratégique mondial. La RDC, qui détient 80 % des réserves mondiales, voit ses richesses pillées par des groupes armés comme le M23, avec la complicité implicite de certains acteurs internationaux.

Instrumentalisation ethnique et ambitions personnelles

Dans ses discours, Kanyuka se pose en défenseur des Tutsis congolais, une communauté qu’il décrit comme victime de discriminations systématiques. Ce positionnement, s’il trouve un écho auprès de certains jeunes Tutsis désabusés, est vivement critiqué par des leaders communautaires qui rejettent l’instrumentalisation de leur identité. En réalité, les actions du M23 ont exacerbé les clivages ethniques, provoquant des représailles contre les Tutsis dans d’autres régions et alimentant une spirale de méfiance.

L’enquête d’Off Investigation cite David Maenda Kithoko, un réfugié politique congolais en France, qui dénonce une « industrialisation de la mise à mort des Congolais » orchestrée par des acteurs comme Kanyuka. Ce dernier, en se présentant comme un médiateur, contribue à brouiller les pistes d’une réconciliation véritable, tout en servant ses propres ambitions. Son aisance à naviguer entre Kigali, Paris, Londres et Dubaï témoigne d’une stratégie personnelle qui transcende les revendications communautaires.

Complicités internationales et impunité

L’un des aspects les plus troublants révélés par Off Investigation est la passivité de certains États face aux activités de Kanyuka. En France, où il a vécu plusieurs années, aucune enquête sérieuse n’a été ouverte sur Kingston Holding, malgré les soupçons de blanchiment de minerais. Cette inertie alimente les accusations de complaisance, voire de connivence, entre la France, le Rwanda et le M23. Le 28 janvier 2025, l’ambassade de France à Kinshasa a été attaquée par des manifestants dénonçant l’inaction de Paris face à l’avancée du M23 sur Goma. Ces tensions reflètent un sentiment d’abandon parmi les Congolais, qui perçoivent la communauté internationale comme complice par son silence.

Le rôle du Rwanda, accusé par Kinshasa et l’ONU de soutenir le M23, est un autre point de friction. Off Investigation mentionne la plainte déposée par le président Félix Tshisekedi contre Apple à Paris et Bruxelles, accusant le géant américain d’exploiter des minerais extraits par le M23 et blanchis via le Rwanda. Bien que cette plainte ait été classée sans suite à Paris en février 2025, elle illustre la complexité des réseaux transnationaux impliquant des entreprises technologiques, des groupes armés et des États complices.

Quel avenir pour cet homme aux multiples visages ?

Lawrence Kanyuka n’est ni un simple porte-voix du M23 ni un businessman isolé. Il incarne une figure hybride, à la croisée des sphères politique, financière et médiatique, au service d’un projet de subversion de l’État congolais. Son influence, bien que non élective, s’étend grâce à un réseau savamment entretenu entre Kigali, Dubaï, Paris et Londres. Comme le souligne Off Investigation, des figures comme Kanyuka prospèrent dans un système où le chaos devient une source de profit, et où la diplomatie se confond avec la propagande.

La pacification de l’Est congolais reste un mirage tant que les mécanismes permettant à de tels acteurs d’opérer en toute impunité ne seront pas démantelés. Cela nécessite une stratégie globale ciblant les têtes politiques, les ramifications économiques et les complicités transfrontalières. Les sanctions internationales, bien qu’utiles, ne suffisent pas si elles ne s’accompagnent pas d’une volonté politique de traquer les réseaux financiers et de renforcer la gouvernance congolaise.

Kanyuka n’est pas un phénomène isolé. Il est le produit d’un écosystème où la guerre est un commerce, et où les ressources de la RDC qualifiées par certains de « malédiction », attirent les convoitises du monde entier. La communauté internationale, si elle souhaite rompre avec des décennies d’inaction, devra cesser de fermer les yeux sur les Kanyuka de ce monde et affronter la vérité d’un conflit qui, sous couvert de revendications locales, sert des intérêts globaux.

Heshima Magazine

Continue Reading

Nation

RDC : Face à la guerre, la DGI veut rester l’un des piliers de mobilisation des recettes

Published

on

La République démocratique du Congo (RDC) a perdu 4,5 % de ses ressources budgétaires en raison de l’agression rwandaise, en soutien aux supplétifs du Mouvement du 23 mars (M23). Malgré cette perte, l’économie congolaise s’est montrée résiliente. La Direction générale des Impôts (DGI) a été l’une des régies financières qui a le plus renfloué les caisses de l’État. Son comité de gestion, dirigé par Barnabé Muakadi, veut garder le cap en 2025.

