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Projet de dialogue en RDC : les premiers couacs apparaissent…

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Les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et ceux de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont rencontré, le 12 février 2025 à Goma, le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et du M23 (AFC-M23), Corneille Nangaa. C’est dans la perspective d’un dialogue voulu inclusif par ces Églises. Mais des voix s’élèvent pour contester cette démarche, qui intègre un groupe armé ayant causé la mort, fin janvier, de plus de 3000 Congolais dans cette ville occupée depuis par les rebelles. Le tandem CENCO-ECC va-t-il réussir cette rude mission ?

La délégation conduite par Monseigneur Fulgence Muteba, président de la CENCO, et André Bokundoa, représentant légal de l’ECC, a été reçue, le 12 février, par les rebelles de l’AFC-M23. Ces prélats disent être encore dans une phase de collecte des avis des acteurs impliqués dans cette crise, y compris ceux de l’AFC-M23. « Nous demeurons dans notre démarche pastorale, nous sommes convaincus de ce que nous voulons faire et nous savons que la majorité des Congolais ne souhaite que la paix, et ce, le plus vite possible. Nous sommes convaincus que l’implication de tout le monde, y compris ceux que nous sommes venus rencontrer ici, est nécessaire pour sortir de cette situation », a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.

Mais la démarche des prélats catholiques et protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, mardi 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles du M23, qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation de l’initiative du dialogue social que prônent les évêques de la CENCO et de l’ECC. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux, dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».

De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet n’engage ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a réagi André Mbata.

L’ODEP aussi monte au créneau

Sortant de sa sphère économique, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a rejeté tout dialogue avec les agresseurs, notamment le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas été tendre avec ces prélats catholiques et protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de jouer le jeu de l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ». Une allusion faite au dirigeant français de la seconde guerre mondiale qui avait engagé la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Pour sa part, Germain Kambinga, président du parti politique Le Centre, pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est, pour l’instant, inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien indique que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risquent d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.

Le tandem CENCO-ECC s’accroche à Tshisekedi

Face à cette vague de critiques, le tandem CENCO-ECC s’accroche à ce que Félix Tshisekedi leur avait dit lorsqu’ils lui avaient présenté ce projet de « Pacte social » pour la paix. « Le Chef de l’État a salué et encouragé l’initiative et, quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé. Les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a répliqué Donatien Nshole, soulignant que Félix Tshisekedi avait qualifié de « louable » leur initiative de paix. Ces prélats envisagent déjà d’aller plus loin après l’étape de Goma. Ils pourront se rendre au Rwanda pour rencontrer le président Paul Kagame. D’autres chefs d’État de la région pourront aussi être consultés, notamment l’Ougandais Yoweri Museveni et le Burundais Evariste Ndayishimiye.

Heshima

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« Sauvons la RDC » de Kabila : pourquoi Katumbi a-t-il pris ses distances ?

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L’ancien président congolais Joseph Kabila, qui a dirigé la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à 2019, est aujourd’hui au cœur d’une dynamique politique particulièrement complexe et tendue. Condamné à mort par contumace notamment pour organisation d’un mouvement insurrectionnel et complicité avec le groupe rebelle AFC/M23, Kabila a néanmoins orchestré un conclave à Nairobi, donnant naissance à un mouvement politique baptisé « Sauvons la RDC ». Pourtant, l’ex-raïs n’a pas réussi à fédérer tous les poids lourds de l’opposition. Martin Fayulu et Denis Mukwege ont clairement refusé d’adhérer à cette initiative, et Moïse Katumbi a préféré garder ses distances. Retour sur les raisons de cette désaffection.

Sans avoir formellement annoncé son intention de briguer un nouveau mandat en 2028, le retour de Joseph Kabila sur le devant de la scène politique et ses alliances stratégiques laissent planer de nombreuses interrogations sur ses ambitions à long terme. Depuis 2024-2025, Kabila amorce un retour progressif après plusieurs années de discrétion, tandis que Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et figure majeure de l’opposition, mène lui aussi une activité politique intense. Katumbi agit en faveur d’un dialogue national inclusif et se présente comme un acteur incontournable du paysage politique congolais.

Si les deux hommes convergent sur l’importance de convoquer ce dialogue national sous l’égide de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), ils demeurent engagés dans une guerre d’influence discrète, marquée par une rivalité larvée.