Du 7 au 11 avril à Kinshasa, la DGI a organisé un Séminaire annuel des directeurs provinciaux de cette importante régie fiscale. Au cœur de la réflexion : « La maîtrise du répertoire des contribuables et le recouvrement du solde débiteur comme leviers de la mobilisation des recettes assignées à la Direction générale des Impôts pour l’exercice 2025 ». Lors de ces assises, Barnabé Muakadi a estimé que la maîtrise des répertoires des contribuables et le recouvrement du solde débiteur sont des leviers clés pour la mobilisation des recettes de la DGI pour l’exercice 2025. D’où, l’impérieuse nécessité de disposer d’un répertoire fiable des contribuables qui correspond au tissu économique du pays mais aussi assainir des comptes courants fiscaux des contribuables pour un recouvrement effectif du solde débiteur réellement dû au trésor public. Dans le dernier répertoire actualisé par la DGI, prévu pour publication en juillet 2024, moins de 2000 entreprises seulement sont enregistrées. À travers les échanges, le séminaire a permis de réfléchir sur comment doter la DGI de mécanismes plus efficaces de recensement et de recouvrement, condition essentielle pour l’atteinte des objectifs budgétaires 2025.

DGI, un pilier de l’économie congolaise

Malgré la guerre en cours dans la partie Est de la RDC, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a vanté une économie congolaise toujours au vert. Le pays a perdu 4,5 % de ses ressources budgétaires, mais il garde encore le cap. Pour continuer sur cette lancée, Doudou Fwamba veut s’appuyer sur un des piliers importants dans la mobilisation des ressources pour l’économie congolaise, à savoir la DGI. À l’occasion de ce séminaire, il a appelé les directeurs provinciaux de cette régie à redoubler d’efforts afin d’optimiser les recettes fiscales en vue de faire face à l’augmentation des prévisions budgétaires. Ces augmentations des prévisions budgétaires sont également dues aux efforts de guerre de la RDC pour contrer l’agression rwandaise et les actions des supplétifs du M23. Doudou Fwamba a promis aux directeurs provinciaux « la levée prochaine » de la suspension des mouvements du personnel afin d’optimiser la performance administrative, en cohérence avec les six engagements du président de la République pris lors de son second mandat à la tête du pays.

Avec des dépenses supplémentaires dues notamment au dédoublement des salaires des militaires et policiers, une révision des prévisions budgétaires initiales est inévitable pour le gouvernement. Dans les jours qui viennent, l’exécutif national devrait déposer au Parlement un projet de loi de finances rectificative qui prend en compte les nouvelles réalités de la crise sécuritaire.

En dépit de la guerre en cours, le gouvernement s’est arrangé pour combler les déficits en termes de recettes. « Nous avons mis en place des mécanismes pour que la DGI, avec sa direction de grandes entreprises, arrive, grâce aux réformes en cours, à combler les déficits », a indiqué Doudou Fwamba. Les espoirs du gouvernement se reposent sur cette régie fiscale qui a réalisé des chiffres extraordinaires depuis l’arrivée du comité Barnabé Muakadi Mwamba.

Par exemple, en 2024, le comité Muakadi est resté en tête du peloton des régies financières qui ont mobilisé le plus de recettes publiques. En 2024, la DGI s’était engagée à réaliser 13 572,4 milliards de francs congolais de recettes, soit un taux d’accroissement de 1,4% par rapport au seuil fixé pour l’exercice 2023, une année au cours de laquelle cette régie avait mobilisé, seule, le tiers du budget national, soit plus de 33%.

Depuis sa nomination, en juin 2020, par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, Barnabé Muakadi enchaîne toujours des performances et des records en termes de recettes mobilisées. Les années 2021, 2022, 2023 et 2024 ont été les plus florissantes dans l’histoire de la DGI. Une performance exceptionnelle qui place le comité Muakadi en tête du peloton des régies financières du pays. Cette gestion a permis à la République Démocratique du Congo d’enregistrer des ressources fiscales significatives, entraînant une hausse historique du budget de l’État, passant de 5 milliards de dollars en 2019 à 18 milliards de dollars prévus en 2025. Une performance hors pair dans l’histoire de l’économie congolaise.

Heshima

Continue Reading

Nation

Est de la RDC : Les Wazalendo signent un week-end de guérilla contre le M23

Published

on

Goma, Walikale, Nyiragongo, Kavumu, Walungu et Mwenga ont été le théâtre des affrontements entre les miliciens Wazalendo et les rebelles du Mouvement du 23 mars (AFC/M23), depuis la nuit de vendredi jusqu’au lundi 14 avril 2025. Il s’agit d’une action de guérilla menée en solo, sans l’appui des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Une rupture du cessez-le-feu, ce qui pourrait remettre en cause les discussions en cours au Qatar entre le gouvernement et l’AFC/M23.

Si le calme est revenu depuis le 12 avril dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, après une nuit d’affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les jeunes Wazalendo, les actions de guérilla continuent dans d’autres territoires du Nord et du Sud-Kivu. Ce lundi 14 avril 2025, les miliciens ont pris le contrôle des villages de Kibanda et Kasopo, dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Dimanche, dans le village de Butondo, situé dans la chefferie de Luindi, groupement Ihanga, au territoire de Mwenga, Sud-Kivu, des groupes de Wazalendo ont ouvert un nouveau front contre les rebelles du M23.

Le M23 accuse les FARDC, MONUSCO et SADC

Dans un communiqué lu par l’AFC/M23 à la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC/Goma), le M23 accuse la coalition SAMIDRC, FARDC-Wazalendo et FDLR d’avoir attaqué leurs positions, notamment à Goma. Une accusation démentie par l’armée congolaise. Selon le porte-parole des FARDC, le général-major Sylvain Ekenge, l’AFC/M23 cherche à faire capoter le processus de paix au Qatar en simulant ces attaques à Goma. « Le communiqué de l’AFC/M23, taillé de toutes pièces, est en réalité un scénario sciemment monté non seulement pour camoufler et justifier les tueries quotidiennes des civils dans la ville de Goma mais aussi et surtout pour manipuler l’opinion et également satisfaire leurs appétits criminels. C’est une manœuvre dilatoire concoctée pour tenter de faire capoter toutes les initiatives de paix en cours », a déclaré Sylvain Ekenge, dimanche 13 avril.

Une stratégie de harcèlement contre le M23 ?

Dès lors que l’armée congolaise nie avoir fomenté ces attaques multiples contre l’AFC/M23, que pourrait alors cacher la démarche en solo des Wazalendo ? Certains pensent qu’il s’agit d’une stratégie de harcèlement pour fatiguer les rebelles du M23. Les Wazalendo mènent des actions dignes d’une guérilla, parfois avec des hommes en tenue civile. Cela crée une confusion parmi les rebelles du M23, qui ont du mal à dissocier ces combattants des autres civils. Avec cette stratégie, les Wazalendo ont fait irruption dans la cité de Kavumu, près de l’aéroport, contrôlant pendant des heures cette cité. « Il semble qu’une sorte de stratégie de harcèlement soit en place, qui n’a pas commencé à Goma. Cela a commencé au Sud-Kivu où on a vu beaucoup d’attaques sur des positions du M23 », estime Onesphore Sematumba, analyste des questions des Grands Lacs au sein de l’ONG International Crisis Group.

Un piège du M23 pour ravir d’autres villes

D’un autre point de vue, il est possible que le M23 soit lui-même le metteur en scène de ces événements, afin de justifier des attaques de grande ampleur qui pourraient aboutir à la prise de la ville de Kisangani, par exemple. Étant encore dans une position de faiblesse militaire après la chute de Goma et Bukavu, la RDC ne devrait pas envisager une nouvelle confrontation militaire à ce stade, où des discussions politiques sont engagées au Qatar. « Quel intérêt la RDC aurait-elle à relancer les hostilités alors que le rapport de forces sur le terrain ne lui est pas favorable ? », s’interroge Patrick Mbeko, auteur d’un ouvrage sur la crise sécuritaire dans les Grands Lacs. Pour lui, le M23 semble avoir piégé la coalition FARDC-Wazalendo avec ces attaques. Il existe un risque de rupture du cessez-le-feu en cours et de faire capoter les discussions de Doha.

Heshima

Continue Reading

NOUS SOMMES AUSSI SUR FACEBOOK

Trending

You cannot copy content of this page

WeCreativez WhatsApp Support
Notre rédaction est là pour répondre à toutes vos préoccupations. N'hésitez pas !
👋Bonjour, comment puis-je vous aider ?