La réapparition de Kabila et les critiques du pouvoir

Invisible depuis sa condamnation à mort par la Haute cour militaire de la RDC, le 24 juillet dernier, Joseph Kabila est réapparu mi-octobre à Nairobi. C’est là qu’il a dévoilé son mouvement « Sauvons la République démocratique du Congo ». Cette initiative n’a pas tardé à être critiquée par les tenants du pouvoir à Kinshasa. Julien Paluku, son ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre du Commerce extérieur, déclare sans détour : « Quand on a été chef d’État, on doit viser plus haut, comme à la présidence de la Commission de l’Union africaine ou de l’OIF, et non chercher à déstabiliser le pays qu’on a eu à diriger ». Pour lui, « la RDC se dressera contre quiconque tenterait de freiner sa marche vers l’émergence ». De son côté, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, voit dans ce conclave un « bal nostalgique d’hommes qui regrettent des privilèges perdus ». Le 18 octobre, il déclarait : « Quand vous regardez les participants, vous percevez un climat de nostalgie, de privilèges évaporés ».

La contre-offensive du gouvernement : dissolution de partis

Face à cette offensive, le gouvernement congolais a déclenché une contre-attaque en saisissant officiellement le Conseil d’État pour la dissolution de treize partis d’opposition, principalement ceux accusés de liens avec des groupes rebelles. Cette décision traduit la volonté affichée de Kinshasa de frapper fort contre tous les protagonistes du conclave de Nairobi. Le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani a justifié cette mesure en évoquant des violations des principes d’unité nationale, de souveraineté et de sécurité. Parmi les formations ciblées figurent notamment le PPRD de Joseph Kabila lui-même, l’AAP de Théophile Mbemba, l’ATD de José Makila, le LGD d’Augustin Matata Ponyo, ainsi que plusieurs autres partis dits « dissidents ». Officiellement, il s’agit de protéger l’ordre public, l’intégrité du territoire et la souveraineté nationale face à toute menace d’ingérence ou alliance avec des groupes armés. Mais pour de certains observateurs, ces mesures confinent à une dérive autoritaire, où le droit est instrumentalisé pour museler la pluralité politique et discipliner l’opposition.

Dans ce contexte, Kabila n’a pas su convaincre ni rallier autour de sa plateforme des figures clés de l’opposition comme Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege ou Delly Sessanga. Si Fayulu et Mukwege ont des raisons évidentes de refuser cette main tendue, pour Katumbi, les jeux politiques liés à 2028 priment largement sur une alliance circonstancielle sous la houlette de l’ex-président.

Une brouille ancienne entre Kabila et Katumbi

Le fossé entre Kabila et Katumbi est ancien. Depuis leur rupture en 2015, lorsque Katumbi s’était opposé au « troisième faux penalty », déni d’un troisième mandat présidentiel pour Kabila, les relations entre les deux hommes se sont dégradées jusqu’à la haine réciproque. La même année, Katumbi se retrouve à l’étranger, exilé après avoir essuyé plusieurs procès et persécutions politiques, tandis que ses proches en RDC, tel Vano Kiboko ou son secrétaire particulier Huit Mulongo, sont incarcérés. En 2018, Kabila interdit à Katumbi de revenir au pays, bloquant sa participation à la présidentielle.

Dans une interview à Jeune Afrique, Kabila n’avait pas mâché ses mots : « Moïse Katumbi, c’est un peu Judas Iscariote : il m’a trahi sans même y mettre les formes, ni élégance ». Il ajoutait : « L’Histoire les jugera, lui et quelques autres. »

Le retour de Katumbi sous Tshisekedi

Sous le régime de Félix Tshisekedi, Katumbi rentre finalement au pays et continue de garder ses distances avec Kabila. Il participe même à la dissolution de la coalition FCC-CACH (2019-2021), alliée autrefois à Kabila. Le parti d’Ensemble pour la République, dirigé par Katumbi, intègre le gouvernement en 2021. Pourtant, à l’approche des élections de 2023, Katumbi s’éloigne de Tshisekedi pour renouer un rapprochement, surpris, avec Kabila. Une poignée de main entre les deux figures, en mai 2022, à Lubumbashi, sous l’égide de la CENCO, marquait ce retour symbolique.

Cette réconciliation fut un moment fort, témoignant d’une apparente volonté de mettre de côté sept années d’animosité, au moins pour œuvrer à l’unité katangaise.

Les élections de 2023 et le jeu d’alliances

En 2023, Katumbi se porte candidat à la présidentielle face à Tshisekedi, tandis que le FCC de Kabila se retire du processus, dénonçant un scrutin non transparent. Après l’élection, Katumbi coupe les ponts avec Tshisekedi, mais s’approche davantage de Kabila en 2024.

Cette dynamique s’est renforcée en décembre 2024 lors d’une rencontre à Addis-Abeba, en Éthiopie, dont la tenue n’a été officialisée que le 26 décembre. Le communiqué commun, relayé par RFI, portait la signature d’Olivier Kamitatu, proche de Katumbi. Ils y dénonçaient la crise sécuritaire et politique que traverse la RDC, appelant à la paix, à l’unité nationale et au respect des droits fondamentaux, soumis à de lourdes violations. Ils mettaient en garde contre la dérive autoritaire et incitaient à la résistance contre une révision constitutionnelle en préparation, jugée dangereuse pour le pacte républicain et la stabilité nationale.

Condamnation de Kabila et soupçons sur Katumbi

Cependant, en parallèle, Joseph Kabila a été condamné à mort par contumace par la Haute cour militaire, reconnu coupable notamment de crimes de guerre et complot avec le mouvement rebelle M23. Ce jugement ternit gravement sa stature politique.

Dans le même temps, des soupçons entourent Katumbi, dont la ferme a été perquisitionnée. Il est accusé, entre autres, d’avoir entrepris des travaux non autorisés sur une piste d’aérodrome à Mulonde, dans une zone menacée par les rebelles, suscitant interrogations et méfiance.

Alors que la justice militaire s’acharne sur Kabila, Katumbi choisit le silence politique. Il ne signe plus aucune déclaration commune avec Kabila, ni avec Fayulu ou Mukwege.

Pourquoi Katumbi a-t-il pris ses distances ?

Sur le plateau de « Dites-nous la vérité », Christian Mwando, président du groupe parlementaire Ensemble pour la République, a levé le voile sur cette distance persistante entre Kabila et Katumbi. Pour lui, le fossé est idéologique et ambitionnel : Kabila appartient au passé, tandis que Katumbi nourrit encore l’ambition présidentielle. Soutenir Kabila reviendrait à faire de l’ombre à cette stratégie personnelle. « Ensemble pour la République refuse qu’un leadership se dessine sans sa connaissance, qu’il y ait une locomotive et qu’Ensemble devienne un simple wagon », a-t-il déclaré avec force, dénonçant la « convocation unilatérale » à Nairobi sous la houlette de Kabila.

Ce désaccord incarne un tournant majeur dans la carrière de Katumbi, qui entend s’affranchir de l’ombre d’un allié en perte de crédit, terni par des accusations lourdes. Le message est clair : Moïse Katumbi n’est ni un vassal ni un collaborateur de Kabila. Il se veut acteur autonome, porteur de son propre destin politique. Le temps où son camp devait s’aligner derrière un parrain est désormais révolu.

Dans ce contexte politique fracturé, l’avenir dira si cette autonomie renforcera l’attractivité de Katumbi ou l’isole davantage dans un paysage politique congolais désormais plus incertain que jamais.

Heshima       

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Tshisekedi-Kagame-AFC/M23 : un novembre décisif pour la crise congolaise ?

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Ce début novembre pourrait s’avérer déterminant dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis quatre ans. Sauf revirement, le gouvernement congolais et les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) doivent signer un accord cette semaine. Toujours en novembre, le président américain Donald Trump prévoit de réunir à Washington le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame afin d’entériner deux accords de paix : ceux de Doha et de Washington.

Un compromis entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 est en cours de négociation à Doha, avec le soutien des États-Unis. Le président congolais Félix Tshisekedi l’a confirmé le 2 novembre au Caire, lors d’un échange avec la communauté congolaise vivant en Égypte. Il a également indiqué que la conclusion de l’accord de Doha ouvrirait la voie à une rencontre à Washington avec son homologue rwandais. « Ce n’est qu’après cela que Washington, qui attend la conclusion de cet accord, convoquera le président rwandais et moi-même pour que nous nous rendions auprès du président Donald Trump afin d’entériner les deux accords : Doha et Washington », a-t-il expliqué à la diaspora congolaise en Égypte.

Malgré la main tendue à Paul Kagame pour faire « la paix des braves » lors du forum économique Global Gateway, le chef de l’État congolais ne cache pas ses critiques vis-à-vis des intentions de son voisin rwandais : « Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. Son objectif est de scinder notre pays et d’occuper, voire d’annexer la partie Est, terre très riche en ressources minérales et agricoles. »

Au-delà de ces divergences, les deux dirigeants sont contraints de faire la paix. Et malgré les combats qui se poursuivent sur le terrain en violation du cessez-le-feu, les discussions progressent.

Entre Washington et Doha, Paris trouve son créneau…

Face au processus de résolution de la crise mené par Washington et Doha, Paris manquait de leadership. Emmanuel Macron a finalement trouvé son créneau : pallier l’arrêt du financement humanitaire dans l’Est de la RDC consécutif à la suppression par Donald Trump de l’agence américaine USAID. Organisée le 30 octobre à Paris, la conférence « de soutien à la paix et à la prospérité » devait permettre de débloquer plusieurs dossiers liés à la situation dans la région. Le président Emmanuel Macron a annoncé la mobilisation de plus de 1,5 milliard d’euros en faveur des populations les plus vulnérables de la région des Grands Lacs.

Cette rencontre, qui a réuni plusieurs dizaines de pays et d’organisations internationales, visait à relancer les efforts diplomatiques et humanitaires dans une région en proie à des décennies de conflits. Mais ces chiffres avancés par Emmanuel Macron méritent d’être nuancés. Sur ce montant, environ 500 millions d’euros avaient déjà été engagés cette année, et une partie correspond à des promesses anciennes, réaffirmées à l’occasion du sommet. Le plan de 1,2 milliard d’euros prévu pour la région n’est couvert pour l’heure qu’à hauteur de 14 %. L’accroissement des financements s’avère donc nécessaire dans un contexte d’aggravation de la crise humanitaire. L’an dernier, 70 % de l’aide provenait des États-Unis, tandis que la France n’a couvert que 0,5 % des besoins, selon Oxfam.

Dans la foulée de ces promesses, Félix Tshisekedi a également évoqué un plan de reconstruction des provinces du Nord et du Sud-Kivu une fois les rebelles partis. Ce plan est chiffré à 5 milliards de dollars, sans toutefois préciser comment il compte réunir cette somme.

Aéroport de Goma, une réouverture qui énerve le Rwanda   

Autre annonce d’Emmanuel Macron : la réouverture de l’aéroport de Goma pour des vols humanitaires. Cette décision a provoqué de vives réactions du côté du Rwanda et de l’AFC/M23. Présent à Paris, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, n’a pas tardé à contester cette décision. Pour le chef de la diplomatie rwandaise, l’aéroport étant situé sur un territoire contrôlé par l’AFC/M23, sa réouverture doit être discutée avec les rebelles dans le cadre des négociations de Doha, aux côtés des autorités congolaises et du médiateur qatari. Il a ajouté que « ce n’est pas à Paris qu’on va décider de la réouverture de l’aéroport de Goma » et que « cette réouverture ne peut se faire dans le contexte sécuritaire actuel ».

Une position confirmée par l’AFC/M23 dans la soirée. Pour Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, dont le mouvement n’a pas été invité à la conférence de Paris, la décision est « inopportune, déconnectée de la réalité du terrain et prise sans consultation préalable ». Ce dernier met au défi le gouvernement congolais d’ouvrir l’aéroport sans consulter la rébellion, démontrant ainsi qu’il sera difficile de rouvrir l’accès d’un coup de baguette magique.

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, affirme pour sa part que l’aéroport a été fermé par le gouvernement et qu’il lui revient de décider de sa réouverture partielle, uniquement pour des vols humanitaires.

Dans cette conférence de Paris, le dernier volet abordé était diplomatique. L’idée pour Paris est de faire avancer la paix et renouer la confiance entre tous les acteurs. La mobilisation de la communauté mondiale est importante face à l’urgence humanitaire dans l’Est de la RDC, la présence de différents pays africains peut renforcer et soutenir la médiation en cours menée par les États-Unis et le Qatar dans le conflit entre Kinshasa, Kigali et l’AFC/M23.
Parallèlement au processus de Washington qui a débouché sur un accord de paix entre la RDC et le Rwanda en juin dernier, des négociations sont en cours depuis plusieurs mois entre Kinshasa et l’AFC/M23 sous médiation du Qatar. En juillet, les deux parties ont signé une déclaration de principes en faveur d’un cessez-le-feu qui n’a pas non plus mis fin aux affrontements, même si le front s’est stabilisé. Plus de 80 % des structures de santé connaissent des ruptures de stocks, alors que les blessés continuent à « affluer » dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a alerté le Comité international de la Croix-Rouge.
Ce conflit, qui a démarré en 2021 avec la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda, a atteint des proportions inégalées en 2025 avec l’occupation de la ville de Goma et de Bukavu par les troupes rwandaises en appui aux rebelles. Depuis le début des discussions à Washington ou à Doha, les progrès sont minimes. L’accord de Washington renvoie aux dispositions d’un concept d’opérations (Conops) signé par les deux parties fin octobre 2024. Ce dernier prévoyait dans un court délai de trois mois la « levée des mesures défensives du Rwanda », c’est-à-dire le retrait des soldats rwandais de la RDC, ainsi que la neutralisation par Kinshasa des FDLR, un groupe de rebelles rwandais accusé par Kigali de menacer sa sécurité depuis l’Est de la RDC. Sur le terrain, la neutralisation de ces rebelles se fait attendre malgré l’appel de l’armée congolaise à leur reddition volontaire. Résiduel, ce groupe armé n’a pas la capacité d’opération pouvant inquiéter le Rwanda d’après plusieurs rapports. Ses éléments – moins d’un millier – étaient en majorité dans la zone occupée actuellement par l’armée rwandaise et les rebelles du M23. Ces divergences d’approche sur la présence de ces rebelles ainsi que la présence des troupes rwandaises continuent de brouiller le signal de la paix dans l’Est de la RDC. Mais Washington continue d’espérer à un retour de la paix, peu importe le temps. « La paix, c’est un processus, pas un interrupteur qu’on allume ou qu’on éteint », a déclaré Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique de Donald Trump.  

Heshima

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Processus de paix en RDC : Les raisons du blocage à Doha et à Washington…

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Après plusieurs jours d’impasse, les négociations entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), menées sous la médiation du Qatar, devraient reprendre le 7 octobre 2025. Depuis la signature de la Déclaration de principes entre les deux parties à Doha, le processus peine à franchir une nouvelle étape vers un accord de paix durable. Les divergences demeurent profondes sur plusieurs points clés, ralentissant considérablement les discussions. Heshima Magazine revient sur les raisons majeures du statu quo qui maintient le dialogue de Doha et son prolongement diplomatique à Washington dans une zone d’incertitude politique et stratégique.

Les délégations de Kinshasa et de l’AFC/M23 étaient censées converger à Doha le 7 octobre 2025 pour relancer les pourparlers, interrompus depuis plus de deux mois. Mais les divergences persistantes entre les parties ont retardé cette rencontre. Parmi les principaux points de blocage, la question de l’échange de prisonniers occupe une place centrale : la rébellion en fait un prérequis à toute progression dans les discussions.

À cet égard, Kinshasa a clarifié sa position : les prisonniers impliqués dans des « crimes graves » ne seront pas libérés. « Nous veillerons à appliquer strictement des critères d’exclusion pour toute personne soupçonnée de violations graves, au regard du droit international », a affirmé le ministre d’État à la Justice, Guillaume Ngefa, lors d’un briefing de presse le 17 septembre.

À ce jour, la rencontre prévue à Doha n’a pas eu lieu le 7 octobre, et son démarrage pourrait être reprogrammé plus tard dans la semaine. Des sources de RFI évoquent la date du 12 octobre comme alternative possible. L’enjeu demeure le même : aboutir à un texte de mécanisme pour un cessez-le-feu permanent et jeter les bases d’un accord de paix crédible.

La question des réfugiés au cœur de la discorde

Parmi les points inscrits dans la Déclaration de principes publiée le 19 juillet dernier figure la délicate question des réfugiés des deux côtés de la frontière. Cet aspect constitue l’un des volets essentiels censés ouvrir la voie à un accord de paix entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23. Les deux parties ont convenu de faciliter le retour sûr, volontaire et digne des réfugiés et des personnes déplacées vers leurs zones ou pays d’origine. Cependant, les modalités de ce retour divisent profondément les deux camps.

Kinshasa souhaite d’abord rétablir son autorité sur les zones occupées par les rebelles de l’AFC/M23 avant tout rapatriement. Les réfugiés congolais présents au Rwanda devraient, selon cette position, être identifiés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avant de regagner le pays. Ce dossier reste l’un des sujets les plus sensibles dans les relations tendues entre la RDC et le Rwanda.

Le retour des réfugiés congolais figure d’ailleurs parmi les revendications historiques du M23, déjà évoquées dans l’accord de paix signé en 2009 entre Kinshasa et le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), prédécesseur du mouvement actuel.

Mais Kinshasa se montre prudent, notamment sur l’identité et le nombre réel de ces réfugiés. Selon les estimations les plus récentes, le Rwanda abriterait près de 137 000 réfugiés, majoritairement originaires de la RDC et du Burundi. Le HCR estime qu’environ 80 000 d’entre eux sont Congolais. Pour les autorités congolaises, l’incertitude demeure : elles disent ignorer la composition exacte de cette population réfugiée.

« Kinshasa craint de voir revenir sur son sol des individus susceptibles de compliquer davantage la paix et la cohésion dans l’Est du pays », commente un analyste de la région des Grands Lacs.

Le gouvernement congolais rappelle enfin que le comité d’accueil chargé de préparer les retours n’a pas encore été mis en place et qu’il serait irresponsable de rapatrier des réfugiés dans une zone encore instable. Ce dossier pourrait ainsi rester l’un des principaux points de blocage dans les négociations de Doha. Kinshasa maintient que le retour des réfugiés ne pourra avoir lieu qu’après un cessez-le-feu effectif, la restauration de l’autorité de l’État et la vérification rigoureuse de la nationalité des candidats au retour.

A Washington, Tshisekedi freine la signature d’un accord économique

À Washington, la mise en œuvre de l’accord de paix signé entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda peine à avancer. Malgré la signature du texte en juin dernier, les progrès restent limités, notamment sur le plan économique. Kinshasa et Kigali n’ont pas paraphé l’accord-cadre économique qui devait être signé la semaine dernière, créant un nouvel obstacle aux efforts de l’administration Trump pour concrétiser cet engagement et relancer les investissements occidentaux dans la région des Grands Lacs.

Selon Reuters, un responsable rwandais a confirmé que, bien que le texte du Cadre d’intégration économique régionale (CIR) ait été finalisé, les discussions se sont achevées sans signature, Kinshasa ayant refusé de le parapher. Une source proche du dossier citée par le même média indique que la RDC conditionne sa signature à un retrait d’au moins 90 % des troupes rwandaises encore présentes dans l’Est du pays.

Ce retrait est l’un des points clés de l’accord de paix négocié sous la médiation américaine, signé le 27 juin dernier. Kigali, de son côté, affirme que Kinshasa n’avait posé aucune condition préalable lors des discussions préparatoires de l’accord économique.

Le Ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a déclaré que le président Félix Tshisekedi se montrerait désormais réticent à signer en raison des pressions de l’opinion publique congolaise, alors même que sa délégation avait participé à l’ensemble des échanges préparatoires.

Sultani Makenga menace de renverser Tshisekedi

L’armée congolaise et les rebelles du M23 renforcent leurs positions militaires et s’accusent mutuellement de revenir sur divers accords. « Notre armée se bat pour le changement dans ce pays. Notre pays a été détruit pendant longtemps par le gouvernement de Kinshasa dirigé par Félix Tshisekedi […]. Il fait des congolais des réfugiés, transformant notre pays en propriété privée. », a déclaré nouvelles aux recrues, Sultani Makenga, coordonnateur militaire de l’AFC/M23. Selon lui, dans peu de temps, ils mettront fin à « cette mauvaise gouvernance ».

Cette rébellion a rappelé sans détours l’objectif du mouvement et de ce recrutement de plus de 700 nouveaux combattants est de « renverser le pouvoir de Kinshasa. » Parallèlement, à Kinshasa, Félix Tshisekedi a pris la parole dimanche dernier et s’est adressé aux jeunes vivant dans les zones tenues par la rébellion : « Le prix de la résistance que vous payez est la sève d’un Congo nouveau. […] J’ai pris l’engagement personnel d’œuvrer sans relâche pour abréger vos souffrances et rétablir la paix. » Des propos qui, selon le média Actualite.cd, traduisent « l’inquiétude du pouvoir face à la dynamique militaire du M23, alors que les combats se poursuivaient » le 6 octobre dernier notamment à Luki, dans le Nord-Kivu.

Entre l’exigence du retrait des troupes rwandaises du sol congolais, l’abandon des zones conquises par l’AFC/M23 et le retour des réfugiés, la marche vers la paix est encore longue dans ce processus de Doha et de Washington. Quand ces réfugiés rentreront-ils ? Et où seront-ils installés ? Des questions qui montrent, selon plusieurs experts, qu’il ne suffit pas de régler le volet sécuritaire, il faut un accord global, incluant aussi les aspects sociaux, fonciers et économiques. Car pour Kinshasa, la plupart des personnes que Kigali qualifie de réfugiés congolais, ce sont des citoyens tutsis qui n’ont pas vécu en RDC. Il y a un risque de conflit foncier avec les autochtones lors de leur arrivée en RDC.          

Heshima

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